Tout comprendre sur le gaz naturel liquéfié (GNL)
Le gaz naturel représente 15 % de la consommation d’énergie en France. Notre pays disposant de très faibles ressources de cette énergie fossile, sa production est aujourd’hui inexistante. Le gaz naturel est donc importé par gazoduc ou par voie maritime. S’il est conservé à l’état gazeux dans les gazoducs, il doit être transformé à l’état liquide pour être transporté dans les méthaniers, ces géants des mers qui acheminent du gaz aux quatre coins du monde : c’est ce qu’on appelle le gaz naturel liquéfié (GNL). Composition, usages, chaîne d’approvisionnement, atouts et inconvénients, état des lieux du marché et perspectives d’avenir : Choisir.com vous livre ici un dossier complet sur le gaz naturel liquéfié.
Qu’est-ce que le gaz naturel liquéfié ?
Le gaz naturel liquéfié est communément appelé GNL, ou LNG pour Liquefied Natural Gas en anglais.
Définition du GNL
Le GNL désigne le gaz naturel condensé à l’état liquide, après un processus de transformation appelé « liquéfaction ».
Pour passer de l’état gazeux à l’état liquide, sa température est abaissée à une valeur avoisinant -161 °C à pression atmosphérique : c’est pourquoi le GNL fait partie des liquides dits « cryogéniques », c’est-à-dire dont la température est inférieure à -150 °C (à l’instar de l’azote ou de l’hydrogène liquides, par exemple).
La liquéfaction du gaz naturel permet de réduire de près de 600 fois son volume tout en conservant son pouvoir calorifique, ce qui lui confère d’indéniables atouts en matière de stockage du gaz évidemment, mais également de transport du gaz.
Le GNL : un siècle d’histoire
Le processus de liquéfaction et le transport de gaz à l’état liquide par voie fluviale ou maritime existent depuis plus d’un siècle : les premiers essais datent des années 1910.
Il faut toutefois attendre 1940 pour que la première usine de gaz naturel liquéfié à grande échelle soit construite aux États-Unis (à Cleveland, Ohio), par la East Ohio Gaz Company. Sa capacité journalière de liquéfaction est alors de 200 m³.
Le GNL apparaît en France en 1965, sous l’impulsion du fournisseur historique Gaz de France (GDF) qui développe le transport par voie maritime. Le gaz naturel importé est d’abord transformé dans une unité de liquéfaction située près d’Oran en Algérie, avant d’être acheminé au terminal méthanier du Havre (Seine-Maritime) puis, à partir de 1972, à celui de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).
Au fil des années, l’amélioration des techniques de liquéfaction, les innovations en matière de construction navale ainsi que l’augmentation des prix des hydrocarbures ont contribué à l’essor du GNL : le transport de ce gaz sur de longues distances étant facilité et de plus en plus viable économiquement.
En 2021, selon le Groupe international des importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL), la part du transport par GNL représentait la moitié des flux internationaux de gaz naturel (50 % de gaz naturel sous forme GNL versus 50 % de gaz naturel transporté par gazoduc).
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faire une simulationQuels sont les usages du GNL ?
Le gaz naturel liquéfié est utilisé en tant que combustible ou carburant dans de multiples applications domestiques, industrielles ou commerciales.
Le GNL en tant que combustible à usage domestique
En France, il est en grande partie injecté dans l’alimentation du réseau de distribution de gaz naturel (après regazéification du gaz liquide) et sert donc principalement à fournir les habitations pour leurs usages domestiques :
- chauffage (chaudière à gaz) ;
- production d’eau chaude sanitaire (chauffe-eau) ;
- cuisson (plaque à gaz).
Le GNL en tant que combustible à usage professionnel
Via le réseau de distribution du gaz ou conditionné en citerne et réservoir, le GNL a également un usage professionnel au sein de grands sites industriels ou commerciaux.
Le GNL en tant que carburant
Un peu partout dans le monde, le GNL est également utilisé comme carburant pour le transport maritime de grande taille (porte-conteneurs, bateaux de croisière, ferrys). Parmi ses atouts, son impact environnemental bien inférieur à celui du fioul lourd, puisque comparativement à cet autre carburant, le GNL émet :
- -20 % d’émissions de CO2 ;
- -85 % d’émissions d’oxyde d’azote.
