Pinky : le nouveau compteur intelligent d’Enedis

Parfois présenté comme le petit frère de Linky, le compteur électrique Pinky a commencé à être massivement déployé dans plusieurs grandes villes depuis fin 2023. Si ce premier test à grande échelle est concluant, ce petit boîtier rose devrait bientôt conquérir la France entière. Contrairement à ce qu’on peut parfois lire, Pinky n’est ni le remplaçant, ni le concurrent de Linky. Ces deux appareils sont plutôt complémentaires. Mais à quoi sert donc ce nouveau compteur ? À qui se destine-t-il ? Quelles sont ses fonctionnalités ? Présente-il des risques pour la santé ? On répond dans les lignes qui suivent à toutes les questions que vous pouvez vous poser sur Pinky.

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À quoi sert le nouveau compteur Pinky ?

À première vue, Pinky ressemble beaucoup au compteur intelligent Linky. Il permet, comme ce dernier, de mesurer des consommations d’électricité. Pour autant, le rôle de l’un et de l’autre n’est pas exactement le même. Pinky et Linky ne s’adressent pas non plus au même type de bâtiment. Explications.

Quelle différence entre Pinky et Linky ?

Alors que le déploiement du compteur Linky commencé en 2016 s’achève à peine, Enedis, le gestionnaire du réseau public de distribution d’électricité, lance un nouveau compteur sur le marché, Pinky. Visuellement, son boîtier est très semblable à celui du compteur Linky. Seule la couleur change. Le vert/jaune fluo a été troqué par un rose fuchsia pour permettre de distinguer visuellement les deux compteurs. Pour autant, la ressemblance s’arrête là. Pinky n’est pas le successeur de Linky.

Ce nouveau compteur intelligent ne s’adresse pas aux particuliers mais en premier lieu aux immeubles et aux collectivités. Son rôle est principalement de mesurer localement les consommations d’électricité pour permettre d’améliorer la gestion énergétique d’un bâtiment ou d’un quartier tout entier. Le déploiement de Pinky doit notamment permettre de mieux équilibrer le réseau électrique en temps réel. Il devrait également servir à identifier plus facilement les surconsommations.

D’autre part, les données récoltées par Pinky sont plus détaillées que celles récoltées par Linky à l’échelle d’un logement. Elles permettent une analyse plus fine des consommations poste par poste. Pinky ambitionne également d’améliorer la connaissance des énergies produites localement par les particuliers ou les professionnels en autoconsommation avec revente du surplus ou en revente totale de l’électricité produite.

Pinky complète donc l’apport de Linky sans le remplacer. Il s’annonce comme un formidable outil pour répondre aux défis de la transition énergétique et à l’augmentation continue de la consommation électrique. En tout état de cause, il est peu probable que vous tombiez un jour sur lui. Sa place n’est pas sur votre pallier mais dans les transformateurs électriques d’Enedis. Son déploiement ne concerne principalement pour le moment que des immeubles de bureaux.

Pinky, le nouveau maillon fort des smart grids ?

L’électricité étant une énergie qu’on ne peut pas stocker facilement, elle doit être immédiatement consommée dès qu’elle est injectée sur le réseau, sans quoi elle est définitivement perdue. Pour éviter ce gaspillage, il faut anticiper au mieux les besoins des consommateurs pour ajuster précisément les niveaux de production et répartir intelligemment l’électricité dans le réseau.

Avec la révolution numérique, la concept de smart grids, pour « réseaux intelligents », a vu le jour. Il est appelé à modifier en profondeur la façon d’envisager le pilotage du système électrique. Pour optimiser la distribution de l’électricité, il propose de passer d’une gestion verticale, depuis les sites de production jusqu’aux lieux de consommation, à une gestion plus horizontale.

Ce changement de paradigme est indispensable. Les besoins en électricité évoluent. De nouveaux usages apparaissent. De nouvelles façons de produire de l’électricité se développent, avec l’explosion du renouvelable notamment. Des particuliers ou des entreprises se mettent à produire eux-même de l’électricité qu’ils injectent en partie sur un réseau qui n’a pas été conçu pour ça.

