L’autoconsommation photovoltaïque : est-ce rentable ?

publié le 16/06/2023 | mis à jour le 26/08/2024 | par Mareva Gobbini

Qu’est-ce que l’autoconsommation photovoltaïque ?

Selon l’Ademe (Agence de la transition écologique), l’installation de panneaux solaires permettrait de réaliser entre 15 à 25 % d’économies d’énergie par mois en moyenne. Comment ? En l’autoconsommant. Décryptage.

Définition et atouts de l’autoconsommation photovoltaïque

L’autoconsommation consiste à utiliser la production d’énergie issue de panneaux photovoltaïques pour ses propres besoins personnels. Ce mode de consommation d’énergie permet de :

• faire appel à une énergie renouvelable, gratuite et illimitée ;
• faire des économies sur sa facture d’électricité annuelle ;
• réduire sa dépendance au marché, où le prix de l’électricité subit depuis 2021 de fortes augmentations en raison de l’inflation galopante et de la crise énergétique mondiale ;
• réduire sa dépendance au réseau de distribution d’électricité ;
• participer à la transition énergétique en devenant producteur d’énergie renouvelable.

Autoconsommer à partir de panneaux solaires : comment ça marche ?

Installés sur le toit d’un bâtiment, les panneaux photovoltaïques captent les rayons du soleil pour produire un courant continu. La captation des rayons se fait au moyen de cellules photovoltaïques dont les panneaux solaires sont composés.

Ce courant continu est redirigé vers un micro-onduleur qui le convertit en courant alternatif compatible avec :

• votre réseau électrique domestique ;
• le réseau de distribution générale de l’électricité.

L’électricité photovoltaïque produite peut être valorisée de 3 manières :

1. via l’autoconsommation totale qui consiste à autoconsommer l’énergie produite en totalité, pour alimenter directement l’ensemble des appareils électriques ou électroménagers du logement ;
2. via l’autoconsommation avec revente du surplus de production, où l’électricité non autoconsommée par le logement est envoyée sur le réseau de distribution générale ;
3. vous pouvez aussi décider de revendre la totalité de votre production d’électricité photovoltaïque. Dans ce cas précis, on ne parle pas d’autoconsommation.

On distingue ainsi deux types d’autoconsommation de l’électricité solaire : avec ou sans surplus de production.

Les deux types d’autoconsommation de l’électricité solaire

• L’autoconsommation partielle avec vente du surplus d’électricité consiste à consommer une partie de la production et de revendre l’autre partie à un fournisseur d’énergie. Vous pouvez ainsi vendre le surplus de l’électricité photovoltaïque à EDF OA (Obligation d’Achat) ou aux entreprises locales de distribution (ELD). Le fournisseur historique est missionné par l’État pour acheter à un tarif d’achat réglementé les kWh non consommés de l’électricité solaire produite.
• L’autoconsommation totale de la production d’électricité solaire consiste à consommer l’intégralité des kWh produits via les panneaux photovoltaïques. Il n’y a donc aucune revente de la production d’électricité solaire. Pour pouvoir consommer quand le besoin est présent, certains particuliers peuvent pratiquer l’autoconsommation totale avec stockage via des batteries solaires (voir détails dans le point suivant).

Quel type d’autoconsommation photovoltaïque est le plus rentable pour son logement ?

En matière d’autoconsommation, il existe 2 modèles économiques pour utiliser la production d’électricité photovoltaïque. Avant de fixer votre choix, il est important de peser le pour et le contre de chaque solution.

Alors, est-il plus rentable de consommer en totalité sa production d’énergie solaire, ou d’autoconsommer avec vente de surplus ?

Mais avant d’aborder les avantages et inconvénients de chaque solution, il est essentiel de comprendre le concept d’autoconsommation en termes d’investissement et de rentabilité.

L’autoconsommation solaire peut-elle couvrir tous les besoins en électricité ?

Lorsque les particuliers choisissent d’installer des panneaux solaires, nombreux sont ceux à avoir le doux rêve d’atteindre l’indépendance énergétique via l’autoconsommation de l’électricité photovoltaïque produite.

Or dans la pratique, il est souvent difficile d’autoproduire l’électricité solaire nécessaire pour couvrir la totalité des besoins en électricité de son logement.

