Parc éolien offshore de Saint-Nazaire, des avis toujours partagés

publié le 04/09/2023 à 14h28 | mis à jour le 04/09/2023 à 14h28 | par Johann Sonneck

Des éoliennes en pleine mer qui « dénaturent la vue » selon certains habitants et touristes

C’est au large de Saint-Nazaire que se dresse le premier parc éolien offshore construit et en fonction en France. Raccordé au réseau à la fin du mois de novembre 2022, il est distant de la côte de Loire-Atlantique d’environ 15 km.

Cette ferme éolienne composée de 80 éoliennes actionnées par le vent à longueur de journée s’étend sur une surface de 78 km². Avec cette évolution indiscutable : elle a changé pour de bon la vue marine offerte depuis le littoral du Croisic, de La Baule ou de Saint-Nazaire.

Certains habitants de la région ou touristes de longue date qui viennent sur place ont encore du mal à la vue de ces éoliennes qui s’élèvent à l’horizon. « On les voit depuis chez nous, expliquent deux retraités qui habitent sur place. […] On s’est dit que c’est dommage qu’elles ne soient pas plus loin. Nous n’avons plus la mer à perte de vue, mais une empreinte de civilisation ».

Même son de cloche pour les vacanciers. Au Croisic, ces derniers aiment se prendre en photo sur le fameux « rocher de l’Ours », au cœur d’un panorama sauvage exceptionnel. Toutefois, désormais, les longs mâts et pâles sont aussi visibles et présents sur les clichés. « J’avais vu des photos de comment c’était avant, là c’est vrai qu’il y a quand même beaucoup d’éoliennes », juge un touriste un peu perplexe.

Pour un habitué connaissant les lieux depuis les années 1970, le constat est encore plus sévère. Selon lui, les éoliennes ne sont que des « moulins à vent qui coupent l’horizon et dénaturent la vue ». Un autre vacancier qui passe ses congés au Croisic depuis trente ans ne s’habitue pas plus à ce panorama entrecoupé d’hélices. Il regrette aussi que, « quand il fait beau, on peut même voir les couleurs des éoliennes ». Finalement, certains en viennent à apprécier les météos maussades et brumeuses. La raison ? Elles cachent presque les éoliennes, ce qui peut donner l’impression que celles-ci ne sont peut-être plus là, et que tout est comme avant.

Des croisières pour découvrir le parc éolien offshore… qui font un tabac

Au contraire, d’autres touristes et habitants n’ont connu aucune difficulté pour se faire à ce nouveau panorama. « Je pensais que ce serait plus imposant que ça, au final ça ne me gêne pas du tout », témoigne l’un d’eux. Un autre explique qu’il apprécie toujours autant la vue que lui offre sa terrasse installée en front de mer. « On a suivi la construction du parc éolien, et nous ça ne nous gêne pas, c’est toujours aussi beau ».

Cette ferme de production d’énergie éolienne suscite finalement autant de critiques et d’inquiétudes que de fascination et de curiosité. En effet, depuis l’année passée, des croisières touristiques sont organisées afin de faire découvrir le parc éolien offshore. Les organisateurs, l’office de tourisme de l’agglomération de Saint-Nazaire et le groupe EDF Renouvelables, qui exploite le site, ont fait face à un succès dépassant les attentes. « Cet été, on avait prévu 5 sorties puis on en a finalement ajouté 4 supplémentaires compte tenu de la très forte demande ». Voilà ce qu’explique Marie Bibard, chargée de communication de Saint-Nazaire agglomération tourisme. Entre juillet et août 2023, 9 croisières ont donc été mises en place par cette institution, contre 3 à l’été 2022. En comptant celles proposées par EDF Renouvelables, il y en a eu au total une vingtaine cette année. Et toutes ont affiché complet !

Des croisières qui sont autant des visites de découvertes de ces installations géantes que des moments d’explication du fonctionnement de la technologie de l’éolien offshore. C’est ce qu’indique Pierre Sabouraud, directeur de Saint-Nazaire agglomération tourisme. « On a deux types de profil : des personnes qui sont convaincues et qui essaient de comprendre comment fonctionne cette fabuleuse aventure industrielle et d’autres, plus dubitatives et qui, après les explications sur ce qu’est le parc éolien, repartent émerveillées ». Marie Bibard le confirme. Un parc éolien offshore, « c’est nouveau à l’échelle française ». De ce fait, cela « suscite plein d’interrogations ».

En tout cas, la longue file d’attente pour embarquer à bord témoigne de la forte demande pour aller visiter ces nouveaux géants des mers. La croisière, commentée par un guide, dure trois heures et fait pénétrer au cœur de la ferme éolienne, dans le respect des règles de sécurité en vigueur. Les visiteurs se retrouvent à quelques longueurs seulement de ces mâts et pales gigantesques qui montent jusqu’à 180 mètres de haut. « C’est très impressionnant, confie justement l’un d’eux, subjugué par cet environnement inhabituel. Les éoliennes sont vraiment immenses. Quand on compare à la taille du bateau, on se sent tout petit ». Ces visites montrent donc tout l’intérêt que suscitent les éoliennes vis-à-vis des habitants de la région comme des touristes. Elles pourraient également se muer en levier permettant de faire accepter aux plus sceptiques ce changement dans le paysage. Pour Marc Chiron, directeur adjoint d’exploitation offshore chez EDF Renouvelables, ces croisières sont en tout cas synonymes de « retombées positives pour le territoire ».

Des éoliennes en pleine mer, une nécessité pour « avancer » vers la transition écologique

Un dernier élément est bien présent dans l’esprit des vacanciers et habitants qui se sont habitués à ce paysage marin jalonné d’éoliennes. En effet, ces derniers savent que cette production d’électricité verte est excessivement importante face au défi de la transition écologique à mener en France. Certains comprennent donc que ce parc offshore est nécessaire et indispensable pour « avancer » dans le but de :

• développer la production d’énergies renouvelables sur le territoire national ;
• et ainsi se protéger le plus efficacement possible contre la volatilité des prix de l’électricité et une éventuelle nouvelle crise énergétique.

Dans cette optique, l’éolien est un levier majeur à actionner, en compagnie de la production d’énergie solaire. Plusieurs exemples récents témoignent d’ailleurs de la volonté française d’accélérer dans le domaine offshore :

• la construction d’autres fermes maritimes déjà programmée, dont un parc au large de la Normandie et géré par EDF ;
• le lancement d’un projet de développement européen de l’éolien en mer du Nord, dont la France est l’un des acteurs.

Dans tous les cas, en ce qui concerne le parc offshore de Saint-Nazaire, son utilité ne fait absolument pas débat. Son but était que sa production représente l’équivalent de la consommation de 700 000 personnes. Moins d’un an après sa mise en service, pour Franck Louvrier, maire de La Baule et vice-président de la région Pays de la Loire, le compte y est. « On en a besoin, et l’objectif fixé de générer 20 % des besoins d’électricité pour la Loire-Atlantique est atteint », a-t-il affirmé.

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