Le pont thermique
Un logement très bien isolé multiplie les atouts : il offre plus de confort au quotidien, affiche une facture énergétique réduite, nécessite moins de travaux d’entretien et a plus de valeur à la revente. Parmi les conditions d’une isolation réussie, la chasse aux ponts thermiques est essentielle. Ces « zones de faiblesse » dans l’enveloppe du bâtiment sont responsables de fortes déperditions de température. De quoi s’agit-il précisément ? Comment les détecter et les supprimer ? Pour vous, Choisir.com fait le point sur le pont thermique.
Qu’est-ce qu’un pont thermique ?
Un pont thermique est une zone située dans l’enveloppe d’un bâtiment, présentant des déficiences en matière de résistance thermique. Concrètement, il s’agit d’un maillon faible dans la structure externe de votre habitation, où l’isolation est rompue ou moins efficace.
Comprendre le phénomène
Le phénomène de pont thermique est étroitement lié à celui de conduction thermique. Ce dernier peut être défini comme le mode de transfert de chaleur provoqué par une différence de température entre deux régions d’un même milieu ou entre deux milieux en contact. En d’autres termes, lorsque deux régions (l’intérieur et l’extérieur d’un bâtiment, par exemple) entrent en contact (ici, par le biais d’une paroi), et qu’elles présentent des températures différentes, il se produit alors un phénomène de conduction thermique : la température la plus élevée est transférée vers la température la plus basse.
Prenons l’exemple concret d’une tige de métal placée au-dessus d’une flamme : rapidement, la tige devient si brûlante qu’il n’est plus possible de la tenir, bien que notre main ne soit pas directement en contact avec le feu. Le pont thermique repose sur ce même principe : par la conduction thermique des matériaux, la température intérieure de l’habitation se transmet à l’extérieur.
Les ponts thermiques provoquent une déperdition de chaleur en hiver : selon l’ADEME, ils concernent 5 % à 10 % des pertes totales pour les habitations construites avant 1974 (début de la réglementation thermique), soit 2/3 des logements. Pour les constructions récentes, qui bénéficient d’une meilleure isolation globale, ce chiffre s’élève à 40 %. La hausse de ce pourcentage ne signifie néanmoins pas qu’il y a aujourd’hui plus de ponts thermiques qu’autrefois dans nos habitations. Les nouvelles constructions, mieux isolées, sont plus performantes en tout point et, notamment, au niveau des murs et de la toiture. Les déperditions de chaleur sur ces zones clés ayant significativement diminué ces dernières années, la part que représentent les ponts thermiques a, elle, logiquement augmenté, bien que cela ne soit pas le cas en valeur absolue.
En été, le phénomène s’inverse : les ponts thermiques affaiblissent la capacité d’un logement à maintenir une fraîcheur intérieure.
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faire une simulationLes différents types de ponts thermiques
La création de ponts thermiques peut être due à une mauvaise conception de l’ouvrage ou à l’utilisation de matériaux peu performants ou non appropriés. Elle concerne, le plus souvent, des nœuds constructifs : ce sont les zones où les parois se rejoignent et où l’isolation est rompue.
On observe quatre catégories de ponts thermiques :
- les plus fréquents sont les ponts thermiques linéiques, également appelés ponts thermiques linéaires. Ils se créent à la jonction de deux parois, par exemple, entre le plancher et le mur extérieur ou encore, entre la dalle et le balcon ;
- les ponts thermiques ponctuels se créent à la jonction de trois parois, par exemple à un angle entre deux murs et un plafond ;
- les ponts thermiques intégrés sont dus à un défaut de conception de la paroi isolante elle-même. En effet, celle-ci étant composée de différents matériaux assemblés entre eux, une mauvaise réalisation de l’assemblage peut être à l’origine du problème ;
- les ponts thermiques structurels se créent au niveau des ouvertures (huisseries, seuils des portes et portes-fenêtres, vérandas), des prises électriques, des volets roulants, de certaines menuiseries (notamment celles en aluminium non équipées de rupteurs de ponts thermiques) ou encore lors de percements pour le passage des gaines et conduits.
Ponts thermiques : quelles conséquences pour votre habitation ?
Au sein d’un bâtiment, les ponts thermiques constituent un facteur majeur de déperdition thermique. Les conséquences sont multiples :
- une consommation énergétique plus élevée : en hiver, pour pallier les pertes de chaleur causées par la présence de ponts thermiques, il est nécessaire de chauffer davantage les intérieurs. En été, les bâtiments climatisés poursuivent la même logique. À la clé, une facture énergétique gonflée ;
- un inconfort thermique : les ponts thermiques ont un impact considérable sur les températures ressenties. Ainsi, malgré une température intérieure correcte, des sensations de froid et de courant d’air sont constatées, générant un réel désagrément ;
- des problèmes d’humidité : l’interaction de l’air chaud sur les parois froides crée un phénomène de condensation. Se développent alors mauvaises odeurs, traces noires et moisissures, aussi inesthétiques que dommageables pour la santé (irritations, allergies, etc.) ;
- un risque de dommage structurel : l’humidité présente de façon permanente dans l’enveloppe du bâtiment peut, à terme, engendrer une détérioration des matériaux et une dégradation de la structure porteuse.
