Naarea, vers un nouveau réacteur nucléaire révolutionnaire ?

Connaissez-vous Naarea ? Cette start-up française née en 2020 travaille au développement d’un nouveau type de réacteur nucléaire. Celui-ci pourrait d’ailleurs bel et bien être révolutionnaire et se montrer décisif sur la voie de l’espérée et nécessaire transition écologique. La raison en est le combustible utilisé pour son fonctionnement : les déchets radioactifs issus des centrales classiques. De quoi pouvoir être une source d’énergie décarbonée tout en étant une solution au problème du traitement des déchets nucléaires, sujet pointé du doigt par beaucoup ? Comment fonctionne concrètement ce nouveau réacteur de Naarea qui n’en est encore qu’au stade expérimental ? Quelles seraient ses utilisations et applications possibles ? Choisir.com vous dit tout.

nouveau reacteur nucleaire

Un nouveau réacteur qui utilise les déchets nucléaires comme combustible

Il y a 25 ans, la France était en avance en ce qui concerne la technologie nucléaire. Malheureusement, notre pays a pris du retard dans ce domaine aujourd’hui vis-à-vis de plusieurs concurrents internationaux.

C’est dans un triple contexte de manque de compétences techniques, de crise énergétique et d’urgence climatique que Naarea s’est lancée dans un grand défi. Cette start-up française a effectivement décidé de développer un petit réacteur, dit de quatrième génération. Son avantage : il utilise, comme combustible, des déchets produits par des centrales nucléaires classiques. Voilà un projet qui devrait plaire à énormément de monde, spécialement aux partisans d’une véritable transition écologique et aux opposants de l’énergie nucléaire.

Le sujet de la production et du traitement des déchets radioactifs, dangereux durant plusieurs centaines d’années, préoccupe en effet de nombreux acteurs écologistes. C’est pourquoi plusieurs voix ont fait savoir ces derniers mois qu’investir dans le nucléaire est un mauvais choix pour le climat. Dès juillet 2023, l’ONG Greenpeace mettait en doute le fait que le nucléaire soit une vraie solution pour la transition verte.

Le journaliste scientifique Mac Lesggy, sur RTL, se montre plutôt rassurant sur le sujet. Pour lui, le volume de déchets réellement dangereux « est très faible ». De plus, « on sait les confiner dans des enceintes étanches » avec un projet « de les enterrer à grande profondeur dans une couche d’argile stable pendant des millions d’années ».

En tout cas, pour le présentateur télé, un fait est certain concernant le nucléaire. « Si un réacteur […] produisait moins, ou pas, de déchets radioactifs, personne n’aurait rien contre ». Avec le nouveau réacteur de Naarea, nommé XAMR®, c’est peut-être une solution à leur traitement qui est en train de voir le jour.

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Un nouveau réacteur pensé comme « un parfait complément des réacteurs EPR » traditionnels

Le réacteur que développe actuellement Naarea est un module de petite taille, pas plus grand qu’une machine à laver. L’une de ses autres singularités est l’utilisation, à l’intérieur, de sel fondu liquide, à 700 degrés. Jean-Luc Alexandre, président fondateur de Naarea, se confie à ce sujet. « Le sel à cette température est transparent et liquide comme de l’eau, ce qui est assez fascinant ». Ce sel a en réalité une double fonction :

  • permettre de dissoudre le combustible ;
  • servir de fluide pour évacuer la chaleur, quand un réacteur classique a recours à de l’eau sous pression.

Il n’y a donc pas besoin d’eau pour refroidir le système, qui fonctionne à pression atmosphérique. Début octobre 2023, Naarea a d’ailleurs réalisé une boucle à sels fondus opérationnelle entièrement en carbure de silicium à cette température de 700 °C. Il s’agit d’une première mondiale.

Ce nouveau module est un réacteur à neutrons rapides, comme l’était le Superphénix fermé en 1997. Son utilité est qu’il va transmuter le combustible nucléaire. En clair, il va le transformer en d’autres éléments qui :

  • sont beaucoup moins radioactifs ;
  • ne poseront plus de risques après seulement plusieurs décennies.

Pour Jean-Luc Alexandre, Naarea développe « un petit réacteur qui permettra la fermeture complète du cycle de combustible nucléaire, le “Graal” absolu ! ». C’est pourquoi le président-directeur général indique que « nous sommes un parfait complément des réacteurs EPR, les réacteurs à eau pressurisée ».

Et niveau puissance ? Celle du petit réacteur de Naarea est de 40 mégawatts (MW). Cela représente la puissance de trois éoliennes géantes de 250 mètres, soumises à des vents réguliers. C’est donc assez intéressant, surtout :

  • rapporté au volume du réacteur ;
  • quand on sait que le but de Naarea n’est seulement pas de produire de l’électricité, mais aussi de la chaleur.

Un réacteur nucléaire de Naarea qui produirait aussi de la chaleur, et non pas uniquement de l’électricité

Mac Lesggy vulgarise justement le fonctionnement d’un réacteur classique : « Vous savez, un réacteur nucléaire, ce n’est rien d’autre qu’une cocotte-minute, avec des trucs radioactifs dedans. On y chauffe de l’eau, elle se transforme en vapeur avec laquelle on fait tourner une turbine qui fait de l’électricité ». Pour refroidir le réacteur, l’eau de cours d’eau ou de la mer est utilisée, ce qui fait ainsi perdre beaucoup de chaleur.

L’idée de Naarea est par conséquent de réussir à utiliser directement la chaleur issue de son petit réacteur. Son utilisation par des entreprises industrielles, qui ont besoin de chaleur pour leurs productions, pourrait donc permettre :

  • de se passer des chaudières à gaz, émettrices de CO2. L’industrie est d’ailleurs responsable de 21 % de nos émissions de gaz à effet de serre (GES) ;
  • de permettre une production totalement décarbonée.

Selon Mac Lesggy, « cette innovation pourrait bien nous faire économiser quelques millions de tonnes de CO2, et on pourrait même l’exporter ». Jean-Luc Alexandre n’a pas une autre vision : « Notre technologie permettra de produire de la chaleur exempte de carbone à 650 °C. […] Cela pourrait permettre aux industriels de décarboner leur chaîne de production ».

Le souhait de Naarea est de fabriquer en série ces modules nucléaires afin de :

  • les implanter partout où les industriels ont besoin de chaleur. Le réacteur n’occuperait alors qu’un volume équivalent à un conteneur de la taille d’un autobus ;
  • leur vendre directement cette chaleur, en se chargeant de l’entretien du réacteur.

En tout cas, le PDG de la start-up est bien conscient de l’ampleur de la tâche qui attend son entreprise et toutes les autres spécialistes du secteur. Comme il le dit, « il va falloir fournir assez d’énergie pour atteindre l’objectif de zéro émission à l’horizon 2050 ». Le défi est donc énorme.

Malgré l’urgence environnementale et les ambitions climatiques qui prennent du retard, pour profiter de cette technologie d’avenir prometteuse, il faudra malgré tout faire preuve (encore) de patience. En effet, Naarea prévoit de mettre au point un prototype opérationnel pour 2027-2028. Une mise en service n’est pas prévue avant 2030.

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