Déploiement de la fibre optique : les problèmes de raccordement bouscule le plan très haut débit
Au printemps 2013, le lancement du plan Très Haut Débit par l’État français prévoyait que l’intégralité du territoire soit couverte en très haut débit en 2022. Si le déploiement a, dans une certaine mesure, atteint ses objectifs c’est en revanche le raccordement qui est à la peine et qui freine l’ensemble du processus. Malgré les efforts de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), la délégation par les opérateurs à des sous-traitants n’arrange pas les choses et ce sont donc les abonnés qui pâtissent de cette situation comme souvent.

L’étape qui bloque : le raccordement
Pour bien comprendre pourquoi et comment l’accès à la Fibre Très Haut Débit est retardé en ce moment ou que vos connexions sont interrompues, il peut être nécessaire de revenir en premier lieu sur les étapes du déploiement de la fibre optique.
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faire une simulationLa création d’un Nœud de Raccordement Optique, appelé NRO, est la première étape du déploiement de la fibre optique. Concrètement, le NRO correspond à un local technique qui fait le lien entre le réseau national optique, appelé “backbone“, et le réseau horizontal (vers les locaux).
Pour l’ADSL, l’équivalent du NRO est le NRA, qui est plus volumineux et nécessite plus de proximité avec les locaux. Avec le déploiement de la fibre optique et des NRO, le résultat est donc un nombre réduit d’installations plus petites et pouvant se trouver à plusieurs kilomètres des locaux.
Ensuite, la fibre optique doit être déployée depuis le NRO jusqu’au Point de Mutualisation, appelé PM. Le PM est une armoire qui peut se trouver en extérieur ou à l’intérieur des immeubles dans les grandes villes. La fibre optique y est déployée depuis le NRO en utilisant les équipements souterrains ou aériens déjà existants. C’est cette étape que l’on appelle le déploiement horizontal.
La localisation exacte du PM va ensuite en partie dépendre de votre situation géographique et de votre zone, dans le cadre des règles définies par l’ARCEP.
Dans les Zones Très Denses (ZTD), deux alternatives sont possibles : le Point de Mutualisation d’Immeuble (PMI) et le Point de Mutualisation de Rue (PMR). Le PMI, qui correspond à la situation de 3,2 millions de logements, se situe dans la propriété privée. Le PMR est quant à lui, le PM des maisons individuelles ou des autres immeubles de moins de 12 logements et permet, via une armoire de rue, de connecter jusqu’à 100 lignes.
Dans les Zones Moins Denses (ZMD), on retrouve le Point de Mutualisation de Zone (PMZ) et le Point de Raccordement Distant de Mutualisation (PRDM). Le PMZ permet de raccorder jusqu’à plusieurs quartiers entiers avec une capacité d’au moins 1000 lignes. Dans certains cas où le PM doit se trouver plus loin des logements, les opérateurs ont recours aux PRDM.
Pour finir, il s’agit de faire le lien entre le Point de Mutualisation et le logement. Les propriétaires ou copropriétaires doivent choisir leur opérateur d’immeuble, et celui-ci est en général le premier opérateur à avoir fait le déploiement horizontal de la fibre (du NRO au PM). Par cet opérateur, la fibre optique est déployée jusqu’à l’intérieur des habitations. Et c’est bien cette dernière étape, qui devait en principe être une simple formalité de finalisation de tout le travail fait en amont, qui pose problème. Car le raccordement entre le Point de Mutualisation et le logement est souvent effectué par des entreprises sous-traitantes qui ont pour objectif premier la réalisation du raccordement pour être payées par l’opérateur et pour qui le bon fonctionnement de l’ensemble des branchements des logements dépendants du Point de Mutualisation est secondaire. Lorsque le travail en amont est mal réalisé, l’objectif du sous-traitant est donc de mener à bien sa mission et non pas de faire remonter le problème pour y remédier. En pratique, lorsque le Point de Mutualisation ne compte plus suffisamment de prises disponibles par exemple, il se peut que des branchements d’abonnés à la fibre déjà raccordés soient arrachés pour que le nouveau raccordement puisse être fait, interrompant donc la connexion des premiers arrivés. À titre d’exemple, Bouygues Telecom reconnaissait en effet il y a un an au mois de mai 2021 que 3,5% des interventions de raccordement effectuées donnaient lieu à la déconnexion d’autres clients. Or, ces interruptions sont particulièrement problématiques en raison de l’augmentation du télétravail et de la dépendance aux abonnements Internet, voire à la rapidité de la fibre optique pour les réunions en visio-conférence notamment. Mais la responsabilité ne repose pas entièrement sur les sous-traitants car la sollicitation de travailleurs d’entreprises différentes conduit parfois à ce que ces derniers ne soient pas correctement équipés pour effectuer leur intervention. Au final, le besoin de réaliser le raccordement coûte que coûte, conséquence directe de la délégation en sous-traitance à des entreprises dont les objectifs diffèrent naturellement, conduit inévitablement à trouver des solutions « sur le tas » qui, lorsqu’elles fonctionnent dans le meilleur des cas, ont pour effet de mélanger d’avantage les câbles et de compliquer plus encore le prochain raccordement.
Comment et par qui trouver la solution ?
Comme expliqué au début de cet article, il peut être utile de rappeler que le déploiement de l’Internet Très Haut Débit avec la fibre optique suit un très bon rythme. En effet, 76% des logements et bureaux y ont déjà accès, soit 33,2 millions de locaux selon l’Arcep. Cependant, la face cachée de cette rapidité est la très forte demande qui suppose une organisation parfaite des opérateurs, dont les activités ont été d’autant plus sollicitées par les changements dans l’organisation du travail causés par les confinements successifs. Il semblerait que ce soit effectivement cet intérêt boosté pour la fibre optique qui conduise les opérateurs à accroître la délégation à des sous-traitants, préférant la rapidité théorique à la qualité dans les faits que permettrait le contrôle total du processus jusqu’au raccordement.
Or, alors que les objectifs du plan national Très Haut Débit pour tous lancé en 2013 avec une perspective de dix années pourront être soumis à une première évolution à la fin de l’année 2022, les opérateurs avancent qu’il n’est plus possible de modifier le marché en profondeur et que le recours aux sous-traitants ne peut plus être remis en cause. Pourtant, les anticipations des évolutions de la demande ne prévoient pas que l’activité des opérateurs soit facilitée : le président d’Altice XP, Lionel Recorbet, prévoit ainsi pour sa part une augmentation des interventions de 700 000 en 2021 à 1 million pour cette année 2022. Une situation qui ne risque pas de faire diminuer le nombre de signalements de mauvais fonctionnement faits à l’Arcep qui s’élevait au nombre de 38 000 en 2021.
Car finalement, c’est bien de l’Arcep que pourrait venir la solution au problème du raccordement, ou du moins sa diminution. Face à la rigidité des opérateurs opposés à un bouleversement structurel du marché, l’Arcep met l’accent sur différents points depuis mai 2020, appuyés à nouveau 2021 devant l’inaction des opérateurs. Ainsi, sont supposés se mettre en place un resserrement des contrats de sous-traitance (et du nombre de prestataires impliqués en cascade), la formation des prestataires et la systématisation d’un compte-rendu photo après chaque intervention de raccordement.
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