Comment détecter les ponts thermiques ?
Sauf si des traces noires et des moisissures sont déjà apparues, il est très difficile, pour un particulier, de détecter les ponts thermiques présents dans sa maison ou son appartement. Un test manuel peut toutefois être fait sur toutes les zones réputées « sensibles » (jonctions entre deux ou trois parois, contours de fenêtres et de portes, etc.). Si, en posant votre main sur une paroi, vous constatez sensiblement une différence de température sur une zone donnée, vous êtes très probablement en présence d’un pont thermique.
Pour détecter l’ensemble des ponts thermiques présents dans une habitation, faire appel à un professionnel (architecte, entrepreneur spécialisé dans l’isolation ou bureau d’études thermiques) est la solution la plus efficace. Celui-ci procédera à un bilan énergétique approfondi de l’enveloppe du bâtiment, par le biais de l’analyse thermographique.
Traiter les ponts thermiques : les différentes méthodes
Une réflexion doit être menée en amont de la construction, afin de limiter au maximum les problèmes d’isolation. Une fois le bâtiment construit, plusieurs solutions existent pour traiter les ponts thermiques constatés.
Limiter les risques en amont : le choix des matériaux
Dès la conception, il est essentiel d’opter pour des méthodes et matériaux efficaces pour réduire les pertes thermiques. L’isolation de la maison dans son ensemble doit être réfléchie, avec une attention particulière portée aux murs extérieurs, à la toiture et aux vitrages, qui constituent les trois principaux points de déperditions, selon l’ADEME. Voici quelques conseils :
- pour les murs, privilégiez les matériaux denses et solides, tels que le béton et la pierre ;
- soyez vigilant quant au choix des matériaux pour l’isolation intérieure : en effet, les matériaux plus légers, tels que le polystyrène expansé ou la laine de verre, sont certes efficaces, mais peuvent rendre plus difficile la continuité de l’isolation aux jonctions, et sont donc plus propices à la création de ponts thermiques ;
- isolez votre toiture de l’intérieur grâce à des panneaux semi-rigides ;
- veillez à une bonne isolation du plancher, par dalle flottante ou système maçonné par exemple. Il est judicieux également d’effectuer des retours d’isolants, notamment dans les pièces humides. Pour les planchers intermédiaires, ces retours doivent être placés sur les deux faces (sol et plafond) ;
- enfin, contrôlez la bonne réalisation des finitions (bandes résilientes) et des découpes, afin de limiter, notamment, les ponts thermiques linéiques.
Supprimer les ponts thermiques dans son habitation
Plusieurs méthodes existent pour traiter les ponts thermiques détectés au sein d’une habitation. Leur efficacité, la complexité de mise en œuvre et le coût des travaux sont variables.
L’isolation thermique par l’extérieur
Très répandue dans le nord de l’Europe, l’Isolation thermique par l’extérieur (ITE) est la technique la plus efficace, mais également la plus onéreuse. Elle permet de créer une enveloppe protectrice autour du bâtiment, composée de plusieurs couches (treillis d’armatures, isolant, enduits de marouflage et de finition). Cette enveloppe offre une plus grande inertie thermique et augmente la performance énergétique globale de l’habitation. En outre, elle améliore également son confort hygrothermique (température constante en toute saison) et son confort acoustique. Dans le cas d’une rénovation, l’ITE a le grand avantage de ne pas réduire les espaces intérieurs. Cependant, elle diminue légèrement la luminosité initiale, en réduisant les tableaux des fenêtres.
L’isolation thermique par l’intérieur
Trois méthodes existent pour isoler un bâtiment par l’intérieur :
- application d’un isolant rigide ou semi-rigide, collé sur la façade intérieure de la paroi. L’isolant peut se présenter sous forme de panneaux (polyuréthane, liège, fibre de bois, etc.) ou de rouleaux (laine de verre, laine de roche, ouate de cellulose, laine de mouton, etc.) ;
- pose d’un isolant par injection ou soufflage. Cette technique consiste à insuffler de la matière broyée en flocons (laines naturelles ou synthétiques) ou présentée sous forme de billes (billes de polystyrène, par exemple). L’isolant, réduit en fragments, vient combler parfaitement les lames d’air. La méthode par injection est, le plus souvent, utilisée pour isoler les sols au niveau des combles, mais elle peut également être appliquée pour les murs. Néanmoins, lors d’une pose à la verticale, l’artisan devra faire preuve d’une grande technicité pour éviter tout risque de tassement ;
- pose de mousse de polyuréthane par projection. Injecté sous forme liquide dans la machine à projection, l’isolant va s’expanser au contact du matériau receveur (multipliant son volume initial par 100). Cette technique offre une isolation rapide, légère et performante et est parfaite pour les plafonds des vides sanitaires, notamment.