En cause, de multiples facteurs qui peuvent impacter la rentabilité de votre mode d’autoconsommation :

• le décalage qui existe entre la production d’électricité photovoltaïque et la consommation dans une journée. En effet, l’énergie électrique est très difficile à stocker en général. Elle est consommée directement après la production. Néanmoins, au moment où la production d’électricité solaire est la plus élevée (entre 12 h et 16 h), il est rare que cela coïncide avec des périodes où le logement est occupé ou aux moments de pics de consommation (matin et soir) ;
• un faible taux d’ensoleillement dans une journée ou selon certaines périodes de l’année (hiver, pluie, temps nuageux) ;
• la puissance des panneaux photovoltaïques.

Pour estimer la rentabilité de votre projet d’autoconsommation photovoltaïque, il est utile de considérer deux indicateurs importants :

• le taux d’autoproduction qui exprime le rapport entre la consommation d’énergie solaire / consommation électrique totale. Un taux faible indique un recours important au réseau de distribution, tandis qu’un taux élevé réduit votre dépendance énergétique au réseau ;
• le taux d’autoconsommation qui exprime le rapport entre la consommation d’électricité solaire / électricité solaire totale autoproduite. Plus le taux est faible, plus la production d’électricité photovoltaïque représente du surplus. Plus le taux est élevé, plus le nombre de kWh autoproduits correspond à vos besoins énergétiques.

Aussi, il est important de maximiser votre taux d’autoconsommation et votre taux d’autoproduction. Plus ces taux sont élevés, plus vous vous rapprochez de l’indépendance énergétique.

N’oubliez pas que le but de l’autoconsommation est de vous aider à réduire votre facture d’électricité et votre recours au réseau électrique. Rappelez-vous : l’électricité du réseau que vous ne consommez pas représente autant d’économies d’énergie ! Au vu de l’envolée des prix de l’électricité, il y a tout intérêt à autoconsommer sa production d’électricité au maximum (profitez également de comparer les prix de l’électricité si vous devez souscrire un contrat pour économiser sur vos factures).

Or dans la pratique, on constate qu’une autonomie à 100 % avec des panneaux photovoltaïques est difficilement atteignable. Les taux d’autoconsommation et d’autoproduction sont rarement de 100 %. En moyenne selon EDF, ces taux varient entre 30 % et 50 %.

C’est pourquoi dans la majorité des cas de figure, le logement a recours en relais au réseau de distribution d’électricité.

Rentabiliser son projet de panneaux solaires : autoconsommer avec ou sans revente du surplus ?

La valorisation de l’électricité photovoltaïque autoproduite se joue entre l’autoconsommation totale ou l’autoconsommation partielle avec revente du surplus.

Il est primordial de bien étudier votre projet d’autoconsommation au risque de ne pas rentabiliser votre investissement de départ.

Un point important : une fois votre choix arrêté, il est impossible de revenir en arrière. Un contrat d’achat en vente totale ou en surplus vous engage pendant toute sa durée : 20 ans en moyenne.

Je choisis l’autoconsommation photovoltaïque totale

Vous choisissez d’autoconsommer la totalité de la production d’électricité issue des panneaux solaires. Ce choix vous permet d’augmenter votre autonomie énergétique, tout en ayant quelques limites :

• votre logement est quand même tenu d’être raccordé au réseau de distribution générale afin de prendre le relais lorsque l’autoproduction d’électricité solaire est faible par rapport aux besoins ;
• l’électricité photovoltaïque non autoconsommée est injectée automatiquement et gratuitement dans le réseau de distribution. Autrement dit, elle est perdue sans possibilité de générer un revenu avec une revente ;
• vous n’êtes pas éligible à la prime à l’autoconsommation versée par EDF OA.

Il est possible de maximiser l’investissement dans des panneaux photovoltaïques en autoconsommation totale avec stockage avec la pose de batteries solaires. Cependant, le recours à des batteries représente un investissement supplémentaire important. Leur coût, entre 100 € et 1 000 € par pièce, peut alors impacter la rentabilité votre projet d’autoconsommation.

Aussi, il est généralement conseillé de choisir l’autoconsommation totale dans des cas de figure précis :

• pour des logements isolés non raccordés au réseau ou des résidences secondaires ;
• pour des besoins énergétiques faibles. L’installation de panneaux photovoltaïques de petites puissances inférieure à 3 kilowatts-crêtes (kWc) est à privilégier tel qu’un kit solaire à monter soi-même.