Les smart grids permettent d’apporter une réponse technique à ces évolutions sans modifier pour autant en profondeur les infrastructures existantes. Mais pour repartir de la façon la plus efficiente possible l’électricité dans le réseau, ces réseaux « intelligents » ont besoin des données précises et détaillées pour connaître en temps réel les besoins en électricité sur chaque lieu de consommation tout au long de l’année.

Ces précieuses données, ce sont Linky, et désormais Pinky, qui permettent de les récolter et de les communiquer à Enedis et RTE, le gestionnaire des réseaux de distribution et de transport de l’électricité. Elles permettent d’ajuster en permanence la quantité d’électricité produite et distribuée dans telle ou telle partie du réseau.

Ces compteurs intelligents sont la clef de voûte des smart grids. Ils constituent l’un des principaux outils qui permettront à la France de remplir ses objectifs en matière d’électrification des transports et de sobriété énergétique.

L’Internet des objets au service des économies d’énergie

Connecté à un serveur central, le compteur Pinky utilise la technologie de l’Internet des objets (IoT) pour améliorer l’efficience des réseaux et favoriser les économies d’énergie. L’Ademe affirme que le compteur Linky peut ainsi contribuer à faire baisser la consommation d’électricité d’un ménage de 10%. Pinky fera-t-il aussi bien pour les collectivités et les immeubles ?

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Quelles sont les fonctionnalités du compteur Pinky ?

Derrière ce petit boîtier rose d’apparence relativement simple se cache en réalité un petit bijou de technologie. Le développement de Pinky, initié en 2018, a nécessité au total plus d’une cinquantaine de prototypes élaborés et testés par les équipes d’Enedis Lab.

Le rôle de ce nouveau compteur bardé de capteurs est de collecter des informations détaillées sur la consommation électrique d’un site plus ou moins vaste. Il peut notamment relever les niveaux d’intensité et de tension du courant, mais aussi la charge des transformateurs ou la répartition de la puissance dans les différents circuits. Il est également équipé d’un capteur de température.

Ces données, bien plus complètes que celles récoltées par Linky, sont transmises toutes les 10 minutes aux gestionnaires du réseau via les CPL (courants porteurs en ligne), une technologie qui n’utilise pas le réseau Internet mobile et émet très peu d’ondes. Ces informations permettent de mieux comprendre les dynamiques de consommation et de production au sein d’un immeuble, d’un groupe d’immeubles ou même à l’échelle d’un quartier, et ce quasiment en temps réel.

Concrètement, le compteur Pinky doit permettre d’assurer :

Un meilleur suivi des consommations

Grâce à ses nombreux capteurs qui analysent dans le détail l’intensité, la fréquence et la puissance du courant électrique, Pinky permet de suivre les consommations d’un immeuble ou d’une collectivité poste par poste. Il peut ainsi fournir un relevé détaillé des consommations liées à l’éclairage, au chauffage, à la climatisation ou à la recharge des véhicules électriques.

Une amélioration de l’efficience énergétique

Pinky est capable de repérer des anomalies sur le réseau ou des consommations anormales d’électricité. C’est notamment le cas pour les consommations liées au chauffage qu’il peut mettre en permanence en regard avec la température amiante pour détecter une surconsommation. Si tel était le cas, il peut le signaler au gestionnaire, voire éteindre à distance l’appareil en cause si son utilisation n’est pas essentielle.

Une meilleure intégration des sources de production d’électricité renouvelable

Au-delà d’offrir un meilleur suivi des consommations et de permettre la traque aux kWh inutilement consommés, Pinky est également très utile pour mieux intégrer au réseau les sources de production locale d’électricité : petit éolien, panneaux photovoltaïques, etc.

Ces sources d’électricité sont par nature intermittentes et fluctuantes. En ayant une idée plus précise de leur production à chaque heure de la journée, Enedis peut anticiper et trouver avec plus d’efficience le bon équilibre entre l’offre et la demande. Ce pilotage est indispensable pour limiter les déperditions d’électricité tout en évitant les risques de black-out.

Le rôle de Pinky dans l’installation de bornes de recharge électrique

L’augmentation continue du nombre de stations de recharge pour véhicule électrique présentes dans l’espace public sollicite de plus en plus un réseau déjà saturé. Mais elle lui offre en retour la possibilité de se délester d’un « excès » temporaire de production en jouant sur la puissance allouée aux bornes. Grâce aux données de consommation et de production récoltées par Pinky, on peut déterminer où l’installation de nouvelles bornes sera le plus facilement supportée par le réseau existant.