Chacune de ces méthodes présente des avantages, en matière d’efficacité, de facilité de réalisation et de coût. Néanmoins, aucune d’entre elles ne garantit complètement l’absence de déperditions thermiques.
En rénovation énergétique, selon le type de pont thermique observé, les traitements diffèrent :
- un pont thermique linéique peut être supprimé grâce à la pose d’un rupteur de pont thermique, aussi appelé rupteur thermique. Il s’agit d’un dispositif isolant, reliant le mur extérieur ou le mur de refend au plancher par une structure en acier, et positionné en bout de dalle. Ainsi, l’isolation est continue. Si ce système est très utilisé en rénovation, il est évidemment intégrable dès la construction, et vivement conseillé pour les planchers intermédiaires, notamment ;
- moins fréquemment utilisée, la planelle isolante, positionnée en bout de dalle, permet de réduire la déperdition thermique à la jonction entre un plancher et un mur extérieur maçonné ;
- pour traiter un pont thermique linéique à la jonction entre un plancher bas et un mur extérieur, la pose d’une chape flottante sur isolant s’avère également efficace ;
- enfin, pour supprimer un pont thermique intégré (lié à un défaut de conception de la paroi isolante elle-même), il est possible de poser un isolant supplémentaire sur la paroi (laine de roche, laine de verre, fibre de bois, liège, verre cellulaire, etc.).
Les autres actions possibles pour limiter les ponts thermiques
Certaines fenêtres, notamment les modèles en aluminium de première génération, sont propices aux ponts thermiques (ce matériau conduisant très bien la chaleur). Selon l’ADEME, les fenêtres représentent 10 % à 15 % des déperditions de chaleur pour les maisons construites avant 1974. Les menuiseries actuellement sur le marché intègrent désormais des systèmes de rupture de pont thermique, pour limiter les risques de condensation et de ruissellement d’eau : un matériau non conducteur, positionné entre les profilés de l’ouvrant et du dormant de la fenêtre, permet ainsi de réduire significativement les échanges de température entre intérieur et extérieur. Le remplacement des fenêtres faiblement isolantes (en simple vitrage notamment) et des anciennes menuiseries est donc vivement conseillé.
D’autres actions peuvent être mises en œuvre assez simplement pour réduire efficacement les déperditions de chaleur :
- isolation des caissons des volets roulants avec de la laine de roche ou de la mousse massique (plaque composée d’une couche en polyuréthane ou polyéthylène et d’une couche en caoutchouc ou synthétique, permettant une double isolation, à la fois thermique et phonique). Certaines enseignes de bricolage commercialisent également des kits spécifiquement conçus pour l’isolation des coffres de volets roulants, rainurés et assez souples pour bien épouser l’intérieur du caisson ;
- traitement de l’étanchéité des portes permettant d’accéder à des pièces non chauffées, telles que la cave ou le garage, afin de supprimer les entrées d’air froid : pose d’un joint adhésif, métallique ou en silicone, d’un bas de porte ou, plus simplement, d’un épais rideau lesté dans l’ourlet du bas ;
- condamnation des cheminées non utilisées, pour supprimer toute arrivée d’air inutile par le conduit.
Diminuer sa facture énergétique en changeant de fournisseur d’énergie
Traiter les ponts thermiques de son habitation permet de réduire significativement ses dépenses énergétiques. Ce n’est néanmoins le seul levier d’action possible pour faire baisser la facture : il est tout aussi essentiel de s’assurer de payer son énergie au juste prix ! Choisir.com vous conseille donc d’opter pour le fournisseur le plus adapté à vos habitudes de consommation et, bien évidemment, le plus économique. Notre comparateur d’énergie vous permettra de réaliser, en quelques clics seulement, de belles économies (jusqu’à 200 € par an).
Rénover son logement : les aides disponibles
Les travaux de rénovation énergétique, et notamment ceux d’isolation, exigent une grande expertise technique. Il est recommandé de faire réaliser ces travaux par un professionnel, afin de s’assurer qu’ils auront une réelle portée sur la performance énergétique de votre habitation. Pour une prestation de qualité, privilégiez les entreprises agréées RGE (label « Reconnu garant de l’environnement »). Elles pourront établir un diagnostic précis et préconiser les solutions d’isolation les plus adaptées.
Ces incitations financières s’inscrivent dans la logique des objectifs d’optimisation des performances énergétiques des habitations, poursuivis par la RT 2012 (Réglementation thermique) actuellement en vigueur, ainsi que par la RE 2020 (Réglementation environnementale) applicable à compter du 1er janvier 2021.
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