Production électrique mondiale 2022 : le boom des renouvelables !

publié le 15/04/2023 à 17h01 | mis à jour le 20/06/2023 à 16h25 | par Johann Sonneck

Un niveau record pour la production électrique d’origine renouvelable en 2022

Le mercredi 12 avril 2023, le groupe de réflexion et think tank Ember a publié son quatrième rapport annuel intitulé « Global Electricity Review 2023 ». Traitant de la production électrique au niveau mondial en 2022, l’étude a été réalisée sur la base de données ouvertes du secteur de l’électricité dans 78 pays. Ces derniers représentent en fait 93 % de la demande électrique internationale.

Résultat : l’année passée a été celle d’une augmentation vraiment sensible et remarquable de la production électrique à partir d’énergies renouvelables. En effet, la production d’électricité d’origine solaire et éolienne est passée de 5 % en 2015 à « un record de 12 % de l’électricité mondiale » l’an dernier. Autre élément qui pousse à l’optimisme : « Toutes les sources d’électricité propres ont atteint 39 % de l’électricité mondiale ». Il s’agit, là aussi, d’un « nouveau record ». Dans cette catégorie sont intégrées toutes les énergies décarbonées, à savoir :

• les énergies renouvelables (EnR) bien sûr ;
• mais aussi le nucléaire.

Aujourd’hui, plus de 60 pays (sur les 78 compris dans l’étude) produisent plus de 10 % de leur courant à partir d’EnR. L’Union européenne est d’ailleurs la région du monde où la part d’électricité renouvelable est la plus élevée, avec 22 %. L’énergie solaire y a progressé de 24 % vis-à-vis de l’année précédente. D’autres rapports récents ont également indiqué que l’Amérique Latine est une autre région qui connaît aussi un boom des énergies renouvelables.

Comment expliquer cette accélération importante de ce type d’énergie dans la production électrique de nombreux pays de la planète ? Plusieurs facteurs, qui se sont entremêlés en 2022, peuvent faire comprendre cette évolution :

• la guerre en Ukraine, envahie par l’armée russe en février 2022 ;
• l’arrêt de la fourniture en gaz naturel russe de la part des pays européens, la France par exemple ;
• la flambée des prix de l’énergie et la crise énergétique qui s’est ensuivie en 2022.

Cette crise, qui a impacté nombre de foyers et d’entreprises, a donc forcé de multiples États à se tourner vers l’énergie éolienne et solaire. Cependant, elle a également causé l’augmentation de la part du charbon dans la production électrique mondiale…

Le charbon, plus importante source de production électrique en 2022… mais plus pour très longtemps ?

Si 39 % de l’électricité mondiale est produite à partir d’énergie décarbonée, cela signifie que tout le reste est issu des énergies fossiles, comme le gaz, le pétrole, ou le charbon. En réalité, ce dernier est même resté majoritaire au niveau international. Le rapport d’Ember indique effectivement que, malgré les progrès constatés l’an passé, « le charbon est resté la plus grande source d’électricité au monde, produisant 36 % de l’électricité mondiale en 2022 ». La crise énergétique et les tensions sur le réseau ont rendu nécessaire le recours aux centrales à charbon, comme celle de Saint-Avold en France pour l’hiver 2022-2023. Cela explique pourquoi la part de l’électricité produite à base de charbon a également augmenté en Europe en 2022. Par contre, notons que l’accélération de la production renouvelable a, malgré tout, limité la hausse de la production électrique via le charbon à 1,1 %.

Conséquence directe du recours encore important du charbon comme du gaz : la hausse des émissions de gaz à effet de serre en 2022, de + 1,3 %. Au total, celles-ci se sont élevées à 12 milliards de tonnes d’équivalents CO₂ l’année dernière. Cela représente malheureusement « un nouveau record » d’après les auteurs du rapport.

Malgré cet indicateur plutôt négatif, Ember exprime pourtant des conclusions rassurantes et se voulant être optimistes. En effet, le rapport estime que l’année 2022 pourrait être celle du « pic des émissions liées au secteur électrique et la dernière de croissance de l’énergie fossile » dans ce secteur. Un constat en signe d’espoir pour l’avenir et l’impact climatique qu’a la production électrique dans le monde, vers la décarbonation espérée de ce domaine.

En réalité, les experts considèrent qu’il y aura en 2023 « une faible baisse de la production fossile (-0,3 %) avec des baisses plus importantes les années suivantes à mesure que le déploiement éolien et solaire s’accélérera ».

De nombreux projets récents vont en effet dans ce sens du développement prochain des EnR. Notons quelques exemples rien qu’en France :

• une ferme solaire géante va bientôt s’installer sur une ancienne base militaire de l’Oise ;
• un parc éolien en mer au large de la Normandie, construit par EDF, sera également mis en place dans les années futures.

L’analyste et coauteure du rapport, Malgorzata Wiatros-Motyka, s’est donc réjouie de l’évolution sensible et positive du secteur énergétique. « En cette décennie décisive pour le climat, c’est le début de la fin de l’âge fossile » a-t-elle effectivement déclaré dans un communiqué.

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