Se chauffer au miscanthus, une solution économique et écologique

publié le 03/07/2023 à 15h09 | mis à jour le 03/07/2023 à 15h09 | par Johann Sonneck

Grâce au miscanthus, une facture de chauffage divisée par deux à Bernwiller

Connaissez-vous le miscanthus ? Il s’agit d’une plante graminée rhizomateuse prenant la forme de longues tiges dorées. Originaire d’Asie, elle ressemble un peu au roseau.

À Bernwiller, en Alsace, c’est une plante que l’on connaît bien. Ce village du Haut-Rhin de 1 200 âmes, situé à une quinzaine de kilomètres de Mulhouse, utilise le miscanthus pour se chauffer depuis une dizaine d’années maintenant. « On n’avait pas prévu la flambée des prix » et la crise énergétique, « mais on en profite bien quand même ». Voilà ce que déclarait, en avril 2023, Mathieu Ditner, ancien maire d’Ammertzwiller, commune qui a depuis fusionné avec Bernwiller. Ce dernier était également agriculteur de profession : « on était vraiment les premiers en France. Maintenant, il y en a un peu partout », témoigne-t-il.

Et pour cause : le miscanthus est une plante écologique et économique qui offre de nombreux avantages. À Bernwiller, il est utilisé comme biocombustible et alimente deux chaufferies. Cela a permis de remplacer la chaudière fonctionnant avec des plaquettes de bois.

Le maire actuel, Patrick Baur, explique la raison du basculement du bois au miscanthus. Pour lui, « contrairement au bois où il faut attendre 50 ans pour que ça repousse, là tous les ans il y a une récolte ». L’autre avantage du miscanthus, c’est que cette culture ne demande pas d’entretien : « Ça pousse tout seul, poursuit le maire de 59 ans, sans engrais ni produits phytosanitaires. C’est une plante pérenne ». Patrick Baur explique également que :

• « c’est récolté comme le maïs » au printemps ;
• ensuite, le miscanthus « passe dans l’ensileuse » et se retrouve broyé. Il se présente alors « comme de petits copeaux de bois » ;
• il est stocké dans deux hangars construits par la mairie ;
• avant d’être utilisé comme biocombustible.

Au tout début, les premières parcelles de miscanthus de Bernwiller, plantées en 1993, n’ont pas cette finalité d’utilisation. Puis, « on s’est aperçu qu’au niveau chauffage, ça serait très bon. L’essai a été fait et a été concluant », raconte le maire. « À la base c’était destiné à chauffer des bâtiments de la commune, comme les écoles et les églises, mais on a proposé à certains habitants de se raccorder ». Aujourd’hui, la récolte annuelle de cette graminée permet donc de chauffer :

• les bâtiments publics : les deux écoles du village, la salle communale, l’ancienne mairie, l’église et le presbytère notamment ;
• mais aussi 70 habitations de Bernwiller.

Patrick Baur l’assure : les habitants dont le logement est chauffé par le miscanthus « ne le regrettent pas » aujourd’hui. L’un d’eux confirme : « On a fait une bonne affaire ». La raison est que cette plante offre un tarif bien moins élevé qu’un mode de chauffage classique à l’électricité, au fioul ou au gaz. D’après le maire de Bernwiller, son prix se situe à environ 7,7 centimes le kilowattheure (kWh). À titre d’exemple, fin janvier 2023, le kWh d’électricité s’élevait à 12 centimes. Soit des factures qui ont quasiment été divisées par deux. C’est également moins cher que le chauffage au bois puisqu’il n’y a pas de poêle à acheter ni d’entretien à réaliser. Au final, « c’est le meilleur rapport qualité-prix que j’ai jamais eu », se félicite cet habitant. Pour son logement de 180 m², il débourse en effet à l’année 1 500 € pour :

• le chauffage ;
• l’eau chaude ;
• l’abonnement.

