Peintures thermo-isolantes, une efficace solution de rénovation ?
Vous êtes en train de faire des travaux de rénovation énergétique dans votre logement et vous réfléchissez à la possibilité d’utiliser de la peinture thermo-isolante ? Ce nouveau type de peinture fournit, selon certains acteurs, des bénéfices spectaculaires pour améliorer l’isolation d’un bâtiment. D’autres voix laissent même entendre que son usage peut permettre d’améliorer la notation du DPE, le Diagnostic de performance énergétique. Cependant, qu’en est-il réellement ? Quels sont ces avantages supposés ? Que peuvent véritablement apporter ces peintures d’isolation thermique ? À l’heure de l’indispensable transition écologique à mener à tous les niveaux, Choisir.com vous propose différents éléments de réponse.

Peinture thermo-isolante, un produit synonyme de « performance thermique exceptionnelle » ?
Prêt pour passer la première couche sur les murs de votre séjour ? Les peintures isolantes sont une nouveauté sur le marché de la rénovation énergétique des logements. Mélange de peinture, de résine et de différents composants céramiques, elles ont de nombreux atouts d’après différents sites commerciaux. Selon certains, il s’agit même d’une innovation révolutionnaire !
Un simple passage de rouleau et la peinture thermo-isolante apporterait ainsi facilement un double avantage :
- repeindre les murs de son habitation ;
- favoriser l’isolation du logement, permettant ainsi des économies d’énergie.
Voilà des bénéfices supposés qui pourraient en convaincre plus d’un. Néanmoins, la question de l’efficacité réelle de ce type de produit se pose malgré tout. Selon Engie, cette peinture a été « créée lors de recherches scientifiques par la NASA avant d’être commercialisée ». Pour autant, il convient ici de faire attention, comme le souligne Etienne Marx. Ce dernier est ingénieur au service bâtiment de l’Ademe, l’Agence de la transition écologique. À ses yeux, « il faut être attentif quand on propose de transposer une innovation. Au départ, cette peinture n’était pas prévue pour isoler des bâtiments », mais pour recouvrir des pièces métalliques. Autrement dit, le fait qu’elle soit née dans les locaux de la célèbre agence spatiale américaine ne suffit pas pour prouver ses capacités d’isolation thermique. Il faut d’ailleurs savoir que la technologie utilisée par les producteurs de peinture isolante est différente de celle de la NASA…
Korund est une marque de peinture thermo-isolante. Sa promesse est de permettre :
- « un encombrement minimum (2 à 3 millimètres) ;
- pour une performance thermique exceptionnelle ».
Theotherm est une autre marque de peinture d’isolation thermique. Elle soutient qu’un gain de 2 à 4 °C est possible dans une habitation grâce à son application qui limite la déperdition de chaleur par les murs.
Hugo Robardey est le directeur général de Théolaur Peintures, qui produit Theotherm. « Nous avons d’ailleurs constaté qu’il est possible de gagner jusqu’à 4 °C de température dans un foyer et 10 °C dans un bâtiment tertiaire », affirme-t-il. Ainsi, son produit permettrait de réaliser « jusqu’à 30 % d’économies sur la facture énergétique et ce, toute l’année ! ».
Comment de telles performances pourraient-elles être possibles ? Hugo Rabardey explique comment fonctionne sa peinture fabriquée en France. Celle-ci « encapsule des petites particules d’air, ce qui permet une conductivité thermique extrêmement faible. La chaleur ne se transmet pas au support ». Il ajoute que cette peinture « renvoie une grande partie des rayons du soleil, ce qui permet de consommer moins d’énergie de climatisation en été ».
En effet, la peinture Theotherm peut autant être appliquée sur les façades extérieures d’un bâtiment que sur des murs intérieurs. En résumé, il s’agirait donc d’un produit qui fait aussi bien « barrière contre le chaud et contre le froid ». Des atouts et des arguments permettant de séduire les propriétaires de logements énergivores ? Ces derniers sont considérés comme :
- des passoires thermiques l’hiver. D’ailleurs, les ventes de ces passoires thermiques se font toujours plus nombreuses actuellement ;
- des bouilloires énergétiques l’été.
Aux yeux de Hugo Robardey, la peinture thermo-isolante est comparable à « une couverture de survie ». Il s’agit même, de son point de vue, d’« une technologie écoresponsable » permettant :
- d’optimiser « le confort d’été et d’hiver » ;
- de réaliser « d’importantes économies de chauffage et de climatisation ».
