Gaz : le prix européen en baisse et en dessous de 50 € le MWh

Est-ce le signe de la fin d’une longue période d’inquiétude et de craintes ? Le 17 février 2023, le prix du gaz en Europe est en effet redescendu en dessous du seuil de 50 € le mégawattheure (MWh). Ce recul a permis d’atteindre un prix qui n’avait plus été vu depuis environ un an et demi, en septembre 2021. Alors que la menace de pénurie et de coupures s’éloigne en cette fin d’hiver, il s’agit là d’une vraie bonne nouvelle. Mais annonce-t-elle pour autant réellement des lendemains plus doux et tranquilles pour tous les Français ? Rien n’est moins sûr, car si la saison « froide » touche bientôt à sa fin, l’hiver 2023-2024 est malgré tout déjà redouté par beaucoup de spécialistes. Choisir.com vous explique pourquoi.

baisse prix gaz européen

Le prix du gaz européen à son plus bas niveau depuis septembre 2021

À l’arrivée de l’hiver 2022-2023, les craintes de pénuries de gaz et d’énergie, pour ses passages les plus rigoureux, étaient nombreuses en Europe. Celles-ci étaient nées de l’arrêt de l’approvisionnement en gaz naturel russe sur le continent et de l’instabilité énergétique qui avait découlé de cette situation. Toutefois, tandis que cette saison hivernale est en train de se conclure avec douceur, ces inquiétudes paraissent s’éloigner toujours davantage.

Et encore plus depuis le vendredi 17 février 2023. Pour cause : ce matin-là, le contrat à terme du TTF néerlandais s’échangeait pour moins de 50 € le MWh. Le TTF (pour Title Transfer Facility) est le point virtuel d’échange commercial de gaz, basé aux Pays-Bas, qui fait référence sur le marché européen.

En clair, cela signifie donc que le prix du gaz européen est retombé ce 17 février sous la barre des 50 € le MWh. Soit un prix en large baisse qui n’avait plus été atteint depuis un an et demi, en septembre 2021 ! Ce recul de prix remarqué intervient environ 7 mois après qu’il a atteint son plus haut niveau historique, juste après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Aujourd’hui, son tarif exact se situe à 48,775 € le MWh.

En réalité, « les prix du gaz ont baissé de 50 % depuis novembre » 2022, a indiqué Edoardo Campanella, analyste chez UniCredit, un groupe bancaire italien. Les raisons de cette baisse importante sont évidemment multiples :

  • d’abord, les températures hivernales qui, de manière générale, ont été bien plus douces que ce qu’on aurait pu craindre de cette saison. En fait, ces dernières ont même été anormalement élevées et expliquent pourquoi le recours au chauffage, et donc au gaz, a été bien moins soutenu qu’attendu ;
  • ensuite, « une compétition pour le gaz naturel liquide [le GNL, précisément gaz naturel liquéfié] limitée du côté de la Chine quand les mesures anti-Covid étaient encore d’actualité », explique Edoardo Campanella.

Dans tous les cas, cette baisse des cours est évidemment une bonne nouvelle dans ce contexte de crise énergétique et d’inflation galopante. Celle-ci, fortement liée aux prix de l’énergie, frappe effectivement le porte-monnaie de nombreux ménages. Toutefois, ce répit pourrait malheureusement être de courte durée.

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Un hiver 2023-2024 à plus haut risque encore ?

Malgré la baisse en dessous des 50 € le MWh, les prix du gaz restent encore assez élevés. Avant 2021, ils étaient très régulièrement en deçà des 35 € le MWh, seuil qui a explosé depuis le démarrage des tensions énergétiques liées aux livraisons russes.

Ce « prix bas » du gaz est donc malgré tout à relativiser, car son tarif restera quand même relativement élevé en 2023. Un autre élément pouvant potentiellement indiquer une année et un futur hiver compliqués est le niveau de la croissance européenne. En effet, « sans la diminution drastique des livraisons de gaz russe, l’Europe pourrait profiter actuellement d’une croissance au-dessus de la moyenne plutôt que de subir une stagnation de la croissance » d’après Salomon Fiedler. Celui-ci est analyste chez Berenberg, l’une des plus anciennes banques privées du monde. La Berd, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, a effectivement revu dernièrement ses prévisions de croissance européenne à la baisse :

  • en premier lieu, elle avait tablé sur une croissance de 3 % pour 2023 ;
  • elle s’est finalement ravisée ensuite avec une prévision fixée à 2,1 %, soulignant les prix historiquement hauts du gaz, « six fois plus élevés qu’outre-Atlantique ».

Au-delà de ces chiffres et de ces constats, la question porte donc désormais principalement sur l’hiver 2023-2024. En effet, dans le but de compenser la baisse de l’approvisionnement en gaz naturel russe, l’Europe a fait exploser ses importations de GNL en 2022. Celles-ci, ayant bondi de 60 %, ont permis d’assurer sa sécurité énergétique pour cette saison hivernale qui se termine. Mais qu’en sera-t-il pour cette année qui débute à peine ?

Un rapport du vendredi 17 février publié par Shell, le géant des hydrocarbures, prévoit que le marché, en 2023, restera « tendu ». Les raisons ? La concurrence entre les acheteurs ainsi qu’un manque d’augmentation de l’offre en GNL. Dans le même sens, Edoardo Campanella estime que « malgré des réserves élevées, si les températures se normalisent à l’hiver 2023-2024, baisser la consommation sera plus difficile, rendant la compétition avec la Chine pour le GNL plus intense ».

Faut-il y voir alors un risque que les stocks de gaz européens soient insuffisants pour l’hiver prochain ? C’était déjà tout le sens des propos d’Emmanuelle Wargon, en décembre 2022. La présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), avait effectivement sous-entendu que l’hiver futur serait peut-être encore plus redoutable que celui que nous quittons à peine. Avec cette logique implacable : si le gaz vient à manquer, le prix de celui-ci repartira évidemment à la hausse. Pour tous les Français en grande difficulté à cause de la flambée des prix du gaz qui redescendent enfin, espérons que cette menace ne deviendra pas réalité.

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