Le plus grand gisement européen de gaz fermé aux Pays-Bas
Voilà une nouvelle qui va dans le sens de l’indispensable transition énergétique à mener à bien en Europe. Début octobre 2023, le plus grand gisement européen de gaz du continent a été fermé. Ce dernier se situait dans le nord des Pays-Bas, à Groningue. La fin de cette exploitation gazière était attendue de longue date par les riverains, durement impactés depuis vingt ans par l’extraction de cette énergie fossile et ses répercussions. Quelles étaient-elles exactement ? La fermeture du gisement de Groningue est-elle d’ailleurs vraiment totale et définitive ? Choisir.com répond à toutes vos questions à ce sujet.
Le gisement de gaz naturel de Groningue fermé après plus de deux décennies d’extraction
C’est à Groningue, dans le nord des Pays-Bas, que se trouvait le plus grand gisement de gaz naturel d’Europe. Il faut effectivement en parler au passé puisque, depuis le 1er octobre 2023, sa fermeture a officiellement été actée. Cette dernière était en réalité promise depuis 2018.
Il ne s’agit toutefois pas d’une fermeture totale et effective qui vient d’être décidée. En effet, onze dernières unités d’extraction resteront opérationnelles durant une année supplémentaire avant de cesser définitivement de fonctionner. Ainsi, le site pourra reprendre temporairement du service en cas de circonstances extrêmes, telles que :
- des hivers très rigoureux ;
- ou des tensions géopolitiques ayant un fort impact énergétique.
Le gisement de Groningue, découvert en 1959, a été exploité à compter de 1963. Au final, ce dernier a :
- permis l’extraction de 2 300 milliards de mètres cubes de gaz, selon l’entreprise Shell. Le site était effectivement exploité par le consortium formé par NAM, Shell et Exxon ;
- généré 429 milliards d’euros de bénéfices ;
- rapporté dans les caisses de l’État néerlandais 85 % de ces profits. Le gisement a ainsi permis de faire des Pays-Bas l’un des États les plus prospères de tout le continent européen.
On comprend pourquoi, en 2022, le gouvernement néerlandais avait décidé de reporter la fermeture du gisement. Ce report avait surtout été motivé par les incertitudes énergétiques nées de l’éclatement de la guerre en Ukraine. Cette situation géopolitique dramatique a été, au moins en partie, l’une des causes du déclenchement d’une grave crise énergétique continentale l’an dernier.
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faire une simulationDes riverains impactés par de multiples séismes provoqués par l’extraction du gaz naturel
Si le gisement de gaz de Groningue a été extrêmement bénéfique sur certains points, il porte une face sombre qu’a subie la population néerlandaise vivant à proximité. Depuis plus de vingt ans, les riverains ont effectivement dû faire face à des séismes réguliers, de faible magnitude certes, mais proches de la surface.
La cause : des poches de vide formées au cours de l’extraction du gaz. À chaque fois, de nombreux dégâts ont été à déplorer, sans parler des conséquences psychologiques et financières de tels événements catastrophiques. Un lien entre extraction fossile et séisme qui ne surprend en rien les spécialistes. En avril 2023, une étude de scientifiques américains attestait que l’exploitation des énergies fossiles est responsable de séismes.
L’annonce de la fermeture du gisement, en 2018, a eu de quoi satisfaire les écologistes et les défenseurs de la transition écologique. Il a aussi comblé, dans un premier temps, l’ensemble des riverains. Dans un premier temps seulement, avec un retour à la réalité plutôt amer. En effet, ces derniers ont appris ensuite, de la part d’experts, que les séismes pourraient se poursuivre pendant encore plusieurs années malgré l’arrêt de l’extraction. Ces tremblements de terre menacent donc toujours les habitants de la région de Groningue, après avoir rythmé leur vie pendant deux décennies.
Jan Wigboldus est le président du Conseil du gaz de Groningue. Il s’agit d’une association locale qui milite en faveur des victimes des séismes. Selon lui, « énormément de personnes de la province souffrent de problèmes psychologiques à cause de l’extraction du gaz ». L’Association dénonce aussi plusieurs éléments, comme le fait que :
- de multiples victimes de ces tremblements de terre se soient retrouvées face à d’immenses difficultés et un bourbier juridique et technique pour obtenir des indemnisations ;
- de nombreuses maisons de la région de Groningue aient dû être restaurées ou reconstruites, avec l’intégration de structures antisismiques.
Une situation « terrible » pour les habitants de la région de Groningue
Mark Rutte, l’ancien Premier ministre néerlandais qui a démissionné il y a quelques mois, s’est montré très clair et critique sur cette situation qu’il juge « terrible ». Selon lui, dans cette partie des Pays-Bas, on compte « des dizaines de milliers d’enfants dans une situation de merde ».
Toutefois, les autorités hollandaises n’ont « guère eu d’attention pour les risques à long terme » alors que l’extraction gazière battait son plein. C’est là l’avis exprimé par un rapport d’une commission parlementaire de février 2023. Pour celui-ci, le gouvernement était tenu moralement de remédier à la situation très difficile vécue par les riverains du gisement. Et il ne l’a pas fait. C’est aussi sans parler des montagnes de débris de pipelines qui s’amoncellent depuis quelques mois sur les terrains en cours de démantèlement ou déjà démantelés.
Il n’en reste pas moins que la fermeture de ce site d’extraction d’énergie fossile est une excellente nouvelle sur la voie de la neutralité carbone européenne. Elle va permettre de poursuivre la diminution des gaz à effet de serre en Europe (GES) qui ont déjà baissé entre les premiers trimestres 2022 et 2023. Des nouvelles et des signaux positifs qu’il faut poursuivre, multiplier et régulariser face au réchauffement climatique toujours plus urgent à limiter.
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