Transition énergétique : du chauffage grâce à l’eau du lac Léman

publié le 18/04/2023 à 14h07 | mis à jour le 20/06/2023 à 16h27 | par Johann Sonneck

Chauffer des bâtiments grâce à l’eau d’un lac… une première en France

Situé en Haute-Savoie, le village de Saint-Gingolph, 900 âmes, se trouve à la frontière suisse, non loin de Thonon-les-Bains. Il profite d’un merveilleux cadre naturel puisqu’à ses pieds, le majestueux lac Léman s’étend, paisiblement.

Et si ce lac de 580 km², le plus grand d’Europe occidentale, n’était pas qu’un atout touristique ? C’est l’idée qu’a eu, en 2019, la municipalité de Saint-Gingolph, au moment où les travaux de rénovation de la salle des fêtes de la commune se sont imposés. « On avait l’eau du lac qui était à côté et donc on s’est dit “On va chauffer la salle des fêtes” » avec, raconte Gérald Craquelin, adjoint au maire. « De là est venue une société d’ingénieurs qui nous ont dit […] “On va en profiter pour chauffer aussi tous les autres bâtiments du coin” ». Voilà comment est née cette entreprise qui est, en fait, une première dans notre pays : apporter de la chaleur à une partie des bâtiments de la commune grâce aux eaux du lac Léman.

Comment ? Au bord de la rive, deux tuyaux raccordés au réseau plongent dans les eaux du lac Léman :

• la première conduite pour prélever l’eau ;
• la deuxième pour la rejeter.

L’eau est ainsi pompée en profondeur, à 10 °C. Par l’un des deux tuyaux, elle est envoyée dans une gare de pompage où elle est utilisée pour réchauffer l’eau du circuit par l’intermédiaire de trois pompes à chaleur. Par la suite, grâce à la deuxième conduite, elle est rejetée dans le lac après avoir perdu environ 3 °C, utilisés pour cette production de chaleur. Ce sont effectivement ces quelques degrés perdus qui permettent de fournir l’énergie nécessaire au fonctionnement du réseau de chauffage urbain.

Finalement, tout cela prend la forme d’une « boucle d’eau » qui fonctionne grâce aux eaux du lac Léman. C’est une première en France. « L’énergie était là, il fallait juste s’en servir » commente simplement Gérald Craquelin.

Un mode de chauffage vert pour l’ensemble des bâtiments communaux et de nombreuses habitations

La mise en place de ce concept, déjà utilisé côté suisse, n’a pas été « forcément facile » explique la maire (SE) de Saint-Gingolph, Géraldine Pflieger. « Mais c’est une ressource infinie qu’on a voulu capter » indique-t-elle. Au total, les travaux ont coûté 2,4 millions d’euros. Ils ont été, à hauteur de 65 %, pris en charge par :

• l’État ;
• la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Aujourd’hui, en dehors de l’église où les travaux sont en cours, tous les bâtiments publics sont raccordés à ce système. L’eau du Léman permet donc de chauffer la salle des fêtes… ou même de refroidir sa température. Ces locaux ont été équipés d’un plancher chauffant et refroidissant, un système unique dans la commune. Cela permet ainsi, dans cette salle communale, de :

• remplacer la climatisation ;
• consommer 15 fois moins d’électricité que les climatiseurs classiques.

Au niveau des habitations du village, 120 d’entre elles sont déjà connectées à ce réseau urbain écologique. Il faut dire que la majorité des habitants de Saint-Gingolph résident près du lac, donc « on n’a pas besoin d’étendre de longs réseaux » explique la maire. À terme, c’est plus de la moitié de la population de la commune qui pourra profiter de ce mode de chauffage. Par contre, les habitants qui résident dans des zones plus éloignées ne pourront pas en bénéficier.

Ce qui est sûr, c’est que la mise en place de ce système donne entière satisfaction. « Même pendant le pic de froid [de l’hiver dernier], on a toujours pu apporter de la chaleur en ayant de la réserve sous le pied » se félicite ainsi Géraldine Pflieger. Et les habitants se montrent tout autant ravis que leur maire : « Il fait très bon dans l’immeuble, c’est formidable ! » se réjouit d’ailleurs une habitante raccordée au réseau urbain. Pour une autre propriétaire, désormais, « la chaleur est plus douce […], plus régulière, elle est constante en fait ».

Une ressource écologique, infinie et locale qui ne manque pas d’atouts

Les avantages de ce système ne s’arrêtent pas là. En fournissant l’énergie nécessaire au fonctionnement du chauffage urbain, il a permis :

• aux habitants de résister à la crise énergétique, grâce à des factures qui ont sensiblement baissé. Par exemple, une copropriété raccordée au réseau réalise une économie d’environ 1 400 euros par an par rapport au chauffage au fioul ou aux poêles à granulés, utilisés précédemment ;
• de limiter également l’utilisation d’énergies fossiles, tel que le fioul. Grâce à cela, les émissions de gaz à effet de serre (GES) se sont réduites de 30 % dans la commune.

Un autre impact positif qui satisfait totalement Géraldine Pflieger, maire de Saint-Gingolph. Pour elle, la mise en place d’une réelle transition énergétique doit aussi être réalisée au niveau local : « Même une petite commune de 900 habitants peut, à son échelle, proposer une baisse de ses émissions de gaz à effet de serre ».

Voilà donc un exemple positif qui pourrait, à bien des égards, permettre de retrouver foi en l’avenir énergétique de notre pays. En effet, les ressources énergétiques des lacs pourraient se révéler très intéressantes pour produire une énergie renouvelable et propre qui soit :

• locale ;
• gratuite ;
• à prix stable pour le consommateur ;
• illimitée.

D’autres communes de la région du lac Léman seraient ainsi, aujourd’hui, en train de se pencher sur la possibilité d’adopter également ce type de système. Si le sujet du développement des énergies vertes vous intéresse également, sachez que, en réalité, chacun peut agir à son niveau. Vous pouvez, par exemple, faire le choix d’un fournisseur d’électricité et/ou de gaz renouvelable. Comment ? Le Comparateur Énergie de Choisir.com vous donne justement toutes les clés pour comparer facilement les offres du marché. Ainsi, vous aurez toutes les informations utiles afin de prendre une décision qui pourrait avoir un impact fort positif sur la planète… comme sur vos factures !