Solaire : la SNCF veut faire rouler ses trains au photovoltaïque

La SNCF passe au vert. Voilà comment on pourrait résumer les annonces réalisées le 6 juillet 2023 par Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe, au cours d’une conférence de presse. Celui-ci a en effet dévoilé des objectifs ambitieux allant dans le sens de la nécessaire transition écologique à mener. D’ici 2030, la SNCF compte installer 1 000 hectares de panneaux solaires afin de faire rouler ses trains à l’énergie verte. À l’horizon 2050, l’entreprise publique vise même l’autosuffisance électrique, avec une production d’énergie renouvelable multipliée par dix entre ces deux dates. La première étape de ce projet coûtera 1 milliard d’euros et fera de la SNCF l’un des plus gros producteurs français d’énergie solaire. Choisir.com vous en dit plus.

SNCF solaire

15 à 20 % de la consommation électrique de la SNCF produite par l’énergie solaire d’ici 2030

C’est un « jour historique » pour la SNCF. Ces mots sont ceux de Jean-Pierre Farandou, son PDG, au cours d’une conférence de presse menée le jeudi 6 juillet dernier. L’objet de celle-ci : présenter la nouvelle filiale du Groupe SNCF, « SNCF Renouvelables » et le projet que ce dernier va avoir pour mission de mettre en place.

Le but de ce projet : faire rouler les 15 000 trains de l’entreprise publique à l’énergie solaire. Il s’agit effectivement d’un chantier de taille puisque la SNCF est le premier consommateur français d’électricité avec 9 térawattheures (TWh) par an :

  • 8 TWh sont utilisés à la traction électrique de ses trains ;
  • 1 TWh sert à l’alimentation de ses différents équipements ;
  • ce qui représente environ 2 % de la consommation électrique française totale, et 10 % de la consommation industrielle nationale.

Heureusement, la SNCF est en même temps le deuxième propriétaire foncier du pays derrière l’État, avec :

  • 12 millions de m² de bâti sur le territoire national ;
  • 100 000 hectares de terrain.

Le groupe souhaite donc profiter de cet atout pour installer 1 000 hectares de panneaux solaires, sur une trentaine de sites en France. Il compte profiter de la toiture de ses bâtiments et des ombrières des parkings de ses gares pour cela. L’objectif de ce projet d’ici 2030 : produire 1 000 mégawatts-crête (MWc). Cette production :

  • représenterait l’équivalent d’une centrale nucléaire ancienne génération ;
  • permettrait de couvrir 15 à 20 % de la consommation électrique actuelle de la SNCF.

Les principales opérations débuteront dès 2023 et certaines ont même déjà démarré. On retrouve des panneaux photovoltaïques sur une centaine de petites gares et quelques grandes stations, comme à Avignon, Valence où Nîmes. La gare TGV de Nîmes-Pont du Gard, en Occitanie, compte 8 000 m² de panneaux qui couvrent le parking. Installés depuis déjà deux ans, ils produisent quatre fois plus que ce dont la gare a besoin et alimentent :

  • les écrans ;
  • les horloges ;
  • les escalators ;
  • tout en offrant de l’ombre aux véhicules qui se garent sur le parking.

Dans la capitale, la gare de Paris-Nord devrait aussi, dès cette année, faire partie des grandes stations équipées au solaire.

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Une facture de 1 milliard d’euros pour la SNCF

Comme pour la gare TGV de Nîmes-Pont du Gard, l’objectif du groupe est de rendre d’autres de ses équipements « autosuffisants », explique Jean-Pierre Farandou. En tout cas, grâce à cette installation massive de panneaux photovoltaïques, la SNCF désire devenir l’un des plus gros producteurs français d’énergie solaire.

Un projet qui représente malgré tout un investissement conséquent, estimé à 1 milliard d’euros. La facture sera « étalée sur 7 à 10 ans », avance le PDG. « On devrait amortir les coûts sur dix-quinze ans, c’est réaliste », estime-t-il aussi. La volonté de la SNCF, avec ce projet, est de maîtriser ses dépenses qui ont explosé ces derniers mois, du fait de la crise énergétique. Les économies réalisées grâce à la production de cette électricité verte « permettront par ailleurs de soutenir les programmes de travaux nécessaires à l’entretien et à la modernisation des infrastructures ferroviaires ». Voilà ce qu’a indiqué un communiqué de presse de la SNCF à la suite des annonces de Jean-Pierre Farandou.

Celui-ci n’a d’ailleurs pas précisé le montant des économies prévues. Selon lui, « tout dépendra de l’évolution du marché ». Néanmoins, alors qu’environ 20 % des trains du groupe utilisent encore l’énergie fossile, particulièrement sur les petites lignes, cette modernisation sera plus que bénéfique.

