Comment réduire les nuisances sonores de sa pompe à chaleur ?

publié le 30/07/2023 | mis à jour le 26/08/2024 | par Mareva Gobbini

Pourquoi une pompe à chaleur fait-elle du bruit ?

Toutes les pompes à chaleur émettent du bruit lors de leur cycle de chauffe ou de refroidissement. Ainsi selon les modèles, les nuisances sonores de la pompe à chaleur peuvent être plus ou moins importantes.

Une pompe à chaleur aérothermique (air-air ou air-eau) fait généralement plus de bruit qu’une pompe à chaleur géothermique (sol-eau). La raison principale tient au mode de fonctionnement de la PAC air-air ou air-eau. Pour rappel, ce système thermodynamique se décompose en deux unités :

• une unité intérieure qui envoie le flux d’air chaud ou froid dans la pièce via un ventilateur (pompe à chaleur air-air), ou chauffe/refroidit un fluide qui transite dans des radiateurs à eau ou un plancher chauffant (PAC air-eau) ;
• une unité extérieure munie d’un ventilateur et d’un compresseur. Ces deux éléments sont les sources principales du bruit de la pompe à chaleur :
  • le mouvement des pales du ventilateur qui tournent pour récupérer l’air extérieur,
  • le fonctionnement du moteur du compresseur qui extrait et transforme l’énergie de l’air extérieur en chaleur ou air froid (pompe à chaleur réversible). D’autre part, le cycle de dégivrage du compresseur est réputé pour être l’étape la plus bruyante dans le fonctionnement de la PAC.

Résultat, les nuisances sonores de la pompe à chaleur peuvent créer une gêne acoustique importante accompagnée de plus en plus souvent par des conflits avec le voisinage.

Contrairement à une PAC aérothermique, il n’y a pas d’unité extérieure avec une pompe à chaleur géothermique. L’énergie du sol ou de nappes phréatiques est extraite par des capteurs enfouis dans le sol.

Quel est le niveau de bruit d’une pompe à chaleur ?

Voyons dans le détail les seuils sonores moyens d’une pompe à chaleur, les moyens pour évaluer le niveau acoustique ainsi que les facteurs de variation.

Quels sont les niveaux sonores moyens d’une pompe à chaleur ?

L’unité de mesure du niveau sonore d’une PAC est le décibel (dB) pondéré A pour dB(A). Le bruit d’une pompe à chaleur varie entre 45 et 65 dB(A) en moyenne selon les modèles et les marques de constructeur.

Dit comme cela, 45 ou 65 dB(A) est-ce un niveau de tonalité pour une PAC qui est signe de nuisance sonore ? Pour vous donner une idée, comparons le niveau de bruit de la pompe à chaleur avec les activités de la vie quotidienne :

• le bruit du tic-tac d’une horloge est de 20 dB(A) ;
• le bruit d’une conversation se situe en moyenne à 60 dB(A) ;
• le bruit de la circulation routière perçue par la fenêtre d’un logement se situe entre 70 et 75 dB(A) ;
• le bruit dans le métro se situe en moyenne à 80 dB(A).

En conséquence, le niveau sonore d’une pompe à chaleur reste modéré en journée lorsque les activités diurnes sont présentes. En revanche selon les situations et certains facteurs, il est constaté que le bruit de la PAC peut vite devenir incommodant.

Comment évaluer le bruit d’une PAC ?

Lorsque l’on évoque la méthode d’évaluation du niveau sonore d’une pompe à chaleur, deux notions rentrent en ligne de compte :

• la pression acoustique, qui exprime le niveau sonore en décibels d’une source (dans notre cas, une pompe à chaleur), dans un environnement soumis à des variations (configuration du logement, distance avec les autres habitations, positionnement de l’appareil, etc.). Concrètement, la pression acoustique permet d’évaluer le niveau sonore d’une PAC perçue par l’oreille humaine en situation réelle ;
• la puissance acoustique, qui permet d’évaluer en décibels le niveau sonore d’une source hors environnement, à l’image d’un test en laboratoire. Cet indicateur est celui retenu par les constructeurs sur la notice d’utilisation de leur PAC ou l’étiquette énergétique de l’appareil. La puissance acoustique est un indicateur utile qui permet de comparer le bruit de plusieurs modèles et choisir la pompe à chaleur la plus adaptée à ses besoins.

