Le stockage de l’énergie : quels moyens sont utilisés en France ?
Le stockage de l’énergie consiste, lorsque cela est possible, à créer une réserve énergétique afin de répondre aux demandes qui varient au cours de l’année. En France, cela permet de compenser les irrégularités de production de certaines énergies, de sécuriser les approvisionnements, mais aussi d’ajuster l’offre des producteurs et la demande des consommateurs. Gaz, énergie solaire, nucléaire éolienne ou encore hydraulique, Choisir.com fait le point sur le stockage de l’énergie.
Les différentes énergies exploitées en France
En France, l’énergie utilisée provient de plusieurs sources énergétiques. Faisons un rapide tour d’horizon afin de comprendre ensuite les enjeux du stockage de l’énergie.
L’énergie nucléaire
Occupant la plus grande part du mix énergétique en France, le nucléaire couvre près de 70 % des besoins en électricité du pays (selon le rapport de 2020 pour l’année 2019 publié par le ministère de la Transition écologique). La production a lieu dans les centrales nucléaires, au sein des réacteurs.
L’électricité nucléaire est obtenue à partir d’un combustible naturel, l’uranium (dans le tableau périodique des éléments, ce métal a pour symbole U et pour numéro atomique 92). Bien qu’il soit présent en grandes quantités dans la croûte terrestre, l’uranium est un métal radioactif dont le recyclage pose des problèmes écologiques.
Le coût de la maintenance des centrales vieillissantes, ainsi que l’enfouissement des déchets radioactifs qui suscite de réels problèmes environnementaux, poussent les acteurs de l’énergie à chercher d’autres solutions pour produire de l’électricité.
L’énergie hydroélectrique
L’hydroélectricité est la plus grande source d’énergie renouvelable exploitée en France. Elle constitue la seconde part du mix énergétique français, loin après le nucléaire, et occupe la première place des énergies renouvelables.
L’énergie hydroélectrique permet de créer une électricité propre grâce à la force de l’eau. La production se déroule au sein des centrales hydroélectriques qui peuvent prendre différentes formes, comme nous l’expliquons dans notre article sur l’hydroélectricité en France.
Pour produire ce type d’électricité, tous les mouvements de l’eau sont exploités. Ainsi, vagues, marées, courants marins, débits de rivières et chutes d’eau sont utilisés pour produire de l’électricité. Cependant, en France, ce sont essentiellement les chutes et les débits d’eau qui sont exploités par les centrales gravitaires (de lac, éclusées ou au fil de l’eau). Les centrales houlomotrices, qui utilisent la force des courants marins, des marées et des vagues, sont peu répandues.
Parmi les centrales gravitaires, la station de transfert d’énergie par pompage (STEP) va particulièrement nous intéresser pour ses capacités de stockage de l’énergie. Nous allons en reparler au cours de l’article.
L’énergie éolienne
Avec une puissance installée, c’est-à-dire la capacité de production de l’éolienne, de 16 494 MW (mégawatt) au 31 décembre 2019 (source Bilan électrique 2019 fournit par RTE, Réseau de transport d’électricité), l’éolien se place en seconde position dans la production d’électricité utilisant une ressource renouvelable. En 2019, ce sont 34,1 TWh qui ont été produits grâce aux parcs éoliens français (contre 379,5 TWh pour le nucléaire).
Ressource primaire imprévisible, le vent est disponible en grande quantité sur le territoire français, que ce soit sur terre (éolien onshore) ou en mer (éolien offshore).
L’énergie solaire
Les parcs solaires sont de plus en plus nombreux à être installés en France. Le potentiel solaire est fort, en particulier dans la partie sud de l’Hexagone. En 2019, la puissance du parc d’énergie solaire installé a augmenté de 10 % par rapport à 2018, ce qui constitue un progrès encourageant.
L’électricité d’origine solaire qui est injectée dans le réseau provient majoritairement des parcs solaires. Elle peut également provenir des installations domestiques, lorsque les particuliers choisissent de vendre leur surplus d’électricité photovoltaïque à EDF ou à une ELD (entreprise locale de distribution).
