Rétrofit d’un véhicule diesel ou essence : une bonne idée ?

Comme de nombreux pays, la France cherche à accélérer sa transition écologique. Pour ce faire, les pouvoirs publics se concentrent sur plusieurs axes simultanément, car de nombreux secteurs ont des progrès à réaliser. Les transports sont une activité très polluante, qui se trouve donc dans le viseur des autorités. L’objectif est d’encourager les entreprises et particuliers à investir dans des modèles peu polluants, par exemple des véhicules électriques. C’est d’ailleurs pour cela que les véhicules à moteur thermique seront interdits à la vente dès 2035. Mais cela ne règle pas complètement le problème, car de nombreuses voitures diesel et essence sont encore en circulation, et l’interdiction ne concerne que les véhicules neufs. Pour accélérer la transition énergétique dans les transports, le rétrofit peut être un outil intéressant, voici comment.

retrofit voiture

Que veut dire retrofit ?

La définition du retrofit est simple, il s’agit de transformer un véhicule thermique en véhicule électrique ou en véhicule hydrogène ; cette deuxième option est généralement réservée aux véhicules lourds (camions, autobus, etc.). Cette pratique est autorisée en France depuis le 4 avril 2020 dans le but de favoriser la mobilité électrique dans l’Hexagone. Avant cette date, il était interdit d’électrifier une voiture thermique sans l’accord du constructeur.

Pour faire du rétrofit en France, il faut respecter plusieurs conditions :

  • le moteur électrique doit être d’une puissance équivalente au moteur thermique d’origine du véhicule ;
  • il est possible de remplacer le moteur thermique par une batterie (voiture électrique) ou une pile à combustible (véhicule hydrogène) ;
  • la variation de poids du véhicule due au retrofitting ne peut pas excéder 20 % du poids d’origine ;
  • la conversion doit obligatoirement être réalisée par un professionnel qualifié.

Pourquoi choisir le rétrofit ?

Plusieurs raisons expliquent que les consommateurs se tournent vers le retrofit et que les pouvoirs publics encouragent cette pratique :

  • en devenant électrique, une voiture cesse de consommer de l’essence ou du diesel, ce qui diminue l’empreinte carbone de l’utilisateur et limite la pollution aux particules fines ;
  • en transformant un véhicule existant plutôt qu’en achetant un véhicule électrique neuf, le propriétaire limite l’utilisation de matériaux nécessaire à la production d’une voiture. Cela fait baisser son empreinte écologique ;
  • rouler en véhicule électrique permet d’accéder aux Zones à faible émission (ZFE) qui existent déjà dans les centres-villes de grandes agglomérations et sont amenées à s’étendre dans les années à venir ;
  • le rétrofit d’un véhicule thermique coûte moins cher que l’achat d’une voiture électrique neuve ;
  • les coûts d’utilisation et d’entretien d’une voiture électrique sont généralement plus bas que pour un équivalent thermique. Sur le long terme, le rétrofit permet donc de faire des économies, particulièrement si l’utilisateur possède une borne de recharge pour véhicule électrique à la maison ;
  • à l’échelle du pays, le retrofit permet d’accélérer le passage à l’électrique dans les transports, sans attendre que les véhicules actuellement utilisés arrivent en fin de vie.

Faire des économies en roulant à l’électricité

S’il est dans l’ensemble rentable de recharger sa voiture électrique chez soi, il faut savoir qu’il est possible de faire encore plus d’économies en choisissant bien son contrat d’électricité. En effet, les fournisseurs sont aujourd’hui libres de proposer les tarifs qu’ils souhaitent aux consommateurs. De plus, le changement de prestataire est gratuit, sans coupure, et tous les contrats pour particuliers sont sans engagement. Pour faire le bon choix, il est conseillé d’utiliser un comparateur de fournisseurs d’électricité en ligne ou de faire appel à un expert énergie Choisir.com.

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Comment fonctionne le rétrofit ?

Cette démarche est moins complexe que ce que l’on pourrait penser, mais quelques étapes sont tout de même nécessaires. Voici les étapes du retrofit :

  1. le particulier doit s’adresser à un professionnel ayant obtenu l’autorisation d’homologation auprès de l’UTAC OTC (Organisme Technique Central du contrôle technique des véhicules) ;
  2. celui-ci commande un kit rétrofit homologué correspondant au véhicule à électrifier ;
  3. il retire le moteur thermique, son système de refroidissement, le réservoir de carburant et la ligne d’échappement. La boîte de vitesses peut généralement être conservée ;
  4. il installe le moteur électrique, les batteries et la prise électrique tout en respectant la répartition des charges d’origine dans le véhicule ;
  5. il fait évaluer la conformité du véhicule par l’UTAC et appose une plaque de transformation sur l’engin converti, à côté de celle du constructeur ;
  6. les éléments retirés du véhicule peuvent être réutilisés selon leur état et leur ancienneté. Si cela n’est pas possible, ils sont recyclés selon les réglementations en vigueur.