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Quand est-ce que le compteur Pinky sera déployé ?

Déjà testé avec succès sur 70 sites en France depuis 2019, Pinky est en cours de déploiement dans de grandes villes comme Nice, Montpellier, Bordeaux, Lyon ou Paris. Au total, cette première vague d’installation devrait concerner 5000 unités d’ici fin 2023. Si ce nouveau compteur intelligent donne satisfaction en permettant de mieux gérer la consommation électrique là où il a été installé, son déploiement à plus grande échelle est envisagé dès 2024.

L’installation des compteurs Pinky est du ressort d’Enedis, le gestionnaire unique du réseau électrique basse et moyenne tension sur près de 95% du territoire. Elle se fera directement dans des postes de transformation desservant un immeuble ou un ensemble d’immeubles. Au total, plusieurs dizaines de milliers de compteurs connectés Pinky pourraient être installés dans la prochaine décennie sans que vous n’en voyez jamais la couleur, pourtant fort jolie.

Le coût du développement de Pinky et celui de chaque appareil n’a pas été dévoilé par Enedis. Même si les investissements nécessaires seront sans doute bien inférieurs à ceux qui ont permis le déploiement des 30 millions de compteurs Linky (près de 6 milliards d’euros), on peut craindre que cette nouvelle campagne pèse lourd dans les finances du gestionnaire. Pour les consommateurs, cela pourrait se traduire à l’avenir par une nouvelle augmentation du TURPE.

Priorité aux éco-quartiers !

En dehors des informations qu’il fournit sur les consommations, Pinky permet d’appréhender en temps réel l’apport des sources de production d’électricité décentralisée. Son installation est donc d’abord indiquée pour les bâtiments ou les groupes de bâtiments équipés de panneaux photovoltaïques ou d’éoliennes. Dans un premier temps, ce sont principalement des éco-quartiers ou des bâtiments à énergie positive qui seront donc concernés par le déploiement de Pinky.

Pinky présente-t-il des risques pour la protection des données ou pour la santé ?

Avant même son déploiement à grande échelle, Pinky suscite déjà des inquiétudes chez certains consommateurs. Les reproches qui lui sont fait sont globalement les mêmes que ceux dont Linky a pu également faire l’objet. Deux choses, surtout, posent problème aux détracteurs de Pinky : la protection des données personnelles récoltées par ce compteur et les éventuels risques sanitaires liés aux ondes électromagnétiques émises lors de la transmission des données.

Pinky et la protection des données personnelles

En ce qui concerne la protection des données personnelles, le sujet est moins sensible qu’avec Linky. Les données récoltées par Pinky ne sont en effet pas liées à un logement en particulier mais concernent les consommations d’un ensemble de bâtiments. Elles sont donc en quelque sorte « anonymisées » par nature.

Toutefois, comme avec Linky, la CNIL veille. Des règles strictes régissent ainsi la conservation et l’utilisation des données collectées par Enedis via le compteur Pinky.

Les risques de Pinky pour la santé des personnes

Pour ce qui est des ondes électromagnétiques, Pinky en émet bien, mais ni plus ni moins que n’importe quel autre appareil électrique. En pratique, c’est même plutôt moins, voire beaucoup moins. Linky, qui utilise la même technologie que Pinky pour communiquer, émet 800 fois moins d’ondes électromagnétiques d’un grille pain. C’est très peu, presque autant qu’un chargeur de téléphone et uniquement lorsqu’il émet, soit pendant environ 1 seconde toutes les 10 minutes.

D’autre part, Pinky n’a pas vocation à être installé à l’intérieur des logements, ce qui réduit encore plus l’exposition potentielle aux ondes émises par ce nouveau compteur communicant.

Peut-on refuser l’installation du compteur Pinky ?

De même qu’il est en principe impossible de refuser l’installation du compteur Linky, vous ne pouvez pas vous opposer non plus à l’installation d’un compteur Pinky au pied du votre immeuble. Ce dernier fait partie du réseau public d’électricité. Il appartient à la collectivité. C’est Enedis, en sa qualité de gestionnaire principal du réseau, qui décide de son déploiement avec l’aval des pouvoirs publics et les collectivités locales.

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