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Le gaz, le pétrole et le charbon
Elles servent notamment à alimenter les centrales thermiques à flamme réparties sur le territoire, comme le montrent ces illustrations :
Comme le montrent ces cartes, des centrales à charbon et au fioul sont encore en activité en France. L’utilisation de ces centrales intervient lorsque le nucléaire et les énergies renouvelables ne peuvent fournir assez d’électricité pour contenter la demande. Des réacteurs nucléaires en maintenance et un manque de vent ou d’ensoleillement à un moment de l’année comptent parmi les raisons qui poussent RTE à se tourner vers les centrales à flamme. Toutefois, le gouvernement s’est engagé à fermer les centrales à charbon en 2022.
En plus d’alimenter les centrales à flamme, le gaz, le pétrole ou encore le fioul, énergies non renouvelables, sont indispensables dans différents domaines :
- le gaz pour l’alimentation des systèmes de chaleur (chauffage domestique, industriel, etc.) ;
- le pétrole pour le chauffage (fioul) ou dans le domaine du transport, que ce soit l’essence, le gasoil ou encore le GPL.
Ces ressources primaires, fossiles et non renouvelables sont faciles à stocker, comme nous allons le détailler plus bas.
Pourquoi le stockage de l’énergie est-il nécessaire ?
Le stockage de l’énergie primaire ou secondaire est une stratégie qui permet d’anticiper les besoins. Voyons pourquoi il est nécessaire de créer des réserves.
L’intérêt de stocker de l’énergie
Le stockage de l’énergie présente un intérêt majeur, tant sur le plan économique que social. Faire des provisions d’énergie permet avant tout d’assurer une fourniture constante, sans coupure qui pourrait bouleverser l’activité des entreprises, des bâtiments de services, mais aussi le quotidien des consommateurs particuliers.
Par ailleurs, créer des stocks énergétiques est l’assurance de sécuriser l’approvisionnement en ressources fossiles provenant d’autres pays. C’est le cas notamment du gaz ou encore de l’uranium qui est essentiel pour la production d’énergie nucléaire dont la France ne peut, pour l’heure, pas se passer.
La volonté de stocker l’énergie renouvelable
Les sites de production d’électricité renouvelable, tels que les parcs solaires ou éoliens, fournissent une énergie intermittente qui dépend en grande partie des conditions météorologiques.
Réussir à stocker ce type d’énergie lors des pics de production (été pour le solaire, périodes venteuses pour l’éolien) permettrait d’injecter encore plus d’électricité verte dans le réseau électrique du territoire.
Dans un autre temps, le stockage des énergies renouvelables conduirait à réduire l’utilisation des centrales nucléaires qui, à l’heure actuelle, sont indispensables à la production d’électricité en France.
Comment stocker de l’énergie ?
Pour pouvoir être stockée, l’énergie ne doit avoir aucune utilité au moment où elle est conservée afin de constituer une réserve. En d’autres termes, toute l’énergie secondaire qui est stockée à un instant précis est un surplus de production ou de ressource énergétique qui est destiné à répondre à un besoin ultérieur.
Constituer un stock énergétique peut se faire de différentes manières :
- en stockant la ressource énergétique qui servira à produire de l’énergie à un moment souhaité. La ressource d’énergie primaire peut être un combustible fossile (tel que le gaz), de l’eau (stockée dans les réservoirs des barrages hydroélectriques) ou encore un isotope fissile (comme l’uranium utilisé pour la fission nucléaire) ;
- en constituant des réserves de l’énergie secondaire (c’est-à-dire l’énergie primaire après sa transformation) qui est produite en trop (électricité solaire, éolienne, etc.). Le surplus est alors envoyé vers des batteries ou autres moyens de stockage de l’électricité, mais cette méthode a ses limites et les capacités des réserves varient selon l’énergie.
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Comment sont stockées les différentes sources d’énergie primaires ?
Le stockage de l’électricité est un véritable enjeu à l’heure où la transition écologique pousse vers une hausse de la production d’électricité verte. Voyons comment sont conservées les différentes sources d’énergies primaires qui sont exploitées en France.
Stocker l’électricité d’origine nucléaire
Il est actuellement impossible de stocker l’électricité provenant des centrales nucléaires. Lorsqu’il est produit, le courant est directement injecté dans le réseau afin d’être acheminé vers les consommateurs.
