Opérateurs mobiles : qui a vraiment le meilleur réseau ?
Quitte à payer pour un téléphone mobile, autant qu’il soit utilisable partout ! A côté du forfait et du prix, la qualité du réseau fait partie des premiers critères de choix de son opérateur. Or, ces derniers se valent-ils tous sur le plan technique ? Qui propose la meilleure couverture ? Qui offre les meilleures performances ? Lequel, en fonction de votre lieu d’habitation, avez-vous par exemple, le plus intérêt à privilégier ? Choisir.com vous guide dans cette démarche.
Ils nous promettent tous le meilleur, à coup de matraquage publicitaire. Impossible d’allumer son téléviseur ou sa radio sans tomber sur l’un de ces nombreux slogans par lesquels chaque opérateur cherche à vous convaincre que c’est auprès de lui que vous pourrez enfin trouver la meilleure qualité de service. Il y a en France 3 grands réseaux. D’un côté, Bouygues Télécom se vante d’être l’opérateur bénéficiant « du plus grand réseau 4G de France ». De l’autre, il y a Orange, et ce dernier se propose de vous offrir des « super pouvoirs », grâce à la performance multimédia hors du commun de son réseau. Quant à SFR, il y a peu, il mettait encore en exergue qu’il était le premier à avoir dégainé et développé la 4G. Ces réseaux servent égalements les opérateurs low-cost que sont respectivement Sosh, et RED by SFR. Alors, info ou intox ? Que croire ? Au milieu de ce capharnaüm de promotions en tous genres, où se situe la réalité ?
La réalité des chiffres
Pour le consommateur, un premier élément de réponse se situe peut-être dans les publications officielles de l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), le fameux gendarme des Télécoms. Régulièrement, il contrôle le niveau de couverture des opérateurs mobiles au regard de leurs obligations contractuelles.
Mais là où la réalité commence à se corser, c’est qu’il existe justement deux façons différentes de calculer le niveau de couverture d’un réseau mobile. Alors que nos chers opérateurs mettent en avant des taux de couverture avoisinant les 100%, à qui cela n’est jamais arrivé de « pester » contre l’absence de réseau ? Le tour de passe-passe consiste alors à observer la réalité en fonction du prisme de la population couverte et non en fonction du nombre de kilomètres carrés de territoire. C’est pourtant à ce niveau-là que de réelles disparités commencent à apparaître en fonction des acteurs.
En matière de 2G, les résultats laissent ainsi apercevoir un différentiel de 7 points entre l’opérateur le plus performant (Orange avec 97%) et celui qui arrive bon dernier, en l’occurrence Bouygues Télécom avec 90%. SFR et Free Mobile (grâce à l’itinérance avec Orange pour ce dernier) affichent, quant à eux, respectivement des taux de 95% et 96%.
A l’heure de l’Internet mobile, avoir du réseau, c’est aussi et de plus en plus synonyme de couverture 3G. Sur ce tableau, SFR prend la tête du peloton avec 93%, suivi de près par Orange (91%). Free et Bouygues Télécom restent à la traîne avec respectivement 82% et 80% du territoire couvert.
Cependant, le tableau ne serait pas complet au regard de ces seuls chiffres. Car, au-delà des résultats fournis par l’ARCEP, d’après des mesures effectuées en décembre 2014 et rendues public en juin 2015, l’expérience utilisateur diffère parfois des taux officiels. Ainsi, à niveau de couverture égal, le niveau de service est-il toujours le même ? Les débits et les taux de réussite de navigation sur l’Internet mobile sont-ils rigoureusement les mêmes en fonction des acteurs ?
C’est pour tenter de répondre à ces questions que l’UFC-Que Choisir a mené sur plusieurs mois et en plusieurs points du territoire une expérience empirique visant à quantifier l’aspect qualitatif du réseau de chaque opérateur. Choisir.com décrypte pour vous les résultats de cette étude, publiée le 21 octobre 2014. Il s’agit de la dernière grande étude fiable ayant pu être menée sur tout le territoire français.
La qualité du service voix
Un portable, ça sert déjà à téléphoner. Les débuts de Free Mobile ont d’ailleurs à ce niveau été émaillés par différents incidents avec des appels qui n’aboutissaient pas, dans un sens comme dans l’autre. Trois ans après, le service voix est-il pour autant irréprochable chez les différents opérateurs ? Free reste-t-il le maillon faible ?
Orange est celui qui affiche les meilleures performances avec 99% des appels établis en moins de 20 secondes. Bouygues Télécom et Free sont au coude à coude (97.9%) tandis que SFR referme la marche avec moins de 90% (89.6%) de taux de réussite dans les délais impartis. L’opérateur au carré rouge affiche même des résultats médiocres sur le nombre de communications « réussies, maintenues et de qualité parfaite ». Le taux d’appels réussis descend alors à un niveau particulièrement faible, au regard de ses concurrents pour lesquels il est compris dans une fourchette entre 95.8% (Free mobile) et 99% (Orange).
Faire de l’Internet comme à la maison
Dans un monde de plus en plus connecté, le mobile se conçoit de plus en plus comme un jouet connecté. Et l’excellence du réseau 3G, jadis secondaire, compte aujourd’hui parmi les premiers critères de choix pour nombre d’utilisateurs. Naviguer sur son mobile presque comme à la maison, connecté à sa borne Wifi, quoi de plus normal ? Encore, faut-il pour cela choisir le bon opérateur… Une fois de plus, Orange prend la tête du podium avec 93.3% des pages Web qui se chargent en moins de 20 secondes sur son réseau, suivi de près par Bouygues (92.7%). Loin derrière, on retrouve SFR (85.2%) et surtout Free (73.3%). Le trublion des télécoms se trouve en réalité affaibli par son itinérance avec Orange, puisque seule une page sur deux en moyenne se trouve téléchargée dans les délais impartis lorsque l’usager est connecté à une antenne Orange. La proportion est en revanche tout à fait convenable sur son réseau propre (92%).