Je choisis l’autoconsommation photovoltaïque avec revente partielle

L’autoconsommation d’électricité solaire avec revente du surplus représente près de 80 % des projets d’installation de panneaux photovoltaïques en France. Elle consiste à consommer en priorité de l’électricité solaire autoproduite, puis à revendre le surplus à EDF OA.

Le choix de l’autoconsommation avec revente du surplus à EDF comporte certains atouts :

• générer des revenus supplémentaires lissés sur l’année, via la revente du surplus à un tarif de rachat réglementé ;
• obtenir la prime à l’autoconsommation dont le montant peut atteindre 500 €/kWc installé (ex. : 1 500 € de prime pour une installation de panneaux de 3 kWc) ;
• réduire votre recours au réseau de distribution ;
• profiter gratuitement d’un raccordement Enedis pour ses panneaux solaires ;
• réduire le montant de votre facture d’électricité ;
• avoir une exonération d’impôt sur les revenus de la vente de l’électricité photovoltaïque (puissance inférieure à 3 kWc).

La rentabilité de l’autoconsommation avec revente du surplus est possible uniquement si la production d’électricité solaire autoproduite coïncide ou dépasse votre propre consommation.

En théorie, le retour sur investissement de votre projet d’autoconsommation photovoltaïque avec revente du surplus varie entre 11 et 15 ans en fonction du taux de production d’électricité.

Revendre sa production d’électricité photovoltaïque : à quel prix ?

La revente de l’électricité peut être une solution économique pour valoriser l’électricité solaire autoproduite. Le gouvernement a mis en place diverses aides pour développer l’autoconsommation solaire en France.

Dans ce cadre, les autoconsommateurs photovoltaïques passent un contrat d’achat avec EDF OA d’une durée moyenne de 20 ans. Pendant cette période, l’autoconsommateur s’engage à vendre les kW d’électricité solaire non consommés à EDF en totalité ou en surplus.

Le contrat de revente de l’électricité photovoltaïque donne droit à :

• un tarif réglementé dont le montant est révisé par la CRE (Commission de régulation de l’énergie) ;
• une prime à l’autoconsommation.

Quel est le tarif d’achat du surplus d’électricité et de la revente totale ?

Le montant de la rémunération obtenue à partir de l’électricité solaire autoproduite dépend de :

• la puissance des panneaux photovoltaïques installés ;
• la date de raccordement de l’installation photovoltaïque.

Quel est le montant de la prime d’autoconsommation en 2023 ?

La prime à l’autoconsommation photovoltaïque est une sorte de coup de pouce à l’investissement à destination des particuliers.

Elle est accordée pour toute installation de panneaux solaires en toiture (panneaux classiques, tuiles photovoltaïques) d’une puissance inférieure ou égale à 100 kWc couplée avec une revente du surplus de l’électricité photovoltaïque autoproduite.

Les installations solaires au sol, les balcons solaires et les contrats de vente totale ne sont pas éligibles à la prime à l’autoconsommation.

Encadré par l’arrêté du 8 février 2023 du JO du 17 février 2023, le versement de la prime à l’investissement photovoltaïque est effectué par EDF OA en une seule fois dès la première facture d’électricité.

Le montant de la prime à l’autoconsommation a subi une revalorisation de 22 % entre le 2^e trimestre 2022 et le 1^er trimestre 2023. Un particulier peut ainsi obtenir jusqu’à 1 000 € supplémentaires par rapport à la prime d’autoconsommation de 2022.

Une seconde prime existe également pour les propriétaires de tuiles photovoltaïques : la prime à l’intégration paysagère. Encadré par l’arrêté du 6 octobre 2021, le montant de la prime varie entre 0,125 €/Wc et 0,238 €/Wc pour les installations d’une puissance inférieure à 500 kWc.

Autoconsommation avec vente totale ou partielle : quel est le plus rentable ?

Avec un prix de rachat fixé à 0,2349 €/kWh pour la vente totale contre 0,1313 €/kWh pour la vente en surplus (puissance inférieure ou égale à 3 kWc), vous pouvez être tenté de vendre la totalité de votre production d’électricité solaire plutôt que de l’autoconsommer.

Mis en perspective avec les prix de l’électricité facturés par votre fournisseur d’énergie, les tarifs en vente totale peuvent être doublement attractifs. À titre d’exemple, les tarifs réglementés de vente de l’électricité (tarif bleu d’EDF) pour une puissance 6 kVA en juin 2023 sont de :

• 0,2062 € en option base ;
• 0,2228 € en heures pleines et 0,1615 € en heures creuses.