Toutefois, pour stabiliser l’équilibre entre l’offre et la demande, le gestionnaire du transport de l’électricité, RTE, veille en permanence à maintenir la stabilité entre la production et les besoins. Ce travail est réalisé au sein du RTE Centre National d’Exploitation du Système (CNES) qui se trouve près de Paris.
Étant donné que l’électricité nucléaire ne peut être stockée, c’est l’activité même des centrales qui va permettre d’augmenter ou de diminuer la production de courant :
- en cas de baisse de la demande, certains réacteurs sont mis à l’arrêt ;
- lorsque les besoins sont plus importants, les réacteurs en pause sont « rallumés ».
Cependant, l’uranium peut quant à lui être conservé dans son état primaire en vue d’être transformé ultérieurement en électricité, grâce à la fission nucléaire. Ceci permet à RTE de faire des stocks de ressource primaire pour l’utiliser dès que le besoin en électricité est plus fort.
Conserver le surplus d’électricité renouvelable
Il est évidemment impossible de conserver du vent ou des rayons du soleil pour les utiliser lorsque le besoin est important. Pour ces systèmes de production d’électricité, il faut donc trouver une solution afin de conserver au maximum l’électricité qui n’est pas utilisée. Si les besoins ne sont pas assez forts par rapport aux capacités des installations, ces dernières sont tout simplement mises à l’arrêt.
L’électricité produite à partir de ressources renouvelables est souvent intermittente et impossible à prévoir, notamment en ce qui concerne le solaire et l’éolien. Voici comment les différents systèmes de production d’électricité peuvent stocker de l’énergie.
L’énergie hydroélectrique
Nous l’avons vu, l’hydroélectricité est produite à partir de la force de l’eau. Cependant, toutes les centrales hydrauliques ne permettent pas le stockage de l’eau, ressource primaire essentielle à la production d’hydroélectricité.
Seuls les barrages avec rétention d’eau (centrales gravitaires de lac ou éclusées avec un réservoir placé en altitude) permettent le stockage de l’eau.
Les centrales hydroélectriques au fil de l’eau, comme celle de Romanche Gavet en Isère, ne peuvent pas stocker l’eau qui approvisionne les turbines. L’électricité qu’elles génèrent est immédiatement injectée dans le réseau et peut servir pour les consommateurs en France ou être vendue aux pays voisins, comme la Suisse ou encore l’Italie. Cependant, des aménagements en amont de la centrale (écluses, par exemple) peuvent influencer le débit naturel de l’eau qui alimente les turbines.
L’énergie solaire
En plein été, lorsque les taux d’ensoleillement sont au plus haut, l’énergie solaire démontre toute son utilité. Les cellules captent la chaleur des rayons du soleil afin de produire de l’électricité qui est injectée dans le réseau.
La particularité de l’énergie solaire est que le pic de production a lieu au cours de la journée, alors que la demande est plus forte, selon RTE, entre 7 h et 10 h le matin et 18 h et 21 h le soir, lorsque le soleil est le moins présent.
Développer des moyens de stockage, tels que des batteries, semble être la meilleure solution pour stocker cette électricité le jour et la redistribuer le matin, en soirée et la nuit. Il existe actuellement deux types de batteries :
- physiques, qui sont chères et polluantes. Elles sont aussi encombrantes et leurs capacités sont limitées ;
- virtuelles, qui permettent de générer un « avoir » en électricité à utiliser plus tard. Ce type de batterie ne peut pas vraiment être considéré comme un moyen de stockage de l’électricité.
Le volant à inertie ou encore le stockage sous forme d’hydrogène sont également des procédés utilisés pour stocker de l’énergie solaire. Ces procédés en cours d’expérimentation peuvent se montrer intéressants.
L’électricité éolienne
Lorsque les vents sont forts, les pales des éoliennes fonctionnent à plein régime. Cette électricité est injectée dans le réseau électrique français pour répondre aux besoins. Elle vient en complément de la production nucléaire, hydraulique et solaire, si la météo le permet.
Pour stocker l’électricité produite par les éoliennes, les batteries stationnaires sont une excellente alternative.
Le stockage du gaz
Contrairement à l’énergie solaire, éolienne, nucléaire ou encore hydraulique, le gaz peut être stocké en grandes quantités. Il va essentiellement servir pour le fonctionnement des systèmes de chauffage, d’eau chaude sanitaire et de cuisson qui sont alimentés au gaz naturel.
