SFR Numéricâble : est-il le nouveau leader du très haut débit en France ?

Le monde des Télécoms est entré dans une course poursuite des très hauts débits. C’est à celui qui, pourra offrir le plus à l’abonné. De ce point de vue là, les offres du nouvel ensemble SFR/Numéricâble se veulent aujourd’hui comme les leaders d’un marché en pleine construction. Qu’en est-il réellement ? Sont-elles celles qui présentent les plus grandes vitesses de navigation ? SFR/Numéricâble est-il devenu le numéro 1 du très haut débit en France ?   

SFR Numéricable

 “Nous voulons devenir le leader français du très haut débit fixe et mobile devant Orange.”

Cette déclaration, signée par le directeur général du nouvel ensemble SFR/Numéricâble Eric Denoyer en novembre dernier, est on ne peut plus claire. Quatre mois plus tard, le groupe se présente d’ailleurs comme l’opérateur de référence et leader en matière de fibre optique. Bien loin devant Orange, à en croire les communiqués de presse.

De son côté, l’opérateur historique ne l’entend pas tout à fait de cette oreille. Dans ses campagnes publicitaires, il aime aussi à mettre en valeur la rapidité des débits permis par ses infrastructures. Mieux : en février dernier, il s’unissait avec le trublion des télécoms Free pour dénoncer devant la DGCCRF la « pratique commerciale trompeuse » du nouveau groupe

Pour Orange, le but inavoué est en effet de défendre sa position de leader en matière de Très Haut Débit sur laquelle il jouait encore il y a quelques mois. Mais dans ce capharnaüm de déclarations en tous genres, où se situe la réalité ?

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La réalité de la couverture géographique

Ce n’est pas sans malice que l’opérateur au carré rouge fait aujourd’hui état sur son site Internet de plus de 8 millions de lignes fibrées via son intermédiaire. Un chiffre a priori sans équivoque et qui le place sans nul doute bien au-dessus de son principal concurrent Orange qui parle, quant à lui, de 3.6 millions de foyers potentiellement « fibrables » avec ses offres. Un gouffre, mais un chiffre contesté par l’opérateur à l’agrume. Il y a cinq mois, en novembreSFR faisait en effet état de 2.1 millions de logements éligibles à la fibre. Trente jours plus tard, sa communication change et il multiplie ce chiffre par quatre. Par quel artifice est-il parvenu à un tel résultat ? Tout simplement en s’appuyant et en ajoutant aux siennes les infrastructures de sa nouvelle société mère.

Cela fait en effet longtemps que Numéricâble propose aussi de l’Internet haut débit voire très haut débit depuis son réseau câblé. Depuis 2009, le câblo-opérateur s’est même lancé dans un chantier de modernisation d’une grande partie dudit réseau en procédant au remplacement des traditionnels câbles coaxiaux par de la fibre optique. Seul souci : ces travaux ne concernent que la partie située entre le hub et le pied de l’immeuble (logique FTTLA), là où les opérateurs traditionnels conduisent la fibre jusqu’au logement (logique FTTH). Ce qui fait dire à Orange et Free qu’il s’agit, par conséquent, de la fausse fibre. 

La fribre otpique en France par SFR Numéricâble

Si l’on s’en tient à la définition stricto sensu du très haut débit – qui commence à partir de 30 Mb/s – SFR/Numéricâble s’apparente donc bien comme le premier opérateur de la fibre en France. En revanche, en prenant la définition beaucoup plus restreinte de la FTTH, c’est Orange qui grimpe sur le podium. 

FTTH ou pas, Free reste quant à lui à la traîne. Et le moindre que l’on puisse dire, c’est qu’il n’effraie ni Orange ni SFR. S’il a été des premiers à dégoter la première offre Fibre dès 2006, sa présence sur le marché stagne et se résume en effet, en 2015, essentiellement à quelques villes. Mais, à travers sa plainte, le trublion montre surtout qu’il n’a pas pour autant l’intention de se faire griller totalement la politesse par Numéricâble, au moins dans ses secteurs de prédilection et notamment à Paris. Seul absent du débat, Bouygues Télécom affiche pour sa part un réseau Fibre encore embryonnaire, en se contentant majoritairement d’utiliser celui de Numéricâble, via un accord commercial, pour proposer ses propres offres. 

Conclusion :

Indépendamment du débit, SFR/Numéricâble est bien l’opérateur qui propose l’offre très haut débit la plus étendue.     