La filière du GNL comme carburant pour le transport routier est également en plein essor, notamment en Chine où plus de 5 000 stations sont déjà recensées. Ces dernières années, le gouvernement chinois a, en effet, axé une grande partie de sa politique énergétique dans cette énergie prometteuse. Et pour cause :
- du point de vue économique, le GNL dispose d’un atout non négligeable, puisqu’il bénéficie d’avantages fiscaux plus intéressants que les autres carburants. Sa taxation est, par exemple, 4 fois inférieure à celle du diesel ;
- du point de vue de la performance énergétique, le GNL présente un pouvoir calorifique supérieur (PCS) 35 % plus important que celui du fioul (retrouvez plus de détails à ce sujet dans la section suivante).
Notons qu’en Europe, l’usage du GNL pour le transport routier reste encore confidentiel, puisqu’on compte actuellement 265 stations GNL sur le continent, dont seulement 35 en France.
Gaz naturel liquéfié : composition chimique et propriétés énergétiques
La composition du gaz naturel à l’état gazeux (avant liquéfaction) est très variable selon les sites d’extraction. Toutefois, le méthane en est toujours le principal composant :
Composant | Proportion |
---|---|
Méthane (CH4) | 60 % à 98 % |
Éthane (C2H6) | 1 % à 20 % |
Azote (N) | 0 % à 6 % |
Dioxyde de carbone (CO2) | 0 % à 5 % |
Sulfure d’hydrogène (H2S) |
Le gaz naturel avant traitement peut présenter de nombreuses impuretés, telles que :
- du mercure ;
- du benzène (un hydrocarbure) ;
- des paraffines ;
- des mercaptans (alcools corrosifs également appelés thiols) ;
- de l’oxysulfure de carbone (COS) ;
- etc.
Avant la phase de liquéfaction, le gaz naturel subit donc différents traitements chimiques afin d’être débarrassé de ses impuretés. Le dioxyde de carbone et les composés soufrés tels que le sulfure d’hydrogène en sont également extraits.
Après traitement, le gaz est composé de méthane à 96 %. Il est incolore, inodore, non toxique et non corrosif.
Le processus de liquéfaction du gaz engendre la réduction de son volume d’un facteur de près de 600 : en d’autres termes, 600 m³ de gaz naturel à l’état gazeux équivalent à environ 1 m³ de GNL. Notons que cette donnée varie selon les réserves de gaz naturel. Par exemple, le GNL produit en Alaska présente un coefficient de conversion de 586, tandis que celui du GNL libyen est de 558, selon les données du GIIGNL.
Une fois à l’état liquide, le gaz conserve le même pouvoir calorifique, pour un volume nettement réduit. Concrètement, que cela signifie-t-il ? Sachant que le gaz naturel sous forme gazeuse affiche un pouvoir calorifique supérieur (PCS) compris entre 9,5 et 12,8 kWh par mètre cube, un mètre cube de GNL présentera donc un PCS d’environ 5 700 à 7 700 kWh.
La masse volumique moyenne du gaz naturel liquéfié est de 445 kg/m³ (une tonne de GNL = 2,25 m³). En comparaison, celle du gaz naturel à l’état gazeux est de 0,79 kg/m³ seulement (une tonne de gaz naturel = 1 265 m³).
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faire une simulationLes infrastructures nécessaires au marché du gaz naturel
En premier lieu, rappelons que le gaz naturel est extrait par forage de gisements miniers répartis un peu partout dans le monde.
La Russie dispose des ressources les plus importantes (20 % des réserves mondiales). Le Moyen-Orient concentre à lui seul 40 % des réserves de gaz prouvées, grâce, notamment, à l’Iran (17 %) et au Qatar (13 %).
Toutefois, les pays privés de gaz naturel sont nombreux : la France en fait partie. Pour ceux-ci, deux solutions sont possibles :
- acheminer du gaz naturel par gazoduc ;
- ou acheminer du GNL par voie maritime.
L’acheminement du gaz naturel par gazoduc
À l’état gazeux, le gaz naturel est acheminé par voie terrestre et sous-marine dans des gazoducs. Des stations de compression servant au maintien d’une pression suffisante sont installées tout au long des canalisations.
La longueur totale des gazoducs présents dans le monde est estimée à 1 million de kilomètres (l’équivalent de 25 fois la circonférence de la Terre !) Néanmoins, malgré cet impressionnant réseau, toutes les régions du globe ne sont pas desservies. Par ailleurs, lorsque les gazoducs sont hors service (à l’image des gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique, touchés par d’importantes fuites en septembre 2022), l’alimentation en gaz est alors à l’arrêt.