Bien évidemment, il est essentiel de pouvoir juger du niveau sonore d’une PAC en fonctionnement en situation réelle. La pression acoustique fait alors consensus pour évaluer le bruit d’une pompe à chaleur.

La perception du bruit d’une PAC

Le bruit d’une PAC peut être perçu comme une nuisance sonore selon plusieurs facteurs de variation. Les seuils de tolérance sonore admissibles pour une pompe à chaleur peuvent changer en fonction :

• du lieu d’installation, qui peut faire varier du simple au double le niveau sonore d’une PAC en fonctionnement. Il y a une différence majeure de bruit entre une pompe à chaleur installée dans une zone industrielle ou commerciale (PAC collective) qui pullule d’activités professionnelles, et une zone résidentielle (PAC individuelle) où l’activité est souvent plus calme ;
• du moment de la journée, sachant que les pompes à chaleur sont souvent plus bruyantes la journée pendant le cycle de chauffe et/ou de refroidissement ;
• de la distance par rapport à l’unité extérieure de la PAC, sachant que le niveau sonore d’une source baisse de 6 décibels chaque fois que l’on double la distance avec ladite source. Concrètement, cela veut dire que le niveau sonore d’une pompe à chaleur perçu à 55 dB(A) à un mètre de distance, baisse en moyenne à 49 dB(A) à 2 mètres.

En théorie donc, ces facteurs nous indiquent qu’installée en campagne à une certaine distance des habitations voisines, il n’y a aucune nuisance sonore liée à une pompe à chaleur.

En pratique, la réalité est toute autre en raison de la densité urbaine qui joue un rôle d’amplificateur du bruit d’une pompe à chaleur. La distance entre deux habitations étant souvent très réduite dans une ville.

Bruit de la pompe à chaleur : quelle est la réglementation ?

Les litiges pour trouble du voisinage liés aux nuisances sonores d’une pompe à chaleur se multiplient en France en raison de la multiplicité des installations, encouragées par les aides à la rénovation énergétique et la réglementation environnementale (RE2020).

En effet, ces deux dispositifs priorisent les équipements de chauffe reconnus pour leur haute performance énergétique (dont la chaudière biomasse, la chaudière à condensation, etc.). En raison de sa rentabilité, la pompe à chaleur fait partie des types de chauffage les plus économiques sur le marché actuel.

C’est pourquoi au niveau légal, il existe plusieurs textes de loi dédiés à la réglementation des nuisances sonores émises par une pompe à chaleur.

Ce que dit la loi sur le trouble de voisinage

D’après l’article R1336-5 du Code la Santé publique : « Aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé, qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité. »

En conséquence, avant se retrouver en conflit avec ses voisins, nous vous donnons quelques indications sur la notion de trouble de voisinage et d’émergence du bruit de la pompe à chaleur.

Les seuils limites d’infraction pour nuisance sonore

Le décret n° 2006-1099 du 31 août 2006 et la norme Afnor NF S 31-010 déterminent les niveaux de bruit considérés comme des infractions relatives au trouble de voisinage.

Ainsi, le niveau sonore d’une pompe à chaleur en fonctionnement est déterminé par la notion d’émergence du bruit. La PAC est considérée comme responsable d’une pollution sonore lorsque la mesure du bruit ambiant (bruit de la PAC + bruit de l’environnement) dépasse le seuil suivant :

• 25 dB(A) à l’intérieur du logement dans la pièce principale, fenêtre ouverte ou fermée ;
• 30 dB(A) en limite de propriété.

Calculer l’émergence du bruit

L’AFPAC (l’Association française pour les pompes à chaleur) donne quelques indications précieuses pour calculer l’émergence du bruit d’une pompe à chaleur.

Pour mesurer rapidement l’émergence d’une PAC, il est possible d’utiliser un sonomètre téléchargeable sur son smartphone via une application mobile.

