Nucléaire : une vraie solution pour la transition écologique ?

L’urgence climatique, chaque jour plus marquée, rend toujours plus nécessaire le recours à des énergies décarbonées. La réalisation d’une réelle transition écologique et le respect des engagements en matière de réduction de l’empreinte carbone en sont à ce prix. Dans ce but, la volonté du gouvernement français est surtout d’œuvrer par le biais de l’énergie nucléaire. Dite décarbonée, celle-ci a aussi, au grand soulagement de Paris, été intégrée à la dernière directive européenne RED III sur les énergies renouvelables en juin 2023. Toutefois, le nucléaire est-il vraiment une solution pour le climat, comme le sont les énergies vertes ? Certains acteurs, comme l’ONG écologiste Greenpeace, en doutent. Choisir.com vous explique pourquoi.

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Le nucléaire, une fausse solution pour le climat d’après Greenpeace

Quelle est la place de l’énergie nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique et la transition écologique ? Depuis de nombreuses années, l’ONG Greenpeace s’oppose à cette forme d’énergie et se donne pour mission d’informer les Français sur le sujet.

Pourtant, il s’agit du cheval de bataille énergétique du gouvernement français qui souhaite développer le nucléaire dans le pays. D’après lui, il s’agit d’un levier essentiel pour accélérer la production d’énergies décarbonées. En effet, d’après un rapport du GIEC, la médiane des émissions de CO2 d’une centrale nucléaire s’élève à 12 grammes de CO2 par kilowattheure produit (gCO2/kWh). C’est :

  • bien inférieur à une centrale à gaz (490 gCO2/kWh) ou à une centrale à charbon (820) ;
  • même mieux que l’hydraulique (24) ou l’énergie solaire photovoltaïque (48).

Si l’on s’en tient à ces chiffres, le nucléaire pourrait faire rêver ! S’agit-il donc d’une énergie dont l’impact climatique est réellement insignifiant ?

Greenpeace rappelle au contraire que « l’empreinte écologique, ce n’est pas seulement le CO2, c’est aussi les déchets ». Ces mots sont ceux, enregistrés dans une vidéo postée dès 2018, d’Alix Mazounie, chargée de campagne transition énergétique Greenpeace France. À ses yeux, le nucléaire pose donc un gros problème vis-à-vis du climat : de par les déchets produits, elle forme une activité très polluante malgré tout. D’après elle, des centaines de milliers de tonnes de matières radioactives sont générées chaque année. La gestion de ces déchets et les méthodes de traitement utilisées (enfouissement…) sont problématiques.

L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs publie un inventaire national des matières et déchets radioactifs chaque année. Pour son bilan 2021, elle a comptabilisé 1,7 million de mètres cubes de déchets produits par l’activité atomique :

  • cela représente une hausse de 60 000 mètres cubes par rapport à 2020 ;
  • cela comprend 4 320 mètres cubes à haute radioactivité.

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Des centrales trop lentes à construire et qui coûtent trop cher

Autre obstacle de taille qui empêche le nucléaire, selon Greenpeace, d’être une véritable solution pour combattre l’urgence climatique : la lenteur des constructions des réacteurs.

C’est justement pour accélérer des délais bien trop longs que le Parlement a voté récemment la loi de relance du nucléaire, qui doit permettre d’aller plus vite. Celle-ci prévoit, dans le respect des volontés présidentielles, la construction de six nouveaux réacteurs dernière génération, les EPR2. Toutefois, alors que la consommation électrique française va augmenter plus fortement que prévu d’ici 2035, le premier de ces nouveaux EPR ne sortira pas de terre avant… 2035. Au moins. En effet, Greenpeace pense que ce calendrier est irréaliste et que cette nouvelle construction devrait davantage être finalisée autour de 2040.

Dans tous les cas, 2035 ou 2040, le problème est le même. L’objectif de réduction des émissions de CO2 au niveau européen est d’atteindre -55 % entre 1990 et 2030. Au regard de cette date si proche et face à ces délais si longs de construction, comment le nucléaire pourrait-il être une véritable solution climatique ?

Pour Greenpeace, c’est simple : « Face à l’urgence climatique, le nucléaire est inadapté ». L’ONG a d’ailleurs publié en 2023 une nouvelle brochure sur le sujet, téléchargeable gratuitement et intitulée « Nucléaire et Climat ». Elle y précise que le nucléaire est également une technologie qui coûte extrêmement cher pour :

  • la construction des centrales et des réacteurs ;
  • la gestion des déchets ;
  • les mises aux normes nécessaires ;
  • les réparations qui doivent être effectuées. L’année 2022 a d’ailleurs été catastrophique pour le parc nucléaire français, avec de nombreux arrêts qui ont été l’un des facteurs déclenchants de la crise énergétique. Face à de nouveaux problèmes de fissures profondes, EDF a d’ailleurs lancé en mars 2023 un plan pour contrôler (et réparer si besoin) ses centrales.