Ce qui est sûr, c’est que le PDG de l’entreprise publique se félicite du virage entrepris. « On change de braquet. On n’est plus des loueurs de terrain, on produit de l’électricité. […] C’est aussi un peu renouveler la SNCF. On ose voir grand, c’est l’époque des ruptures. Lancer SNCF Renouvelables est stratégique pour le Groupe SNCF. Nous apportons une contribution majeure à la production d’électricité décarbonée au service du ferroviaire et de la France ».

Alexis Monteil-Gutel est responsable de projets énergies renouvelables au CLER- Réseau pour la transition énergétique. Pour lui, cette annonce forme effectivement une « très bonne nouvelle » qui œuvre en faveur de la transition écologique.

La SNCF autosuffisante en électricité d’ici 2050 ? Des incertitudes technologiques

Les annonces de Jean-Pierre Farandou ne se sont pas arrêtées à 2030. La vision de la SNCF se lance en effet jusqu’en 2050, avec une volonté : multiplier par 10 ses objectifs entre ces deux dates.

Si le groupe ferroviaire les réalise, il passerait alors :

  • d’une production de 1 000 MWc en 2030 à 10 000 MWc en 2050 ;
  • ce qui représenterait 150 à 200 % de sa consommation actuelle.

Pourquoi développer ce projet si ambitieux ? La SNCF n’ignore pas qu’une étude récente vient de montrer que la consommation électrique française va augmenter plus fortement que prévu d’ici 2035. Parallèlement, l’entreprise souhaite également « doubler la part modale du train d’ici 2040 », selon son PDG.

Le constat est donc très clair pour ce dernier : « Avec l’ensemble de nos nouveaux projets, notre consommation d’électricité va augmenter dans les prochaines années, on n’aura pas trop de réserve ». Si la SNCF remplit ses objectifs pour 2050, elle parviendrait alors à l’autosuffisance électrique. De par le contexte énergétique actuel troublé, il s’agit d’un enjeu d’envergure.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, et Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, étaient présents à la conférence de presse. Ce dernier a déclaré que « prendre le train, c’est déjà un acte militant ». C’est aussi un mode de transport qui coûte cher. Le PDG de la SNCF a souligné que ce projet de trains au solaire et les économies réalisées permettraient de maîtriser le prix des billets. Par contre, aucune baisse des tarifs pour les passagers n’est prévue dans l’immédiat. Pour Agnès Pannier-Runacher, « les énergies renouvelables, désormais rentables, génèrent des opportunités économiques pour ceux qui les produisent ».

De son côté, s’il se réjouit de la décision de la SNCF, Alexis Monteil-Gutel note toutefois que cette dernière a été « un peu lente au démarrage, malgré les coûts très abordables du solaire ». Il espère également que l’entreprise « continuera de soutenir les énergies renouvelables au travers de ses achats d’énergies », ce que Jean-Pierre Farandou a confirmé. Celui-ci en a profité pour préciser qu’en cas de surplus, une part de la production « pourra être revendue à EDF ».

Alors, l’autosuffisance électrique pour la SNCF en 2050 grâce au solaire est-elle vraiment possible ? Pour l’atteindre, le groupe souhaite utiliser le foncier proche de ses voies ferrées. Son but : installer des panneaux solaires longitudinaux et verticaux posés par segment de 20 à 30 km le long des voies non circulées. Ces dernières forment un vrai potentiel, car elles représentent 7 000 km de long. Problème, « Aujourd’hui, nous n’avons pas encore cette technologie » pour ce type de panneaux, concède Jean-Pierre Farandou. Autre problématique à résoudre : le stockage de la production visée pour 2050. Pour être possible, celle-ci va nécessiter « beaucoup d’innovations dans les prochaines années ».

Ainsi, si les annonces et les ambitions de la SNCF sont louables, de nombreuses incertitudes technologiques demeurent et pourraient retarder la réalisation concrète de ces objectifs. De votre côté, vous avez peut-être aussi le désir d’agir pour la réalisation d’une véritable transition énergétique et écologique ? Si c’est le cas, pourquoi ne pas choisir de changer votre contrat de gaz et/ou d’électricité pour passer aux renouvelables ? De nombreux fournisseurs proposent en effet ce type d’offres. Avec notre Comparateur Énergie, Choisir.com vous aide dans les démarches administratives parfois fastidieuses et vous livre toutes les informations utiles sur de multiples fournisseurs. Ainsi, vous n’aurez plus qu’à faire votre choix et à vous réjouir de cet acte fort réalisé en faveur du climat !

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