Énergies fossiles, une production deux fois trop élevée en 2030 !

Voilà un constat à la fois alarmant et consternant. Début novembre, l’Organisation des Nations unies a publié un rapport sur les projets des grands producteurs de pétrole, de charbon et de gaz pour 2030. Problème : ceux-ci sont en totale contradiction avec les engagements climatiques internationaux et l’objectif de limitation de hausse des températures fixé à 1,5 °C. Les États concernés comptent même produire plus du double d’énergies fossiles que ce que l’urgence climatique nécessiterait ! Quels sont les chiffres précis dévoilés par cette étude ? Quels pays sont particulièrement ciblés par celle-ci ? À une semaine seulement du début de la COP 28, Choisir.com revient sur ce signal d’alarme lancé par l’ONU.

production energie fossile 2030

Énergies fossiles : « les principaux producteurs […] prévoient encore plus d’extractions malgré les promesses climatiques »

C’est un rapport provenant de l’Organisation des Nations unies (ONU) et de différents organismes de recherche. Il a été publié le 8 novembre 2023 par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Proposé pour la première fois en 2019, il a pour nom le « Production Gap Report ». Son but : analyser l’écart entre les discours officiels et les trajectoires réelles dans le domaine de la production d’énergies fossiles.

Dans leur démarche, les auteurs du rapport se sont intéressés à la stratégie de 20 pays qui sont :

  • de gros producteurs de charbon, comme la Chine, l’Australie ou l’Inde ;
  • de gros producteurs de pétrole et/ou de gaz, comme les États-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite ;
  • d’autres acteurs majeurs, comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les Émirats arabes unis.

En réalité, c’est simple. L’ensemble de ces 20 États représentent :

  • 82 % de la production ;
  • et 73 % de la consommation d’énergies fossiles.

Le constat de ce rapport est sans appel. Le PNUE dénonce le décalage inquiétant et l’énorme fossé qui se creuse entre :

  • les projets des principaux pays producteurs de charbon, de pétrole et de gaz naturel ;
  • et les scénarios qui doivent pouvoir limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. C’était là l’objectif pris par de nombreux gouvernements de la planète lors de l’accord sur le climat de Paris en 2015. Cette indispensable limitation de la hausse des températures, vitale face au dérèglement climatique, est demandée par les scientifiques comme l’ensemble de la société civile.

On est loin d’en prendre le chemin. D’après le rapport du PNUE, « les principaux producteurs de combustibles fossiles prévoient encore plus d’extractions malgré les promesses climatiques » !

Pourtant, fin septembre, l’AIE (Agence internationale de l’énergie) estimait que le pic de la demande mondiale des énergies fossiles interviendrait d’ici 2030. Le lien entre le réchauffement climatique et ce type d’énergie n’est plus à démontrer. 90 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la planète sont en effet causées par l’extraction et la combustion du charbon, du gaz et du pétrole. En 2022, on a même assisté à une hausse record des émissions de CO2 liés à l’énergie. 36,8 millions de tonnes de GES ont alors été générées par ce secteur.

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En 2030, plus du double d’énergies fossiles seront produites par rapport à la quantité respectant les objectifs climatiques

Ces émissions records n’empêchent pas les États concernés de vouloir produire, en 2030, plus du double de la quantité d’énergies fossiles compatible avec les objectifs climatiques. Selon le PNUE, la production prévue à la fin de la décennie serait donc :

  • deux fois trop élevée pour que la trajectoire d’un réchauffement de 1,5 °C à la fin du siècle soit respectée ;
  • 69 % supérieure à celle qu’il faudrait suivre pour limiter la hausse des températures à 2 °C.

Au regard de ces chiffres, c’est un véritable signal d’alarme que tire en réalité l’ONU, désirant rappeler à l’ordre les principales puissances de ce monde. Le tout à environ une semaine du commencement de la COP 28, la 28e conférence mondiale pour le climat. Celle-ci est organisée à Dubaï (Émirats arabes unis) du 30 novembre au 12 décembre 2023. Dans ce contexte, difficile de voir venir cette grande réunion internationale avec optimisme.

