Boom du recyclage des panneaux solaires en France en 2023

publié le 17/06/2024 à 17h21 | mis à jour le 17/06/2024 à 17h21 | par Johann Sonneck

5 207 tonnes de panneaux solaires collectées en France, une année 2023 record

Soren est un éco-organisme chargé des panneaux photovoltaïques usagés et de leur fin de vie, agréé par les pouvoirs publics pour coordonner la filière. Son ambition : que la France devienne un pôle majeur dans la collecte de ces matériaux nécessaires à la production d’énergie solaire.

Début juin, il a justement publié, sur son site, son bilan annuel pour 2023 en la matière. Il en résulte que 2023 a tout simplement été une année record, avec un volume encore jamais atteint de panneaux usagés récupérés sur le territoire national :

• un total de 5 207 tonnes de matériaux en fin de vie a été collecté pour le traitement et le recyclage ;
• soit environ 260 000 panneaux solaires ;
• pour une hausse spectaculaire de 37 % par rapport à 2022.

Dans le détail, 4 804 tonnes ont été amassées sur site. Les 403 tonnes restantes ont été obtenues via des points d’apport volontaires. Au niveau de la répartition régionale de la collecte, cette dernière a été beaucoup plus importante :

• sur le territoire métropolitain, avec 4 431 tonnes récupérées ;
• que dans l’outre-mer, avec 776 tonnes.

En tête des régions les plus concernées se trouve l’Occitanie (1 661 tonnes) devant la Nouvelle-Aquitaine (802 tonnes).

Autre « chiffre très encourageant » pour Soren : le fait que, sur les 3 631 tonnes de panneaux finalement traités en 2023, 90,5 % ont été recyclés. Cela représente 3 286 tonnes de matériaux, le reste ayant pris la direction de l’élimination ou de la valorisation énergétique.

Avec l’essor du solaire, le secteur du recyclage de panneaux doit encore accélérer

Ce bilan record illustre la vitalité accrue du photovoltaïque dans le pays. En 2023, le déploiement des énergies renouvelables en France n’a certes (toujours) pas atteint les niveaux attendus. Pour autant, il y a malgré tout eu une poussée manifeste du solaire cette année, notamment chez les ménages. En effet, ces derniers installent de plus en plus de panneaux sur leurs toitures.

En 2023, ce sont ainsi 14,5 millions de panneaux qui ont été « mis en circulation » d’après Soren, représentant :

• 330 000 tonnes de matériaux installés ;
• 9,5 millions d’euros de chiffres d’affaires générés.

Il s’agit souvent, pour les particuliers, d’un investissement conséquent mais d’avenir puisque, bien entretenus, les panneaux ont une durée de vie de 20 à 30 ans. Toutefois, cette dynamique à la hausse rend encore plus essentiel le renforcement de la filière de la collecte et du recyclage de ces matériaux. C’est même une tâche indispensable à mener afin de donner vie à une transition énergétique durable.

Une volonté portée par Soren. Malgré ce bilan record, l’éco-organisme sait qu’il faut voir plus grand pour l’avenir. Il souhaite qu’« un travail d’anticipation avec les industriels pour développer les capacités » de traitement soit réalisé. Le but est de continuer à améliorer le tonnage annuel collecté, en visant :

• 40 000 tonnes à l’horizon 2030 ;
• 150 000 tonnes en 2040 ;
• et même 300 000 tonnes en 2050.

Cette augmentation du potentiel de recyclage permettrait de renforcer l’efficacité et la facilité de la mise en place de cette énergie renouvelable en France. Cela formerait aussi un atout en faveur des objectifs climatiques français et européens de :

• transition écologique ;
• neutralité carbone, à atteindre en 2050.

Nicolas Defrenne est le directeur général de Soren. Il appelle à ce que la France devienne « le champion d’Europe, techniquement, du recyclage de panneaux photovoltaïques ». Dans ce sens, la start-up Rosi Solar a inauguré en 2023 un nouveau site de recyclage à proximité de Grenoble, dans l’Isère. Selon Nicolas Defrenne, on y trouve là-bas « ce qu’on fait de mieux aujourd’hui ».

Le problème du marché de seconde main du panneau solaire usagé

Sujet sensible également abordé par Soren dans son bilan annuel : celui du marché d’occasion des panneaux en fin de vie, qui manque de contrôle.

Le DG de l’éco-organisme explique que, du fait de leur taille volumineuse et encombrante, les panneaux solaires usagés finissent généralement peu à la poubelle. On les retrouve aussi plutôt rarement dans les décharges sauvages. Par contre, Nicolas Defrenne révèle que le commerce informel de ce type de matériaux, échappant à tout contrôle, est en pleine progression. En effet, environ 40 % des panneaux désinstallés ne passent pas par la filière officielle de traitement. Beaucoup sont vendus à l’étranger, en direction de pays en développement se trouvant par exemple :

• en Asie ;
• en Afrique.

Or, ce marché de l’occasion sans contrôle n’est pas sans poser certaines questions, comme :

• le risque pour la santé, à cause de possibles problèmes électriques qui pourraient intervenir et provoquer des incendies ;
• le rendement de ces panneaux solaires, largement amoindri.

À savoir qu’un panneau se compose :

• de verre, à 70 % ;
• de silicium et d’argent, pour une part réellement minime de son poids. Pourtant, ces matériaux représentent respectivement 40 % et 20 % de la valeur de cet équipement de production d’électricité verte.

Face à ce problème croissant du marché de la seconde main, il est urgent que des contrôles techniques rigoureux soient mis en œuvre. Ils doivent permettre :

• d’assurer la sécurité d’utilisation de ce type de panneaux ;
• de garantir leur efficacité et leur productivité.

Voilà pourquoi Soren propose une mesure : la création d’une certification des panneaux solaires usagés. Son obtention passerait par des tests destinés à déterminer la qualité du matériel au moment de sa collecte.

De votre côté, vous avez installé des panneaux photovoltaïques chez vous ou comptez bientôt passer le pas ? Vous souhaitez adapter votre contrat d’énergie à cette occasion ? Dans ce cas, n’hésitez pas à rechercher ce qui correspondrait le mieux à vos besoins grâce au Comparateur Électricité de Choisir.com.