« Accélérer » la sortie des énergies fossiles : la promesse du G7
Le 15 et 16 avril 2023, les ministres du climat, de l’énergie et de l’environnement des pays membres du G7 étaient réunis à Sapporo au Japon. L’occasion pour ceux-ci, et alors que le dernier rapport alarmant du GIEC a été publié en mars dernier, de prendre un nouvel engagement. L’objectif de limiter l’augmentation des températures à 1,5 °C à la fin du siècle est effectivement en grand danger. C’est pourquoi les pays du G7 se sont engagés à en finir avec la pollution plastique et à « accélérer » la sortie des énergies fossiles. Cependant, sur ce dernier point, aucune date butoir n’a été arrêtée. Choisir.com revient sur cet ensemble de promesses qui, de l’avis de certains, « manque encore d’ambition ».
Un accord des grandes puissances de ce monde pour « accélérer » la sortie des énergies fossiles
C’est à Sapporo, au Japon, les 15 et 16 avril derniers, que se sont retrouvés les ministres du climat, de l’énergie et de l’environnement du G7. Créé après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), le G7 est un groupe rassemblant sept pays réputés pour être parmi les plus puissants du monde :
- les États-Unis ;
- le Japon ;
- l’Allemagne ;
- la France ;
- le Royaume-Uni ;
- l’Italie ;
- le Canada.
Cette rencontre était attendue après le dernier rapport du GIEC de mars 2023 sur l’urgence climatique et l’échec de la COP 27 de Charm el-Cheikh (Égypte) en 2022. Au bout d’un week-end de discussion et de travail, la déclaration finale des membres du G7 prend la forme d’un texte de 36 pages. Celui-ci synthétise un accord et la promesse commune de tous ces pays de poursuivre leurs efforts. Dès dimanche 16 avril, les ministres de chacun de ces États ont par conséquent annoncé leur intention :
- « d’accélérer » la sortie des énergies fossiles et de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) ;
- de « mettre fin à la pollution plastique » d’ici 2040 ;
- de fournir, avec le concours des autres pays développés, des enveloppes de 100 milliards de dollars par an à destination des pays du Sud pour financer leur transition énergétique.
Si aucune date officielle de sortie des énergies fossiles n’a été avancée, certains pourraient penser qu’il s’agit malgré tout d’un pas important de réalisé. En effet, ces sept pays sont responsables, à eux seuls, d’un quart (25 %) des émissions mondiales de CO2 liées au secteur de l’énergie. Tel est le chiffre qu’avance un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié en mai 2022.
À noter que, côté français, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, étaient présents au Japon.
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Pour parvenir à tenir ces engagements et réussir à décarboner la production énergétique mondiale, plusieurs objectifs ont été annoncés :
- développer de manière ambitieuse le déploiement des énergies renouvelables dans tous les pays concernés ;
- développer la filière du nucléaire, un axe cher à la France ;
- baisser notre consommation d’énergie pour tendre vers une réelle sobriété énergétique.
Notons ici que ces trois axes vont d’ailleurs dans le sens des préconisations émanant d’un récent rapport parlementaire accablant la politique énergétique française menée depuis des années. Concernant le développement des énergies renouvelables, le G7 a formulé différentes promesses à l’horizon 2030 :
- parvenir à 150 gigawatts (GW) d’électricité en plus grâce à de futurs parcs éoliens en mer ;
- porter la production possible grâce aux panneaux solaires à plus d’un térawatt (TW).
Toutes ces mesures doivent permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le G7 a donc pris comme engagement de les faire diminuer, par rapport à 2019 :
- de 43 % d’ici 2030 ;
- de 60 % d’ici 2035.
L’autre engagement majeur de ce sommet est aussi de « mettre fin à la pollution plastique ». L’ambition précise que donne ce texte est de réduire « à zéro d’ici 2040 » la part supplémentaire de pollution qui pourrait être générée. Selon le communiqué commun, cela passera par :
- l’économie circulaire ;
- la réduction ou l’abandon des plastiques jetables et non recyclables.
Plusieurs États du G7, tels que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont déjà intégré une coalition internationale engagée sur cet objectif. Les États-Unis, le Japon et l’Italie devraient bientôt également y prendre part.
Un pas de fait vers la transition énergétique… mais de nombreux bémols
Malgré son intérêt et les engagements réalisés, un certain nombre de bémols viennent mettre en doute l’importance de ce texte et sa capacité à faire changer les choses.
