Dette d’EDF : le CSEC tire la sonnette d’alarme
Le bouclier tarifaire et la relève du plafond de l’ARENH (Accès régulé à l’énergie nucléaire historique) ont contribué à creuser la dette d’EDF. Selon le Comité social et économique central (CSEC) du groupe, EDF « ne passera pas le cap de la fin d’année ». L’énergéticien risque d’être endetté à hauteur de 60 milliards d’euros d’ici le 31 décembre 2022. Quelles sont les perspectives pour l’avenir d’EDF ? Choisir.com fait le point.
Une procédure de droit d’alerte économique
En début d’année, les syndicats d’EDF ont engagé une procédure de droit d’alerte économique via le CSE du groupe. Comme le rappelle le site du service public, une procédure de droit d’alerte économique intervient « lorsque le CSE a connaissance de faits de nature à affecter de manière préoccupante la situation économique de l’entreprise ». Il peut exiger des explications de la part de la direction.
Selon le CSEC du fournisseur historique d’électricité, « EDF a été plongée dans le rouge à dessein par le pouvoir en place ces derniers mois ». « Notre rapport sur la situation d’EDF sera remis au conseil d’administration le 29 juin », avait annoncé Philippe Page Le Mérour, le secrétaire du CSEC d’EDF. Pour l’instant, rien n’indique sur le site du CSEC que le rapport ait été remis. Une fois dans les mains de la direction celle-ci disposera d’un mois pour répondre aux interrogations et inquiétudes des élus syndicaux.
Une dette de 60 milliards d’euros fin 2022 ?
Bien que le rapport du CSEC ne soit pas encore sorti, le comité a déjà fait part de ses inquiétudes sur les finances d’EDF. Alors que la dette du groupe s’évaluait à 44 milliards d’euros en décembre 2021, elle pourrait grimper « aux alentours de 60 milliards d’euros fin 2022, voire au-delà » selon le CSEC.
La dette d’EDF pèse sur les finances publiques. En effet, l’État reste l’actionnaire majoritaire du fournisseur historique. Il détient 83,88 % du groupe. Les syndicats demandent donc aux autorités publiques de :
- suspendre le mécanisme de l’ARENH. Ce dispositif impose à EDF de vendre à 42 €/MWh jusqu’à 100 TWh d’électricité nucléaire à ses concurrents chaque année. Ce prix est bien inférieur aux prix pratiqués sur les marchés de gros ;
- changer le mode de fixation du prix de l’électricité et « calculer les tarifs en fonction du mix de production français, c’est-à-dire de sortir du mariage avec le marché européen ». En effet, les tarifs réglementés de l’électricité sont indexés en partie sur l’ARENH mais aussi sur les prix sur les marchés de gros européens.
Vers une renationalisation d’EDF ?
De son côté, l’État a fait savoir qu’il envisage peut-être de renationaliser complètement EDF. « L’État doit reprendre du capital. » a affirmé Emmanuel Macron sans en dire plus. Pour les syndicats, ce projet n’est pas de bon augure. Selon Philippe Page Le Mérour, les autorités publiques laissent les finances d’EDF s’étioler afin de réaliser une « nationalisation de façade ».
Selon eux, elle permettra de démanteler le groupe en plusieurs entités. Ils y voient en filigrane le « projet Hercule » n’ayant jamais vu le jour. En effet, à ce sujet les négociations entre Bruxelles et la France n’ont pas abouti. Ce programme prévoyait de segmenter EDF en deux, avec, d’un côté, un EDF Bleu 100 % nationalisé, comprenant notamment les activités nucléaires et un EDF vert, centré autour des énergies renouvelables. Pour le moment, rien n’est acté concernant une renationalisation. C’est ce qu’a souligné Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition écologique : « Cette décision, elle sera regardée, elle n’est pas tranchée, mais elle n’est pas exclue. »
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