Après un sinistre, comment se mettre l’expert dans la poche ?
A chaque sinistre, son expert. Si le métier nécessite rigueur et un bon bagage technique comme préalable, il reste inéluctablement soumis à une part d’appréciation personnelle. Et c’est bien là la crainte des sinistrés : être lésé par les jugements de valeur du professionnel concerné. Choisir.com vous explique comment optimiser vos remboursements et sensibiliser l’expert à votre cause.
Après un sinistre, il est généralement attendu de pied ferme par l’assuré. Avec un mélange d’impatience mais aussi de pression. Le travail de l’expert consiste alors à identifier, le plus souvent pour le compte de l’assureur, les pièces et/ou les biens endommagés ou ayant disparu à la suite d’un événement particulier.
L’expert n’est pas forcément votre adversaire
La majorité des compagnies d’assurance ne salarient pas directement leurs experts. Soucieuses de recourir à des techniciens reconnus dans leur domaine, elles passent le plus souvent par des cabinets indépendants qu’elles mandatent.
Inscrits sur des listes communes d’assureurs, les experts travaillent généralement de pair et de front avec plusieurs compagnies.
Cette relative indépendance leur confère ainsi une position d’intermédiaire entre l’assureur et l’assuré et fait qu’ils ne sont pas directement intéressés par les résultats financiers de la compagnie par laquelle ils sont mandatés.
Les experts ne sont d’ailleurs pas des commerciaux et leur métier est borné par un cahier des charges extrêmement précis, laissant ainsi peu de place à l’improvisation.
Ils sont soumis à des barèmes de calculs et d’indemnisations particulièrement rigoureux auxquels ils ne doivent déroger sous aucun prétexte.
Préparez la visite de l’expert
Bien que l’expert soit généralement juridiquement indépendant de votre compagnie d’assurance, son objectif premier n’est peut-être la défense de vos intérêts. En sa venue, votre présence ne peut être que vivement recommandée. Accueillez-le convenablement sans trop en faire.
Montrez-lui en que vous vous êtes renseigné sur la valeur des différents éléments qui vous ont été dérobés ou qui ont disparu à la suite du sinistre. Pour les objets qui auraient été endommagés, informez-vous notamment sur le coût de leur remise en état.
L’argument est particulièrement valable en matière de sinistre automobile. Dès lors que le montant des réparations dépasse une certaine valeur, l’expert peut en effet être tenté de classer le véhicule en « épave ».
Listez notamment, le tarif des pièces d’occasion. Leur réutilisation peut en effet contribuer à réduire grandement les frais de remise en état. En deux mots : préparez votre entrevue et votre argumentation.
Montrez à votre expert que vous êtes organisé et que vous savez de quoi vous parler. L’idéal est d’avoir préparé tout un dossier avec les différents justificatifs dont il pourrait avoir besoin. Plus vous lui faciliterez son travail, plus il aura tendance à se montrer généreux.
Euro-Assurance vous explique en image comment préparer la visite de l’expert :
N’allongez pas trop la sauce !
A la suite d’un sinistre, l’assuré est rarement remboursé à sa juste valeur. Le premier réflexe naturel est alors d’ajouter voire d’inventer des réparations ou des disparitions d’objets complémentaires afin d’espérer rentrer le plus possible dans ses frais.
Le seul souci, c’est que le stratagème est connu de tous et en premier lieu des experts. Avec l’expérience, ces derniers parviennent assez souvent à reconnaître le vrai du faux, le plausible de l’improbable.
Plus votre expert a l’impression d’être roulé dans la farine et plus il y a de chances pour qu’il vous en fasse payer le prix dans son rapport final.
Avant d’être expert, il est avant tout un technicien expérimenté de la chose pour laquelle il est mandaté. Le fait de ne pas commettre d’abus dans vos déclarations est peut-être le moyen le plus sûr d’obtenir un rapport d’expertise qui ne vous soit pas trop défavorable.
Plus vous lui apparaîtrez comme étant une victime et non comme un profiteur, plus il aura tendance à se montrer généreux. Ne jouez pas non plus trop d’éloges à son égard. Ce genre d’attitude est à double-tranchant et peut laisser l’amère impression que vous vous jouez de lui.
Les recours existent : la contre expertise
En dépit de ces conseils, il peut arriver qu’un assuré conteste le bien-fondé d’un rapport d’expertise. En tout état de cause, sachez que la décision d’un expert ne vaut en aucun cas parole de Dieu : elle peut toujours être contre-attaquée.
En cas de désaccord, commencez ainsi par demander une expertise contradictoire. Vous êtes alors libre du choix du professionnel que vous souhaitez solliciter. En revanche, ses honoraires vous incomberont forcément.
En cas de contradiction entre les deux conclusions, une tierce expertise est ensuite diligentée par l’assureur. Cette troisième personne, choisie d’un commun accord entre la compagnie d’assurance et vous, est tenue d’étudier les deux précédents rapports et d’établir le sien propre.
Ses conclusions sont, par conséquent et par défaut, considérées comme étant définitives et s’imposent de fait aux deux parties. A moins que vous ne décidiez d’entamer un recours judiciaire. Dans ce cas, un quatrième et dernier avis sera alors ordonné par le Président du tribunal.
Il va sans dire que toute la procédure n’est bien sûr pas sans risque pour le plaignant et suppose a fortiori d’importantes avances de frais. A vous de voir si le jeu en vaut vraiment la chandelle…