Déploiement des renouvelables en France : le compte n’y est pas !

Voilà un rapport qui prend la forme d’un verre que l’on peut voir à moitié vide ou à moitié plein. En 2023, les capacités d’énergies renouvelables installées en France n’ont jamais été aussi importantes. Malgré tout, le rythme de déploiement est encore loin d’être suffisant, en plus d’être en régression par rapport à 2022. Quels sont les principaux enseignements et chiffres marquants du baromètre 2023 des énergies renouvelables publié fin janvier par Observ’ER ? Alors que la réalisation d’une réelle transition écologique est chaque jour plus urgente, Choisir.com vous dit tout.

renouvelables France 2023

Renouvelables : la trajectoire française pour respecter ses objectifs n’est (toujours) pas bonne

4,5 gigawatts (GW). Voilà le niveau des capacités d’énergies renouvelables (EnR) supplémentaires installées en France en 2023. Un chiffre qui a le mérite d’exister et de faire avancer notre pays sur le chemin de la très attendue transition écologique. Toutefois, il ne suffit pas pour cacher la décevante réalité : l’État est loin de respecter la trajectoire correspondant à ses engagements pris au niveau continental et mondial.

Voilà l’enseignement principal du baromètre 2023 des énergies renouvelables en France, publié le 25 janvier 2024. Ce rapport est réalisé chaque année par Observ’ER, l’Observatoire des énergies renouvelables. Ce bilan a notamment été conçu conjointement avec :

Pour son édition 2022, le même baromètre avait fait remarquer que la France était (encore) en retard dans ses objectifs d’EnR. Un avis confirmé par le bilan des renouvelables 2022, encore loin du compte, dressé quelques mois plus tard par le ministère de la Transition énergétique.

Une situation d’autant plus paradoxale et anormale que :

Dans ces conditions, il est naturel de se demander pourquoi le gouvernement n’agit pas davantage pour développer cette filière qui pourrait :

  • être une vraie source de revenus ;
  • en plus d’une solution efficace pour un avenir décarboné.

Début 2023, une nouvelle loi sur les énergies renouvelables a pourtant été adoptée dans le but d’apporter un coup d’accélérateur à ce mouvement essentiel. Pour le moment, force est de constater que ses effets positifs se font encore attendre

Un record de 71,5 GW de renouvelables installés en 2023… encore loin d’être suffisant

Le baromètre 2023 d’Observ’ER est clair. La France accuse encore « beaucoup de retard » dans le domaine des renouvelables. Voilà l’opinion de Richard Chamaret, président de la FNCCR. « Nous pouvons largement faire mieux, indique-t-il […] Nous sommes juste au-dessus de la moyenne, si nous devions donner une note ».

Des propos très mitigés qui n’invitent guère à l’enthousiasme. Certes, avec 71,5 gigawatts (GW) installés en France au total à la fin de l’année 2023, les renouvelables n’ont jamais pesé aussi lourd. Même constat au niveau de la consommation électrique nationale, avec une part des EnR atteignant un niveau historique, dépassant les 28 %. Néanmoins, l’objectif fixé par la Commission européenne était, à la base, fixé à 27 % pour… 2020. D’où cette trajectoire en inadéquation avec les engagements officiels de neutralité carbone d’ici 2050, pour une France qui a finalement deux ans de retard.

Surtout, le niveau de renouvelables installées sur l’année 2023 s’est donc élevé à 4,5 GW. Le constat est ainsi sans appel. Si en 2022, le bilan était déjà jugé trop faible, 2023 a vu en réalité la France faire encore pire. Avec ces 4,5 GW, elle a raccordé à son réseau encore moins de capacités électriques vertes que l’année précédente où 5,3 GW s’étaient ajoutés.

Frédéric Tuillé, l’un des auteurs du rapport, l’affirme : « 2023 reste une bonne année en ce qui concerne le développement des énergies renouvelables ». Un avis qu’il peut être plutôt difficile de partager puisque le rythme de déploiement n’a pas progressé, se trouvant même au contraire en régression.

