Électricité : la centrale à charbon de Saint-Avold de nouveau en fonctionnement pour l’hiver 2022-2023

La fermeture de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), en mars 2022, aurait dû être définitive. Toutefois, les risques de coupure d’électricité durant cet hiver 2022-2023 en auront décidé autrement. Annoncée depuis plusieurs mois, sa réouverture temporaire a effectivement eu lieu le 28 novembre dernier. Cette reprise de l’activité comptera-t-elle vraiment en cette période de crise énergétique ? Choisir.com fait le point.

centrale charbon

Une réouverture prévue de longue date

La reprise d’activité de la centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle, avait été annoncée dès le mois de juin 2022 par le gouvernement. Une réouverture rendue nécessaire par :

  • l’éclatement de la guerre en Ukraine. Celle-ci a provoqué, en partie, les grandes tensions dans l’approvisionnement en énergie et la crise énergétique que subissent la France et tous les pays européens ;
  • les nombreux problèmes que connaît le parc nucléaire français, puisqu’environ la moitié de ses réacteurs est actuellement à l’arrêt. EDF a d’ailleurs fait appel à un prestataire américain pour effectuer les réparations ;
  • la menace de coupure de courant cet hiver, découlant de tout ce contexte difficile, qui est réelle pour des millions de foyers et de familles.

La centrale à charbon Émile-Huchet de Saint-Avold a donc, comme cela était prévu, repris sa production depuis le lundi 28 novembre 2022. « Nous avons été appelés à produire de l’électricité depuis 9 heures ce matin » a effectivement déclaré Philippe Lenglart, directeur du site, à l’Agence France-Presse.

La décision de ce jour de réouverture s’explique par les températures qui sont désormais de saison, alors que le début de l’automne avait au contraire été plutôt doux. La centrale de Saint-Avold est en fait l’une des deux dernières du parc français à fonctionner au charbon, avec celle de Cordemais, en Loire-Atlantique.

La France n’est pas un cas isolé au sein de l’Union européenne puisque d’autres pays du continent ont également annoncé la relance de certaines de leurs centrales à charbon. Toutefois, le ministère de la Transition Écologique avait malgré tout annoncé à la fin du mois de juin 2022 que ce redémarrage « s’inscrit dans le plan de fermeture ». Tout en affirmant que l’objectif du gouvernement de fermer l’ensemble des centrales à charbon du territoire national restait « inchangé ».

Un redémarrage d’activité ayant un vrai poids pour lutter contre la crise de l’énergie cet hiver ?

La réouverture de la centrale à charbon de Saint-Avold va-t-elle avoir un réel impact face à la crise de l’énergie qui frappe déjà des millions de Français menacés de coupures de courant cet hiver ? C’est la question que beaucoup se posent.

Il faudra en fait 500 000 tonnes de charbon pour faire tourner le site jusqu’à la fin mars 2023. Mais du charbon qu’il a donc fallu acheter, et pas sur le marché russe. Une partie du combustible déjà livré vient donc par exemple d’Afrique du Sud. D’après des chiffres dévoilés par TF1, on estime que la remise en route de la centrale va, au total, coûter en fait très cher : 500 millions d’euros.

En plus du coût conséquent de ce redémarrage, c’est l’apport en électricité du site mosellan qui questionne. En effet, à plein régime, ce dernier produit 600 mégawattheures (MWh). Cela lui permet d’alimenter le tiers des foyers de la région Grand-Est. Ce qui ne semble quand même pas négligeable.

Néanmoins, l’avis de Michel Deshaies, spécialiste de l’énergie et professeur de géographie à l’université de Lorraine, est beaucoup plus nuancé : « Vers 19 heures, au mois de janvier, on a déjà atteint les années précédentes les 90 GW (90 000 MWh) consommés » explique-t-il. « Donc 600 MWh, c’est mieux que rien, mais c’est très peu. » Dès lors, même si la production électrique de Saint-Avold diminuera d’autant l’électricité que la France devra acheter à ses voisins, cela ne peut pas suffire. Le redémarrage de la centrale Émile-Huchet ne peut donc pas être la seule solution pour répondre au risque de coupure cet hiver et pour protéger les Français.

D’autant qu’en réalité, la part du charbon dans la production électrique nationale est extrêmement minime. En 2021, elle ne s’élevait qu’à 0,7 %. De quoi se demander si la reprise de la centrale de Saint-Avold aura un véritable impact dans l’alimentation nationale en électricité cet hiver. Pour optimiser votre consommation électrique durant cette saison froide, une « météo de l’électricité », baptisée Ecowatt, a d’ailleurs été mise en place par RTE.

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