D’autant que le président de la COP 28, Ahmed Al-Jaber, a déjà un avis plutôt tranché sur la question. Début mai, ce dernier a en effet déclaré que l’arrêt des énergies fossiles n’est pas prévu dans un avenir proche. Cette position n’a rien d’étonnant lorsque l’on sait qu’Ahmed Al-Jaber est aussi le PDG de la Compagnie pétrolière nationale d’Abu Dhabi… On peut ainsi raisonnablement douter de la réussite de cette future COP 28, censée œuvrer en faveur du climat et de la transition écologique.

Pourtant, l’ONU espère bien que son rapport éclairant et ces chiffres chocs puissent faire bouger les lignes en fin d’année à Dubaï. António Guterres, secrétaire général de l’institution onusienne, l’appelle en tout cas de ses vœux. « Nous ne pouvons pas faire face à la catastrophe climatique sans nous attaquer à sa cause profonde : la dépendance aux combustibles fossiles. La COP 28 doit envoyer un signal clair indiquant que l’ère des combustibles fossiles n’a plus de gaz et que sa fin est inévitable ».

Une hausse de production fossile qui remet en question « l’avenir de l’humanité »

D’après le PNUE, seuls quatre pays ont développé une stratégie liée aux énergies fossiles compatible avec leurs objectifs climatiques :

  • l’Allemagne ;
  • l’Indonésie ;
  • le Canada ;
  • la Chine.

Les estimations du rapport portent aussi sur les décennies suivant cette date de 2030. Ses conclusions proposent d’ailleurs une vision extrêmement inquiétante lorsque l’on se projette en 2050. À ce moment, les niveaux de production d’énergies fossiles seraient :

  • 350 % trop élevés pour être compatibles avec l’objectif de 1,5 °C ;
  • 150 % trop élevés pour tenir les 2 °C d’augmentation.

C’est pourquoi Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, dresse un constat sans concession et plus qu’alarmant. Selon elle, « les plans de hausse de production d’énergies fossiles des gouvernements compromettent la transition vers le zéro émission, créant des risques économiques et remettant en question l’avenir de l’humanité ».

Ces chiffres ahurissants révèlent également à quel point les engagements officiels pris par les plus hautes sphères internationales sont loin d’être synonymes d’actes concrets. Ou quand promettre quelque chose, souhaité par l’opinion publique… et faire l’inverse, par pur intérêt personnel ?

Dans tous les cas, ce bilan affligeant dressé par le PNUE va malheureusement dans le sens :

Pour rectifier le tir, le rapport rappelle que la production comme la consommation d’énergies fossiles doit diminuer « rapidement et massivement ». « Les gouvernements devraient viser une élimination de toute production et consommation de charbon d’ici 2040 », exhorte aussi le PNUE. Ce dernier souhaite enfin « une réduction au minimum de trois quarts de celles des hydrocarbures d’ici à 2050, par rapport à 2020 ».

Sauf qu’aucun des grands producteurs internationaux ne l’entend de cette oreille. Ainsi l’étude onusienne dénonce-t-elle particulièrement :

  • l’Arabie saoudite, les États-Unis, le Brésil et le Canada concernant leurs projets pétroliers ;
  • le Qatar, la Russie et le Nigeria au niveau de leurs projets dans le gaz ;
  • l’Inde pour le charbon.

Autre critique : les projets de capture et de stockage du CO2 (CCS : Carbon Capture and Storage) que lancent certains (peut-être parfois plus pour se donner bonne conscience ou une image favorable). Or, cette technologie est loin d’avoir prouvé son efficacité d’après le PNUE. « 80 % des projets pilotes de CCS ont échoué ces trente dernières années », indique en effet le rapport.

Désormais, pour António Guterres, « nous avons besoin d’engagements crédibles » qui soient suivis d’actes correspondant à la parole donnée. Le but est qu’ils puissent permettre de « développer les énergies renouvelables, éliminer progressivement les combustibles fossiles et renforcer l’efficacité énergétique ». Le « tout en garantissant une transition juste équitable ». Cette dernière est-elle tout simplement vouée à l’échec face aux ambitions financières et égoïstes des producteurs mondiaux de gaz, de pétrole et de charbon ?

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