L’acheminement du gaz naturel liquéfié par voie maritime
Le développement du GNL et son acheminement par voie maritime permettent l’accès au gaz naturel des pays non producteurs (en raison de l’absence de gisements miniers sur leur territoire) et qui ne sont pas raccordés au réseau de gazoducs terrestres ou maritimes.
Pour les autres pays tels que la France, le recours au gaz naturel liquéfié, ressource facilement stockable et transportable, s’avère être un choix judicieux pour diversifier et sécuriser les approvisionnements en énergie. Notons également que le transport du gaz par navire permet de s’affranchir des contraintes géostratégiques et de ne pas dépendre d’un fournisseur unique.
Toutefois, la production, le transport de GNL et sa transformation à l’état gazeux (processus appelé regazéification) nécessitent également des infrastructures importantes, aussi bien du côté du producteur exportateur que du pays importateur, notamment :
- des stations de liquéfaction pour transformer le gaz naturel en GNL ;
- des navires méthaniers pour transporter le GNL par voie maritime ;
- des terminaux méthaniers pour réceptionner le GNL et procéder à sa regazéification.
Focus sur les stations de liquéfaction
Les usines de liquéfaction sont situées en face maritime ou fluviale des pays producteurs de gaz naturel. Une fois le gaz extrait du gisement, il est transporté par gazoduc jusqu’à la station, où il est liquéfié avant d’être acheminé :
- par la voie maritime dans un méthanier ;
- ou par la voie terrestre dans un camion-citerne.
Le groupe français TotalEnergies est le 2e plus grand acteur privé de GNL à l’échelle mondiale : il en produit depuis plus de 40 ans. Il opère de nombreuses infrastructures de traitement et de liquéfaction du gaz naturel réparties un peu partout dans le monde et continue à investir massivement dans le gaz naturel liquéfié. Parmi ses projets en cours, citons « Artic LNG-2 », une gigantesque usine d’exploitation gazière située en Arctique russe, dont TotalEnergies détient 21,6 % du capital. Son inauguration aura vraisemblablement lieu en 2023.
Focus sur les méthaniers, ces géants des mers qui transportent le gaz naturel liquéfié
Les méthaniers sont de gros navires-citernes spécialement construits pour le transport du GNL. Ils doivent leur nom au méthane, cet hydrocarbure qui compose le GNL à plus de 96 %.
Également appelés « tankers de gaz », les méthaniers acheminent le gaz naturel liquéfié depuis les pays producteurs jusqu’aux ports méthaniers (c’est-à-dire les ports dotés d’un terminal méthanier). On distingue trois catégories de navires :
- les méthaniers à membrane (les plus nombreux dans le monde), dont les cuves sont directement intégrées à la coque. Ce sont essentiellement ces modèles qui sont construits en France au sein des chantiers navals de Saint-Nazaire ;
- les méthaniers à sphères, composés généralement de 4 à 5 citernes en aluminium ;
- les méthaniers prismatiques, dont les cuves sont indépendantes de la coque et que l’on retrouve surtout en Asie.
Les méthaniers sont isolés thermiquement afin que le gaz puisse être maintenu à l’état liquide.
Leur capacité de stockage est généralement d’au moins 140 000 m³.
À titre indicatif, un méthanier de 150 000 m³ transporte l’équivalent de 1 térawattheure (TWh), soit autant que la consommation de gaz annuelle d’une ville de 100 000 habitants !
D’après l’AFG (Association française du gaz), en 2020, la flotte mondiale était composée de 700 navires méthaniers, capables de transporter au total 6,4 millions de mètres cubes de GNL.
Focus sur les terminaux méthaniers
Les territoires souhaitant s’approvisionner en gaz naturel liquéfié doivent être dotés de terminaux méthaniers (également appelés ports méthaniers ou encore terminaux GNL). Ceux-ci sont suffisamment dimensionnés pour accueillir de gigantesques navires, réceptionner le GNL et le stocker dans des réservoirs cryogéniques. Ils disposent également d’un site dédié à la regazéification du GNL.
