Mix énergétique français en 2035 : les perspectives de RTE
2035, dans à peine plus de dix ans, c’est déjà presque demain. RTE, le gestionnaire du réseau électrique français, en est bien conscient. Le 20 septembre 2023, il a rendu ses perspectives à propos du mix électrique français d’ici 2030 et 2035. Face aux enjeux de l’urgence climatique et de la flambée des prix de l’énergie, la France est devant un défi de taille. Pour le président du Directoire de RTE, Xavier Piechaczyk, il s’agit même d’une « course contre la montre » qui est engagée. Alors, en 2035, à quoi pourrait ressembler le mix énergétique français ? Quels seraient ses piliers, qui pourraient permettre à notre pays de sortir de sa dépendance aux énergies fossiles ? Les objectifs que détaille RTE sont « très ambitieux, mais atteignables », selon Xavier Piechaczyk. Choisir.com vous en révèle ses principaux éléments.

Le « Bilan prévisionnel 2023-2035 » sur le mix énergétique français publié par RTE
C’est le 20 septembre dernier que le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français, RTE, a rendu un rapport attendu. Consultable sur son site, ce dernier est intitulé « Bilan prévisionnel 2023-2035 ». Son sujet : les perspectives formulées par RTE à propos de l’avenir du mix énergétique français d’ici 2030 et 2035.
Ce bilan sort en réalité dans un double contexte :
- les annonces, très récentes de la part du gouvernement, concernant sa feuille de route dans le domaine de la planification écologique ;
- les conclusions d’un précédent rapport de RTE, datant du mois de juin 2023 et indiquant que la consommation électrique française allait connaître une forte hausse d’ici 2035.
Pour Xavier Piechaczyk, président du Directoire de RTE, la situation est simple. De ses mots, nous sommes face à une « course contre la montre pour répondre aux enjeux climatiques et géopolitiques ». Le réchauffement et le dérèglement du climat forment une urgence que nul ne peut plus ignorer désormais. Dans ce cadre, la France doit trouver les moyens de sortir de sa dépendance aux énergies fossiles. C’est tout le but des prévisions réalisées par RTE.
Avec un autre enjeu que la France ne peut ignorer : celui des objectifs continentaux fixés par l’Union européenne (UE) et auxquels elle doit se conformer. Ces derniers visent une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990. C’est ce que prévoit la dernière directive RED III sur les énergies renouvelables adoptée récemment après bien des négociations houleuses. Ce nouveau texte législatif a aussi décrété que le mix énergétique des pays membres de l’UE devrait, d’ici 2030, comprendre au minimum 42,5 % d’énergies renouvelables.
Les perspectives de RTE ont donc également comme but de répondre aux attentes européennes. Avec deux objectifs principaux à atteindre d’ici 2035 :
- le triplement de la production des énergies renouvelables ;
- la réduction d’un tiers de la consommation d’énergie.
D’après Xavier Piechaczyk, il s’agit d’« objectifs très ambitieux, mais atteignables ».
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faire une simulation« Un défi accessible » avec 4 piliers principaux à actionner d’ici 2035
Les scénarios prospectifs dévoilés par RTE confirment en tout cas les projections déjà réalisées en 2021, malgré les effets dévastateurs de la guerre en Ukraine. Pour atteindre les objectifs fixés, le gouvernement comme le gestionnaire du réseau électrique comptent s’appuyer sur 4 piliers différents :
- l’efficacité énergétique ;
- la sobriété énergétique ;
- le développement des énergies renouvelables ;
- celui du nucléaire, source de production décarbonée que l’exécutif a paru souvent vouloir prioriser pour atteindre la transition écologique.
La baisse de la consommation est un enjeu d’avenir majeur. D’après RTE, les pratiques d’efficacité énergétique devraient potentiellement aider à gagner 100 térawattheures (TWh) par an à l’horizon 2035. Quant à la sobriété, Xavier Piechaczyk se montre confiant. « Les Français ont continué à être sobres en 2023 » après la crise énergétique qui avait gravement fragilisé le réseau lors de l’hiver dernier. Pour lui, avec ces gestes réguliers de sobriété énergétique, des ménages comme des entreprises, la baisse de la consommation pourrait être de l’ordre de 60 TWh en 2035.