Premièrement, la Chine, principal émetteur de CO2 au monde, ne fait pas partie du G7. Par conséquent, elle n’est pas concernée par ces différents engagements. Ce texte pourrait certes être « un point d’appui important pour pouvoir élargir cette approche » au G20 où se trouve la Chine. C’est ici l’avis d’Agnès Pannier-Runacher qui espère également qu’un tel engagement pourra aussi être pris lors de la prochaine COP 28. Celle-ci aura lieu à Dubaï (Émirats arabes unis) du 30 novembre au 12 décembre 2023.
En ce qui concerne l’aide annuelle à apporter aux pays du Sud, il faut également savoir que cette promesse remonte en fait à 2009… mais qu’elle n’a jamais été tenue depuis. Est-ce que ce sera différent cette fois ?
Autre point négatif de ce texte : le fait qu’aucune date butoir concernant la sortie des énergies fossiles n’ait pu faire l’objet d’un consensus entre les membres du G7. Le texte se contente de réaffirmer un engagement pris en 2022 qui fixe comme objectif d’atteindre la décarbonation de l’énergie en 2035.
De la même manière, aucun engagement n’a été pris sur une date de sortie du charbon dans le secteur de l’électricité. Un tel accord était pourtant réclamé par le Canada, le Royaume-Uni et la France. Rappelons que, en 2022, le charbon est resté la principale source de production électrique dans le monde, malgré le boom des renouvelables.
Malgré tout, le G7 reconnaît quand même la nécessité d’en finir avec les centrales à charbon. Celle de Saint-Avold, en France, a repris son activité l’hiver dernier pour éviter le risque de coupure sur le réseau français.
Lola Vallejo est directrice du programme climat à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Pour elle, même si aucun accord n’a été pris à propos de la fin du charbon, « c’est implicite ». « Si l’on parle dans le texte d’une sortie des énergies fossiles alignée sur l’objectif de 1,5 °C de l’accord [de Paris, en 2015], ça veut dire ne plus utiliser de charbon pour produire de l’électricité à partir de 2030 ».
Enfin, du fait de la crise énergétique, il est à noter également que le texte du G7 laisse la porte ouverte pour de nouveaux investissements dans le gaz naturel. Un engagement trop contraignant sur ce point aurait été trop problématique pour l’Allemagne, le Japon ou l’Italie notamment.
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Un texte qui suscite des réactions très partagées
Les réactions vis-à-vis du texte et des engagements du G7 sont très différentes selon les acteurs. Pour Agnès Pannier-Runacher, Il s’agit d’une « avancée forte ». Même son de cloche du côté de Christophe Béchu pour qui le texte et les promesses énoncées forment « un signal fort ». Fin mai 2023, la France accueillera d’ailleurs une prochaine session de négociation d’un traité international sur le plastique.
De son côté, Fatih Birol, patron de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), s’est montré satisfait. D’après lui, le texte combine « nos soucis de sécurité énergétique tout en fournissant une feuille de route face à la crise climatique ». Daniel Read, de Greenpeace, a aussi estimé qu’il y a « du positif » dans les annonces du G7. Néanmoins, à ses yeux, tout cela « manque encore d’ambition » à la hauteur des enjeux.
D’autres opinions sont beaucoup plus tranchées et critiques à l’égard de ces nouveaux engagements. Pour Lola Vallejo, de l’Iddri, l’absence de date butoir en ce qui concerne l’arrêt des centrales à charbon est regrettable. Celle-ci note également que le texte « laisse la porte ouverte pour de nouvelles installations au gaz », ce qu’elle déplore.
Collin Rees est membre d’Oil Change International, une organisation de recherche et de communication opposée aux énergies fossiles. Il juge également sévèrement certains points de ce texte. Pour lui, « de nouveaux investissements dans le gaz […] ne peuvent pas être compatibles » avec les objectifs climatiques annoncés.
Entre les annonces, les engagements médiatisés et les réalisations concrètes, il y a souvent une (grande) différence. Seul l’avenir pourra donc nous dire si les objectifs formulés en cette mi-avril par les pays du G7 auront bien été suivis d’actions réelles améliorant la situation.
Ce qui est sûr, en ce qui concerne la diminution de l’utilisation des énergies fossiles, c’est que chacun peut agir, même humblement. À votre niveau de consommateur, vous pouvez par exemple choisir d’opter en faveur d’un fournisseur d’électricité verte. Si cela vous intéresse, notre Comparateur Énergie est d’ailleurs à votre disposition. Grâce à lui, faites facilement le tri entre les offres du marché. Vous pourrez alors peut-être faire un choix qui convient à la planète… autant qu’à vos factures !
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