Pour une connexion Internet prolongée et maintenue jusqu’à 3 minutes, là encore, le groupe de Xavier Niel présente le handicap de l’itinérance. Depuis une antenne Orange, il devient quasiment impossible pour l’abonné Free de naviguer correctement, avec un taux d’échec qui avoisine les 94%. Il en est tout autrement depuis une antenne du réseau propre puisque le taux de réussite atteint les 64.6%, non loin derrière les mastodontes Orange (71.9%) et Bouygues Télécom (67.7%) et même devant SFR (54.2%).
Au niveau des débits réels moyens constatés en 3G, là encore, sans surprise, Free est celui qui affiche les résultats les plus médiocres (4.8 Mbit/s en moyenne) contre 9.6 Mbit/s pour Orange, entre 6.3 et 7.2 Mbit/s respectivement pour SFR et Bouygues.
Quid de la 4G ?
Pour satisfaire un public de plus en plus « mobinaute », chaque opérateur s’ouvre désormais, en plus de la 3G, à la 4G en promettant des débits jusqu’à 150 Mbit/s. Leurre ou réalité ? La vitesse de développement de cette nouvelle technologie mobile est-elle la même selon les acteurs ? Auprès de quel opérateur, le plus « geek » a-t-il intérêt de souscrire pour bénéficier d’une 4G digne de ce nom ?
A son intention, le groupe de Martin Bouygues se plaît ainsi à rappeler qu’il est celui qui propose le réseau 4G le plus étendu de France. Un argument marketing, à vrai dire, plus ou moins confirmé par les données chiffrées fournies par l’ARCEP, puisque le troisième opérateur mobile français couvrirait pas moins de 23% du territoire en 4G, mais se situerait non loin derrière son principal concurrent Orange (22%). A un détail près, puisque Bouygues est aussi celui qui offre la couverture 3G et 4G confondues la moins étendue. Un détail qui peut avoir son importance.
Loin derrière, SFR fait état d’une couverture 4G de seulement 14%. Quant à Free, déjà bien en mal dans la construction de son réseau, la 4G n’est encore qu’à l’état de germe puisqu’elle ne serait présente que sur 3% du territoire. De fait, le contrat d’itinérance signé avec Orange ne concerne pas la dernière née des technologies mobiles.
Pour autant, existe-t-il un lien entre l’étendue du réseau 4G et son degré de performance ? Rien n’est moins sûr. En effet, si Bouygues enregistre une légère avance sur le développement de la 4G, grâce notamment au recyclage de certaines de ses antennes 3G, elle est loin d’être la plus révolutionnaire au niveau de sa rapidité, avec un débit médian de 20.6 Mbit/s. A l’inverse, les débits d’Orange comptent parmi les plus prometteurs avec un résultat médian de 37.8 Mbit/s en France, suivi par Free (24.8 Mbit/s). Là encore, SFR ferme la marche avec 12.6 Mbit/s, l’opérateur au carré rouge détenant même la palme d’or du débit 4G le plus faible avec 3.2 Mbit/s à Aix-en-Provence ! (résultats de l’étude de l’UFC-Que Choisir).
Et du côté de chez vous ?
Choisir son opérateur mobile en fonction du degré de performance de son réseau sur le territoire national est un premier pas. Pour autant, une de vos priorités reste peut-être de connaître la réalité de sa couverture dans les localités que vous fréquentez le plus souvent, à commencer par chez vous !
Or, les résultats nationaux ne sont pas forcément dupliqués à l’identique à l’échelle locale, sur l’ensemble des 36000 communes de France !
Pour connaître les opérateurs qui sont susceptibles de vous offrir le meilleur réseau possible à deux pas de chez vous, quelques clics sur Internet peuvent vous éviter les déboires d’une couverture quasi inexistante pour vous alors qu’au même moment, votre voisin navigue peut-être en 3G.
Le site www.opensignal.com vous permet ainsi d’observer sur une carte l’état du réseau de chaque opérateur, son étendue, la force de son signal ainsi que le mode de réception permis (2G, 3G ou 4G) selon la zone géographique de votre choix.
Pour les plus « geeks », le site www.debit-4g.com vous recense quant à lui commune par commune l’existence ou non d’une couverture 4Gau sein des quatre opérateurs propriétaires de leur réseau.
Vers la fin progressive des zones blanches ?
Et si tous ces problèmes spécifiques de couverture ou de zones blanches localisées lié à un opérateur en particulier relevait bientôt de l’histoire ancienne ? C’est du moins le sens de l’accord signé début 2014 entre Bouygues et SFR, en vue d’une mutualisation au moins partielle de leurs réseaux.
Après quelques tergiversations, cet accord est entré en vigueur le 3 novembre 2014 pour une durée de deux ans, jusqu’au 31 décembre 2016.
Pour l’abonné, c’est plus que jamais l’assurance de bénéficier à chaque instant du meilleur réseau possible, indépendamment des contraintes techniques spécifiques des antennes de chaque opérateur.
Toutefois, l’itinérance ne concernera dans un premier temps que les zones les moins denses et les moins bien couvertes du territoire. Par ailleurs, rien ne dit pour l’instant que la qualité de réception sera la même en itinérance que sur le réseau propre. Risquons-nous, par exemple, d’observer les mêmes effets que pour l’accord actuellement en vigueur entre Orange et Free mobile ? La question est posée. Il faudra sans doute attendre plusieurs mois avant de tirer le bilan.