Prix de l’électricité nucléaire : accord entre EDF et l’État

Avec la suppression programmée de l’Arenh fin 2025, la mise en place d’un nouveau prix de l’électricité nucléaire était nécessaire. Mi-novembre, l’État et EDF ont donc annoncé être parvenus à un accord au sujet de ce tarif qui s’appliquera à compter de 2026. Quel sera le niveau du futur prix de cette électricité d’origine nucléaire ? Y aura-t-il un impact concret sur la facture payée par le consommateur à partir de cette date ? Alors que les tarifs énergétiques sont déjà élevés, Choisir.com revient sur l’évolution de ce prix de l’électricité nucléaire qui connaîtra aussi une (forte) hausse.

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Un prix de l’électricité nucléaire « autour de 70 € » le MWh en 2026

Ce sont des négociations qui « ont été longues, parfois difficiles, mais [qui] ont abouti ». Voilà comment Bruno Le Maire a, le 14 novembre dernier, présenté l’accord conclu entre l’État et EDF. L’objet de celui-ci : le nouveau prix de l’électricité nucléaire moyen à partir de 2026.

Ce dernier devrait se situer « autour de 70 € » le mégawattheure (MWh) d’après le ministre de l’Économie et des Finances. Cette annonce a été effectuée au cours d’une conférence de presse au cours de laquelle étaient également présents :

  • Luc Rémont, le PDG d’EDF ;
  • Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique ;
  • Roland Lescure, le ministre de l’Industrie.

La fixation d’un nouveau tarif était indispensable puisque l’Arenh, l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique, va cesser d’exister fin 2025. Ce dispositif oblige en réalité EDF à vendre à ses concurrents fournisseurs alternatifs une partie de sa production électrique à un tarif « avantageux ». Le but : limiter la hausse des prix sur la facture des ménages. Sauf que, pour EDF, l’Arenh représente un réel manque à gagner. Voilà pourquoi l’énergéticien militait depuis longtemps pour mettre fin à ce système.

Il sera remplacé par ce nouveau tarif qui donne satisfaction à Bruno Le Maire. Ce dernier a effectivement déclaré qu’« avec cet accord, nous avons réussi à trouver un équilibre vital entre :

  • la compétitivité de notre industrie ;
  • la visibilité, la stabilité pour les ménages ;
  • et le développement d’EDF ».

Le ministre parle de « stabilité », sauf que le coût de l’électricité nucléaire est en fait en forte hausse :

  • il avait été établi en 2020 à 48,36 € le MWh, avant d’être baissé à 42 € du fait de la crise énergétique ;
  • en septembre, les estimations réalisées par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) proposaient une augmentation à un tarif compris entre 57 et 61 € le MWh ;
  • il se fixera finalement, à compter de 2026, à environ 70 € le MWh.

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La promesse d’une « protection permanente » du consommateur

La différence avec le dispositif de l’Arenh, c’est que le tarif de ce dernier ne concernait qu’un tiers de la production d’EDF. Désormais, ce nouveau prix sera valable pour toute la production électrique d’origine nucléaire de l’entreprise. Voilà pourquoi Bruno Le Maire parle de « stabilité » comme de gain de visibilité. « Le plus grand avantage pour les ménages, c’est un prix stable », a-t-il déclaré.

Le ministre a également promis une « protection permanente » du consommateur sur les prix de l’électricité. Ces derniers ont effectivement flambé de manière brutale depuis la crise énergétique de 2022. Encore au 1er février 2024, les tarifs de l’électricité augmenteront de 10 % ! Le ministre est d’ailleurs revenu sur le dispositif du bouclier tarifaire qui devrait disparaître d’ici 2025. « Au cours de ces deux dernières années, les prix de l’électricité ont augmenté de 80 %, 90 %, 100 %, 110 % », a-t-il fait savoir. « Le bouclier tarifaire aura coûté près de 40 milliards d’euros », permettant de fortement limiter ces hausses.

