Ferme houlomotrice : un projet prometteur au large de Biarritz

Ce n’est pas la plus connue des énergies renouvelables, véritables leviers pour la mise en place de l’attendue transition écologique. Pourtant, l’énergie houlomotrice, générée par la force des vagues, est pleine d’avenir. C’est ce dont sont en tout cas convaincus les élus de la Communauté d’agglomération du Pays basque (CAPB) et de la Région Nouvelle-Aquitaine. Le 12 juillet 2023, des représentants de ces deux collectivités ont tenu une conférence de presse pour annoncer le lancement d’un projet de ferme houlomotrice qui sera localisée au large de Biarritz. L’objectif de cette future source d’énergie : fournir 30 % de l’électricité du Pays basque en 2030. Quel calendrier est en place pour concrétiser cette ambition ? Comment cette installation verte devrait-elle fonctionner à l’avenir ? Choisir.com revient sur un projet innovant et inédit en France qui n’en est pas à sa première étape.

ferme houlomotrice

Énergie houlomotrice : une future ferme installée sur la côte basque

« On veut être les premiers en France à implanter une filière de production d’énergie houlomotrice ». Ces mots sont signés du vice-président de la Communauté d’agglomération du Pays basque (CAPB), Jean-Pierre Laflaquière. Le mercredi 12 juillet dernier, ce dernier était entouré d’autres élus de la CAPB et de la Région Nouvelle-Aquitaine pour une conférence de presse attendue. L’objet : l’annonce du lancement d’un projet de ferme houlomotrice au large de la côte basque, dont les deux collectivités sont les principaux acteurs.

Ce parc houlomoteur devrait être construit à environ 7 km du phare de Biarritz, à la limite avec la commune d’Anglet. Mais en quoi consiste exactement l’énergie houlomotrice ? Encore inexploitée, il s’agit d’une énergie renouvelable pouvant créer de l’électricité grâce à la force des vagues. Les élus landais ont été séduits par l’idée de sa possible mise en place sur leur littoral. Mathieu Bergé, conseiller régional en charge des ports et élu de Bayonne, où se tenait justement la conférence de presse, l’a bien exprimé. « Nous aimerions accueillir la première ferme houlomotrice de France dans notre région », a-t-il affirmé aux journalistes présents.

Ce projet de ferme houlomotrice au large des côtes basques est d’ailleurs un sujet de discussion depuis environ 7 ans pour les élus. Un « partenariat [a] débuté en 2017 avec la Communauté d’agglomération du Pays basque et des acteurs scientifiques, dont l’association Surfrider Foundation Europe », explique Mathieu Bergé. De longues études ont été menées sur ce laps de temps. Vingt zones de 2 km² sur tout le littoral basque, d’Hendaye à Anglet, avaient été définies comme de possibles sites d’accueil de cette ferme. Chacune d’elles a été inspectée, explorée et testée. Cette phase indispensable, qui a coûté 1,2 million d’euros aux deux collectivités, a permis d’étudier :

  • la faune et la flore ;
  • les fonds marins ;
  • le courant et la houle.

Mathieu Bergé l’assure : « Nous avons réalisé toutes les études nécessaires pour estimer à la fois le potentiel d’une telle installation et l’impact éventuel sur la pêche, la biodiversité ou encore la houle pour le surf ». Dans cette logique ont été mises de côté les zones :

  • étant sur des axes de navigation ;
  • de pêche ;
  • sur les voies de passage des cétacés.

Un seul site a finalement été retenu : celui se trouvant au large du phare de Biarritz. Précisément, cet emplacement se situe à l’embouchure de l’Adour qui se jette dans l’océan Atlantique à Anglet, là où se dresse le port de Bayonne.

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L’objectif de la ferme houlomotrice : fournir 30 % de l’électricité du Pays basque en 2030

« Nous avons […] déjà défini la meilleure zone potentielle en prenant en compte tous les paramètres, dont la présence de câbles permettant d’acheminer l’électricité produite sur terre », a expliqué Mathieu Bergé. Le matériel et les machines capables de capter l’énergie marine seront :

  • placés à 7,5 km de la côte ;
  • immergés à une profondeur de 60 à 70 mètres ;
  • ne dépasseront de la surface de l’eau que de 4 mètres : en conséquence, elle sera invisible depuis la côte ;
  • ne causeront aucun changement de pratique pour les surfeurs, comparé à aujourd’hui. Les simulations réalisées font en effet état d’une variation de la houle de 1 cm, selon les porteurs du projet.

La ferme houlomotrice sera donc reliée à la terre ferme au niveau du port de Bayonne par un câble sous-marin. Mathieu Bergé espère que la ville basque se muera en chef de file « pour cette filière naissante de l’énergie houlomotrice ». L’élu explique aussi avoir « réservé entre 5 et 10 hectares au port de Bayonne pour favoriser l’implantation » de cette filière. Celle-ci pourrait devenir un atout pour le lancement d’une activité industrielle allant dans le sens de la mise en place d’une industrie verte souhaitée par l’exécutif.

