Crédits carbone de l’ONU : leur crédibilité remise en cause

Face à l’urgence climatique et à la nécessaire transition énergétique à mener à bien, voilà un rapport qui fait mal. Une étude récente, publiée à la fin du mois d’août, s’est intéressée à des projets de compensation carbone devant limiter les émissions de CO2 et la déforestation. Intégrés dans un programme spécifique développé par l’ONU, l’Organisation des Nations unies, ils permettent la création de crédits carbone. Problème relevé par les chercheurs : ces projets surestiment très souvent leur bénéfice véritable sur l’environnement et n’empêchent pas non plus la déforestation. Quelles sont les proportions concrètes de ce décalage entre la théorie verte et la réalité bien plus grise ? Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer un tel manque d’efficacité de ces crédits carbone de l’ONU ? Choisir.com fait le point.

deforestation credit carbone

Plusieurs projets de compensation carbone discrédités par une étude récente

La déforestation, à côté de la combustion des énergies fossiles, participe chaque année à l’émission de 40 milliards de tonnes de CO2, cause première du réchauffement climatique.

Le 24 août 2023 a été publiée une étude dans la revue Science sur le sujet, menée par une équipe de chercheurs des universités :

  • d’Amsterdam, aux Pays-Bas ;
  • et de Cambridge, au Royaume-Uni.

Ce travail s’est focalisé sur des projets ayant pour but de limiter ces émissions de gaz à effet de serre (GES) dues à la déforestation. Au total, 18 projets de ce type ont été examinés pour réaliser l’étude. Ces derniers se situent dans plusieurs pays localisés sur trois continents différents :

  • en Amérique du Sud (Pérou, Colombie) ;
  • en Afrique (Tanzanie, République démocratique du Congo) ;
  • en Asie (Cambodge).

Chacune de ces initiatives environnementales est :

  • supervisée par l’ONG Verra et organisée par des institutions privées ;
  • incluse dans un programme développé par l’Organisation des Nations unies (ONU). Celui-ci s’intitule « Réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts », autrement dit, REDD+. Il fonctionne sur la base du volontariat.

Les conclusions des chercheurs sont sans appel et plutôt déplorables. Certains projets prétendent empêcher la déforestation des forêts tropicales de manière bien plus importante que ce qui est constaté en réalité.

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Seuls 6 % des crédits carbone générés ont réellement permis de réduire les émissions de CO2

En 2021, le marché de la compensation carbone volontaire lié à la gestion des forêts a connu un véritable boom. Dans ce domaine, les projets de réduction de la déforestation sont d’ailleurs majoritaires. Ils ont en effet représenté 65 % des crédits carbone générés venant du système REDD+.

Chaque crédit carbone représente une tonne de CO2 qui :

  • est « retirée de l’atmosphère » par le biais de la plantation et de la croissance des arbres, qui captent le carbone à leur taille adulte ;
  • est empêchée d’être émise en évitant la déforestation.

Au total, 227 millions de crédits carbone ont été échangés en 2021, un nombre multiplié par 4 par rapport à 2020. Dans le détail :

  • 150 millions de crédits ont été émis dans le cadre du programme REDD+ ;
  • représentant une valeur de 1,3 milliard de dollars, soit 1,2 milliard d’euros.

Ces crédits sont achetés par des entreprises ou des gouvernements pour compenser leurs émissions de CO2. Toutefois, les chercheurs néerlandais et britanniques l’affirment : ils ne contribuent que très rarement à empêcher la déforestation.

Alors que les émissions de GES sont actuellement en baisse en Europe, l’étude menée s’est concentrée sur l’année 2020. Les 18 projets examinés avaient alors permis de générer 89 millions de crédits carbone. Cependant, seule une minorité de ces crédits ont véritablement permis de réduire les émissions de carbone grâce à la préservation des forêts. Cette part représente :

  • 5,4 millions des crédits ;
  • soit environ 6 % du total seulement.

De plus, l’étude se montre également claire. 60 millions de ces crédits de 2020 auraient :

  • réduit la déforestation de façon très minime ;
  • voire pas du tout.

Les chercheurs dénoncent « des incitations perverses » à l’exagération des crédits carbone

Voilà un constat, alors que l’urgence climatique est chaque jour plus réelle, qui pose vraiment question et a de quoi en scandaliser plus d’un. Comment expliquer ce décalage entre les bilans officiels et les chiffres révélés par cette étude ? Quelles sont les raisons de ces failles d’après les chercheurs ? De leur point de vue, le volume de compensation carbone attendu aurait été :

  • calculé sur la base de tendances historiquement inexactes ;
  • ou alors tout simplement surestimé de manière délibérée.

Le point le plus problématique que met en lumière le rapport : « des incitations perverses à générer un grand nombre de crédits carbone » et à l’exagération. Voilà ce qu’explique, dans un communiqué, Andreas Kontoleon. Ce dernier, professeur à l’université britannique de Cambridge, est justement l’un des auteurs de l’étude.

Selon lui, « l’industrie doit s’efforcer de combler les lacunes qui pourraient permettre à des acteurs de mauvaise foi d’exploiter les marchés de compensation ». L’étude met donc en avant deux grands défauts de ce secteur :

  • le fait qu’il soit encore trop peu réglementé ;
  • son manque évident de transparence, ce qui ne manque pas de lui attirer des critiques justifiées.

Dans tous les cas, il est clair qu’il s’agit ici d’un nouveau frein afin de pouvoir mettre en place une véritable transition écologique au niveau mondial. Cette nouvelle s’ajoute à l’échec du G20 sur les énergies fossiles au début du mois d’août dernier. Les grandes puissances de la planète avaient alors été dans l’incapacité de trouver un consensus autour d’un calendrier de réduction de ce type d’énergies à l’impact carbone dévastateur.

Pour vous, la protection du climat et le basculement de notre économie vers un fonctionnement plus durable et responsable sont de véritables nécessités ? Dans ce cas, sachez que vous pouvez également agir en ce sens. De quelle manière ? En changeant votre contrat d’énergie pour souscrire à une offre renouvelable. Le label VertVolt de l’ADEME existe d’ailleurs pour vous permettre d’identifier les offres d’électricité qui sont vraiment vertes. Pour prendre un contrat de gaz vert, le Comparateur Énergie de Choisir.com est à votre disposition pour vous aider. Il vous donne une vue détaillée sur les propositions de nombreux fournisseurs du marché. Vous n’avez alors plus qu’à sélectionner celle qui correspond à vos besoins et à vos envies. Un conseiller peut même vous rappeler gratuitement pour vous guider selon les critères spécifiques que vous recherchez. Finalement, au bout de quelques clics seulement, c’est un acte fort que vous réaliserez en faveur de l’environnement !

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