Consommation d’énergie en Allemagne : une baisse record !

Début novembre, les estimations de la consommation d’énergie primaire de l’Allemagne, première économie d’Europe, ont été publiées. Ces dernières font état d’une baisse extrêmement significative pour l’année 2023, estimée à -8 %. C’est simple : on assiste en fait à une diminution record, qui n’a jamais été aussi importante depuis plus de trente ans en Allemagne. Quelles sont les raisons de cette chute sensible ? Quels sont les chiffres précis, secteur par secteur ? Pourrait-on voir dans ce phénomène la marque d’une possible fragilité de l’économie allemande ? Choisir.com fait le point sur la situation que subissent les entreprises comme les ménages de l’autre côté du Rhin.

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Une baisse de la consommation provoquée principalement par le ralentissement de l’économie allemande

Voilà le chiffre qui est sorti il y a quelques jours et qui fait parler en Allemagne. En 2023, la consommation d’énergie primaire outre-Rhin devrait connaître une chute importante, à -8 %. Plusieurs raisons, parfois entremêlées, expliquent ce recul :

  • d’abord, la crise énergétique qui a éclaté en 2022, provoquant la flambée des prix de l’énergie, qui restent encore très élevés aujourd’hui ;
  • ensuite, une météo plutôt clémente cette année, ce qui a réduit les besoins des ménages ou des entreprises ;
  • mais surtout le ralentissement inquiétant de l’économie allemande, sujet de beaucoup de préoccupations à Berlin comme à Bruxelles.

Durant l’été 2023, l’avertissement avait été lancé par le président de la Fédération de l’industrie de la chimie, Markus Steilemann : « La maison brûle. Nous sommes le premier domino à vaciller. Et si cela va mal au début de la chaîne de valeur, d’autres suivront bientôt ». Alors que l’hiver et la fin de l’année se rapprochent toujours plus, le constat est là : ces inquiétudes formulées il y a quelques mois sont parfaitement fondées.

La preuve ? Les prévisions de consommation d’énergie allemande publiées début novembre. Elles témoignent du net coup d’arrêt que connaît la machine économique germanique, qualifiée de « quasi-historique » par Les Échos.

Les premiers touchés sont ceux qui sont pourtant considérés comme les « seigneurs de l’industrie » de la première économie d’Europe, à savoir les secteurs :

  • de la chimie ;
  • de l’automobile ;
  • des machines-outils.

L’association AG Energiebilanzen est l’autrice de ces estimations. Elle rassemble des instituts de recherche et des syndicats d’industriels. Selon elle, l’Allemagne va connaître en 2023 sa plus faible consommation d’énergie primaire depuis plus de trente ans. La demande en énergie va même être plus faible que lors de la pandémie de la Covid-19 ! En effet, le niveau de consommation d’énergie devrait se fixer cette année à 10 784 pétajoules, ce qui représente une diminution de :

  • près de 8 % vis-à-vis de 2022 ;
  • et même 9,3 % par rapport à 2020.

De janvier à septembre 2023, la baisse de la consommation s’établit même à 9 %, pour 266,6 millions de tonnes équivalent charbon consommées. Cette diminution concerne tous les secteurs énergétiques et s’établit à :

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L’Allemagne, seul grand pays industriel à connaître une récession en 2023

D’après les experts de l’AG Energiebilanzen, 20 % de la baisse de consommation relevée est due à la météo et aux températures douces de cette année. De plus, en 2023, l’arrivée en Allemagne d’approximativement 1,35 million de réfugiés a aussi provoqué une hausse de 2 % de la demande en énergie. Toutefois, cela n’a pas compensé le recul attendu du PIB (produit intérieur brut) germanique. Ce dernier devrait effectivement passer de -0,4 % à -0,6 % cette année.

Cette récession qui touche la première économie du continent européen a de quoi inquiéter. D’autant que l’Allemagne est le seul grand pays industriel du monde à connaître cette situation. Causes principales de ces phénomènes de grippage économique et de baisse de la consommation énergétique ? Les difficultés des industries électro-intensives. Au premier semestre 2023, on a assisté outre-Rhin à une chute de la production de :

  • 16,7 % en ce qui concerne la chimie ;
  • 5 % environ pour celle de l’acier brut, impactée par la crise touchant le secteur de la construction. En effet, les faillites d’entreprises dans cette filière ont doublé en un an en Allemagne !

Autre facteur responsable de cette baisse inquiétante : le prix de l’énergie, évidemment. Avant la guerre en Ukraine, l’Allemagne était en grande partie alimentée par le gaz russe. Désormais, le gaz naturel liquéfié (GNL) d’origine américaine ou qatarie coûte bien plus cher. En conséquence, les prix de l’électricité sont aujourd’hui quasiment deux fois plus élevés qu’en 2020. Une situation préoccupante qui menace même la compétitivité du pays.

Ainsi, selon Eurostat, au premier semestre 2023 et pour les industriels consommant plus de 150 gigawattheures (GWh) par an, les tarifs du kilowattheure (kWh) d’électricité étaient de :

  • 15,88 centimes d’€ en Allemagne, impôts inclus ;
  • 8,88 centimes en France ;
  • 10,22 centimes en Espagne ;
  • 18,37 centimes en Italie.

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Outre-Rhin, la demande de gaz venant des grandes entreprises comme des PME ou des ménages a connu la même dynamique de baisse que pour l’électricité. Là aussi, la cause est identique : les tarifs très élevés et la forte inflation qui touche actuellement l’Allemagne.

Dans un sens, cette chute de la consommation, surtout des énergies fossiles, est une bonne nouvelle pour la nécessaire transition écologique à mettre en place en Europe. En effet, le recours plus faible aux centrales à charbon a été compensé par de l’énergie :

  • éolienne ;
  • solaire ;
  • ou importée, pour une part certaine provenant de France et d’origine nucléaire. Ces importations, paradoxales au regard de la fermeture des centrales allemandes et de l’opposition de Berlin au nucléaire, n’ont pas manqué de faire réagir. Elles ont même déclenché, en juillet dans l’Hexagone, des critiques concernant la politique énergétique allemande.

Dernier chiffre très éclairant de l’AIE, l’Agence internationale de l’énergie, qui a récemment fait observer que les ambitions climatiques mondiales prennent du retard. Cette année, l’Allemagne va enregistrer une chute de sa demande de pétrole de 90 000 barils par jour. Aucun autre pays de la planète, le Pakistan mis à part, n’a connu une telle diminution. Cette évolution pose évidemment question quant à la vitalité actuelle et future de l’économie allemande. En effet, d’après certains observateurs, ce phénomène de récession pourrait encore être amené à s’aggraver.

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