Le cours du gaz va avoir un impact sur l’approvisionnement et sur les stocks. Lorsque les cours baissent, il est tentant d’acheter le gaz à bas prix pour le stocker en prévision des besoins à venir. Différentes manières permettent de stocker du gaz :
Le stockage aérien
Pour ce type de stockage, le gaz est conservé dans des réservoirs aériens sous une forme liquide (GNL). Pour passer de l’état gazeux à une forme liquide, il est cryogénisé, c’est-à-dire abaissé à une température proche des -160 °C.
Les réserves de gaz dans des réservoirs aériens se trouvent généralement près des ports méthaniers. Ceci permet de transférer directement le GNL transporté par les méthaniers vers les cuves de stockage. Dès que la demande augmente, la ressource énergétique est regazéifiée pour être injectée dans le réseau de distribution géré par GRDF (Gaz Réseau Distribution France) ou une ELD (entreprise locale de distribution).
Il existe également une possibilité de conserver le gaz sous sa forme gazeuse dans des réservoirs aériens. Cependant, l’élément gazeux prend beaucoup plus de place que le gaz liquide (près de 600 fois plus). Cette méthode peu rentable est donc rarement utilisée.
Le stockage souterrain
Le stockage souterrain du gaz sous sa forme gazeuse permet à la France de couvrir près de 25 % de ses besoins en gaz. Les sites de stockages sont variés :
- dans des gisements d’hydrocarbure épuisés dits « déplétés » : le gaz naturel est transféré dans un ancien gisement qui présente les particularités géologiques nécessaires pour conserver le gaz (ils sont notamment perméables) ;
- dans des nappes aquifères : le gaz est injecté dans une couche souterraine poreuse qui contient de l’eau et qui est recouverte d’une couche rocheuse imperméable. Lors du remplissage, l’eau va être naturellement poussée en périphérie du réservoir afin de laisser sa place au gaz ;
- dans des cavités salines : le gaz est stocké dans une cavité souterraine artificielle creusée par dissolution à l’eau douce dans un sol composé d’halite (ou sel gemme).
Quel que soit le site utilisé, le gaz est injecté sous pression (jusqu’à 270 bars) afin de faciliter le soutirage, c’est-à-dire son puisement.
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faire une simulationLe stockage du pétrole
Comme le gaz, le pétrole est une ressource fossile que la France importe massivement afin de répondre aux besoins des consommateurs. Cette ressource est principalement utilisée pour alimenter les véhicules thermiques.
Le stockage du pétrole est réalisé dans des réservoirs volumineux qui permettent de conserver le précieux or noir importé des pays producteurs. Ces réservoirs se trouvent généralement aux abords des raffineries de pétrole, où les tankers (pétroliers) livrent leur cargaison par voie maritime. Les raffineries et les points de stockage sont également reliés aux oléoducs qui acheminent le pétrole par voie terrestre.
Les principales technologies pour stocker de l’énergie secondaire
Nous avons vu comment stocker les sources d’énergies primaires, lorsque cela est possible. Attardons-nous maintenant sur les possibilités de stocker l’énergie secondaire, c’est-à-dire celle qui a été produite à partir d’une source d’énergie primaire.
Plusieurs méthodes permettent le stockage de l’énergie électrique en France, une énergie secondaire. Cependant, l’électricité générée par des panneaux solaires, des éoliennes ou une centrale nucléaire ne peut être stockée telle qu’elle est obtenue. Elle doit être transformée pour pouvoir être réutilisée plus tard. Voyons cela ensemble.
Le mode de stockage électrochimique
Le stockage électrochimique est la méthode la plus connue. Cela ne vous dit rien ? Pourtant vous l’utilisez au quotidien ! Il s’agit tout simplement du moyen de stockage qui utilise des batteries.
La batterie électrochimique est constituée de deux électrodes entourées d’électrolyte, une substance conductrice à travers laquelle les électrons se déplacent. Le sens de déplacement des électrons varie selon que la batterie soit en charge (elle emmagasine de l’électricité) ou se décharge (elle restitue l’électricité qui a été produite en amont).