Maintenir cette mesure n’était pas viable pour les finances de l’État. Voilà pourquoi « il fallait trouver un autre moyen de garantir la stabilité des prix, moins coûteux que le bouclier tarifaire », a indiqué Bruno Le Maire. « Ce sera le cas avec l’accord conclu avec EDF ».

En termes de protection des consommateurs, le ministre a également abordé le cas des Très petites entreprises (TPE). Il a ainsi annoncé que le système du tarif réglementé de vente de l’électricité sera « étendu » dès 2026 à toutes ces TPE. Jusqu’alors, le TRVE était réservé :

  • aux particuliers ;
  • aux TPE alimentées pour une puissance n’allant pas au-delà de 36 kilovoltampères (kVA).

Ainsi, « toutes les entreprises de moins de 10 personnes et de moins de 2 millions de chiffre d’affaires auront droit à un tarif régulé, quel que soit leur niveau de consommation électrique. Il n’y aura donc plus de seuil à 36 kVA », a annoncé le ministre de l’Économie. L’intérêt de cette mesure ? Permettre aux TPE les plus consommatrices d’énergie, comme les artisans-boulangers, de pouvoir accéder à ce type de contrat.

Un impact sur les factures des consommateurs encore difficilement évaluable

Au cours de son intervention, Bruno Le Maire a abordé l’électrification massive des usages. Il est vrai que la France va connaître une importante hausse de la consommation électrique d’ici 2035.

Au regard de cette évolution, le ministre a donc répété qu’il était « indispensable pour le consommateur d’avoir de la stabilité des prix ». Des mots de ce dernier, c’est justement l’accord conclu avec EDF qui pourra être la « garantie » de cette stabilité espérée.

Autre raison de l’augmentation à 70 € le MWh de l’électricité nucléaire ? Le fait que ce tarif va permettre « le financement de nos investissements futurs, en particulier dans les nouveaux réacteurs nucléaires » qui doivent produire l’électricité nécessaire aux Français.

Il n’est en effet pas un secret que, pour tenir ses engagements climatiques, l’exécutif priorise en premier lieu l’énergie nucléaire. Avec un projet de taille : construire six nouveaux EPR2, les réacteurs nouvelle génération. Le premier d’entre eux ne devrait pas sortir de terre avant… 2035. Malgré cette politique, pour de plus en plus d’écologistes comme de scientifiques, investir dans le nucléaire est un mauvais choix pour le climat. Ça ne semble pas être l’avis du gouvernement.

Et quid des répercussions de cette hausse du tarif de l’électricité nucléaire sur la facture des consommateurs ? Doivent-ils s’attendre à une nouvelle flambée des prix à l’horizon 2026 ? Il est en réalité trop tôt pour savoir quels seront les effets concrets sur les factures à régler par les Français. Anna Creti est professeure à l’université Paris Dauphine. Selon elle, ce qui est sûr, c’est que « ce montant n’a pas vocation à être lié aux factures ».

L’accord entre EDF et l’État comprend également une disposition spéciale. Celle-ci prévoit que :

  • lorsque le prix moyen de l’électricité nucléaire produite dépassera la barre des 78 à 80 € le MWh, 50 % des revenus supplémentaires générés seront ponctionnés par l’État ;
  • si ce prix dépasse 110 € le MWh, ce sont alors 90 % de ces revenus qui seront ponctionnés.

Le but : que ces sommes aillent « à la collectivité », donc aux consommateurs. Pour Agnès Pannier-Runacher, « nous serons ainsi dotés d’un mécanisme anti-crise permettant d’éviter une explosion des prix similaire à celle de 2022 ».

Toutefois, le flou demeure encore quant au fonctionnement concret de ce nouveau dispositif. Anna Creti fait par exemple observer qu’« on ne sait pas encore si cette redistribution concerne seulement les consommateurs résidentiels ou si on intègre les petites et moyennes entreprises ». Dans tous les cas, ces nouveaux tarifs et systèmes entreront en vigueur au 1er janvier 2026, si la Commission européenne donne son feu vert. Ce sera alors aux Français de juger de leur efficacité sur le niveau de leur pouvoir d’achat.

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