Sobriété énergétique : l’UE s’engage à réduire sa consommation

La crise énergétique est passée par là. Après les grandes difficultés que celle-ci, conjuguée à la dépendance européenne aux importations d’hydrocarbures, ont provoqué sur tout le continent en 2022, l’UE a pris acte. Le 10 mars 2023, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne se sont effectivement mis d’accord sur de nouveaux objectifs pour 2030. Ceux-ci prévoient ainsi une réduction de la consommation énergétique de presque 12 % d’ici la fin de la décennie. Une manière de montrer que la sobriété énergétique, ou plus encore « l’efficacité énergétique » sont plus que jamais d’actualité sur le territoire européen. Toutefois, en pleine période de dérèglement climatique, ce nouvel accord est-il en fait suffisant ? Choisir.com détaille les différentes mesures prévues par ce nouvel engagement qui, en réalité, ne fait pas l’unanimité.

Réduction consommation énergétique Europe

Un accord provisoire pour réduire la consommation européenne de 11,7 % à l’horizon 2030

C’est le vendredi 10 mars dernier que les négociateurs du Parlement européen et du Conseil de l’UE, qui représente les États membres, ont trouvé un accord. Celui-ci concerne les efforts, en termes d’économie d’énergie, que doivent continuer à réaliser les Européens après la crise énergétique qui les a frappés en 2022.

Cet accord prévoit ainsi que, d’ici à 2030, la consommation finale d’énergie de l’Union européenne doit diminuer de 11,7 %. Désormais, l’accord doit être approuvé par le Parlement comme le Conseil de l’UE pour entrer concrètement en vigueur.

Dans tous les cas, ces renégociations se sont effectuées dans le cadre du Pacte vert, proposé par la Commission européenne en juillet 2021. Ce Pacte est la feuille de route sur le climat prévoyant la baisse des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici à 2030. Le point de référence, pour viser cet objectif, est leur niveau de 1990. La volonté des eurodéputés était également de réduire de façon durable la dépendance européenne aux hydrocarbures importés, notamment russes.

Le nouvel engagement qui vient d’être pris va plus loin que les niveaux de référence, établis en 2020, pour la fin de la décennie. En fait, ce niveau de 11,7 % est :

  • supérieur à celui que défendait le Conseil de l’UE, à savoir 9 % ;
  • bien moins ambitieux que ce que désiraient la Commission européenne (13 %) et le Parlement européen (14,5 %).

En conséquence, l’ensemble des 27 pays membres de l’Union devront réaliser des économies d’énergie de l’ordre de 1,5 % par an. Dans le détail, cet effort sera même en fait progressif :

  • jusqu’en 2025, les économies d’énergie devront, pour chaque État, s’élever à 1,3 % par an ;
  • ensuite, elles devront se chiffrer à 1,9 % par an jusqu’en 2030.

Ces nouveaux efforts sont, pour Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne, absolument nécessaires : « Nous devons maintenant faire de l’efficacité énergétique une composante encore plus systémique de notre société, et cette directive révisée va nous y aider ». Plus que jamais, la sobriété énergétique est donc de mise en Europe, comme elle l’est depuis le début de l’hiver 2022-2023.

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Des objectifs atteignables par des mesures ciblées

Pour parvenir à tenir l’objectif de réduction de la consommation de 11,7 % d’ici à 2030, plusieurs moyens ont été fixés :

  • promouvoir, dans les grandes municipalités, des plans locaux en matière de chauffage et de refroidissement. Ici, les localités comprises dans ces « grandes localités » sont en fait les villes de plus de 450 000 habitants ;
  • obliger toutes les entreprises, y compris les PME, à mettre en œuvre un système de management de l’énergie. L’objectif est de cartographier les consommations puis de les réduire en suivant un plan d’actions précis. Si les entreprises ne sont pas en mesure de réaliser cela par elles-mêmes, elles devraient être dans l’obligation de se plier à des audits réguliers ;
  • soumettre les centres de données informatiques, qui sont très gourmands en électricité, à des critères de performance énergétique.

Le secteur public devra, lui aussi, montrer l’exemple dans cette évolution vers les économies d’énergie. Une obligation spécifique, pour ce secteur, a d’ailleurs été établie par l’accord trouvé entre les eurodéputés et le Conseil de l’UE. Celle-ci prévoit que :

  • le secteur public devra atteindre une réduction annuelle de consommation non pas de 1,5 %, mais de 1,9 %. Cela concerne surtout les domaines les plus énergivores, tels les transports ou les travaux publics par exemple ;
  • les États membres rénovent, chaque année, au moins 3 % de la surface totale des bâtiments qui appartiennent à des organismes publics. Cette obligation sera valable aussi bien au niveau national qu’aux niveaux régional et local. Le but, ici, est évidemment d’éliminer les déperditions d’énergie et d’émissions carbone. Toutefois, les logements sociaux ne seront pas soumis à cette obligation, contrairement à ce que les eurodéputés réclamaient.

Frans Timmermans ne doute pas une minute de la capacité des 27 États de l’UE de mener à bien ces objectifs. « Ces derniers mois, les Européens ont montré qu’ils étaient prêts et aptes à relever ce défi » a-t-il indiqué. Le vice-président exécutif de la Commission européenne a également ajouté que « notre industrie a prouvé qu’elle pouvait optimiser sa consommation d’énergie et ses processus de production ».

Un accord qui est une « grande victoire » ou bien le signe d’un « manque d’ambition » ?

Depuis le 10 mars dernier et la médiatisation de ce nouvel objectif de réduction de la consommation européenne, les réactions ne se sont pas fait attendre. En réalité, elles sont plutôt partagées selon les cas.

Pour le rapporteur du texte, l’eurodéputé social-démocrate danois Niels Fuglsang, pas de doute : « Aujourd’hui, c’était une grande victoire » a-t-il effectivement tweeté dans la foulée. Ce dernier s’est ensuite réjoui en indiquant que « cet accord est bon pour le climat et mauvais pour Poutine », le président de la Russie.

Cependant, le réseau d’ONG environnementales Climate Action Network (CAN), dont font partie Greenpeace ou WWF notamment, s’est montré bien moins satisfait. Pour lui, il s’agit en effet plutôt là d’un accord « décevant » et qui « manque d’ambition ». Les raisons de cet avis critique et négatif sont multiples :

  • d’abord parce que le CAN tablait plutôt sur une réduction de la consommation de 20 % d’ici à 2030. Selon lui, c’était le but à atteindre pour que les objectifs climatiques des accords de Paris de 2016 soient respectés. C’est pourquoi il a fait observer que « les responsables européens n’ont pas réussi à adopter une position significative pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles » ;
  • ensuite, parce qu’il désirait voir naître des objectifs nationaux bien plus contraignants pour les 27 États membres de l’Union européenne.

En effet, un communiqué du Parlement européen concède que Bruxelles ne fixe que des cibles « indicatives » pour chaque pays. Toutefois, « un mécanisme rigoureux de suivi et d’application sera établi pour s’assurer que les États membres respectent leurs contributions nationales à cet objectif européen contraignant ».

Il est vrai que l’objectif de diminution de la consommation à 1,5 % par an pour chaque pays est quand même une première. C’est pour cela que, malgré tout, le CAN reconnaît que « c’est la première fois que les décideur·ses s’accordent sur un objectif contraignant de consommation d’énergie finale ». Si cet accord n’est donc pas aussi ambitieux que certains l’espéraient, peut-être faut-il plutôt se réjouir des avancées qu’il apporte quand même.

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