Le but est en tout cas de favoriser la production de grandes quantités d’électricité. Dans 7 ans, en 2030, la mise en service espérée de cette ferme houlomotrice devrait fournir 30 % de la consommation totale en électricité du Pays basque. Sa production est effectivement estimée à :

  • 500 gigawattheures (GWh) chaque année ;
  • alors que la consommation actuelle s’élève à 1 700 GWh par an.

Martine Bisauta est vice-présidente de la CAPB en charge de la transition écologique et énergétique. Selon elle, le coût de cette électricité serait « inférieur à 90 € le mégawattheure (MWh), compétitif par rapport à d’autres énergies renouvelables ». Le vœu des deux collectivités est que la totalité de leurs besoins énergétiques soit d’origine renouvelable à l’horizon 2050.

Pour « envisager une mise en œuvre dès 2030 », une phase de concertation et de recherche de financement débute désormais. Voilà ce qu’a indiqué Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et président de la CAPB. Selon lui, le coût de la future ferme houlomotrice est « estimé à plusieurs centaines de millions d’euros ». L’agglomération et la Région ont déjà engagé une discussion avec l’État pour solliciter son aide. Celle-ci pourrait prendre la forme :

  • d’un éventuel soutien financier au projet, par des subventions accordées à l’industriel sélectionné qui s’installera sur le port de Bayonne ;
  • de la fixation d’un prix de rachat de l’électricité produite. Cette piste pourrait d’ailleurs s’intégrer dans la future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

Un projet innovant et inédit… dont la technologie n’est pas encore vraiment au point

Reste maintenant à concevoir les machines pour que cette ferme houlomotrice au large de Biarritz voie bien le jour en 2030. Problème : la technologie en la matière n’est pas encore totalement au point, comme peuvent l’être celles de l’éolien ou de l’hydrolien par exemple. En effet, aucun dispositif existant n’est encore capable de résister aux tempêtes hivernales que nous connaissons.

Ce projet basque, innovant, est donc aussi inédit et unique en France. Pourtant, « le premier brevet visant à exploiter l’énergie des vagues a été déposé en 1799 », rappelle le centre de recherche IFP Énergies nouvelles (IFPEN).

Dès lors, pour quelles raisons la CAPB et la Région Nouvelle-Aquitaine ont-elles retenu la technologie houlomotrice à la place d’autres technologies de production d’électricité verte ? Plusieurs raisons expliquent cette décision :

  • d’abord, car sur la côte basque, il est impossible de miser sur :
    • l’éolien, du fait que le vent n’est pas aussi permanent que dans le nord de la France notamment,
    • l’hydrolien, car il n’y a pas non plus suffisamment de courants marins ;
  • ensuite, car l’énergie houlomotrice est abondante, avec une production relativement facile à prédire, au contraire de l’éolien ou du solaire.

Reste que cette forme d’énergie est, pour l’instant, encore inexploitée en France. Elle ne fait que débuter dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, les États-Unis ou le Portugal. S’il s’agit d’une « technologie peu mature comparée aux autres énergies renouvelables », les élus landais affirment néanmoins qu’elle connaît « une nette accélération ces cinq dernières années ».

De plus, d’après ses partisans, l’énergie houlomotrice jouit d’un énorme potentiel :

  • 71 % de la surface du globe est en effet constituée de mers et d’océans ;
  • 10 % de la demande annuelle mondiale d’électricité pourrait ainsi, dans l’absolu, provenir de cette source d’énergie, d’après le Conseil mondial de l’énergie.

Dans tous les cas, les élus de la CAPB et de la Région Nouvelle-Aquitaine ne doutent pas malgré l’absence de technologie encore opérationnelle. « C’est un risque que l’on veut prendre parce qu’on est convaincu que ça va marcher, avance Jean-Pierre Laflaquière. Quand les Danois ont commencé à développer l’éolien offshore, ils ont aussi pris des risques ». Ce dernier l’affirme même : « sur le plan opérationnel, on est les plus avancés en France ». 85 technologies différentes ont d’ores et déjà été étudiées, une dizaine ont été retenues. « Elles sont toutes immergées, car nos deux villes touristiques [Biarritz et Anglet] ne souhaitent aucun impact visuel ». C’est ce qu’indique Maider Arosteguy, maire de Biarritz et vice-présidente de la CAPB en charge de l’économie bleue.

De nouveaux tests de technologies devraient être menés sur le site choisi lors des prochains mois. Des rencontres sont également prévues entre les élus pour continuer de discuter et d’avancer sur ce projet. Malgré les difficultés techniques à résoudre, celui-ci offre un avantage de taille : il va dans le sens de la nécessaire transition écologique à mener.

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