Ferme solaire en pleine mer : une première en France, à Sète !

publié le 31/03/2023 à 10h53 | mis à jour le 20/06/2023 à 16h14 | par Johann Sonneck

Des unités solaires flottantes installées à 1,5 km du port de Sète-Frontignan pour l’alimenter en électricité

C’est l’objectif du projet « Sun’Sète », présenté le 17 mars 2023 par la startup française SolarinBlue : alimenter en électricité les infrastructures du port de Sète-Frontignan (Hérault). Toutefois, la méthode de production électrique élaborée est une véritable première en France puisque SolarinBlue, fondée par Armand Thiberge, est spécialisée dans le solaire flottant en mer.

De quoi s’agit-il exactement ? Il est question ici d’unités solaires flottantes, au nombre de deux exactement, que sont en train de déployer les équipes de SolarinBlue au large de Sète. Celles-ci prendront place à 1,5 km du port, installées sur l’emplacement de l’ancien poste de déchargement des hydrocarbures en mer.

Le photovoltaïque maritime représente une nouvelle manière de développer le recours à l’énergie solaire, à l’heure où le déploiement des énergies renouvelables est, toujours davantage, une nécessité. Il prend la forme de parcs solaires sur flotteurs en pleine mer. À Sète seront donc installées, dans un premier temps, deux unités photovoltaïques qui :

• mesurent 12 mètres de long et 9 de large, sur 3,5 mètres de haut ;
• sont composées d’une structure en acier galvanisé sur laquelle sont fixés les 20 panneaux solaires. Cette structure a été élaborée pour résister aux embruns et aux autres contraintes maritimes : vagues de plus de 10 mètres de haut, vents de plus de 200 km/h… ;
• reposent sur des flotteurs en PEHD (polyéthylène haute densité), c’est-à-dire une matière plastique recyclée ;
• sont équipées de capteurs pour étudier la réaction de ces structures face aux éléments naturels et, ainsi, évaluer leur niveau d’efficacité ;
• sont pourvues d’un ancrage pour permettre la stabilité de l’ensemble. Toutefois, ce dernier mesure moins d’1 m². Selon les responsables de SolarinBlue, il devrait donc peu nuire aux fonds marins.

Ces deux unités photovoltaïque flottantes devraient être mises en place d’ici 6 à 8 semaines, soit normalement en mai 2023. Si les tests sont concluants, l’objectif de la startup française est d’assembler sur le site d’essai, début 2024, 25 unités flottantes. Cela tendrait à former une réelle ferme solaire. Un câble électrique sous-marin sera également mis en place. L’ensemble de ces infrastructures devraient alors permettre d’alimenter le port de Sète-Frontignan en électricité. Une fois assemblée, on attend que cette installation ait une puissance de 300 kilowatt crête (KWc). Celle-ci :

• occupera 0,5 hectare ;
• produira l’équivalent de la consommation électrique de 200 habitants.

Si cela reste encore modeste, il ne faut pas oublier que ce projet de photovoltaïque maritime n’en est encore qu’à ses débuts et reste une première en France. Il s’agit donc bien là d’une avancée enthousiasmante qui réjouit les fondateurs de SolarinBlue : « En Méditerranée, le photovoltaïque flottant devance l’éolien en mer » ont-ils d’ailleurs déclaré.

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Le photovoltaïque maritime : une future source majeure de production d’électricité d’origine solaire ?

Ce qu’il se passe en ce moment du côté de Sète est, bien évidemment, encore un test. Les technologies qui permettent au photovoltaïque maritime de fonctionner sont toujours au stade expérimental, même si les projets tendent à se développer. Par exemple, la plateforme flottante pilote Seavolt devrait, au cours de l’été 2023, prendre place au large de la côte Belge.

Toutefois, pour certains observateurs, l’avenir de cette technologie pourrait bien prendre la forme de grandes centrales solaires étalées sur plusieurs hectares, à quelques kilomètres des littoraux.

En effet, Aurélien Croq, directeur général de SolarinBlue, a assuré qu’à moyen terme, les capacités produites par le photovoltaïque maritime pourraient être bien plus importantes que 300 KWc. Ce dernier a ainsi confié que l’entreprise est en train de travailler au développement de projets qui sont « sur un ordre de grandeur de 5 mégawatts (MW) ». À plus long terme, il n’exclut pas non plus que les projets commerciaux puissent atteindre « 10, 20, 100 MW, voire 1 gigawatt (GW) » de capacités. Ces futurs projets pourraient même être menés dans une logique de localisation commune avec l’éolien offshore.

Aurélien Croq s’est enfin montré très clair sur les objectifs de SolarinBlue. Celui-ci a effectivement révélé : « on ambitionne d’être le leader mondial et on projette à l’horizon 2030 plus de 50 GW installées et, en 2040, plusieurs centaines de GW à développer ». Alors que la France est (encore) en retard au niveau du développement des énergies renouvelables, voilà des projets qui pourraient l’aider à aller (enfin) dans le bon sens. Au côté du solaire thermique, le photovoltaïque maritime pourrait bien donc être l’une des sources de production d’énergie de demain dans notre pays.

D’autant plus que, dans l’absolu et au niveau planétaire, le potentiel de cette technologie, et ses éventuels bienfaits, sont évidemment énormes. Il est vrai que près de la moitié de la population mondiale vit sur le littoral.

Cependant, avant de lancer le développement de cette nouvelle source de production d’énergie, plusieurs éléments importants restent à étudier, tels que :

• l’impact des unités solaires flottantes sur la faune et la flore marine. D’après SolarinBlue, les espaces entre les unités de test, comme la hauteur de l’installation, permettraient en théorie de laisser filtrer assez de lumière vers l’espace sous-marin. La faune et la flore qui s’y étendent ne seraient donc pas (trop) impactées. Toutefois, les projets qui devraient, à terme, se développer, devraient être immenses. Il s’agit donc réellement ici d’un point à vérifier de manière rigoureuse ;
• la question des espaces maritimes et des zones d’implantations à investir. En guise d’exemple, il faut savoir qu’une centrale de 5 MW couvrirait un espace conséquent d’environ 9 hectares, ce qui est sensiblement plus grand que les 0,5 ha nécessaires pour le test à Sète. Par conséquent, des conflits d’usages sont peut-être à prévoir avec d’autres acteurs, tels les pêcheurs et un terrain d’entente devra donc être trouvé avec ceux-ci.

Dans tous les cas, ces projets de photovoltaïque maritime vont malgré tout dans le bon sens pour le déploiement des énergies renouvelables dans notre pays. Si cela est une cause qui vous tient à cœur, sachez que tout le monde peut agir, même humblement. Par exemple, faire le choix d’un fournisseur d’énergie verte peut déjà, à son niveau de consommateur, être un acte important. Si vous êtes intéressés par une telle démarche, vous serez peut-être également ravi de pouvoir compter sur notre Comparateur Électricité et Gaz. Grâce à ce dernier, vous pourrez facilement trier entre les différentes offres du marché pour y voir clair. Vous aurez alors accès à toutes les informations vous permettant de réaliser un choix qui vous conviendra… et qui sera également bénéfique pour la planète !