Cependant, l’électricité autoconsommée reste une énergie gratuite, ce qui représente autant d’économies d’énergie à la clé. D’autre part, les tarifs d’achat de surplus suivent le niveau de l’inflation, ce qui constitue un avantage sur le long terme pour la rentabilité de votre projet d’autoconsommation. Ensuite, la revente de l’électricité solaire en totalité devient moins rentable en cas de hausses du tarif de l’électricité : les revenus de la vente ne compensent plus votre facture d’électricité.

Dans la majorité des cas de figure, le mieux reste donc de choisir l’autoconsommation partielle avec revente du surplus d’électricité solaire.

Comment facturer son électricité solaire en surplus ou en vente totale ?

Une fois par an ou tous les 6 mois, le propriétaire de panneaux en autoconsommation doit remplir une facture directement en ligne via son espace client.

Il édite sa facture en renseignant les index du compteur de production et de non-consommation (vente en surplus).

Installation de panneaux solaires en autoconsommation

Pour profiter du meilleur de l’autoconsommation solaire, il est essentiel de réunir les bonnes conditions pour l’installation des panneaux photovoltaïques.

Bien dimensionner les panneaux photovoltaïques

Le choix d’une bonne puissance pour son installation photovoltaïque est un critère déterminant pour estimer son taux d’autoproduction d’électricité solaire. Plus la puissance et le nombre de panneaux solaires sont importants, plus la production moyenne est importante.

Pour rappel, sachez qu’un 1 kWc peut produire entre 850 kWh et 1 350 kWh d’électricité à l’année en fonction de la région d’habitation.

Le tableau ci-dessous vous donne une estimation de la puissance recommandée des panneaux photovoltaïques en fonction de votre profil de consommation :

Les démarches pour devenir autoconsommateur

Pour autoconsommer sa production d’électricité solaire, plusieurs démarches doivent être réalisées :

• effectuer un bilan solaire par un professionnel pour étudier la faisabilité du projet (orientation du logement, surface disponible sur le toit, etc.) ;
• réaliser plusieurs démarches administratives préalables à l’installation : déclaration préalable de travaux en mairie, demande de raccordement à Enedis (revente en surplus), obtention d’un CONSUEL ;
• souscrire à un contrat OA photovoltaïque ;
• faire appel obligatoirement à un artisan RGE (Reconnu garant de l’environnement) ou Qualisol pour obtenir la prime à l’autoconsommation ainsi que les aides de l’État.

Les aides pour financer l’autoconsommation

Outre la prime à l’investissement, plusieurs aides publiques sont disponibles pour aider les ménages à amorcer leur transition énergétique via l’autoconsommation.

Ces aides pour l’installation de panneaux photovoltaïques sont attribuées sous certaines conditions de revenus et conditions techniques relatives aux panneaux :

Nos conseils pour optimiser la rentabilité de son projet d’autoconsommation

Vous souhaitez profiter des avantages économiques de l’autoconsommation d’électricité solaire ?

Nous vous donnons plusieurs conseils pour atteindre un taux d’autoconsommation maximal et faire ainsi de substantielles économies d’énergie :

• Adapter vos habitudes de consommation en fonction du taux d’ensoleillement dans la journée. Dans la mesure du possible, il est souhaitable d’autoconsommer au moment des pics de production d’électricité photovoltaïque. Entre 12 h et 16 h, profitez de ces heures pour lancer et/ou programmer une lessive ou votre lave-vaisselle, etc. ;
• Faites appel à la domotique solaire pour réguler votre autoconsommation. Les gestionnaires d’énergie sont des appareils de régulation intelligents branchés entre les panneaux et les appareils électriques. Ils analysent les données de consommation et de production pour vous aider à réduire l’achat d’électricité sur le réseau. En moyenne, les appareils domotiques solaires peuvent vous aider à réaliser jusqu’à 80 % d’économies d’énergie ;
• Installer des panneaux photovoltaïques avec batteries pour pouvoir stocker le surplus de production et l’utiliser quand le besoin est là.

L’autoconsommation photovoltaïque permet à de nombreux consommateurs de gagner en autonomie énergétique. L’investissement de départ (comptez entre 9 000 et 23 000 € en moyenne) est vite amorti à l’usage via les substantielles économies sur sa facture d’électricité annuelle. En prêtant attention aux critères déterminants (puissance, consommation totale ou surplus), votre projet de panneaux photovoltaïques est rentabilisé rapidement.