Ce biocombustible offre aussi l’avantage de garantir des prix stables. Cela permet de protéger ses consommateurs contre les risques de variation des prix et des factures élevées, « contrairement aux autres énergies », note Patrick Baur.

Le miscanthus, un levier intéressant en faveur de la transition écologique

Vous l’avez compris, le miscanthus forme par conséquent une solution idéale pour ceux qui souhaitent réduire leur impact sur l’environnement et maîtriser leurs factures.

Autre atout de cette culture à Bernwiller : elle est entièrement locale. « Tout est fait sur la commune, en circuit court », précise Patrick Baur. Aujourd’hui, 27 hectares de miscanthus sont cultivés par une douzaine d’agriculteurs. Ces derniers vendent leur production 110 € la tonne. Cette plante offre également l’avantage d’être utilisable dans de nombreux domaines :

• le chauffage ;
• le paillage horticole ;
• la litière animale ;
• les biomatériaux.

Cela en fait donc une vraie source d’énergie renouvelable !

À Bernwiller, le chauffage n’était même pas la raison initiale qui a motivé l’introduction du miscanthus dans les parcelles agricoles locales. À la base, cette graminée a été plantée pour ses vertus assainissantes. En effet, elle abaisse le niveau de nitrate dans l’eau. « L’usage […] c’est de dépolluer, explique Patrick Baur, et derrière, l’idée, c’était aussi de pouvoir l’utiliser à faire autre chose ».

Sonia Henry est maître de conférences Laboratoire Sols et Environnement à l’université de Lorraine/INRA. Selon elle, « le miscanthus a la capacité de s’adapter à beaucoup d’environnements, notamment des sols de friches industrielles qui sont contaminés ». Il a donc de vraies propriétés dépolluantes qui peuvent être très intéressantes.

D’ailleurs, à Bernwiller, « beaucoup de gens viennent voir ce qu’on fait », relate le maire. Il peut s’agir d’autres élus, tentés d’imiter l’exemple alsacien pour leur commune, mais aussi des étudiants en agronomie. Pour Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA, premier syndicat agricole, « ça se développe, ça fait partie des alternatives comme le chanvre ». Une alternative qui pourrait donc se révéler être un levier particulièrement efficace en faveur de la transition écologique, plus nécessaire que jamais. À ce sujet, certains pensent d’ailleurs que, pour la rendre réelle, il faudrait mettre en place une « économie de guerre ».

Malgré tout, Sonia Henry juge qu’il ne faut pas pour autant voir dans le miscanthus une « plante miracle » qu’il faudrait planter partout. L’association « France Miscanthus », qui a été créée en 2009, estime qu’il y a aujourd’hui environ 11 000 hectares cultivés en France métropolitaine. Ce chiffre a doublé depuis 2017.

Hervé Lapie prévient également que, pour se lancer dans la culture du miscanthus, un « gros investissement » est nécessaire à la base. Agriculteur dans la Marne, ce dernier a dû débourser 12 000 € pour une surface de 3,5 hectares environ. La première récolte de miscanthus ne peut être réalisée que deux à trois ans après la plantation.

L’exemple de Bernwiller et de son chauffage au miscanthus est en tout cas symbolique des actions possibles en faveur de l’émergence d’énergies propres et décarbonées. Pour vous aussi, le passage à une énergie verte, aux tarifs moins volatils, est un enjeu important ? Alors, sachez que vous pouvez également agir. En tant que consommateur, il vous est par exemple permis de changer de fournisseur d’énergie quand bon vous semble. Pourquoi ne pas en profiter pour opter en faveur d’une offre d’électricité ou de gaz vert ? Si vous le souhaitez, bénéficiez pour cela de l’aide du Comparateur Énergie de Choisir.com. Grâce à lui, vous aurez accès à tous les renseignements utiles à propos de nombreux fournisseurs du marché. Vous y trouverez donc un outil simple et rapide qui vous facilitera la vie dans vos démarches et votre choix. À la clé, vous aurez réalisé un acte fort et bénéfique pour la planète comme pour les générations futures !