Gaz naturel liquéfié : un gros contrat obtenu par TotalEnergies

Du fait de la crise énergétique, l’année 2022 a été celle d’un gros boom sur le marché international du gaz naturel liquéfié (GNL). Les pays européens ont justement réalisé des importations records pour pallier l’arrêt de fourniture du gaz naturel russe. Afin de continuer de se passer de la Russie, c’est un accord majeur que vient de signer, le 1er mai dernier, le groupe pétrolier français TotalEnergies. Contracté avec Adnoc, compagnie des Émirats arabes unis, il a été conclu à hauteur d’environ 1 milliard de dollars et s’étendra sur trois ans, jusqu’en 2025. Choisir.com revient sur ce que prévoit cette livraison de GNL qui ne devrait, néanmoins, pas prendre la direction de l’Europe.

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TotalEnergies décroche un contrat de GNL de 1 à 1,2 milliard de dollars

C’est un contrat stratégique que vient de signer le géant de l’énergie français TotalEnergies. Le lundi 1er mai 2023, son nouveau partenaire, la compagnie gazière émiratie Adnoc, l’a officiellement annoncé. L’objet : la livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) de la part d’Adnoc qui est donc :

  • l’Abu Dhabi National Oil Company ;
  • la possession du gouvernement des Émirats arabes unis (EAU), dans le golfe persique.

Ce contrat a été conclu entre 1 et 1,2 milliard de dollars, soit entre 900 millions et 1 milliard d’euros. Il est valable pour une période de trois ans. Concrètement, cela implique que le GNL émirati sera livré au groupe pétrolier français jusqu’en 2025. Les volumes contractés n’ont pas été officiellement dévoilés. Le média Le Figaro a malgré tout annoncé un chiffre de 1,6 million de tonnes de GNL à livrer entre 2023 et 2025.

TotalEnergies a expliqué que « cet accord fait suite à des discussions bilatérales entre les deux compagnies et n’avait pas été discuté lors de la visite du président des Émirats arabes unis, en juillet 2022 ». Emmanuel Macron avait effectivement reçu en France le Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, président des EAU, dans un contexte d’éclatement de la crise énergétique. Cette visite avait aussi été l’occasion pour TotalEnergies et Adnoc de signer un premier accord. Il prévoit la coopération des deux compagnies dans le secteur des approvisionnements en énergie.

Dans tous les cas, l’obtention de ce nouveau contrat par l’entreprise française témoigne de la volonté européenne de :

  • se passer de la Russie d’un point de vue énergétique ;
  • trouver de nouveaux fournisseurs.

La guerre en Ukraine et l’arrêt des livraisons de gaz russe sont effectivement deux des principaux facteurs ayant provoqué les tensions énergétiques de 2022. Cela a obligé l’Europe à réaliser des importations records de GNL l’an passé afin d’assurer sa sécurité énergétique. Ces importations de GNL avaient ainsi pour but de suppléer les livraisons de gaz naturel russe. Néanmoins, il faut malgré tout savoir que ces livraisons venaient, pour une large part, de… Russie. L’objectif de TotalEnergies, par ce nouveau contrat, est donc bien de trouver d’autres partenaires pour parvenir à se passer réellement de l’énergie russe.

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Du GNL qui n’ira pas en Europe, mais plutôt en Asie

L’accord entre TotalEnergies et Adnoc n’aura cependant pas comme finalité d’alimenter le marché européen. La compagnie nationale émiratie a en effet indiqué que son GNL « sera livré à divers marchés d’exportation dans le monde entier ». Le but de ce contrat est donc la revente du GNL sur les marchés internationaux et en particulier en Asie, comme l’a confirmé TotalEnergies. « L’accord doit démarrer en 2023 et vise en priorité le marché asiatique » a expliqué le groupe à l’AFP.

Même s’il n’est pas destiné à assurer la sécurité énergétique européenne, ce contrat survient tandis que le marché du GNL est extrêmement tendu. Différents facteurs expliquent cette situation :

  • les importations européennes records de 2022 ;
  • le rebond de l’activité attendu en Chine en 2023. S’il se concrétise, cela rendrait la concurrence mondiale plus féroce au sujet de cette énergie fossile ;
  • les nouvelles capacités de production, américaines et qataries par exemple, qui ne seront pas disponibles sur le marché avant au moins trois ans.

Dans ce contexte, TotalEnergies est donc parvenu à acquérir l’un des derniers contrats de GNL disponibles au niveau international. Malgré tout, l’Oxford Institute for Energy Studies estime que l’offre de GNL est en « légère augmentation » en 2023 vis-à-vis de 2022. L’année passée a été marquée par les sommets historiques atteints par le marché du GNL, à 450 milliards de dollars. Les prix s’étaient donc fortement envolés, comme ceux de toutes les énergies. L’Agence internationale de l’énergie (IEA) notait que, dans le même temps, les volumes n’avaient augmenté que de 6 %.

Un prix du GNL en baisse en 2023, même si la situation reste fragile

Après la flambée des prix de 2022, le contrat signé entre TotalEnergies et Adnoc intervient dans une conjoncture tout autre. Depuis le début 2023, les prix du gaz, gaz naturel comme GNL, baissent en effet sur les marchés mondiaux. Les prix du GNL se mesurent avec un indice de référence mondial, le Japan Korea Marker (JKM), en Asie. Ces tarifs, déjà en recul depuis janvier, ont encore chuté de presque 25 % entre janvier et avril 2023.

Au niveau de la production de GNL, le BP Statistical Review of World Energy indique que les EAU ont produit 8,8 milliards de mètres cubes en 2021. Cela a représenté 1,7 % des exportations mondiales. À l’avenir, le pays espère atteindre une production de 15 millions de tonnes par an, selon l’agence américaine Bloomberg. Celle-ci est spécialisée dans les services aux professionnels des marchés financiers.

Autant de signaux positifs, symbolisés par l’accord réunissant Adnoc et TotalEnergies, qui indiquent que nous sommes proches d’une définitive sortie de crise ? Pas forcément. Dans sa dernière étude trimestrielle parue le 17 avril dernier, l’Oxford Institute of Energy Studies se montre clair. Ce centre de recherche spécialisé juge effectivement qu’« il ne faudrait pas grand-chose pour provoquer un fort rebond » des prix du gaz. Selon les auteurs de ce rapport, plusieurs facteurs pourraient « perturber l’équilibre actuel », à savoir :

  • un rebond, même plutôt faible, de la demande sur les continents européens ou asiatiques ;
  • un hiver 2023-2024 plus rigoureux ;
  • une rupture d’approvisionnement en gaz naturel ou en GNL, ce qui n’est pas inenvisageable.

Ainsi, pour eux, « il est trop tôt pour être confiant dans le fait que les signaux pointent nécessairement dans une bonne direction pour l’ensemble de 2023 ».

Si ce contrat décroché par TotalEnergies jusqu’en 2025 est une bonne chose pour la santé du groupe et le marché mondial, il convient donc de rester prudent. Tout en n’oubliant pas que, pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles et à la volatilité du marché gazier, un levier reste fondamental : le recours aux énergies renouvelables. C’est justement l’un des domaines dans lequel la France est (encore) en retard par rapport à ses voisins européens.

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