Énergies fossiles : pas d’arrêt prévu pour le patron de la COP 28

La COP 28, conférence internationale sur les changements climatiques, aura lieu à Dubaï à la fin de l’année 2023. Début mai, son président se trouvait en Allemagne pour un rendez-vous préparatoire de ce sommet climatique international. L’occasion pour lui d’annoncer un objectif ambitieux : le triplement de la production des énergies renouvelables d’ici 2030. Pour autant, aucune annonce sur une volonté d’arrêt des combustibles fossiles n’a été effectuée. Selon Ahmed Al-Jaber, les énergies fossiles ont même encore un rôle à « jouer » dans un « avenir prévisible ». Choisir.com revient sur ces propos qui peuvent paraître contradictoires, surtout face à l’urgence climatique que connaît la planète aujourd’hui.

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Augmenter les énergies renouvelables : oui, mais arrêter les énergies fossiles… non

Le sultan Ahmed Al-Jaber est le ministre de l’Industrie des Émirats arabes unis (golfe persique). Il est également le président de la COP 28, grande conférence de l’ONU sur le climat, qui se tiendra justement à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023.

Aux côtés de nombreux autres dirigeants internationaux, ce dernier se trouvait à Berlin, en Allemagne, les 2 et 3 mai derniers. S’y déroulait alors le Dialogue de Petersberg, réunion qui devait préparer à cette COP 28.

À cette occasion, un objectif d’augmentation de la production des énergies renouvelables a bien été annoncé, dès le 2 mai, par Ahmed Al-Jaber. On pourrait alors penser, très simplement, que ce déploiement des énergies vertes serait en même temps synonyme d’arrêt de l’utilisation des combustibles fossiles. Toutefois, a priori, le président de la COP 28 ne raisonne pas comme cela.

En effet, aucune annonce sur un objectif d’arrêt de l’usage des énergies fossiles n’a été réalisée. Pour Ahmed al-Jaber, le but doit être davantage de se « concentrer sur l’élimination progressive des émissions de tous les secteurs, qu’il s’agisse du pétrole et du gaz ou des industries à fortes émissions ». Le 3 mai, le ministre émirati a expliqué sa position : « Nous savons que les combustibles fossiles continueront de jouer un rôle dans un avenir prévisible pour contribuer à répondre aux besoins énergétiques mondiaux ».

Vis-à-vis de la crise énergétique qui a éclaté en 2022, donnant naissance à de grosses tensions sur les réseaux, on peut entendre l’analyse du président de la COP 28. Il est vrai que, pour répondre aux menaces de coupure et aux besoins énergétiques, l’Europe a réalisé en 2022 des importations records de GNL. Alors, regard réaliste sur le monde ou propos plus intéressés ? Il faut savoir qu’en réalité, Ahmed Al-Jaber est aussi le dirigeant du géant pétrolier émirati Adnoc. Comment alors ne pas se poser la question de la contradiction de la situation ?

  • En tant que président de la COP 28, Ahmed Al-Jaber doit mener la lutte contre le dérèglement climatique et pour la réduction des émissions polluantes.
  • En tant que PDG d’Adnoc (Abu Dhabi Oil Company), il produit et vend du GNL (gaz naturel liquéfié) partout dans le monde. Ahmed Al-Jaber et Adnoc sont donc à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre.

D’ailleurs, sa société a récemment signé avec TotalEnergies un contrat de livraison de GNL pour environ 1 milliard d’euros sur trois ans.

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L’objectif : tripler la production d’énergies renouvelables d’ici 2030

Le 3 mai dernier, le président de la COP 28 a malgré tout annoncé l’objectif de tripler la production d’énergies renouvelables d’ici 2030. Voilà un discours qui, au regard de l’activité de son entreprise Adnoc, pourrait paraître quelque peu contradictoire, voire peut-être démagogique…

D’autant que les objectifs dévoilés sont extrêmement ambitieux : « Nous allons accélérer le développement des énergies renouvelables (EnR) qui doivent tripler leurs capacités d’ici à 2030 et la doubler à nouveau d’ici à 2040 » a indiqué Ahmed Al-Jaber.

Cette vision est-elle réaliste et réalisable ? C’est en tout cas ce qui avait déjà été fixé mi-avril 2023, lors du sommet du G7 à Sapporo, au Japon. La promesse d’« accélérer » la sortie des énergies fossiles avait alors été annoncée. Cet objectif est également partagé par l’AIE, l’Agence internationale de l’énergie. Selon elle, le triplement des EnR en 2030 par rapport à leurs niveaux de 2022 représenterait un déploiement d’environ 1 200 gigawatts (GW) par an.

Ce qui est certain, c’est que l’urgence climatique n’a (malheureusement) jamais aussi bien porté son nom. D’après les spécialistes du Giec, la limite clé de réchauffement climatique de 1,5 °C devrait être franchie dans environ… une décennie. Au rythme actuel des émissions de CO2, le monde est sur une trajectoire d’élévation des températures de 2,8 °C à la fin du siècle. Ce serait totalement catastrophique.

Mais alors, comment réduire ces gaz à effet de serre si l’on n’arrête pas l’utilisation des énergies fossiles ? Selon Ahmed Al-Jaber, le levier qui pourrait être efficace dans ce but serait d’agir en « s’appuyant et en capitalisant sur les technologies existantes, nouvelles et émergentes ». Pour baisser l’empreinte carbone internationale, le président de la COP 28 compte en fait sur la technologie de captation et de stockage du CO2, extrêmement récente. Sa volonté serait donc :

  • de continuer à utiliser les énergies fossiles ;
  • tout en éliminant leurs émissions néfastes grâce à ces nouveautés technologiques.

Sauf que la capture et le stockage de CO2 est une technologie qui ne convainc pas de multiples ONG. « Nous ne pouvons pas prétendre que la solution à la crise climatique réside dans des solutions techniques peu fiables et non testées qui entraîneront de nouveaux risques et de nouvelles menaces ». Voilà comment a réagi Tasneem Essop, directrice exécutive du Réseau Action Climat. De son côté, Lavetanalagi Seru travaille au Réseau d’action pour le climat des îles du Pacifique. Pour lui, la captation de CO2 et son stockage sont des « technologies spéculatives » qui n’apportent pas « de véritables solutions climatiques ». Difficile de donner tort à de telles prises de position.

Par conséquent, la volonté des ONG est que le président de la COP 28 s’engage réellement et de manière déterminée en faveur de l’élimination de toutes les énergies fossiles. C’est effectivement le seul moyen pour vraiment restreindre l’élévation des températures et basculer vers une véritable transition énergétique. Beaucoup d’efforts sont encore à réaliser pour y parvenir.

Si, de votre côté, vous souhaitez absolument que le monde parvienne à éviter la catastrophe écologique à venir, sachez qu’en tant que consommateur vous pouvez également agir. Par exemple, vous pouvez changer de contrat et opter en faveur d’un fournisseur d’énergie verte. Pour obtenir plus de renseignements sur ce sujet, le Comparateur Énergie de Choisir.com est d’ailleurs à votre disposition. Grâce à lui, faites facilement le tri entre les offres du marché pour trouver celles qui pourraient vous convenir. Vous aurez alors toutes les informations utiles afin de faire un choix fort en faveur de la planète et de l’environnement.

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