La France est-elle capable de construire de nouveaux réacteurs ?
Début 2022, le président de la République Emmanuel Macron annonçait son intention de relancer le nucléaire, avec entre autres la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires de nouvelle génération (EPR). Cependant, le seul réacteur de ce type en France (à Flamanville) n’est toujours pas en fonctionnement, après 11 années de retard et un budget qui a presque quadruplé. Cet EPR sera-t-il un jour opérationnel ? Des leçons ont-elles été tirées des échecs successifs vécus à Flamanville ? Voyons ensemble où en sont ces projets.

Les déboires de l’EPR de Flamanville
EPR signifie Evolutionary Power Reactor, un réacteur nucléaire à eau pressurisée de troisième génération. Toutes les centrales nucléaires actuellement en fonctionnement en France ont des réacteurs d’ancienne génération, et l’EPR est conçu pour être plus puissant, plus économique et plus sûr.
La construction de l’EPR de Flamanville (Manche) a démarré en 2007 et il devait initialement être opérationnel en 2012 et coûter 3,3 milliards d’euros. La date de mise en service a été repoussée à de nombreuses reprises par EDF car des défauts de construction ont été constatés à la plupart des étapes du projet :
- des fissures sont apparues dans le béton dans les premières années du chantier ;
- des problèmes de soudure ont été constatés sur différents circuits de tuyauterie ;
- des anomalies ont été découvertes dans la composition de l’acier du couvercle et du fond de la cuve ;
- des soucis de connexion ont été trouvés au niveau du système de pilotage du réacteur.
En janvier 2022, EDF annonçait que le démarrage était repoussé « de la fin 2022 au second trimestre de 2023 ». Ces 11 années cumulées de retard sont dues en grande partie aux travaux nécessaires pour régler les problèmes cités ci-dessus. De plus, la crise du Covid-19 a ralenti les opérations. Du côté du budget, EDF estime début 2022 que le coût final devrait passer de « 12,4 milliards d’euros à 12,7 milliards ». En 2020, la Cour des comptes allait plus loin et considérait que le coût total du chantier s’élèverait probablement à plus de 19 milliards d’euros en tenant compte de toutes les dépenses annexes.
Face à ces échecs, de nombreuses voix commencent à s’élever pour demander s’il est bien raisonnable de lancer la construction de nouveaux EPR en France compte tenu de l’état d’avancement du seul réacteur de ce type en construction dans le pays.
Conséquences pour les nouveaux projets d’EPR en France
Les complications rencontrées à Flamanville ont été analysées pour en comprendre les raisons. En 2019, le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy a commandé un rapport sur ce sujet à la demande du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire. Parmi les points soulevés par ce rapport, on notera une « perte de compétences généralisée » qui explique une partie des retards : cela faisait longtemps qu’aucun réacteur nucléaire n’avait été construit en France, et les savoir-faire nécessaires n’ont pas été conservés. Pour pallier ce problème, les pouvoirs publics cherchent à redynamiser les formations dans le nucléaire, ces dernières ayant connu une très forte perte d’engouement depuis de nombreuses années.
De plus, une analyse fine des contretemps rencontrés sur cette construction permet d’anticiper les problèmes ayant le plus de probabilité de se poser sur les nouveaux chantiers. À la demande du gouvernement, un rapport d’évaluation du projet de construction d’EPR2 a été réalisé. Il montre que les défaillances industrielles constatées à Flamanville proviennent principalement :
- d’un défaut d’organisation au sein d’EDF ;
- d’un défaut de maîtrise industrielle chez Framatome (l’entreprise qui fournit notamment la chaudière nucléaire).
Des mesures ont été prises pour corriger ces faiblesses, mais pour le moment, impossible de savoir si elles seront suffisantes.

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