Rénovation énergétique : des efforts à démultiplier d’ici 2030

Depuis plusieurs mois, le thème de la rénovation énergétique s’est imposé sur le devant de la scène nationale. Bien connu lors de la saison hivernale, avec le problème des passoires thermiques, le cas des bouilloires énergétiques l’été a aussi été mis en lumière dernièrement. Un rapport parlementaire présenté à l’Assemblée nationale au début du mois d’octobre 2023 s’est emparé de cette question. Celle-ci est même cruciale face à la nécessaire réduction des émissions carbone à mener en France d’ici 2030. Or, pour les députés auteurs du rapport, le compte n’y est pas. Il appelle donc le gouvernement à « démultiplier les efforts fournis » et à lever les freins financiers à la rénovation énergétique. Avec quelles propositions concrètes ? Quels sont les axes importants recommandés par ce rapport parlementaire ? Choisir.com fait le point.

La rénovation énergétique, un « chantier prioritaire » et colossal à mener, d’après trois députés

C’est un rapport d’information de l’Assemblée nationale sur la rénovation énergétique des bâtiments qui a été présenté en octobre dernier. Il a été rédigé par trois députés :

  • Jean-Louis Bricout, qui a présidé la mission, élu de l’Aisne du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires ;
  • Julie Laernoes, députée écologiste de Loire-Atlantique ;
  • et Marjolaine Meynier-Millefert, du groupe Renaissance, élue de l’Isère.

Ces deux dernières sont les corapporteuses de ce rapport qui a d’abord cherché à s’opposer aux propositions de certains acteurs politiques majeurs. En effet, dernièrement :

  • Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national, a demandé la levée de l’interdiction de location des passoires thermiques ;
  • Édouard Philippe, ancien Premier ministre, et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, ont proposé le report des calendriers prévus.

Toutefois, pour Julie Laernoes, il en est hors de question. Selon elle, « repousser les échéances rendrait l’objectif encore plus difficile à atteindre ».

L’objectif dont il est question ici : l’atteinte en 2030 d’une baisse de 55 % des émissions carbone de la France, le cap officiel donné par l’exécutif. Or, la rénovation énergétique des logements est bien l’une des priorités afin de parvenir à tenir cet ambitieux objectif. C’est même l’un des axes phares de la planification écologique que tentent de porter Emmanuel Macron et tout le gouvernement. Il s’agit aussi bien de s’attaquer aux :

L’intérêt de ces rénovations : avec une meilleure isolation, faire baisser la consommation d’énergie des ménages. Ainsi, les Français seraient mieux protégés contre la flambée des prix de l’énergie, pour ne plus revivre la grave crise énergétique de 2022.

Problème relevé par le rapport parlementaire : le rythme et les moyens des rénovations sont loin d’être suffisants. Pour Jean-Louis Bricout, c’est pourtant un « chantier prioritaire ». Julie Laernoes va même plus loin. Selon elle, « pour assurer la décarbonation du bâtiment, c’est 95 % du parc de logements qu’il faut rénover d’ici 2050. C’est un chantier qui est absolument colossal ». Encore plus lorsque l’on sait que le secteur du bâtiment représente 18 % des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Ainsi, pour tenir les objectifs concernant les logements, les trois députés avancent que le nombre de rénovations globales annuelles via MaPrimeRénov’ devrait passer :

  • de 66 000 en 2022 ;
  • à 900 000 d’ici à 2030.

Cette évolution reviendrait à multiplier le rythme actuel par 13,6 !

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Pour accélérer les rénovations énergétiques, le gouvernement doit « démultiplier les efforts fournis » et lever les freins financiers

Le constat effectué par le rapport parlementaire soulève pas mal d’interrogations. Selon lui, seules 10 % des rénovations lancées en 2022 par MaPrimeRénov’, vue comme une galère par beaucoup d’usagers, ont été réellement « performantes », c’est-à-dire concernant :

  • l’isolation des murs, des planchers bas et de la toiture ;
  • le remplacement des menuiseries extérieures ;
  • la ventilation ;
  • la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire ainsi que les surfaces associées.

Ce chiffre est évidemment bien trop faible et, pour les trois députés, il est urgent de remédier à cela. Voilà pourquoi Jean-Louis Bricout juge que le gouvernement se trouve face à une nécessité : « démultiplier les efforts fournis jusqu’à présent par la France et changer de paradigme ». Ce que ses collègues et lui entendent par là, c’est la nécessité de faire basculer et changer les priorités :

  • au lieu de privilégier le changement de système de chauffage ;
  • il faut prioriser la réduction de la consommation d’énergie par l’isolation des logements.

Le rapport estime effectivement que c’est par ce biais que :

  • les factures comme la précarité énergétique pourront être réduites ;
  • le confort des habitations pourra être amélioré, y compris en été.

C’est ici un enjeu essentiel « face à la hausse des températures structurelles » provoquée par le réchauffement climatique, que plus personne ne peut nier.

Ce que recommande également le rapport : limiter le chauffage électrique au profit, par exemple, des réseaux de chaleur. Marjolaine Meynier-Millefert indique que « cela permettra d’utiliser l’électricité, dont la production est limitée, pour décarboner d’autres secteurs, comme les transports ».

Toutefois, pour mettre en œuvre toutes ces rénovations, il faut des moyens. Et c’est là que le bât blesse d’après les trois parlementaires. À leurs yeux, la rallonge budgétaire octroyée par l’exécutif pour MaPrimeRénov’ est loin d’être suffisante. L’augmentation de la dotation de ce dispositif par le gouvernement de 1,6 milliard d’euros pour 2024, pour approcher les 5 milliards, sera évidemment bénéfique. Néanmoins, pour les auteurs du rapport, cette somme ne peut pas suffire face à l’ampleur de la tâche à accomplir.

Quelles solutions pourraient donc être mises en œuvre ? Pour Julies Laernoes et Marjolaine Meynier-Millefert, il faut soutenir les organismes HLM à hauteur de 1,5 milliard d’euros. Autre préconisation : lever les freins financiers à la rénovation énergétique. Dans ce combat vers la réalisation d’une espérée transition écologique, le rapport recommande en ce sens la création d’une « banque de la rénovation ». L’objectif : mieux accompagner les ménages pénalisés par le reste à charge. Une telle banque de la rénovation pourrait aussi avoir comme rôle de pouvoir octroyer « des prêts garantis par l’État ».

Les trois députés appellent également à la mise en place de prêts verts par les banques, tels que l’éco-PTZ. Il s’agit d’un prêt sans intérêts pour des travaux de rénovation allant jusqu’à 50 000 €. Julie Laernoes juge d’ailleurs que le secteur bancaire est « peu acteur de la rénovation », ce qui est regrettable.

Parmi toutes ces propositions, lesquelles seront retenues par le gouvernement ? Une chose est sûre, pour atteindre la neutralité carbone, il faut en faire plus et dès maintenant. Vous voulez apporter votre pierre à cette indispensable transition verte ? Pourquoi ne pas changer de contrat d’énergie pour opter en faveur d’une offre renouvelable ? Pour vous aider dans vos recherches, n’hésitez pas à utiliser le Comparateur Électricité et Gaz de Choisir.com. En quelques clics seulement, vous pourrez faire un choix qui sera bénéfique pour la planète, l’environnement et votre propre avenir.

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