Le stockage embarqué
Un moyen de stockage embarqué est tout simplement celui que l’on peut emmener avec soit. Il est généralement de petite taille et offre une autonomie plus ou moins réduite. Voici quelques exemples de moyens utilisant ce mode de stockage de l’électricité :
- les téléphones mobiles ;
- les ordinateurs portables et tous les appareils électroniques nomades ;
- les véhicules électriques (vélo, voiture, bus, etc.).
Le stockage stationnaire
Dans le domaine de la production d’électricité, on parle de « stockage stationnaire ». Il s’agit de batteries aux capacités nettement supérieures à celles dédiées au stockage embarqué. Ces batteries de grandes tailles permettent de conserver l’électricité produite à un instant précis afin de l’utiliser ultérieurement.
De nos jours, ces batteries comptent parmi les équipements prometteurs pour le stockage de l’électricité solaire ou éolienne.
La station de transfert d’énergie par pompage (STEP)
Il s’agit là d’un système de stockage mécanique qui est beaucoup utilisé à travers le monde. Contrairement aux batteries qui sont utiles pour faire des provisions d’électricité solaire ou éolienne, la STEP permet de stocker de l’énergie hydraulique.
Fonctionnement d’une STEP
Une station de transfert d’énergie par pompage (STEP) dispose de deux bassins de rétention (qui peuvent être naturels ou artificiels), un situé en altitude et l’autre en contrebas. Une STEP fonctionne en circuit fermé :
- lorsque la demande d’électricité est faible, la STEP pompe l’eau du bassin inférieur vers celui placé en altitude afin de remplir le bassin le plus élevé qui servira à produire de l’électricité au moment voulu ;
- dès que la demande en énergie électrique est forte, l’eau du bassin supérieur est « lâchée » vers le bassin inférieur afin d’alimenter les turbines qui vont permettre à l’alternateur de produire de l’électricité. L’eau est récupérée par le lac inférieur avant d’être remontée vers le lac en altitude.
Pour pomper l’eau du lac inférieur vers le bassin en altitude, la STEP a besoin d’une importante quantité d’électricité qu’elle puise sur le réseau. Pour cette raison, ces centrales hydroélectriques servent essentiellement au stockage de l’électricité et sont utilisées en dernier recours.
Les stations de transfert d’énergie par pompage en France
En France, six STEP sont en service. Voici la liste des stations de transfert d’énergie par pompage utilisée à travers le pays :
STEP | Capacités (en mégawattheures) | Altitude du réservoir (en mètres) | Date de mise en service |
---|---|---|---|
Barrage de Grand’Maison (Isère) | 1 800 MW | 1 698 m | 1988 |
Centrale de Montézic (Aveyron) | 910 MW | 703 m | 1982 |
Centrale de Revin (Ardennes) | 800 MW | Environ 400 m | 1976 |
Barrage de Bissorte (Savoie) | 748 MW | 2 050 m | 1987 |
Le Cheylas (Isère) | 480 MW | 475 m | 1979 |
Centrale de La Coche (Savoie) | 370 MW | 1 400 m | 1975 |
Pour information, une STEP installée sur le Lac Noir, en Alsace n’est plus en service depuis 2002, suite à la rupture d’une conduite qui a engendré de nombreux dégâts. L’énergéticien EDF estime que la remise en service de cette centrale construite en 1933 ne serait pas rentable.
L’atout d’une STEP pour le stockage de l’électricité
Une station de transfert d’énergie par pompage peut être mobilisable en 10 minutes environ. Ce qui est un délai extrêmement court et particulièrement intéressant lors des pics de consommation imprévus. Ainsi, dès que l’offre n’est pas en mesure de répondre à la demande, RTE peut immédiatement décider d’utiliser les STEP installées sur le territoire.
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Le système de stockage par air comprimé CAES
CAES, Compressed Air Energy Storage en anglais, désigne un mode de stockage de l’énergie électrique par air comprimé. Il s’agit d’un système de stockage mécanique qui est particulièrement intéressant pour conserver l’énergie provenant des parcs éoliens et solaires.
En période de production intense, un compresseur compacte l’air et l’envoie vers des cavités ou des réservoirs souterrains où il est mis en réserve. Lorsque les besoins en électricité augmentent, l’air comprimé est acheminé vers une chaudière qui alimente la turbine qui entraîne l’alternateur afin de fournir du courant.