En France, le 1er port méthanier fut mis en service à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) en 1972. La France dispose actuellement de 4 terminaux méthaniers répartis sur l’ensemble du territoire :
Nom du terminal | Localisation | Capacité de stockage (en m³) | Volume de stockage maximal des méthaniers accueillis | Société exploitation | Origine du GNL | Mise en service |
---|---|---|---|---|---|---|
Fos Tonkin | Fos-sur-Mer, Bouches-du-Rhône | 150 000 m³ | Jusqu’à 75 000 m³ | Elengy (filiale d’Engie) | Algérie, Égypte | 1972 |
Fos Cavaou | 330 000 m³ | Jusqu’à 267 000 m³ (modèles Q-max) | Fosmax LNG (filiale à 100 % d’Elengy) | 2010 | ||
Montoir-de-Bretagne | Loire-Atlantique | 360 000 m³ | Elengy (filiale d’Engie) | Algérie, Nigeria | 1980 | |
Dunkerque (Loon-Plage) | Nord | 600 000 m³ | Gaz-Opale (filiale de Dunkerque LNG et de Fluxys) | NC | 2017 |
Notons qu’au printemps 2022, le gouvernement français a annoncé la prochaine réouverture du terminal méthanier du Havre (qui fut en service entre 1965 et 1989) afin d’augmenter sa capacité d’importation du GNL et ainsi, réduire sa dépendance au gaz russe.
L’installation sera toutefois différente de celle existante par le passé puisqu’elle consistera en une unité flottante de stockage et de regazéification du GNL, également appelée FSRU (pour Floating Storage Regasification Unit) ou encore navire FRSU. Il en existe actuellement 45 dans le monde.
Concrètement, le transfert du gaz naturel liquéfié depuis le navire méthanier vers le navire FSRU s’effectuera grâce à un bras de chargement composé de tuyaux flexibles cryogéniques. Le GNL sera ensuite transformé à l’état gazeux au sein du navire FSRU, dans des trains de regazéification utilisant l’eau de mer pour le faire monter en température, avant d’être dirigé vers des installations à terre via un gazoduc haute pression.
Ce projet devrait voir le jour à l’automne 2023.
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Les différentes étapes de la chaîne GNL
La chaîne d’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (ou cycle de production) est constituée de 6 phases principales, depuis l’extraction du gaz jusqu’à la fourniture au consommateur final :
- Extraction du gaz naturel ;
- Liquéfaction du gaz naturel ;
- Stockage du GNL ;
- Transport du GNL ;
- Regazéification du GNL ;
- Logistique de distribution du GNL.
Voyons cela plus en détails.
1. Extraction du gaz naturel
Le gaz naturel est une énergie fossile : c’est une ressource naturelle présente en quantités limitées dans le sous-sol de la Terre.
La première étape de la chaîne GNL est donc, bien évidemment, l’extraction du gaz naturel à travers l’exploitation d’un gisement de gaz (forage horizontal ou vertical).
2. Liquéfaction du gaz naturel
Le gaz est ensuite transporté par canalisation vers une usine de liquéfaction dotée d’installations portuaires, où il subit différents traitements chimiques afin d’être débarrassé de ses impuretés.
Après épuration, le processus de liquéfaction peut commencer :
- Dans un premier temps, le gaz naturel subit un processus de déshydratation. L’eau qu’il contient est entièrement éliminée pour supprimer tout risque de formation d’hydrates de méthane susceptibles de bloquer les échangeurs cryogéniques. On procède également à l’extraction des traces de mercure afin d’éviter les risques de corrosion ;
- La suite consiste en différentes phases imbriquées de cycles frigorifiques (similaires au cycle frigorifique d’un réfrigérateur classique) et de cycles de pré-refroidissement :
- le gaz naturel est refroidi par un premier échangeur à une température de -30 °C, puis par un deuxième échangeur à une température de -90 °C,
- à cette étape, le propane et le butane présents dans le gaz naturel sont récupérés. Ils seront utilisés comme matière première ou carburant/combustible de gaz (gaz de pétrole liquéfié ou GPL),
- la phase suivante consiste à comprimer, puis à abaisser la température du gaz de -90 °C à environ -161 °C via un troisième échangeur. Ce stade final de la liquéfaction permet de changer l’état physique du gaz naturel, du gazeux au liquide ;
- Enfin, le gaz naturel devenu liquide est sous-refroidi, puis « détendu » pour être stocké à une pression sensiblement atmosphérique.
On dit que le procédé de liquéfaction est basé sur des cycles à compression-détente, puisqu’il combine des phases à haute pression (compression) à une phase de détente (transformation au cours de laquelle la pression diminue, pour retrouver le niveau atmosphérique).