Cette réduction de la consommation doit d’ailleurs être réalisée de manière progressive par rapport à son niveau de 2022, soit 1 600 TWh :
- en 2030, la consommation devra s’être réduite de 20 %, représentant 1 300 TWh consommés ;
- en 2035, la baisse devra atteindre 30 %, pour 1 100 TWh consommés.
Pour réussir ce pari, « il faudra électrifier la France à un rythme comparable de celui des années 80, alors que l’électrification stagne depuis plus de dix ans ». C’est là l’analyse de Nicolas Goldberg à la lecture du rapport de RTE. Ce dernier est expert des questions énergétiques pour le cabinet de conseil Colombus Consulting.
De son côté, pour Xavier Piechaczyk, cet objectif et les suivants forment « un défi accessible, si nous accélérons, et ce dès maintenant ».
Les renouvelables et le nucléaire comme base du futur mix énergétique national
Pourquoi un tel besoin d’électrification à l’avenir en France ? Car pour décarboner son mix énergétique et se réindustrialiser, notre pays devra :
- produire 640 à 700 TWh d’électricité décarbonée en 2035 ;
- alors qu’aujourd’hui, d’après RTE, cette production n’est « que » de 395 TWh.
Alors, même si pour Xavier Piechaczyk il est « accessible », c’est bien un défi de taille auquel fait face le gouvernement français. Avec un rôle majeur que doivent jouer, dans ce domaine, les énergies renouvelables (EnR), produites par l’éolien ou le solaire notamment. La production de ces énergies vertes devra atteindre :
- 270 à 320 TWh vers 2035 ;
- quand elle est « seulement » de 120 TWh actuellement.
Dans le détail, RTE prévoit, pour 2035 et dans le meilleur des scénarios, une production de :
- 110 TWh pour le solaire ;
- 85 TWh pour l’éolien onshore ;
- 65 TWh pour l’éolien offshore. Le premier parc offshore français, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), va d’ailleurs bientôt fêter sa première année d’activité, alors que d’autres projets sont en cours de construction.
D’après les projections de RTE, les énergies bas carbone devraient totaliser en 2030 :
- 60 % du mix énergétique français, en comptabilisant les EnR et l’énergie nucléaire ;
- 45 % du mix de consommation finale brute d’énergie, en ne comptant cette fois que des énergies vertes (électricité ou chaleur).
Les perspectives du gestionnaire du réseau national sont donc en adéquation avec les objectifs européens, fixés à 42,5 % d’EnR en 2030.
En ce qui concerne l’énergie atomique, Xavier Piechaczyk a appelé à « rendre le parc nucléaire [actuel] plus disponible ». Les problèmes d’arrêts et d’immobilisation prolongée de nombreux réacteurs avaient gravement impacté la production électrique en 2022. Par conséquent, pour le patron de RTE, il faut avant tout pérenniser le fonctionnement et la production des centrales existantes. Il sera temps, par la suite, de penser à l’apport que pourraient fournir les 6 nouveaux réacteurs nucléaires prévus en France à l’avenir. Le premier d’entre eux ne sortira d’ailleurs pas de terre avant, au minimum… 2035.
Les problèmes du parc l’année passée expliquent donc que les scénarios de production nucléaire de RTE restent « volontairement prudents ». Ils visent en effet une production optimale de 400 TWh. Celle-ci pourrait même être réduite à 360 TWh d’ici 2035, en intégrant la possibilité de fermer trois réacteurs à cette date. Le parc nucléaire français, construit lors des années 1970-1980, est effectivement en train de vieillir, même si une prolongation des réacteurs au-delà de 60 ans est actuellement étudiée.
En tout cas, pour que ces projections très ambitieuses deviennent réalité à l’horizon 2035, il y a beaucoup à faire. Vous souhaitez, vous aussi, apporter votre pierre à cette dynamique nécessaire en faveur d’une économie décarbonée ? Tout le monde peut agir dans ce but. Vous pouvez, par exemple, changer de fournisseur d’électricité et/ou de gaz pour faire le choix d’une offre renouvelable. Afin de vous aider dans ces démarches, le Comparateur Énergie de Choisir.com est un outil efficace et complet. Essayez-le vite et avançons ensemble sur la voie de la transition verte !
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