La différence entre le bruit résiduel (sans le bruit de la PAC) et le bruit ambiant (avec le bruit de la PAC) ne doit pas dépasser :

• 5 dB(A) entre 7 h et 22 h ;
• 3 dB(A) entre 22 h et 7 h.

À noter que l’utilisation d’un sonomètre n’est pas complètement fiable, mais il peut être utile dans un premier temps pour évaluer si la PAC cause une gêne acoustique pour la tranquillité de vos voisins.

Aussi pour obtenir des mesures plus précises, il est recommandé de faire appel à un bureau d’études acoustiques (comptez entre 250 et 700 € pour le prix de sa prestation). Vous saurez ainsi de manière fiable si l’installation actuelle de votre PAC respecte les normes en vigueur.

Pour une future installation, le recours à un professionnel chauffagiste avec le label RGE (Reconnu garant de l’environnement) ou le label QualiPac est une garantie que les contraintes de bruit liées à la pompe à chaleur seront prises en compte pour vous éviter tout litige futur.

Dans le point suivant, nous vous donnons un éclairage sur les différentes normes à respecter pour limiter les nuisances sonores d’une pompe à chaleur. Vous pouvez ainsi vérifier les préconisations techniques de votre chauffagiste. Le cas échéant, il est recommandé de faire jouer la responsabilité du professionnel en cas de nuisance sonore de la pompe à chaleur.

Sachez qu’en cas de plainte du voisinage, vous devrez sûrement engager des travaux d’isolation acoustique pour limiter les nuisances sonores de la PAC, voire procéder à son démontage.

Comment limiter le bruit d’une pompe à chaleur ?

Avec quelques précautions, il est possible de réduire l’impact sonore d’une PAC pour le voisinage (et aussi pour vous les propriétaires !).

Bien dimensionner la PAC

Le choix d’une bonne puissance pour la pompe à chaleur à installer chez soi permet d’agir sur ses cycles de chauffe ou de refroidissement. En effet, une PAC se caractérise en général par un fonctionnement intermittent. Un mauvais dimensionnement est une cause de mise en marche permanente et en conséquence, de gêne acoustique récurrente pour le voisinage.

Une PAC sous-dimensionnée va avoir des cycles de chauffe/refroidissement trop longs, tandis qu’une PAC surdimensionnée va fonctionner sur des temps trop courts et à répétition.

Outre la nuisance sonore, une puissance inadaptée va avoir une conséquence directe sur la consommation de la pompe à chaleur et risque de faire flamber votre facture d’énergie !

Sachez qu’en la matière, le choix de la bonne puissance doit être confié à un professionnel chauffagiste qui va prendre en compte de multiples facteurs liés à votre logement :

• l’isolation thermique des pièces ;
• la surface à chauffer en m² ;
• la température extérieure ;
• la hauteur sous plafond des pièces.

Choisir le bon emplacement

Il s’agit là d’un des critères stratégiques à penser en amont de l’installation d’une pompe à chaleur. Le choix du positionnement du groupe extérieur doit être une combinaison de bon sens et de contraintes techniques.

En la matière, le meilleur emplacement pour limiter les nuisances sonores de la PAC doit prendre en compte différents paramètres :

• être éloigné au maximum de la limite de propriété ;
• se positionner sur un mur extérieur ou la partie d’une terrasse/jardin loin des pièces de vie (salon, chambres). Les murs extérieurs de pièces utilisées ponctuellement (buanderie, débarras, garage) sont un emplacement approprié ;
• respecter une distance entre le mur ou le sol et l’unité extérieure afin de limiter les vibrations ou la résonance ;
• ne pas diriger la ventilation de l’unité extérieure vers les fenêtres des voisins ;
• respecter une distance de 15 mètres minimum avec les habitations voisines.

Faire des travaux d’isolation acoustique

Dans le cas d’une mauvaise installation, il est recommandé d’engager des travaux pour réduire le bruit de la pompe à chaleur :

• réaliser un coffrage antibruit pour l’unité extérieure ;
• poser l’unité sur une dalle en béton et des plots antivibratiles pour l’écarter du sol, ou sur des équerres pour la distancer du mur de pose ;
• planter des haies et arbustes pour créer un mur naturel antibruit ;
• poser une cloison anti-bruit autour de l’unité extérieure.

