Réduction des énergies fossiles : pas d’accord pour le G20
Énergies fossiles : 1 – Planète : 0. Voilà comment on pourrait faire le résumé de la réunion du G20 qui a eu lieu, le 22 juillet 2023, en Inde. Ce rendez-vous s’est en effet soldé par un consternant échec : l’impossibilité de trouver une position commune afin d’établir un calendrier de réduction des énergies fossiles. Leur utilisation est pourtant responsable des émissions de CO2 qui provoquent à leur tour la dangereuse flambée des températures touchant actuellement de nombreux pays du monde. Toutefois, l’intérêt collectif a été supplanté par les désaccords entre les États et leurs aspirations personnelles. Quelles ont été les raisons de ces oppositions et de cet échec regrettable pour la planète ? Choisir.com revient sur cette situation frustrante qui apporte un coup de frein retentissant aux volontés de transition énergétique.

Le G20 échoue à s’entendre sur la réduction des énergies fossiles
Le G20 est le groupe rassemblant les 19 pays aux économies les plus avancées de la planète, auxquels s’ajoute l’Union européenne (UE). Ses membres sont :
- l’Argentine ;
- l’Australie ;
- le Brésil ;
- le Canada ;
- la Chine ;
- la France ;
- l’Allemagne ;
- l’Inde ;
- l’Indonésie ;
- l’Italie ;
- le Japon ;
- le Mexique ;
- la Corée du Sud ;
- la Russie ;
- l’Arabie saoudite ;
- l’Afrique du Sud ;
- la Turquie ;
- le Royaume-Uni ;
- les États-Unis ;
- et donc l’UE.
Le samedi 22 juillet dernier, les ministres de l’Énergie de l’ensemble de ces États étaient réunis à Goa, en Inde. Depuis le début de l’année 2023, ce pays a en effet pris, pour un an, la présidence du G20.
Ce rendez-vous était très attendu par tous les défenseurs de l’environnement et partisans d’un monde tourné vers les énergies renouvelables. Il s’est malheureusement terminé sur un véritable échec. La raison : les membres du G20 ne sont pas parvenus à trouver de consensus autour d’un calendrier permettant de réduire l’utilisation des énergies fossiles.
Preuve de ce surplace diplomatique qui entrave la pourtant indispensable transition énergétique à mener ? La déclaration finale du G20, publiée à la suite de l’entrevue, ne mentionne même pas le charbon. En réalité, la raison de cette absence se comprend simplement. Le charbon est l’un des plus importants contributeurs du réchauffement climatique. Toutefois, il reste encore aujourd’hui l’une des principales sources d’énergie de géants démographiques en pleine croissance économique, tels que :
- l’Inde, le pays le plus peuplé du monde ;
- la Chine, deuxième pays le plus peuplé du monde et deuxième puissance économique mondiale.
Pourtant, en avril 2023 à Sapporo, au Japon, les membres du G7, dont la France, s’étaient engagés à « accélérer » la sortie des énergies fossiles. Cette réunion de Goa prend donc la forme d’un revers cuisant, surtout au vu de la situation météorologique actuelle. On assiste effectivement en ce moment à des pics de température encore jamais vus, par exemple tout autour du bassin méditerranéen, avec de graves conséquences. D’intenses incendies ont ravagé de nombreux pays comme la Grèce, l’Italie ou l’Algérie. On sait déjà aussi que :
- juillet 2023 est le mois le plus chaud jamais enregistré dans l’histoire, avec un pic sur une journée en début de mois à 17,09 °C, battant un record de juillet 2019 ;
- et que ce sont les activités humaines et les émissions de CO2 qui sont responsables de cette évolution ô combien inquiétante.
En plus des incendies, ces sécheresses ont d’autres impacts majeurs. Selon certains, elles remettent en cause :
- l’efficacité et la productivité de l’énergie hydraulique ;
- la sûreté des centrales nucléaires, qui ont besoin d’eau pour refroidir leurs réacteurs.
Alden Meyer est analyste chez le think tank E3G, spécialisé dans l’économie politique du changement climatique. Dans un communiqué, il a jugé que, du fait du « changement climatique qui devient incontrôlable, le monde avait besoin que les ministres de l’Énergie du G20 sonnent le ralliement ». On en est donc encore loin.
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faire une simulationEn finir rapidement avec les énergies fossiles : une volonté qui n’est pas partagée par tous les membres du G20
Alors, face à de tels enjeux qui concernent la planète entière, comment expliquer ce manque de cohésion et cette absence d’accord au sein du G20 ? L’Inde a indiqué qu’une opposition divisait les membres de l’organisation :
- certains militent pour une « réduction des énergies fossiles “unabated” ». Concrètement, ils militent pour une réduction pure des fossiles, sans avoir recours à des dispositifs de captage ou de stockage de CO2 ;
- d’« autres ont une opinion différente sur […] les technologies de captage et stockage de carbone ». En clair : ils désirent conserver l’usage des énergies fossiles et développer ces dispositifs, qui font encore débat aujourd’hui, pour compenser leurs émissions.
