À Toulouse, des panneaux solaires rouge brique, une première !

publié le 22/07/2024 à 15h31 | mis à jour le 22/07/2024 à 15h31 | par Johann Sonneck

Des panneaux solaires imitant la couleur des tuiles autorisés à Toulouse

À Toulouse, en Haute-Garonne, les panneaux photovoltaïques sont aux abonnés absents. La raison ? La forte densité de bâtiments classés ou inscrits au titre des Monuments historiques dans le centre de la Ville rose.

Partout en France, se lancer dans une démarche de pose de panneaux sur sa toiture implique automatiquement l’obtention de diverses autorisations d’urbanisme nécessaires. Cependant, si votre bien immobilier se trouve à proximité de monuments historiques, les modifications de son apparence peuvent s’apparenter à une mission (presque) impossible.

Voilà ce à quoi s’est confrontée Marie-Christine Etelin, habitante de Toulouse et ancienne avocate. Elle réside en plein centre-ville, juste à côté du parc de la Colonne et de l’obélisque de Jolimont, datant du XIX^e siècle. Elle précise également que son logement se trouve aussi « à moins de 500 mètres […] du monument historique funéraire Bergès », dans le cimetière voisin.

Sa volonté d’installer des panneaux solaires remonte en fait à plusieurs années. Problème : « J’ai contacté plusieurs entreprises qui ne me rappelaient pas ou me disaient non, sans vraiment m’indiquer la raison », explique-t-elle.

Depuis, elle a bien évidemment compris pourquoi. Refusant d’abandonner, elle a réalisé de multiples démarches, passé nombre de coups de téléphone, pour trouver finalement une solution. Grâce à l’entreprise ariégeoise Quatiris, spécialisée dans les services liés aux énergies renouvelables, elle a reçu l’autorisation de poser des panneaux… couleur brique ! De quoi pouvoir enfin faire contribuer la métropole toulousaine à la transition énergétique. Elle raconte avoir jugé « scandaleux qu’au prétexte de protéger soi-disant l’harmonie paysagère de Toulouse, on nous refuse le droit de participer à la lutte contre le réchauffement climatique ».

L’indispensable autorisation des architectes des Bâtiments de France

Samuel Chomblet est le président de la société Quatiris. Il explique que « du moment qu’il y a un monument historique, les panneaux solaires classiques, de couleur sombre, ne sont pas autorisés ». C’est la même règle qui prévaut partout et « le même problème » auquel peut faire face chaque ménage français, « même dans des petits villages ».

La difficulté à Toulouse est que « quasiment tout le centre-ville est concerné », ajoute-t-il, empêchant ses habitants de se tourner vers la production d’électricité verte. Une impossibilité qui peut être vue comme d’autant plus injuste que les prix de l’électricité sont encore très élevés. Les tarifs ont même de nouveau bondi de 8,6 % et 9,8 % en février dernier.

Ainsi, pour pouvoir produire de l’énergie solaire chez elle, Marie-Christine Etelin a dû obtenir une autorisation auprès des architectes des Bâtiments de France (ABF). En effet, pour un projet prenant place aux alentours d’un bâtiment classé, c’est à ce corps de fonctionnaires dépendants du ministère de la Culture de statuer. Leur mission : rendre cohérents les aménagements du territoire et le respect du patrimoine culturel et historique.

Samuel Chomblet précise que « l’architecte des Bâtiments de France a salué cette solution technique des panneaux de couleur rouge ». Ces derniers sont « les seuls panneaux autorisés par l’ABF ». Il s’agit donc d’une avancée importante pour tous les ménages résidant dans l’environnement direct d’un monument historique protégé, à même de faciliter leurs projets.

C’est au début du printemps 2023, et après avoir monté un dossier administratif conséquent, que l’architecte des Bâtiments de France a donné son accord. À une condition tout de même : que les panneaux soient « implantés sur un seul pan de toiture ». L’objectif est de permettre « une meilleure intégration de cette installation sur le plan architectural et paysager ».

De multiples couleurs de panneaux possibles, mais avec certains défauts

Pour le gérant de Quatiris, l’avantage de ces panneaux rouges est qu’« ils se fondent dans la teinte des tuiles ». Ainsi, ils « sont donc moins visibles que les panneaux noirs traditionnels ».

Il explique également que la teinte brique est obtenue grâce à « un système de filtres ». Ce dernier n’est pas forcément récent, mais demeure encore « assez peu développé » aujourd’hui. Sa particularité : il fait réfléchir certaines longueurs d’onde, ce qui permet de faire apparaître des couleurs ».

En effet, du blanc au vert en passant par le doré, un large panel de teintes est en réalité possible. Pour s’adapter à différents environnements urbains et se fondre au milieu d’autres monuments historiques, cela peut donc former une solution extrêmement pratique.

Pour autant, Samuel Chomblet concède que cette version a malgré tout « un petit inconvénient ». On peut même en citer deux :

• premièrement, le fait que la productivité des panneaux couleur brique soit 10 % plus faible que pour un matériel classique. Selon la teinte choisie, les performances peuvent même être beaucoup plus basses. La version blanche n’offrirait ainsi que 55 % des capacités des panneaux standards ;
• deuxièmement, leurs prix beaucoup plus élevés, deux à trois fois plus chers selon certains sites. De quoi refroidir les ardeurs de ménages qui se demandent encore s’il est rentable d’investir dans des panneaux solaires ?

Reste que cette solution permet bien souvent de voir ses factures diminuer et d’avoir un réel retour sur investissement après quelques années. À défaut, si vous cherchez à payer moins cher, vous pouvez aussi choisir de changer de fournisseur. Retrouvez les différentes offres du marché qui pourraient correspondre à vos besoins en consultant le Comparateur Électricité de Choisir.com.