3. Stockage du GNL
Une fois liquéfié, le gaz naturel est stocké à pression atmosphérique dans de vastes réservoirs métalliques ou bétonnés, en attendant d’être acheminé à travers le monde.
Ces réservoirs cryogéniques sont de forme cylindrique et ont un fonctionnement similaire à celui d’une bouteille thermos. Dotés d’une double paroi, ils présentent une excellente isolation thermique et une parfaite étanchéité, indispensables pour maintenir le gaz naturel liquéfié à l’état liquide et réduire le risque d’évaporation.
La capacité de stockage d’une usine de liquéfaction varie entre 65 000 et 150 000 m³ de GNL.
4. Transport du GNL
Le gaz naturel liquéfié est ensuite chargé dans un navire méthanier dont les réservoirs présentent également d’excellentes caractéristiques d’isolation et d’étanchéité, puis transporté jusqu’au terminal méthanier de destination. Il est alors transféré sur une ligne de déchargement dotée de bras articulés et stocké dans des réservoirs cryogéniques dont la capacité est variable selon les ports (entre 40 000 et 200 000 m³).
5. Regazéification du GNL
Le GNL est ensuite transformé à l’état gazeux dans l’unité de regazéification du terminal méthanier. Pour cela, sa température est élevée à environ 0 °C :
- sous haute pression (entre 70 et 100 bar), si le gaz est destiné à alimenter une canalisation de transport à distance ;
- à pression modérée (entre 10 et 30 bar), si le gaz est destiné à être utilisé localement ou transporté en camion-citerne.
Une station de regazéification comprend :
- des pompes pour la compression du gaz à la pression adéquate ;
- des échangeurs à ruissellement d’eau de mer afin d’augmenter la température du gaz naturel ;
- des dispositifs pour ajuster, si besoin, le pouvoir calorifique du gaz (en l’enrichissant avec de l’azote, par exemple).
6. Logistique de distribution du GNL
En France, le GNL est distribué en grande majorité par injection dans le réseau de transport du gaz naturel. Celui-ci est géré par deux grands acteurs : GRTgaz et Teréga.
Précisons qu’une partie du GNL importé est conservée à l’état liquide et ne passe donc pas par une unité de regazéification : c’est le cas du GNL destiné à servir de carburant et acheminé vers les différents points de consommation par camion-citerne.
Les principaux atouts et inconvénients du gaz naturel liquéfié
Si le GNL a d’indéniables atouts sur les plans technique et stratégique, il présente aussi quelques inconvénients.
Atouts du GNL | Inconvénients du GNL |
---|---|
• Acheminement par voie maritime, qui permet de : – transporter du gaz sur de très grandes distances et à travers des mers profondes, lorsque le transport par gazoduc est trop coûteux ou inenvisageable ; – s’affranchir des contraintes géopolitiques et de sécuriser les approvisionnements ; – diversifier ses fournisseurs et d’éviter les situations de monopole (mise en concurrence, donc régulation des prix). • Grande compacité du GNL : volume du gaz à l’état liquide près de 600 fois inférieur à celui à l’état gazeux, ce qui facilite son stockage et son transport. • Pouvoir calorifique conservé. • Bon rendement énergétique (PCS 35 % supérieur à celui du fioul). • Énergie fossile la moins polluante : émet moins de gaz à effet de serre que le fioul, le pétrole et le charbon. | • Coûts de production et de stockage importants (nécessite la construction d’usines de liquéfaction, de navires méthaniers et de terminaux). • Seuls les pays ayant une façade maritime peuvent importer ou exporter du GNL. • Le gaz est une énergie fossile, émettrice de gaz à effet de serre et non renouvelable (projection d’épuisement des ressources avant 2100). • Le GNL nécessite beaucoup plus d’énergie pour son acheminement que le gaz transporté par gazoduc, en raison des procédés de liquéfaction et de regazéification très énergivores. |
État des lieux du marché du GNL et perspectives
Le marché du gaz naturel liquéfié occupe une place stratégique dans le marché global de gaz naturel.
Le GNL représente désormais la moitié des flux de gaz naturel dans le monde : les variations du marché GNL peuvent donc avoir un impact important sur le prix de l’énergie. Un report de construction de terminaux méthaniers ou un abandon de production de GNL dans un pays producteur sont autant d’exemples ayant un effet direct sur le cours mondial du gaz.