La rédaction d’une déclaration commune, comme c’était initialement prévu, a donc été empêchée par ces désaccords sur cette technologie de captage du CO2. Cette dernière est vue par certains comme un moyen bien pratique pour réduire leurs émissions… tout en continuant à recourir aux énergies fossiles.
On l’observe donc également : l’ensemble des pays du G20 n’est pas animé par une égale volonté d’en terminer au plus vite avec le gaz, le charbon et le pétrole. Par exemple, l’Inde s’est fixé comme objectif d’atteindre la barre de zéro émission nette… seulement en 2070, soit vingt ans après de nombreux autres États !
Les réticences à une sortie rapide des combustibles fossiles viennent aussi, très logiquement, des producteurs de pétrole. Rappelons que la COP 28, qui se tiendra en fin d’année, est organisée aux Émirats arabes unis, l’un des principaux acteurs du marché de l’or noir. Et le président de cette grande réunion internationale (normalement) en faveur du climat ? Il s’agit d’Ahmed Al-Jaber, qui se trouve être… le président de la compagnie pétrolière émiratie Adnoc. Ce dernier est d’ailleurs l’un des partisans de l’utilisation du dispositif de captage du CO2. En mai 2023, il avait également déjà déclaré que les énergies fossiles ont encore un rôle à jouer à l’avenir. Voilà qui ne témoigne pas d’une franche volonté de prioriser le développement des énergies renouvelables !
Au contraire, une coalition rassemblant 18 pays du monde, créée à l’initiative des îles Marshall (Océanie), s’était formée avant la réunion du G20. Son objectif : réclamer le passage à la vitesse supérieure sur la voie de la décarbonation de l’économie et de la transition écologique et énergétique. Des pays européens comme la France et l’Allemagne en font par exemple partie.
Le vendredi 21 juillet, cette coalition jugeait que « l’humanité ne peut pas se permettre d’attendre », tout en appelant à :
- « une sortie urgente des énergies fossiles » ;
- et à atteindre au maximum « un pic des gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2025 ».
Leur volonté : respecter la limite de 1,5° d’augmentation des températures à la fin du siècle convenu lors des accords de Paris en 2015. Pour y parvenir, ils réclament une baisse de 43 % des émissions mondiales de GES d’ici 2030 vis-à-vis de 2019. Inutile de préciser que, face aux divisions qu’affiche le G20, la réalisation de cette ambition est plutôt illusoire.
La question du financement de la transition énergétique, un autre sujet d’opposition pour le G20
Certains observateurs de la réunion de Goa n’ont pas hésité à critiquer l’attitude de plusieurs pays du G20, comme la Russie ou l’Arabie saoudite. Ces pays auraient « bloqué les efforts sur un accord sur le triplement des énergies propres [d’ici 2030] visant à réduire les énergies fossiles ». Voilà ce qu’a tweeté Ed King, du réseau de communication pour le climat GSCC (Global Strategic Communications Council).
Le financement de la transition écologique a également été au cœur des débats du G20 le 22 juillet dernier. Un rapport préparant l’Inde à la présidence de l’organisation avait d’ailleurs estimé son coût à :
- 4 000 milliards de dollars par an ;
- soit 3 592 milliards d’euros.
L’Inde réclame d’ailleurs un financement à bas coût pour les transferts de technologie et les pays en développement, dont elle fait partie. On y discerne ici la dernière opposition qui fragmente ce groupe des plus importantes puissances économiques de la planète. Face aux volontés, portées par de nombreux pays développés, d’accélérer la décarbonation de l’économie, les pays en développement répondent par un autre argument. Selon eux, ce seraient justement à ces pays les plus riches du monde de financer la transition écologique, puisqu’il s’agit des plus gros pollueurs.
Une mesure discutée lors de la réunion prévoyait d’ailleurs que les pays développés devraient mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an. Le but d’une telle somme : financer l’action climatique dans les pays en développement, sur la période 2020-2025. Cette mesure a bien évidemment été rejetée.
Toutefois, la question du financement de la transition énergétique reste donc ouverte, avec une certitude : il faudra bien trouver des solutions pour la réaliser. Pour cela, une véritable prise de conscience globale de la gravité de la situation actuelle est sans doute nécessaire. Alors que la planète brûle et suffoque toujours davantage, que faut-il de plus pour que les Grands de ce monde se mettent enfin d’accord et prennent les bonnes décisions ?
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