Réaliser un entretien régulier

La maintenance de la pompe à chaleur est un point obligatoire à respecter pour assurer son bon fonctionnement et sa durée de vie.

L’unité extérieure, soumise par son emplacement aux conditions climatiques variées (vent, pluie, etc.), peut être endommagée sans entretien régulier. À titre d’exemple, les pales du ventilateur doivent être nettoyées et débarrassées des branches et autres saletés qui peuvent gêner leur rotation. Le moteur du compresseur doit être contrôlé afin de réduire tout risque de fuite du liquide frigorigène, de bruits anormaux et de dysfonctionnement.

Plus d’informations sur les nuisances sonores d’une pompe à chaleur

Quelques conseils supplémentaires sur les bruits d’une pompe à chaleur et leurs conséquences.

Comment savoir si le bruit de la pompe à chaleur est normal ?

Tout bruit suspect provenant de la PAC doit être considéré comme un signe d’alerte à ne pas négliger au risque d’une panne ou d’un dysfonctionnement. Aussi, tout bruit de la PAC de type cliquetis, sifflement, de sons vibratoires amplifiés doit vous mettre la puce à l’oreille sur :

• une panne de compresseur ;
• un mauvais réglage du débit d’air des vannes ;
• un desserrement des boulons ;
• un manque de pression du circulateur de la pompe.

Dans ce cas, faites intervenir un professionnel chauffagiste ou le mieux est de souscrire à un contrat de maintenance afin de bénéficier d’une prestation en cas de panne.

La PAC de mon voisin fait trop de bruit, que faire ?

Le niveau sonore de la pompe à chaleur de votre voisin est une source de gêne permanente de jour comme de nuit ?

La première démarche est de régler le problème à l’amiable. Privilégiez la communication pour trouver une solution rapide avec votre voisin (déplacement de l’unité ou travaux).

Dans un second temps si le recours à l’amiable se transforme en conflit de voisinage, procédez à un constat d’huissier et/ou faites intervenir un professionnel de l’étude acoustique (comptez entre 250 et 700 € pour le prix de sa prestation).

En parallèle, vous pouvez aussi solliciter l’action de la mairie de votre commune. En plus de la législation nationale, des arrêtés préfectoraux ou communaux régulant les bruits du voisinage peuvent exister dans votre ville. Par la même occasion, vous pouvez vérifier que l’installation de la pompe à chaleur de votre voisin a bien fait l’objet d’une déclaration préalable de travaux.

Enfin en dernier recours, une plainte peut être déposée et une action en justice engagée. Dans ce cas, la procédure peut être longue avec un coût financier important (en moyenne, 1 000 € pour les frais d’avocat et de justice). Selon les contrats, il est possible de faire intervenir la garantie protection juridique incluse dans l’assurance habitation.

Existe-t-il des PAC silencieuses ?

Les constructeurs de pompe à chaleur ont fait des efforts technologiques pour limiter le bruit de leurs appareils de production de chauffage thermodynamique. Certaines marques commercialisent des modèles de pompe à chaleur silencieux avec un niveau sonore entre 40 et 50 dB(A).

Le bruit d’une pompe à chaleur de piscine est-il gênant ?

À l’instar d’une pompe à chaleur installée dans un logement, une PAC de piscine produit aussi du bruit ! Comptez entre 45 dB(A) pour les modèles les plus silencieux à 70 dB(A) pour les modèles les plus bruyants. Avant tout achat, nous vous recommandons de faire appel à un professionnel chauffagiste qui évaluera le meilleur modèle de pompe à chaleur de piscine à installer sans causer de gêne auditive sur votre voisinage (et le confort de vos oreilles pendant votre baignade).

Équipement de chauffe et de refroidissement très populaire, la pompe à chaleur comporte une donnée complexe à prendre pour la sérénité de tous : ses nuisances sonores. Une installation en phase avec les normes thermiques et techniques permet de réduire la gêne acoustique de la PAC.