La réalité des débits

Il ne suffit pas d’être leader du très haut débit en France en terme géographique, il faut aussi avoir les débits qui suivent. C’est en substance l’objet de l’attaque d’Orange vis-à-vis de SFR. En qualifiant de « fausse fibre » les offres proposées par le nouvel ensemble sur certaines portions du territoire, l’opérateur historique estime que l’abonné SFR se voit en réalité offrir du très haut débit low-cost à prix d’or. Que faut-il en penser ? De toute évidence, la fibre pure offre en effet plus de puissance que les solutions hybrides de Numéricâble. Mais avec quel différentiel ?

Sur l’espace en ligne de SFR, les offres FTTLA avec La Box de Numéricâble affichent justement et simplement des débits maximums de 200 Mb/s, là où les 2 millions d’abonnés FTTH du même opérateur (mais non dégroupés par Numéricâble) se voient promettre des vitesses maximales de navigation théoriques cinq fois supérieurs, avec le modem Evolution. Même chose chez Free avec des débits affichés qui avoisinent là encore les 1Gb/s. Orange affiche pour sa part des valeurs un peu en-deçà, s’expliquant surtout par la prudence jouée par l’opérateur historique sur les chiffres communiqués, mais qui atteignent là encore les 500 Mb/s.

Bien sûr, il s’agit ici dans tous les cas de valeurs théoriques maximales qui sont loin d’être systématiquement atteintes au sein même des foyers des utilisateurs. Pourtant, les offres très haut débit FTTLA de Numéricâble risquent à ce niveau, bien plus encore que les autres, de susciter localement la déception de certains abonnés. A cause de la technologie utilisée et de la moindre performance générale du câble (sur la partie terminale) au regard de la fibre optique, 30% des abonnés Numéricâble bénéficieraient même d’un débit situé entre 30 et 100 Mb/s

Conclusion :

Au-delà de l’éligibilité géographique, l’offre du câblo-opérateur n’est de toute évidence pas celle qui, d’un point de vue technique et global, offre les meilleures performances. 

Le réseau Numéricâble avant celui de SFR ! 

Comprenez par-là que si votre ligne est à la fois éligible au FTTH de SFR, mais aussi dégroupée par Numéricâble, les nouvelles conditions de vente câblo-opérateur vous imposent désormais la migration automatique vers le FTTLA, autrement dit vers la solution câblée. Au final vous bénéficiez certes des avantages du modem La Box, mais perdez de précieux mégabits en termes de débits.

Des offres parmi les plus onéreuses du marché

Pour quelques euros supplémentaires, passer de l’ADSL « aux débits du câble, (…) il n’y a pas photo : les gens vont se précipiter » osait pronostiquer il y a quelques mois Patrick Drahi, le président exécutif d’Altice, maison-mère de SFR/Numéricâble. S’il est encore difficile de lui donner tort ou raison, force est de constater que les tarifs affichés par l’opérateur ont suivi cette maxime et sont aujourd’hui loin d’être leaders sur le marché

L’abonnement Fibre le moins onéreux se facture en effet à 39.99 euros (avec un débit bridé à 100 Mb/s), là où Orange démarre ses offres à 36.99€ (débit également bridé à 100 Mb/s). La deuxième formule de l’opérateur au carré rouge grimpe même à 48.99€. Avec pour seul lot de consolation : l’intégration d’un bouquet TV optionnel de 40 chaînes. Comptez entre 40.99€ et 45.99€ avec l’opérateur historique (avec les chaînes OCS dans le deuxième cas et 500 Mb/s de débit).

Free est encore moins cher. Le trublion des Télécoms a choisi de facturer ses offres Fibre au même prix que l’ADSL : soit 31.98€ avec la Freebox Mini 4K (et un débit jusqu’à 450 Mb/s) ou 37.97€ pour la Freebox Révolution. SFR tente toutefois de le concurrencer et de marcher sur ses plates-bandes grâce à une offre Fibre low-cost « Red by SFR » à 29.99€. A ce tarif, toutefois, outre l’absence de service clientèle, le débit est bridé à 100 Mb/s et l’offre TV limitée aux 25 chaînes de la TNT. Pour le même prix, Sosh (filiale low-cost d’Orange) propose à ses clients mobile un accès Fibre avec un débit jusqu’à 200 Mb/s et 160 chaînes TV. Vous pouvez aussi d’ailleurs renoncer à cette dernière pour une réduction de 5 euros supplémentaires.