Les travaux d’électrification peuvent durer quelques heures à quelques jours, selon la complexité du projet.

Rétrofit, quelle voiture ?

Tous les véhicules ne peuvent pas être rétrofités, les pouvoirs publics ayant imposé certaines conditions. Voici quels véhicules sont éligibles au retrofit :

  • les véhicules de catégorie L de plus de 3 ans. Il s’agit des motos, avec ou sans side-car, des cyclomoteurs, des trois-roues, des voitures sans permis, etc. ;
  • les véhicules de catégorie M de plus de 5 ans. Ce sont les véhicules à moteur d’au moins quatre roues conçus pour le transport de passagers, comme les voitures personnelles et professionnelles, les minibus, autocars, etc. ;
  • les véhicules de catégorie N de plus de 5 ans. Cela regroupe les véhicules prévus pour le transport de marchandise, c’est-à-dire les utilitaires, vans, camionnettes, camions, etc.

Le rétrofit ne concerne que les véhicules thermiques : une voiture électrique ne peut pas en bénéficier. De plus, certaines catégories de véhicules thermiques n’y sont pas éligibles non plus, c’est le cas :

  • des voitures de collection ;
  • des engins agricoles.

Où faire retrofiter sa voiture ?

Il est essentiel de faire réaliser cette modification par un professionnel qualifié. Cela présente plusieurs avantages :

  • la sécurité de savoir que les travaux ont été réalisés par une personne formée dans ce domaine et ayant déjà de l’expérience ;
  • l’homologation du véhicule avec son nouveau moteur est réalisée par le professionnel ;
  • les professionnels proposent une garantie sur les pièces et la main-d’œuvre allant généralement de 3 ans à 7 ans (avec des limites complémentaires en kilomètres ou en nombre de cycles de recharge pour certains) ;
  • il est possible d’obtenir des conseils sur les aides et subventions à demander pour un rétrofit moins onéreux ;
  • l’intervention d’un professionnel est indispensable pour obtenir une aide de l’État (détails ci-dessous).

Pour trouver un garage pour retrofit electrique, il est conseillé de se tourner vers un membre de l’association AIRe (Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique). Les rétrofiteurs en France sont répertoriés sur la carte interactive sur le site de l’AIRe.

Quelles démarches administratives suite au rétrofit ?

Le remplacement d’un moteur thermique par un moteur électrique implique un certain nombre de démarches à effectuer. Si certaines sont faites par l’installateur, d’autres doivent être réalisées par le propriétaire du véhicule. Une fois les travaux terminés, il faut :

  • procéder à l’homologation du véhicule. Le rétrofiteur gère cette étape. Il fait évaluer la conformité par l’UTAC, le véhicule transformé reçoit un agrément de prototype et le professionnel pose une plaque de transformation sur l’engin, à côté de celle du constructeur. Cette plaque indique le nom du fabricant du kit de conversion électrique, le numéro VIN du véhicule, celui de l’agrément de prototype, et la mention « conversion de la motorisation en électrique » ;
  • demander la modification de la carte grise auprès de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS). Le propriétaire dispose d’un délai d’un mois après les travaux pour faire sa demande ;
  • informer l’assureur du changement de motorisation du véhicule. En effet, cela peut être pris en compte dans le calcul de la prime d’assurance ;
  • demander les éventuelles aides à la mobilité électrique applicables pour un rétrofit.

Une fois cela fait, le véhicule reste soumis au passage au contrôle technique selon la même fréquence qu’avant son électrification. Les réparations et l’entretien de la voiture devront être faits par un professionnel compétent ; le rétrofiteur peut vous indiquer les lieux à privilégier pour cela.

Combien coûte le rétrofit ?

Le prix d’un rétrofit dépend principalement de la voiture à modifier. Il faut généralement compter :

  • un minimum de 8 000 € pour une citadine dont l’autonomie sera limitée ;
  • 15 000 à 20 000 € de moyenne pour un véhicule plus lourd ;
  • jusqu’à 50 000 € pour un gros modèle avec une batterie très performante.