Les chiffres clés du GNL
Production, importations, consommation, etc. : retrouvez dans le tableau ci-dessous les données récentes du marché du GNL.
Thématique | Données | Année et sources |
---|---|---|
Production mondiale de GNL | • 841 millions de m³ de GNL (équivalent à 504 milliards de m³ de gaz naturel). • 372 millions de tonnes. • 10 % du gaz commercialisé dans le monde. • +4,5 % par rapport à 2020. | Données 2021 AFG |
Flotte mondiale | • 700 navires méthaniers. • Capacité totale de chargement de 6,4 millions de m³. | Données 2020 AFG |
Flux mondiaux de gaz naturel | Répartition : – 50 % GNL ; – 50 % par gazoduc. | Données 2021 GIIGNL et AFG |
Importations de GNL en Europe | • Répartition des importations de gaz naturel : – 31 % GNL ; – 69 % par gazoduc. • 75 millions de tonnes de GNL importé. • 20 % du GNL mondial importé. | |
Importations de GNL en France | • 12,3 millions de tonnes. • 3,3 % du GNL mondial importé. | |
Consommation de gaz naturel en Europe | Répartition : – 19 % importations GNL ; – 43 % importations par gazoduc ; – 38 % production domestique. | |
Acteurs | • 19 pays exportateurs. • 45 pays importateurs. | Données 2022 GIIGNL |
Les pays producteurs et les pays importateurs de GNL
Observons désormais quels sont les principaux acteurs du GNL à l’échelle internationale.
Les pays exportateurs de GNL
Selon le GIIGNL, en 2022, 19 pays produisent et exportent du gaz naturel liquéfié dans le monde.
Classement | Pays | Part en % du volume mondial exporté |
---|---|---|
1 | Australie | 21,1 % |
2 | Qatar | 20,7 % |
3 | États-Unis | 18,0 % |
4 | Russie | 7,9 % |
5 | Malaisie | 6,7 % |
6 | Nigeria | 4,4 % |
7 | Indonésie | 3,7 % |
8 | Algérie | 3,2 % |
9 | Oman | 2,7 % |
10 | Papouasie-Nouvelle-Guinée | 2,2 % |
11 | Égypte | 1,8 % |
12 | Trinité-et-Tobago | 1,7 % |
13 | Émirats arabes unis | 1,6 % |
14 | Brunei | 1,5 % |
15 | Angola | 1,0 % |
16 | Guinée équatoriale | 0,7 % |
17 | Pérou | |
18 | Cameroun | 0,3 % |
19 | Norvège | 0,1 % |
Source : GIIGNL Annual Report 2022 (données 2021)
Notons que le trio de tête (Australie, Qatar et États-Unis) exporte près de 60 % du volume global de gaz naturel liquéfié.
Les pays importateurs de GNL
En 2021, la Chine est devenue 1er importateur mondial de gaz naturel liquéfié avec 21,3 % du volume global importé.
C’est l’Asie qui dynamise le marché, loin devant le reste du monde : les 5 premiers pays importateurs sont asiatiques et comptabilisent à eux seuls les deux tiers du volume mondial importé (66 %).
L’Europe a importé 75 millions de tonnes de GNL (soit 20,2 % du volume mondial) et la France est le 7e importateur au monde, avec 12,3 millions de tonnes (3,3 %).
Classement | Pays | Part en % du volume mondial importé |
---|---|---|
1 | Chine | 21,3 % |
2 | Japon | 21,0 % |
3 | Corée du Sud | 12,6 % |
4 | Inde | 6,5 % |
5 | Taïwan | 5,2 % |
6 | Espagne | 3,7 % |
7 | France | 3,3 % |
8 | Royaume-Uni | 3,0 % |
9 | Turquie | 2,7 % |
10 | Pakistan | 2,2 % |
– | Autres | 19,2 % |
Source : GIIGNL Annual Report 2022 (données 2021)
Le marché du GNL en France et en Europe
En 2021, la France s’est principalement fournie auprès de la Russie (29 % des importations), de l’Algérie (27 %), des États-Unis (23 %) et du Nigeria (20 %).
Si les importations nettes mondiales de GNL ont augmenté de 5,1 % entre 2021 et 2022 (d’après les estimations du GIIGNL sur la période janvier-octobre), c’est principalement grâce à l’Europe, qui tire la croissance du marché avec +64,4 % de volume importé (parallèlement, l’Asie voit baisser ses importations de 7,1 %).
