Cristal Union et TotalEnergies unis dans un projet de biogaz

Voilà un projet intéressant allant dans le sens de la nécessaire décarbonation de l’économie à mener. Fin février, TotalEnergies et le groupe sucrier Cristal Union ont annoncé leur partenariat dans le cadre d’un futur méthaniseur devant voir le jour en Normandie. Ce dernier, qui fonctionnera en partie à partir de betterave, sera même le deuxième plus gros de France. Début de la production prévu pour fin 2024.

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TotalEnergies et Cristal Union s’unissent dans un projet normand de méthaniseur fonctionnant… avec des betteraves

C’est fin février 2024 qu’a été officialisée l’annonce de la collaboration entre deux grands groupes français : l’énergéticien TotalEnergies et le producteur de sucre Cristal Union. Ce dernier est en fait :

  • le deuxième sucrier français, produisant des marques reconnues telles que Daddy ou Erstein ;
  • l’un des principaux acteurs européens dans ce secteur.

Le but de ce partenariat : la production de biogaz en Normandie à partir de pulpe de betterave. Cette dernière doit être réalisée au sein du méthaniseur BioNorrois de TotalEnergies, implanté dans la commune de Fontaine-le-Dun, en Seine-Maritime. Les travaux de cette usine ont démarré en septembre 2023. Le début de l’exploitation est prévu pour la fin de l’année, voire dans le courant du premier trimestre 2025. Après le méthaniseur BioBéarn de TotalEnergies, inauguré en avril 2023, il s’agira de la deuxième plus grande unité de production dans ce domaine en France.

Avec quel rôle pour Cristal Union ? Le but est que le groupe sucrier devienne actionnaire du méthaniseur, avec un investissement à hauteur de 10 % du coût. Au total, la construction de cette usine de biogaz devrait peser pour un peu plus de 50 millions d’euros. Il est également prévu que Cristal Union :

  • fournisse l’unité en pulpe de betterave. Cette matière pèsera pour la moitié des 185 000 tonnes d’intrants faisant fonctionner le méthaniseur chaque année ;
  • récupère, en contrepartie, le digestat issu du processus de méthanisation. Il s’agit des résidus restants après la production de biogaz, servant d’engrais et de fertilisant. Le but est de les redistribuer aux coopérateurs du groupe sucrier. Pascal Hamon est le directeur industriel de Cristal Union. Il l’assure, « beaucoup d’agriculteurs y auront accès » afin de pouvoir enrichir leurs sols.

Autre avantage de cette coopération pour l’entreprise de production de sucre : elle aura un droit de priorité sur une part du biométhane fabriqué à BioNorrois.

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La volonté de produire du biogaz en circuit court et pour favoriser la décarbonation des deux groupes

Ce partenariat entre TotalEnergies et Cristal Union rassemble deux univers différents dans le domaine du biométhane. Signé pour une durée de 15 ans, celui-ci a été acté dans une volonté de décarbonation, commune aux deux entreprises, sur la voie de l’indispensable transition écologique.

Du côté de Cristal Union, « ce partenariat […] s’inscrit pleinement dans la stratégie de décarbonation ambitieuse de notre groupe ». Voilà ce qu’affirme son directeur général, Xavier Astolfi. Avant de préciser que « nous investissons sur le long terme ».

Et pour cause : l’objectif de Cristal Union avec cette collaboration est de « réduire de 35 % nos rejets de CO2 d’ici à 2030 ». Voilà ce qu’a annoncé Pascal Hamon. L’ambition est aussi que « toutes nos sucreries soient autonomes en énergie à l’horizon 2050 ».

Le directeur industriel du groupe sucrier précise que celui-ci a déjà récemment basculé du couple fuel/charbon vers le gaz naturel dans ses sucreries. Le but est évidemment, avec ce projet, d’aller encore plus loin. « À terme », la volonté est ainsi « de remplacer les énergies fossiles » qui sont utilisées pour le chauffage ou le fonctionnement des usines.

Pour TotalEnergies, la satisfaction est également de mise. Olivier Guerrini est le directeur Biogaz chez l’énergéticien. Il indique qu’avec ce méthaniseur et le partenariat lancé, ce dernier cherche à intensifier sa « croissance durable » en Normandie comme partout sur le territoire hexagonal. La collaboration avec Cristal Union est même porteuse, selon lui, de nombreux « bénéfices environnementaux et sociétaux ».

La raison d’une telle opinion est que l’unité de production de biogaz de Fontaine-le-Dun désire lancer un mode de fonctionnement basé sur le circuit court. Symbole de cette volonté : le méthaniseur se dressera en réalité en face de l’usine sucrière présente dans la commune normande. Actuellement, la pulpe de betterave récoltée par le groupe est déshydratée et prend plutôt la direction de pays étrangers tels que :

  • l’Espagne ;
  • ou l’Italie.

Dès la mise en service de l’usine, la betterave se contentera donc juste de traverser la rue. D’après l’énergéticien, le reste des intrants utilisés sera « constitué de déchets organiques agroalimentaires sourcés par TotalEnergies dans l’environnement direct de l’unité ». Le but là aussi : fonctionner en circuit court, dans une démarche durable et responsable comme de « pérennisation du tissu local ».

Du biogaz à partir de pulpe de betterave : « un projet unique en France »

L’ouverture prochaine de cette unité de production de biogaz fonctionnant en circuit court a de quoi réjouir les plus fervents partisans de la transition énergétique. Pour autant, on compte déjà en Normandie quelque 188 méthaniseurs. Un nombre qui pose question et fait débat dans la région. Certains acteurs estiment cette quantité trop élevée. Ils craignent que la production agricole de biogaz se fasse aux dépens de l’alimentation. En tout cas, le méthaniseur de BioNorrois sera la dix-neuvième usine de ce type mise en service par TotalEnergies.

Le son de cloche est évidemment différent chez Cristal Union. Pour la société, il s’agit d’« une première pour un groupe sucrier dans l’industrie du biogaz en France et en Europe ». Des mots de Xavier Astolfi, c’est même « un projet unique en France » dans lequel son entreprise coopérative s’engage.

Au niveau chiffres, l’objectif de BioNorrois est d’atteindre une production annuelle :

  • de 100 gigawattheures (GWh) au cours de la première phase d’exploitation du méthaniseur ;
  • de 153 GWh une fois les capacités maximales atteintes.

L’ambition de TotalEnergies, avec cette production d’énergie renouvelable, est de faire baisser :

  • de 30 000 tonnes ses émissions de CO2 ;
  • de 5 500 tonnes les engrais chimiques utilisés.

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