L’exemple symbolique illustrant à quel point le nucléaire coûte énormément d’argent est celui de l’EPR de Flamanville, en Normandie. Le lancement de cette nouvelle construction remonte à 2007 :

  • la date de livraison était prévue, à la base, pour 2012, pour un coût de 3,5 milliards d’euros ;
  • plus de dix ans plus tard, les travaux ne sont toujours pas terminés. La Cour des comptes a estimé le coût réel total de ces derniers à 19,1 milliards d’euros, soit presque six fois plus que ce qui était prévu. L’EPR devrait être livré, normalement, courant 2024.

Le regret de Greenpeace ? Tout l’argent investi aurait pu, selon l’ONG, servir à des solutions œuvrant plus efficacement pour la transition écologique, telles que :

Pour Alix Mazounie, « on peut réduire nos émissions de GES avec des moyens plus efficaces, plus rapides et moins chers ». Avec un dernier levier indispensable à actionner d’après Greenpeace pour accélérer la transition écologique : les politiques de sobriété énergétique.

Les centrales et les réacteurs nucléaires, des espaces vulnérables et à risques selon Greenpeace

Enfin, l’ONG écologiste le rappelle également : le nucléaire est une technologie lourde et vulnérable face à la crise et au réchauffement climatique. Les centrales sont en effet installées :

  • au bord de fleuves ;
  • en bord de mer.

La raison : le besoin d’eau dans le processus essentiel de refroidissement du réacteur nucléaire. Ce refroidissement des centrales est même aujourd’hui :

  • le troisième poste de consommation d’eau douce en France, derrière l’agriculture et l’eau potable ;
  • le premier poste de prélèvement en eau douce.

Après avoir prélevé l’eau nécessaire à son refroidissement, l’infrastructure atomique la rejette effectivement dans le cours d’eau d’où elle provient. Ce rejet se fait d’ailleurs avec quelques degrés de plus, ce qui accélère d’autant le réchauffement climatique.

Toutefois, le parc nucléaire est aussi victime des nombreuses canicules qui sont de plus en plus régulières. Celles-ci provoquent la chute du niveau des fleuves et des rivières, ce qui pourrait mettre en péril l’efficacité du processus de refroidissement. D’ailleurs, de plus en plus d’acteurs se posent aujourd’hui la question de la menace que font peser ces sécheresses sur la sûreté des centrales.

Autre problème : celui du risque de submersion ou d’inondation pour les centrales situées en zone côtière. La tempête de 1999, à la centrale du Blayais, en Gironde, avait rompu la digue de protection. Une partie des installations de sûreté avait été inondée, heureusement sans causer de dommage.

Reste que cette menace existe. D’autant qu’avec le dérèglement climatique, ces épisodes climatiques de plus en plus violents risquent de se multiplier. La catastrophe atomique de Fukushima de 2011, au Japon, est encore dans les mémoires. En France, le souhait de l’exécutif est de prolonger le fonctionnement des réacteurs au-delà de 60 ans. Ils étaient initialement prévus pour une durée de 40 ans… Serait-ce vraiment responsable de prendre une telle décision alors que le parc français vieillit et montre des signes de fatigue ?

Enfin, Greenpeace et Alix Mazounie jugent qu’une « centrale nucléaire est une arme et une cible potentielle ». Ce genre de site dispose de matières dangereuses qui pourraient, d’après eux :

  • servir à la construction de bombes sales ;
  • provoquer des accidents radiologiques gravissimes.

De plus, L’ONG insiste sur l’existence de « failles de sécurité » présentes aux abords des sites nucléaires. En 2020, des activistes s’étaient introduits à la centrale du Tricastin, dans la Drôme, pour prouver ce manque de sécurité.

Des centrales trop chères et trop lentes à construire, une technologie polluante dont l’efficacité est victime des sécheresses, des sites à risque. Les arguments exposés par Greenpeace pour s’opposer à l’énergie atomique sont nombreux. Difficile de penser que le gouvernement français, qui vient d’obtenir l’intégration du nucléaire dans la directive européenne RED III sur les énergies renouvelables, en tienne compte.

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