On observe donc une concurrence accrue entre les deux régions du monde et, par ricochet, une hausse des prix et une volatilité de plus importante – à l’image de l’ensemble du marché de l’énergie.
En Europe, les terminaux méthaniers pour réceptionner et regazéifier le GNL se développent. De nombreux projets sont en cours, à l’image du nouveau terminal du Havre qui – nous l’avons évoqué précédemment – devrait voir le jour d’ici l’automne 2023 et ainsi augmenter la capacité d’importation sur le territoire hexagonal.
À ce titre, notons que la France, le Portugal, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, la Pologne et enfin la Croatie présentent des taux d’utilisation de leurs ports méthaniers supérieurs à 80 %, ce qui confirme la nécessité de déployer davantage d’infrastructures pour répondre aux besoins.
La croissance du GNL portée par la crise de l’énergie et les tensions avec la Russie
Le marché de l’énergie subit une crise inédite depuis l’été 2021. À ce contexte difficile s’est ajoutée l’invasion de la Russie en Ukraine en février 2022, qui a bouleversé l’échiquier géopolitique mondial.
Ce conflit a eu notamment pour conséquence la chute des livraisons de gaz russe par gazoduc en Europe, l’UE souhaitant se défaire de sa dépendance de Moscou en matière d’approvisionnement énergétique. Des livraisons perturbées également par le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique (reliant la Russie à l’Allemagne). La Commission européenne l’a d’ailleurs réaffirmé récemment : « L’UE ne peut plus continuer à être dépendante d’un fournisseur qui bafoue ouvertement nos valeurs et la paix en Europe. »
Cet état de fait a favorisé, par ricochet, le développement de la filière GNL, perçue comme une solution idéale pour diversifier les sources d’approvisionnement. L’Union internationale du gaz (International Gas Union ou IGU) présente d’ailleurs le gaz naturel liquéfié comme « une assurance flexible à long terme pour la sécurité d’approvisionnement ».
Précisons que l’année 2021 avait déjà été une excellente année pour le marché du gaz naturel liquéfié, le commerce mondial de GNL ayant atteint le niveau record de 372 millions de tonnes (selon l’AFG), soit une augmentation de 4,5 % par rapport à 2020.
La hausse des importations avait principalement profité aux États-Unis, dont les exportations ont bondi de 22,3 millions de tonnes en un an. Le pays prévoit d’ailleurs de devenir le premier exportateur mondial de GNL dès 2022.
La croissance du GNL s’est encore accélérée ces derniers mois : les importations européennes ont augmenté de 64,4 % sur la période janvier à octobre 2022, par rapport à la même période en 2021.
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faire une simulationQuel avenir pour le GNL ?
Le gaz naturel liquéfié semble avoir de beaux jours devant lui. Depuis le début du conflit russo-ukrainien et la réduction des importations de gaz par gazoduc en provenance de Russie, les pays européens ont réactivé le développement de projets de regazéification auparavant inactifs et également initié le développement de nouveaux projets et contrats.
L’Allemagne, par exemple, a signé un accord important avec le Qatar en novembre 2022 afin d’être approvisionné en GNL qatari dès 2026, et ce pendant au moins 15 ans.
Notons par ailleurs que de nombreux projets de terminaux méthaniers en Europe peuvent voir le jour relativement rapidement en affrétant des FSRU, ces unités flottantes de stockage et de regazéification (FSRU) :
- en France, le FSRU Cape Ann sera inauguré au port du Havre à l’automne 2023. Opéré par TotalEnergies, il permettra « d’injecter jusqu’à 5 milliards de m3 de gaz naturel par an dans le réseau national, ce qui représente environ 60 % du gaz russe importé par la France en 2021, ou environ 10 % de la consommation annuelle française », d’après la préfecture de la Seine-Maritime ;
- l’Allemagne devrait mettre en service dès l’hiver 2022/2023 deux nouveaux FSRU à Lubmin et Brunsbüttel, et un troisième à Wilhelmshaven courant 2023 ;
- d’autres projets sont également en cours en Italie, en Pologne, en Finlande, en Grèce ou encore en Estonie.