La principale source d’électricité renouvelable tricolore reste l’hydroélectricité. D’ailleurs, grâce aux fortes pluies de fin 2023, les barrages hydrauliques tournent actuellement à plein régime. Ils représentent plus du tiers des capacités installées (37 %). Dans le détail, les principales capacités vertes françaises se chiffrent à :

Êtes-vous sûr de ne pas payer votre énergie trop cher ?

faire une simulation

Entre le solaire et l’éolien terrestre, des dynamiques différentes

Les deux sources majeures qui permettent à l’électricité verte de se développer aujourd’hui en France sont bien évidemment l’éolien et le solaire. D’ailleurs, l’évolution de ce dernier secteur peut, malgré tout, être vue comme un signe encourageant en cette année 2023. Le rapport estime effectivement que le domaine du solaire a progressé « de façon spectaculaire ». Frédéric Tuillé juge même qu’il y a eu un réel redressement et un « changement de dynamique » pour le solaire. « Il y a quelques années encore, on allait dans le mur ». Ce qui semble donc ne plus être le cas désormais.

Un fait pour illustrer cela : 8 GW d’énergie solaire ont été installés en 3 ans, depuis 2020. C’est autant que sur la période 2012-2020. Rien que sur les neuf premiers mois de 2023, 2,3 GW ont été raccordés au réseau ! Il est vrai que les réalisations se sont multipliées avec :

  • l’apparition de grandes toitures de panneaux solaires permettant l’autoconsommation de particuliers, d’entreprises ou de collectivités. Au troisième trimestre 2023, ce sont 390 000 installations de ce type qui ont eu lieu en France d’après Enedis ;
  • de multiples projets menés par de grands groupes. Par exemple, en juillet, la SNCF a annoncé sa volonté de faire rouler ses trains au photovoltaïque. Le moyen : l’installation de 1 000 hectares de panneaux d’ici 2030.

D’ailleurs, un rapport d’août 2023 du think tank France Territoire Solaire notait le dynamisme du marché du solaire. Résultat, avec les dernières actualisations qui doivent encore être réalisées, ce secteur pourrait même en réalité atteindre les 19,5 GW de puissance installée à la toute fin 2023. Un chiffre finalement pas si éloigné des 20,1 GW, l’objectif de l’État pour cette date.

Par contre, au contraire, l’éolien terrestre représente « un marché qui ne progresse pas » pour Frédéric Tuillé. En atteste le seul « petit » gigawatt installé dans le pays en 2023. Avec un total d’un peu plus de 22 GW raccordés, l’écart avec l’objectif officiel du gouvernement, fixé à 24,1 GW pour fin 2023, est ici plus important.

Surtout, le retard français dans ce domaine est flagrant lorsqu’on sait qu’en Allemagne, ce sont 58,2 GW d’éolien terrestre qui sont installés. La lenteur des procédures administratives et l’accumulation des freins réglementaires sont pointées du doigt pour expliquer ce niveau. Aux yeux de Richard Chamaret, « il faut qu’un projet éolien […] puisse se faire en trois ans maximum ». Le rapport note aussi que, pour respecter la barre espérée des 33,2-34,7 GW à fin 2028, il faudrait multiplier par deux le rythme de déploiement. Cela reviendrait à viser les 2 GW raccordés par an.

Et les autres sources d’énergie renouvelable ?

Autre levier prioritaire que le gouvernement souhaite actionner pour booster les renouvelables en France : l’éolien offshore. La France ne compte actuellement qu’un seul parc éolien en mer en fonctionnement, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), déjà à l’arrêt un an seulement après son lancement. Emmanuel Macron a annoncé, fin novembre, le lancement d’un grand appel d’offres sur l’éolien offshore dès 2025. Toutefois, ce type d’installation fait parfois débat au sein de l’opinion publique. Le fait que de futurs parcs éoliens offshore français pourraient se dresser en zone protégée interpelle aussi de nombreux observateurs.

Derrière l’hydraulique, le solaire et l’éolien, d’autres énergies renouvelables sont aussi développées en France. Elles n’ont pourtant qu’une importance minime, se chiffrant seulement à 4 % des capacités vertes installées dans le pays. Parmi elles se trouvent notamment :

Pour vous aussi, le déploiement des EnR est un enjeu majeur ? Sachez que tout le monde peut en réalité agir, par exemple en souscrivant un contrat d’électricité ou de gaz vert. Pour vous aider dans vos démarches, le Comparateur Énergie de Choisir.com saura se montrer très utile. Grâce à cet outil pratique et gratuit, trouvez facilement une offre correspondant à vos besoins et vos valeurs.

Le saviez-vous ? Un contrat d'énergie verte n'est pas forcément plus cher !

Nos experts énergie vous aident à économiser jusqu’à 200 € sur votre facture gaz et électricité