Ce système accuse de nombreuses pertes qui diminuent son rendement. De nouveaux systèmes sont à l’étude pour pallier ces pertes et rendre le CAES plus rentable.
Le stockage par volant d’inertie
Un volant d’inertie est un système de stockage de l’électricité qui se compose d’un cylindre fixé sur un axe rotatif. En période creuse, c’est-à-dire lorsque la production d’électricité est plus importante que la demande, un moteur entraîne le cylindre et le charge en énergie cinétique. Lorsque la demande en électricité augmente, le cylindre se décharge en tournant par inertie à une très haute vitesse (cela peut aller jusqu’à 16 000 tours par minute). L’énergie puisée dans le cylindre lors de sa phase de décharge va entraîner un alternateur afin de produire de l’électricité.
L’entreprise française Energiestro a développé un volant de stockage solaire (VOSS) qui permet d’accumuler l’électricité solaire. Ce système de volant d’inertie est une véritable alternative aux batteries qui peuvent causer de vives inquiétudes environnementales lorsqu’elles ne sont plus utilisables.
Le stockage chimique sous forme d’hydrogène
Autre principe pour l’accumulation de l’électricité éolienne ou solaire, le stockage sous forme d’hydrogène. Il s’agit là d’un moyen chimique qui utilise l’électrolyse de l’eau.
Au pic de la production d’électricité, les molécules d’eau (hydrogène et oxygène) sont séparées. L’hydrogène récupéré peut ensuite être comprimé, liquéfié ou solidifié (il forme alors un hydrure métallique, un composé chimique constitué d’hydrogène et d’un autre élément métallique électronégatif).
Lors des pics de consommation, une pile à combustible est utilisée pour reconvertir en électricité l’hydrogène stocké.
Cette méthode pour stocker de l’électricité est peu utilisée car elle implique des coûts de production d’électricité très élevés.
En Corse, la plateforme MYRTE transforme l’énergie solaire en hydrogène. Cette plateforme innovante se compose d’une centrale photovoltaïque de 560 MW qui est reliée à un électrolyseur. Ce dernier convertit l’électricité en hydrogène lorsque la consommation d’électricité est basse. L’hydrogène et l’oxygène stockés sont ensuite transformés en électricité grâce à une pile à combustible afin de répondre aux pics de consommation sur l’île.
Le stockage thermique
Le stockage thermique est un procédé qui consiste à transformer l’électricité en chaleur afin de la conserver. Un exemple simple utilisé au quotidien permet d’expliquer ce système, il s’agit du ballon thermodynamique. Dans ce type d’installation, l’eau chaude est chauffée plusieurs heures avant d’être utilisée. Bien entendu, ce procédé employé dans un cadre domestique ne permet pas de restituer de l’électricité, seulement de la chaleur (pour alimenter une douche ou un système de chauffage central hydraulique, entre autres).
Ce moyen de stockage de l’énergie est peu utilisé à grande échelle, car il est nécessaire d’installer des réservoirs de grandes capacités. Il peut cependant avoir de nombreux avantages :
- les réservoirs de grandes capacités peuvent être chauffés naturellement grâce au rayonnement solaire ;
- il permet d’alimenter un réseau de chaleur sans utiliser d’électricité à l’instant T ;
- ce système peut parfaitement s’inscrire dans une démarche écologique.
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Êtes-vous sûr de ne pas payer votre énergie trop cher ?
faire une simulationStockage de l’énergie : quels sont les projets en cours ?
Le stockage de l’énergie présente un réel intérêt économique et technique pour les consommateurs, mais aussi pour les producteurs. De nombreux projets sont en cours et laissent entrevoir de nouvelles façons de stocker l’électricité dans un avenir proche ou lointain.
Le stockage électrochimique de grande capacité
Nous l’avons vu précédemment, les acteurs du stockage énergétique développent des batteries de plus en plus grandes. Et si c’était cela le futur du stockage de l’énergie ? Particulièrement intéressantes pour conserver de l’énergie solaire et éolienne, ces batteries géantes sont en phase d’expérimentation, principalement au Japon, aux États-Unis, en Australie, mais aussi en Europe.