Conclusion: 

A éligibilité équivalente, les offres de SFR/Numéricâble ne sont, en moyenne, pas celles qui présentent le plus d’avantages. Tant en termes de débits que de tarifs pratiqués.

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La place de la VDSL

C’est aujourd’hui l’autre versant du très Haut Débit fixe en France. Mise en place en 2013 par les opérateurs, la VDSL a l’avantage d’être beaucoup moins coûteuse que la Fibre optique en utilisant le bon vieux réseau cuivré de France Télécom. Elle utilise le même procédé technologique que l’ADSL et ne nécessite par conséquent, pour l’abonné, aucun changement de matériel.

De fait, elle permet de faire entrer dans l’ère du Très Haut Débit près de cinq millions de foyers supplémentaires avec des débits descendants de l’ordre de 30 à près de 100 Mb/s. Or, sur ce point, SFR n’est pas particulièrement en avance et se trouve même largement devancé par Orange.

La VDSL étant une continuité de l’ADSL, elle est vendue par les opérateurs au même tarif que le haut débit classique pour des vitesses de navigation parfois sensiblement équivalentes à certaines zones fibrées FTTLA de Numéricâble. Seule contrainte : puisqu’elle utilise les mêmes procédés que l’ADSL, elle est aussi victime des mêmes faiblesses, à savoir l’affaiblissement du réseau au fur et à mesure que le foyer de l’abonné est éloigné du central téléphonique. Pour profiter des joies du très haut débit, l’affaiblissement ne doit pas être ici supérieur à 19 décibels, ce qui correspond peu ou prou à un éloignement d’un kilomètre, voire 1.5 km, du NRA.

Conclusion:

Orange savoure ici sa revanche sur SFR/Numéricâble, ce qui dans les faits lui permet aussi de réduire son écart en matière d’éligibilité au Très Haut Débit avec le nouveau groupe. Sans toutefois le rattraper.

Très haut débit mobile : une 4G made in SFR à développer

SFR ne se le cache pas, il entend jouer à fond la carte de la convergence des deux univers fixe et mobile. Et même devenir le leader du très haut débit, y compris dans le GSM. Pour y parvenir, il n’y a pas 36 solutions : le câblo-opérateur doit mettre le paquet sur la 4G, la quatrième génération de standards pour la téléphonie mobile, qui promet des débits théoriques jusque 150 Mb/s. Or, malgré des investissements qui se sont multipliés ces derniers mois, SFR est encore à la traîne en la matière au regard de ses deux principaux concurrents que sont Orange et Bouygues Télécom.

Au 1er avril 2015, selon des données rendues publiques par l’ANFR, il n’aurait déclaré que 3103 antennes 4G actives sur tout le territoire, soit deux fois moins que Bouygues Télécom (6559) et encore davantage d’Orange (7262). Au total, seul 50% de la population a ainsi accès au réseau Très Haut débit mobile de SFR, contre respectivement 74% et 71% pour l’opérateur historique et la filiale Télécom du groupe de Martin Bouygues.

Peut-être les abonnés SFR peuvent-ils, en revanche, naviguer à des débits imbattables quand ils parviennent à se connecter en 4G… Là encore, rien n’est moins sûr. D’après une étude réalisée par l’association de consommateurs UFC-Que Choisir en octobre dernier, SFR est en effet à nouveau l’opérateur qui présenterait les débits réels moyens 4G les plus médiocres avec 12.6 Mb/s (contre 37.8 pour Orange, 20.6 pour Bouygues et 24.8 pour Free). Seul lot de consolation pour Patrick Drahi, il est toujours plus aisé de progresser en partant de bas. En attendant, il peut également se rassurer sur le fait que son réseau très haut débit fixe est sans conteste le plus étendu. Le plus étendu, mais pas forcément toujours le meilleur. A vous de comparer !

Bien comparer les offres Fibre 

Votre ligne n’est pas forcément traitée de manière identique par tous les opérateurs. Certains l’ont peut-être fibré, d’autres pas ! La première étape pour bien choisir son offre reste sans nul doute de faire un test d’éligibilité de sa ligne auprès des différents FAI (Fournisseurs d’Accès à Internet). Muni de ces précieuses informations, vous pouvez dans un second temps comparer les offres Internet des opérateurs sélectionnés grâce à notre comparateur.