Les centrales à charbon autorisées en France jusqu’à fin 2024
La fin de la production d’électricité par le biais des centrales à charbon était l’un des engagements d’Emmanuel Macron. Toutefois, face à la crise énergétique qui a durement impacté la France en 2022 et un hiver 2023-24 qui se rapproche, on en est encore loin. Le 24 août dernier, le gouvernement a effectivement annoncé autoriser les deux centrales à charbon françaises en service à fonctionner plus longtemps que prévu. Selon lui, il s’agit d’une véritable nécessité « pour assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité » en vue de la saison hivernale. Objectif de l’exécutif : éviter au maximum le risque de coupures de courant, tandis que les tensions sur le réseau l’hiver dernier sont encore dans les esprits. Alors, mesure indispensable ou pas ? Ce qui est certain, c’est que cette décision va à l’encontre de l’incontournable action climatique et écologique à mener. Choisir.com vous révèle tout ce que prévoit cette prolongation des centrales à charbon qui s’étendra jusqu’à la fin de l’année 2024.
Les centrales à charbon autorisées à poursuivre leur production d’électricité pour préparer au mieux l’hiver 2023-24
C’est une décision rendue publique le 24 août 2023 par le ministère de la Transition énergétique. Le gouvernement vient d’autoriser les centrales à charbon françaises à continuer à fonctionner jusqu’à la fin de 2024. Le but : éloigner le plus possible la menace de coupure généralisée cet hiver.
On compte encore sur le territoire national deux centrales à charbon en activité :
- à Cordemais, en Loire-Atlantique ;
- à Saint-Avold, en Moselle.
Au regard de la grave crise énergétique qui a déferlé sur le pays et l’Europe l’année passée, cette prolongation peut s’entendre. L’hiver 2022-23 avait véritablement été une saison à risque, avec un réseau très tendu. Des possibilités de coupures et de mesures de délestage étaient même redoutées, sans toutefois se réaliser.
C’est pour faire face à ces menaces que, déjà en novembre 2022, l’État avait décidé de la relance de la centrale à charbon de Saint-Avold. Malgré tout, les deux centrales françaises ont représenté, l’an dernier, 0,6 % du mix électrique national, dont le principal pilier est, de loin, l’énergie nucléaire.
En 2022, la réouverture de Saint-Avold devait s’inscrire « dans le plan de fermeture », d’après le ministère de la Transition énergétique. Ce dernier avait affirmé que l’engagement d’Emmanuel Macron de fermer tous ces sites extrêmement néfastes pour l’environnement restait « inchangé ». Presque un an plus tard, avec cette nouvelle prolongation jusqu’à fin 2024, le constat est clair. On en est encore loin.
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Une reprise accompagnée d’un assouplissement temporaire des normes d’émissions de gaz à effet de serre…
Cette annonce, si elle peut s’entendre d’un strict point de vue de la sécurité énergétique, va pourtant bel et bien à l’encontre de l’urgence climatique. Elle s’oppose aussi à l’indispensable transition écologique à mener.
C’est d’autant plus vrai que la reprise des centrales à charbon s’accompagne d’un assouplissement temporaire des normes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pour l’hiver 2023-24. Ce plafond d’émissions de CO2 appliqué aux producteurs d’énergie est défini par la loi Énergie Climat. Il se retrouve désormais rehaussé à « 1,8 kilotonne d’équivalents dioxyde de carbone par mégawatt de puissance électrique installée entre le 1er avril 2023 et le 31 décembre 2024 ». Voilà ce qu’explique un décret, publié au Journal officiel le 24 août dernier.
L’intérêt de l’assouplissement momentané de ce plafond ? Permettre « aux centrales de fonctionner durant 500 heures supplémentaires sur la période par rapport au plafond de 1 300 heures initialement autorisé » jusqu’à fin 2024. C’est ce que précise la consultation publique dont est issu le décret.
Au total, ces centrales à charbon pourront donc fonctionner sur 1 800 heures. Cette durée correspond à 75 jours de production sans s’arrêter. En comparaison, pour l’hiver 2022-23, les centrales avaient été autorisées à produire :
- pendant 2 500 heures ;
- soit 104 jours non-stop.
Le ministère de la Transition énergétique juge que « cette mesure est nécessaire ». Sa raison d’être : « assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité au regard de la situation exceptionnelle que nous vivons ». Julien Teddé, directeur général du courtier Opéra Énergie, donne son avis sur cette décision du gouvernement. Selon lui, « ce plafond donne une possibilité très large d’utilisation en cas de grosse vague de froid » cet hiver. Sauf que la saison hivernale qui arrive s’annonce normalement moins rude que la précédente. À son approche, vous voulez justement en profiter pour changer de fournisseur ? Pour cela, allez consulter le Comparateur Électricité de Choisir.com, son aide vous sera très utile !
… et de l’augmentation de la somme à payer par les centrales pour compenser leurs émissions de CO2
Le ministère de la Transition énergétique faisait lui-même savoir que, vis-à-vis de l’hiver dernier, « nous anticipons un niveau de tension moindre ». Pour autant, cette prolongation des centrales à charbon a donc malgré tout été actée. Cette décision a été prise « par précaution » d’après le ministère. Ce dernier indique que « nous prenons toutes les mesures qui assureront la production électrique française ». Il est vrai que, en 2022, la production tricolore avait été si faible que la France avait dû faire appel à l’aide de ses voisins.
Julien Teddé rappelle également que « les centrales à charbon sont de toute façon contrôlées par la logique économique ». Dans quel sens faut-il comprendre cette vérité incontestable ?
- Tout d’abord, il est important de savoir que la mise en fonctionnement de ces centrales a un coût extrêmement élevé.
- Ensuite, ces dernières étant très émettrices de CO2, elles doivent payer pour la compensation de leurs émissions. Le décret du 24 août énonce ainsi que, désormais, chaque tonne d’équivalent CO2 émise coûtera plus cher : 50 € contre 40 € auparavant.
Même avec cette augmentation de la somme à payer pour contrebalancer les émissions carbone, cette décision gouvernementale est loin de satisfaire tous les acteurs du pays. Dès le mois de juin 2023, Greenpeace France, pour qui le nucléaire n’est pas une vraie solution pour le climat, dénonçait le comportement « climaticide » de l’État français. L’ONG écologiste, par rapport à cette volonté de prolongation d’activité des centrales à charbon, parlait déjà de « sabotage en règle de la transition énergétique européenne ». Elle ne pouvait également s’empêcher de noter que « la France acte un recul des efforts pour sortir du charbon ». Difficile de lui donner tort. Prioriser plutôt les énergies renouvelables, qui ont en plus rapporté presque 14 milliards d’euros à l’État en 2023, aurait été une solution bien plus verte et durable. Le gouvernement a choisi une autre voie. Dommage pour le climat.
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