En Europe, le Groupe Renault a présenté en 2018 son projet Advanced Battery Storage (ABS). Il s’agit d’un dispositif massif de stockage stationnaire de l’énergie électrique. Pour cela, l’industriel a combiné un grand nombre de batteries utilisées sur des véhicules électriques (Renault ZOE et Renault Kangoo Z.E., pour être précis). Ces installations ont été déployées sur de nombreux sites en Europe, leur capacité atteignant les 70 MWh. En France, c’est l’usine Renault Georges Besse située à Douai, dans les Hauts-de-France qui a accueilli une installation ABS ayant une capacité totale de 4,9 MWh. Les porteurs du projet ont sélectionné des batteries de seconde vie ou encore des batteries neuves qui seront ensuite réutilisées sur des véhicules.
Le géant Tesla, mondialement connu pour ses véhicules électriques, est en quête permanente de systèmes performants pour conserver de l’énergie. La firme américaine a récemment installé un système de stockage d’énergies renouvelables sur des batteries de type lithium-ion. Ces batteries développant une puissance de 100 MW chacune ont été raccordées à des fermes éoliennes en Australie. Cela permet de couvrir les besoins en énergie d’environ 30 000 foyers.
Pallier les besoins de stockage de l’énergie
La consommation d’énergie augmente au fil des ans. Les producteurs énergétiques doivent sans cesse fournir encore plus d’électricité pour répondre aux besoins, ce qui conduit à des recherches sur différents moyens pour stocker l’énergie. Cependant, en réduisant les sollicitations du réseau énergétique (que ce soit l’électricité ou le gaz), notamment lors des pics de consommation habituels, les besoins de production et donc de stockage seraient moindres. Pour y arriver, l’autoconsommation énergétique s’avère une excellente piste. Grâce à des installations photovoltaïques dédiées à l’autoconsommation, les bâtiments seraient moins demandeurs en électricité.
Par ailleurs, à l’heure où le parc de véhicules électriques se développe de plus en plus, il est nécessaire de produire encore plus d’énergie pour compenser la baisse de besoin en hydrocarbures fossiles. Là aussi, les installations solaires domestiques pourraient réussir à compenser une part des besoins des consommateurs.
Le coût du stockage de l’énergie
Sans surprise, le stockage de l’énergie coûte cher. Peu de réponses sont données sur le montant alloué actuellement au stockage de l’électricité. Cependant, on peut prendre en compte les chiffres avancés pour des projets en cours.
Le Plan Stockage Énergie présenté par EDF (qui, rappelons-le, assure une grande partie de la gestion des sites producteurs, que ce soit dans l’éolien, le solaire, l’hydraulique ou le nucléaire) devrait augmenter de 10 GW les capacités actuelles de stockage de l’électricité à travers le monde, et cela d’ici 2035. Le coût d’investissement pour ce plan ambitieux est estimé à 8 milliards d’euros et devrait se concentrer sur le développement de batteries stationnaires de grandes capacités, mais aussi sur les STEP hydrauliques.
Évidemment, ce n’est pas le stockage en lui-même qui coûte cher, mais les moyens employés pour le mettre en place qui font rapidement flamber les prix. Le stockage grâce aux STEP hydrauliques est par exemple coûteux si on prend en compte le montant de la construction d’une station de transfert d’énergie par pompage (entre 0,5 et 2 millions € par MW, selon RTE).
Tesla a développé des batteries domestiques de grande capacité nommées Powerwall. Leur coût se situe entre 7 000 € et 8 000 €, en fonction de la puissance installée. Bien que ce coût paraisse élevé, ces batteries restent pourtant compétitives sur un marché qui se développe de plus en plus. En connaissant ce prix pour des installations domestiques, il n’est pas difficile de deviner que le coût de batteries destiné à un usage de grande envergure est bien supérieur, de l’ordre de centaines de milliers d’euros.
Vous savez désormais comment sont stockées les différentes énergies utilisées en France. Nous venons de l’expliquer, le stockage de l’énergie est un véritable enjeu économique, social, mais aussi environnemental. Des projets pour développer les divers systèmes d’accumulation de l’électricité solaire ou éolienne sont en cours. L’avenir nous dira si ces moyens changeront la façon de produire de l’énergie afin de la conserver à grande échelle.
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