Sécurité énergétique : Storengy souhaite augmenter ses capacités de stockage de gaz en France
Storengy, 1er opérateur européen de stockage de gaz, a annoncé le 16 novembre 2022 souhaiter gonfler ses capacités de stockage en ouvrant de nouveaux sites en France dès l’hiver prochain. Dans un contexte particulièrement tendu de crise énergétique et de raréfaction du gaz russe, ce projet tombe à point nommé pour sécuriser l’approvisionnement en gaz dans l’Hexagone. Nos explications.
Qui est Storengy ?
Storengy est une filiale du groupe français Engie. L’entreprise opère un parc de stockages souterrains de gaz naturel qu’elle met à disposition de ses clients fournisseurs : Engie, EDF, TotalEnergies ou encore Eni.
Concrètement, les fournisseurs d’énergie injectent du gaz dans les réservoirs de Storengy en période estivale lorsque la demande en énergie est plus faible, pour ensuite le soutirer l’hiver, lorsque les besoins augmentent.
Premier opérateur de stockage de gaz en France et en Europe, Storengy dispose actuellement de 14 sites de stockage souterrains en nappe aquifère ou en cavité saline sur notre territoire, ce qui lui permet de détenir 75 % de parts de marché.
Sa capacité totale de stockage en France est de 100 TWh (térawattheures), soit 21 % de la consommation annuelle du pays.
La réglementation européenne désormais plus favorable au stockage de gaz
La constitution de stocks de gaz est indispensable à la souveraineté et la sécurité énergétiques d’un pays.
Le conflit russo-ukrainien et le tarissement des approvisionnements russes ont entièrement rebattu les cartes du marché gazier européen : tandis qu’avant le début de la crise énergétique, les stocks de gaz devaient être raisonnés et proportionnels à la consommation annuelle d’un pays, aujourd’hui « ce n’est plus forcément le cas lorsque vous cherchez une sécurité d’approvisionnement », selon Pierre Chambon, directeur général de Storengy France. « Même si la consommation va tendre à diminuer ces prochaines années, il est hyper important, pour la souveraineté et la sécurité d’approvisionnement, de stocker le plus de molécules possibles dans le pays ».
La Commission européenne est d’ailleurs allée dans ce sens en adoptant le 27 juin 2022 un nouveau règlement européen sur le stockage de gaz, fixant un objectif minimal de remplissage des stockages de 90 % au 1er novembre 2023. Avec ce texte, les États membres peuvent désormais se doter de réserves stratégiques de gaz, et non plus uniquement de réserves saisonnières servant à répondre à la demande hivernale (la Hongrie et l’Italie ont d’ailleurs déjà sauté le pas).
À l’échelle française, la loi du 16 août 2022 portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat, à travers ses articles 23 à 31, vise à accélérer la souveraineté énergétique du pays par le développement de nouvelles infrastructures et la possibilité d’élever le seuil minimal de remplissage fixé par l’UE.
Notons enfin que Storengy a obtenu confirmation de la part du ministère de la Transition énergétique que son périmètre de stockage serait préservé dans la prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui débutera en 2029 : en d’autres termes, l’entreprise est assurée de pouvoir poursuivre ses activités à échelle équivalente au moins sur le moyen terme.
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Storengy étudie actuellement la possibilité d’ouvrir 4 à 6 nouvelles cavités salines en France (cavités déjà existantes, mais non exploitées à ce jour) afin d’augmenter ses capacités de stockage de gaz d’environ 6 %, soit 6 TWh. Certaines pourraient être opérationnelles dès l’hiver prochain, les autres l’année suivante. L’entreprise est dans l’attente du feu vert de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), le « gendarme de l’énergie » en France.
Augmenter les stocks de gaz français : une ambition compatible avec la transition énergétique ?
Ce projet de développement chiffré à une dizaine de millions d’euros peut sembler contradictoire avec les ambitions européennes en matière de transition énergétique et de baisse des énergies fossiles. En réalité, il ne l’est pas, puisque les nouveaux sites de stockage seront compatibles avec un futur stockage de l’hydrogène vert. Storengy s’est d’ailleurs fixé comme objectif de stocker 100 % de gaz renouvelable à l’horizon 2050 et 500 gigawattheures dans ses sites français dès 2030.
Réserves de gaz en France : où en est-on aujourd’hui ?
Alors que les capacités françaises d’approvisionnement de gaz suscitaient de vives inquiétudes cet été, la crainte d’une pénurie pendant la période hivernale semble aujourd’hui écartée. Nos réserves de gaz sont actuellement remplies à près de 100 %. Storengy estime que les stocks se situeront vraisemblablement entre 10 % et 30 % au printemps 2023, selon la rigueur de l’hiver.
Toutefois, les événements de ces derniers mois ont démontré à quel point le marché de l’énergie est fragile. La constitution de réserves stratégiques en complément des réserves habituelles est l’une des solutions pour préserver la France du risque de pénurie. À ce titre, l’augmentation des capacités de stockage de gaz du pays est une bonne nouvelle pour la souveraineté énergétique française.
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