1 milliard d’euros en moins en 2024 pour MaPrimeRénov’ !
Sacrée douche froide pour tous les acteurs et observateurs de la rénovation énergétique. Alors que le budget du dispositif MaPrimeRénov’ devait sensiblement augmenter en 2024 pour accélérer l’action dans ce secteur, le gouvernement fait marche arrière. En février, il a effectivement annoncé la réalisation d’une coupe s’élevant à 1 milliard d’euros. Pour quelles raisons ? Avec quelles conséquences à prévoir ? Choisir.com fait le point.
De 1,6 milliard de hausse à 1 milliard de baisse… le yoyo du budget de MaPrimeRénov’ en deux mois à peine
C’est ce qu’on appelle un revirement à 180 degrés. Le gouvernement disait dernièrement vouloir intensifier son action en matière de rénovation énergétique, levier majeur à actionner pour réaliser au plus vite la transition écologique. Dans ce but, il avait décidé en janvier 2024 de développer le dispositif de MaPrimeRénov’. Le moyen : une hausse de son budget afin de former une enveloppe de 5 milliards d’euros pour cette année.
Un mois plus tard, changement de cap totalement contraire ! Face aux contraintes de son budget, la nouvelle équipe gouvernementale de Gabriel Attal est en quête d’économies « immédiates ». Conséquence : la décision de baisser finalement la somme allouée à MaPrimeRénov’ de 1 milliard d’euros en 2024.
Une annonce officialisée le 18 février par Bruno Le Maire sur le plateau du 20 h de TF1. « On avait annoncé une enveloppe supplémentaire de 1,6 milliard de 2023 à 2024 », a déclaré le ministre de l’Économie et des Finances. Sur cet investissement promis, 600 millions supplémentaires seront bien laissés à MaPrimeRénov’, « mais nous récupérons 1 milliard ».
Un budget qui augmente donc malgré tout cette année, mais « seulement » de 600 millions et non plus de 1,6 milliard. Cela forme une sacrée différence… 2024 doit aussi être l’année de nouveautés échelonnées pour MaPrimeRénov’ avec, par exemple :
- la volonté de mettre en œuvre des rénovations globales pour lutter face au problème des passoires thermiques ;
- des aides prévues à destination des copropriétés comme des logements très dégradés et vétustes ;
- surtout, la mise en place de 2 000 nouveaux « Accompagnateurs Rénov’ », pour faciliter et favoriser le mouvement de rénovation des logements.
Au total, 200 000 rénovations d’ampleur étaient espérées en 2024 grâce à ce dispositif géré par l’Anah, l’Agence nationale de l’habitat. À titre de comparaison, il n’y en a eu que 80 000 en 2023. Néanmoins, avec cet énorme coup de rabot asséné par le gouvernement, qu’en sera-t-il concrètement de ces nouveautés et de l’importance des réalisations concrètes effectuées ? Monter un budget, c’est évidemment faire des choix. Par celui-ci, le gouvernement indique néanmoins clairement que la réhabilitation des logements ne fait pas partie de ses priorités. MaPrimeRénov’ sera-t-elle alors encore synonyme de galère de la rénovation énergétique en 2024, comme beaucoup de ménages en ont fait l’amère expérience par le passé ?
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faire une simulationUne réduction de l’enveloppe MaPrimeRénov’ provoquée par une croissance du PIB français plus faible que prévu
Alors, quelles raisons ont rendu cette volte-face budgétaire nécessaire de la part de Bercy ? La Loi de Finances 2024, présentant ce budget, avait initialement tablé sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) français de 1,4 %. C’est alors en lien avec ces estimations que les différentes annonces de développement de MaPrimeRénov’ avaient été réalisées.
Problème : l’exécutif a été obligé de revoir sa copie à ce sujet, avec un PIB qui ne devrait progresser que de 1 %. Cette croissance économique plus faible que prévu s’explique, des mots de Bruno Le Maire, par un « nouveau contexte géopolitique » qui l’impacte sérieusement, entre :
- la guerre en Ukraine qui s’enlise et vient de basculer dans sa troisième année ;
- le conflit opposant le Hamas à Israël au Moyen-Orient ;
- le ralentissement et les difficultés économiques réelles de plusieurs États étant habituellement des locomotives dans ce secteur, comme la Chine ou l’Allemagne. Le partenaire historique de la France a même connu, en 2023, une situation de récession plutôt préoccupante, symbolisée par une baisse record de la consommation d’énergie outre-Rhin.