Les experts du marché gazier prévoient un fort développement de la filière GNL à moyen et long termes :
- selon l’EIA, la capacité d’importation de GNL dans l’Union européenne et au Royaume-Uni devrait croître de 34 % d’ici 2024 par rapport à son niveau de 2021, et ainsi augmenter de près de 200 millions de m³ par jour ;
- l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit quant à elle le doublement des flux internationaux de GNL à l’horizon 2040, par rapport à leur niveau 2020. Leur volume devrait alors atteindre 729 Gm³ (gigas mètres cubes), soit près de 60 % des échanges gaziers mondiaux.
Parmi les évolutions nécessaires du marché de l’énergie pour faire face au changement climatique, le GNL apparaît plus que jamais comme une énergie de transition, avant l’avènement attendu des énergies renouvelables (biogaz produit grâce au processus de méthanisation et hydrogène, par exemple). Consultez notre article dédié à la neutralité carbone et à l’avenir des infrastructures gazières du pays pour en apprendre plus.
Questions fréquentes à propos du GNL
Pour clôturer cet article, voici quelques réponses aux questions fréquemment posées à propos du gaz naturel liquéfié.
GNL, GPL ou encore GNV : quelles différences ?
Ces 3 sigles recouvrent un point commun : ce sont tous des gaz facilement transportables. Toutefois, ils diffèrent par leur composition et leur utilisation.
- Le sigle GPL désigne le gaz de pétrole liquéfié, qui peut être du butane ou du propane. Sa liquéfaction est effectuée à une température de 0 °C (pour le butane) et -44 °C (pour le propane). Destiné à un usage domestique (cuisson et chauffage), il est stocké et transporté en bouteilles ou en citernes. Sous une composition légèrement différente, le GPL peut également être utilisé comme carburant automobile (GPL-c).
- Moins connu et encore peu développé, le GNV désigne le gaz naturel pour véhicules, un gaz utilisé comme carburant automobile. Il est stocké dans des réservoirs spécifiques (différents de ceux utilisés pour le GPL), à haute pression.
Quel est l’impact environnemental du GNL par rapport aux autres combustibles ?
Le GNL, en tant que gaz naturel, est la moins polluante des énergies fossiles : il émet moins de CO2 que le fioul ou le charbon, par exemple.
Toutefois, pour évaluer précisément l’empreinte environnementale d’une énergie, il est important de prendre en compte l’intégralité de son cycle de vie et, notamment, les émissions qu’il génère en amont de sa consommation. Sur ce plan, le GNL a peu d’arguments en sa faveur : en effet, les procédés de liquéfaction et de regazéification nécessitent énormément d’énergie. Selon certains experts, purifier et liquéfier le gaz naturel, le transporter par navire jusqu’à un terminal méthanier puis le regazéifier serait 1,8 fois plus énergivore que le transporter par gazoduc. In fine, le GNL serait 2,3 fois plus émissif en CO2 que le gaz acheminé par gazoduc, pour une même quantité donnée et par kilomètre parcouru.
Ajoutons que les transports GNL sont réalisés sur de bien plus longues distances que ceux par gazoduc.
Enfin, lorsque le GNL est issu de l’exploitation de gisements de gaz de schiste, le coût environnemental est encore plus important. En effet, on estime que l’extraction de ce gaz génère 1,5 à 4 fois plus de CO2 que celle du gaz naturel dit « conventionnel ».
Si l’on intègre les émissions de combustion, le gaz de schiste liquéfié émettrait ainsi presque autant de gaz à effet de serre que le charbon !
Quel est le prix du GNL ?
De manière générale, le prix du GNL sur les marchés est fortement corrélé au coût de la chaîne de production GNL. Celle-ci génère des frais d’infrastructures et de fonctionnement très importants (hors extraction du gaz), notamment pour les pays producteurs :
- 60 % des coûts spécifiquement applicables au GNL concernent les opérations de liquéfaction ;
- 20 % concernent le transport par méthanier ;
- 20 % concernent les opérations de regazéification.
Représentant aujourd’hui 50 % de la production mondiale de gaz naturel, le GNL occupe évidemment une place stratégique dans le marché gazier et joue un rôle déterminant sur le prix du gaz : le cours du GNL impacte plus globalement celui du gaz naturel sur les marchés de gros et, in fine, le tarif payé par le consommateur final.
Il est important de préciser que l’usager raccordé au gaz via le réseau de distribution ne peut connaître l’origine de l’énergie fournie dans le cadre de son contrat : celle-ci peut aussi bien avoir été acheminée sous forme gazeuse dans des gazoducs que sous forme liquide dans des méthaniers.
D’autres questions sur ce sujet ?
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