Ces montants sont conséquents, mais il faut souligner que le tarif d’un retrofit reste bien inférieur au coût d’achat d’un véhicule électrique neuf. De plus, il existe des aides financières pour encourager les particuliers à y avoir recours.

Quelles aides pour le retrofit automobile ?

En 2023, il est possible de toucher une prime au rétrofit versée par l’État. Pour cela, il faut :

  • être domicilié en France ;
  • avoir fait rétrofiter un véhicule thermique par un professionnel qualifié ;
  • avoir un revenu fiscal de référence par part inférieur ou égal à 22 983 € ;
  • ne pas revendre le véhicule dans l’année suivant la modification ou avoir parcouru au moins 6 000 km avant la revente.

Le montant de l’aide financière pour le rétrofit est de :

  • 80 % du prix de la transformation dans la limite de 6 000 € pour :
    • une personne dont le revenu fiscal est inférieur ou égal à 6 358 €,
    • une personne dont le revenu est compris entre 6 359 € et 14 089 € dont la distance entre domicile et lieu de travail est supérieure à 30 km ou effectuant plus de 12 000 km par an pour le travail ;
  • 2 500 € pour une personne dont le revenu est compris entre 14 090 et 22 983 € ;
  • majorée de 1 000 € pour les personnes domiciliées ou travaillant en ZFE.

Cette subvention est avancée par le rétrofiteur qui se fait ensuite rembourser par l’État. Ainsi, le particulier n’a pas à faire de demande pour l’obtenir, mais il doit vérifier que l’aide apparaît sur une ligne à part sur la facture.

Aujourd’hui, certaines collectivités territoriales (régions, départements et communes) proposent également des aides à la mobilité, souvent cumulables avec celles de l’État. Avant de demander le retrofit d’un véhicule, il est donc conseillé de se renseigner auprès de ces entités pour savoir s’il existe une aide au rétrofit supplémentaire sur votre territoire.

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Avantages et inconvénients du rétrofit

Les atouts du retrofit sont multiples :

  • cela permet de payer moins cher pour rouler, car le « carburant » est plus abordable et la maintenance du véhicule est simplifiée et moins coûteuse ;
  • le véhicule transformé peut rouler dans toutes les ZFE de France ;
  • le rétrofit est une démarche écologique puisque le véhicule transformé n’émet plus de CO2 ni de particules fines en utilisation. De plus, il n’a pas été nécessaire de produire une voiture neuve pour bénéficier de cet avantage ;
  • cette démarche accélère la transition vers une mobilité électrique généralisée et favorise la création d’emplois dans ce secteur sur tout le territoire.

Toutefois, ces transformations ne sont pas une solution miracle mais comportent leur lot de désavantages :

  • le budget pour un rétrofit est élevé, 15 000 à 20 000 € en moyenne. Peu de ménages peuvent se permettre ce genre d’investissement à l’heure actuelle ;
  • du fait de la contrainte de poids (la variation ne peut pas excéder 20 %), les batteries installées ne garantissent généralement pas une très bonne autonomie. Pour une citadine par exemple, elle est limitée à une centaine de kilomètres environ.

Pour le moment, la plupart des consommateurs jugent encore le retrofit trop coûteux pour une autonomie finalement assez limitée. Cependant, des progrès techniques sont réalisés en permanence dans la mobilité électrique, et l’on peut espérer que le rétrofit devienne de plus en plus attractif pour les ménages.

Retrofit pour un velo

Il est désormais possible de transformer un vélo classique en vélo à assistance électrique (VAE). Bien que cela ne rentre pas dans la définition du rétrofit (aucun moteur thermique n’est retiré), ce terme est souvent utilisé dans ce cas-là aussi. Électrifier un vélo consiste à ajouter une batterie et un moteur entraînant le pédalier, de préférence avec une assistance proportionnelle à l’effort de l’utilisateur. Il existe pour cela des kits de conversion vélo qui permettent de faire un rétrofit vélo soi-même.

Quelques critères sont toutefois à respecter :

  • la puissance du moteur doit être inférieure ou égale à 250 Watts ;
  • l’assistance ne doit se déclencher que lorsque le pilote pédale ;
  • l’assistance est coupée au-delà de 25 km/h ;
  • la batterie doit être recyclable ;
  • les chargeurs sont sécurisés.

Si ces points ne sont pas tous respectés, le véhicule n’est pas considéré comme un vélo mais comme un cyclomoteur, avec les obligations que cela implique.

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