Etienne Marx, de l’Ademe, incite cependant de nouveau à la prudence en demandant de prendre garde « au vocabulaire utilisé ». Il indique qu’« un isolant est un produit normé », ce qui implique qu’il obéisse à « des critères précis ». Or, selon lui, « de telles peintures ne répondent pas à cette définition ». Il poursuit en indiquant qu’« à elle seule, une peinture ne peut pas permettre d’améliorer significativement la résistance thermique d’une paroi. […] Mais si on l’applique en complément d’un autre isolant, pourquoi pas ».
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faire une simulationUne peinture isolante thermique plus efficace en application extérieure, avec quels bienfaits possibles ?
Sur ce point, Hugo Robardey ne s’oppose pas à Etienne Marx. « Nous ne prétendons pas que la peinture pourra remplacer 30 cm de laine de roche ». Le DG de Théolaur Peintures souligne que, idéalement, le duo isolation par laine + peinture thermo-isolante est davantage conseillé. Par contre, pour lui, l’utilisation de cette peinture est tout indiquée :
- quand une isolation thermique par l’extérieur n’est pas possible. Ça peut être le cas dans une copropriété ou si, en location, le propriétaire ne désire pas en faire ;
- si des personnes veulent privilégier des solutions moins coûteuses pour isoler leur logement par l’intérieur. En effet, par rapport à une isolation par l’intérieur, la peinture thermo-isolante coûte moins cher. Le prix de celle-ci reste toutefois plus élevé qu’une peinture classique, aux environs de 90 € pour 3 litres.
L’ingénieur ajoute également que cette peinture est plus efficace pour une application en extérieur. Ainsi, un revêtement clair composé aussi de céramique permettra « un effet réflectif ». Autre avantage, celui de « maintenir les parois extérieures moins chaudes ». Celui-ci souligne aussi que « le monde de l’industrie » a souvent recours à ces peintures « pour éviter que la chaleur pénètre dans le bâtiment ». Thierry Marchand, ingénieur bâtiment et président de la CDI FNAIM, la Chambre des diagnostiqueurs immobiliers, partage cet avis. « C’est intéressant pour isoler les pignons, ou encore pour lutter contre les ponts thermiques, là où le froid pénètre la façade », explique-t-il. Certaines marques, comme Jovira Pinturas, se vendent même comme des peintures d’isolation thermique et acoustique. Cette dernière résisterait en plus parfaitement aux intempéries, ce qui en ferait un produit tout indiqué pour une application extérieure.
Quid de l’impact de cette peinture thermo-isolante pour le Diagnostic de performance énergétique (DPE) d’un logement ? Hugo Robardey se veut honnête. Il reconnaît que l’application d’une telle peinture en intérieur ne changera rien au calcul du DPE d’une habitation. « Pour l’instant, elle ne figure pas sur le logiciel des diagnostiqueurs » déclare-t-il. Cependant, le dirigeant de Théolaur Peintures espère des nouvelles favorables « dans les mois qui viennent ».
En début d’année 2023, le DPE a déjà évolué, allant vers de plus lourdes sanctions pour les logements les plus énergivores. Certains acteurs critiquent aussi notamment cet indicateur pour son manque de fiabilité et voudraient encore modifier le DPE. L’inclusion de la peinture thermo-isolante dans les éléments à relever par les diagnostiqueurs pourrait-elle faire partie de ces modifications attendues ? L’avenir nous le dira.
En effet, parmi les critères pris en compte, les professionnels relèvent la performance du matériau extérieur ainsi que… son épaisseur. Toutefois, pour Thierry Marchand, « ce ne sont pas 1 ou 2 mm d’épaisseur qui vont révolutionner l’isolation ».
La peinture isolante thermique ne semble donc pas encore, à elle seule, être une solution accélérant la transition écologique des bâtiments. Thierry Marchand souligne effectivement que s’attaquer aux parois est rarement suffisant pour améliorer sa note au DPE. « Pour sortir d’un DPE F ou G, il faut une rénovation thermique au niveau de l’immeuble », affirme-t-il. Ainsi, les bénéfices en termes d’économies d’énergie seraient possibles. À défaut d’avoir les moyens de se lancer dans des travaux de cette ampleur, une autre possibilité existe pour réaliser quelques économies : changer de contrat d’énergie. En utilisant le Comparateur Gaz et Électricité de Choisir.com, accédez à un outil gratuit et sans engagement vous permettant de rechercher avec simplicité un nouveau fournisseur. Ces démarches seront peut-être synonymes de réduction de vos factures et d’un vrai plus pour votre pouvoir d’achat !
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