Conséquence de cette croissance du PIB moins importante : si « on gagne moins, on dépense moins », explique Bruno Le Maire. Sa mission : trouver 10 milliards d’euros à économiser sur les dépenses initialement prévues par l’État.
MaPrimeRénov’ ne sera donc pas la seule impactée par cette nouvelle réalité économique et financière. N’empêche : un tel retournement de situation à si court intervalle fait malgré tout un peu désordre et pose question. Vincent Legrand est le directeur général de Dorémi, société spécialisée dans le domaine de la rénovation performante. Pour lui, cette décision ne passe pas. « En deux mois, le gouvernement vient de bouleverser tout ce qui a été décidé en fin d’année », critique-t-il. Ainsi, de son point de vue, si le but est de tuer les rénovations globales, « vous ne vous y prenez pas autrement ». Ce dernier ajoute qu’« au lieu de renier 1 milliard d’euros sur le budget, le gouvernement ferait mieux de vérifier que son argent est bien utilisé… »
Quels impacts concrets sur le dispositif MaPrimeRénov’ en 2024 ?
En pratique, quels pourraient être les impacts réels de cette réduction de l’enveloppe sur l’action de MaPrimeRénov’ ? Du côté du gouvernement, on essaye de minimiser. L’exécutif conserve la « forte ambition » de « massifier […] la rénovation énergétique des logements », d’après le cabinet du ministre du Logement Guillaume Kasbarian. Bercy a même ajouté que cette réduction du budget ne signifie « absolument pas » que l’État abandonne ses ambitions climatiques prises aux niveaux européen et international.
De bien belles paroles que certains pourraient interpréter comme de simples propos de façade. En effet, comme l’a justement rappelé Bruno Le Maire, si on a moins d’argent, on dépense moins. Ce sera donc aussi le cas pour MaPrimeRénov’ dont l’action sera mathématiquement réduite en 2024.
L’argument choc du gouvernement pour s’opposer à ce constat logique ? Le fait qu’en 2023, la totalité de l’enveloppe MaPrimeRénov’ n’avait pas été dépensée. Toutefois, cette diminution implique aussi un changement de cap dans les rénovations possibles à effectuer. Pour cette année, l’exécutif souhaitait surtout, à la base, que ce dispositif finance des rénovations globales et d’ampleur. Cependant, ces travaux, plus efficaces pour la sobriété énergétique, sont aussi forcément plus coûteux. Avec cette réduction du budget, les « mono-gestes » ou gestes simples, c’est-à-dire non globaux, pourront finalement continuer à être financés. Ils peuvent concerner :
- un changement de chauffage, pour installer une pompe à chaleur (PAC) par exemple ;
- l’isolation du logement ;
- le remplacement de fenêtres et autres menuiseries…
Pourtant, le manque d’efficacité de ces mono-gestes sur la consommation énergétique, et donc sur les factures, a déjà été prouvé. Au final, ce seront donc surtout les rénovations d’ampleur, énergiquement efficaces, qui pourraient se retrouver fortement réduites en 2024. Vincent Legrand résume cette situation paradoxale avec cette image : « Tout est mis en place pour ouvrir une autoroute à la seule pompe à chaleur et un Everest à la rénovation d’ampleur ».
Autre revirement du gouvernement, le recours à un Accompagnateur Rénov’. Annoncé initialement comme obligatoire pour les rénovations d’ampleur, il ne s’appliquera finalement que pour :
- les plus gros travaux ;
- et les ménages les plus modestes.
À la clé, de nouvelles économies à venir pour l’État, alors que le nombre de ces accompagnateurs est encore insuffisant et menaçait de bloquer certains dossiers.
Des mesures d’économies qui vont simplifier le dispositif, mais qui ne sont pas sans poser problème. Pour certains acteurs, ces simplifications pourraient surtout « simplifier la fraude ». Voilà l’avis de Nicolas Desquinabo, expert en évaluation des politiques publiques. Des pratiques frauduleuses sont en effet parfois dénoncées dans le secteur de la rénovation énergétique. D’où les appels à mieux contrôler la bonne utilisation des fonds alloués à MaPrimeRénov’.
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