Électricité : EDF incité par le gouvernement à débrider ses barrages et éoliennes

La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a récemment envoyé une lettre à EDF ainsi qu’aux autres fournisseurs d’énergie. Elle demande au géant énergéticien de faciliter l’approvisionnement national en électricité en procédant au débridage de ses barrages et éoliennes. Le but ? Permettre d’éviter à des millions de Français de faire face à des coupures de courant cet hiver.

barrages et éoliennes débridés EDF

Pourquoi demander le débridage des barrages et des éoliennes ?

Dans son courrier adressé à EDF et aux autres fournisseurs d’énergie, daté du 4 novembre 2022, Agnès Pannier-Runacher demande à la société de « tout mettre en œuvre pour dégager de nouvelles marges de manœuvre pour le passage de l’hiver. » D’après les mots de la ministre, cela doit se faire par « la maximisation de la production renouvelable de l’entreprise. »

Pourquoi effectuer une telle demande, alors même que la météo nous offre une saison automnale plutôt douce ? En effet, celle-ci a permis de réaliser des économies en gaz ainsi qu’en eau au niveau des barrages hydroélectriques. De quoi emmagasiner des réserves en énergie qui seront bienvenues pour des millions de ménages français cet hiver afin d’éviter les coupures de courant. Néanmoins, l’optimisme n’est pas du tout de mise au niveau de la production nucléaire d’électricité par EDF. Le groupe a effectivement réalisé différentes annonces plutôt inquiétantes le 3 novembre dernier :

  • l’indisponibilité prolongée d’un nombre important de réacteurs du parc nucléaire national. Celle-ci a été causée par de nouveaux retards sur le planning de maintenance des différents sites et par le mouvement social de cet automne.
  • découlant de toutes ces problématiques, la baisse de production électrique dans ses centrales nucléaires pour 2022.

Voilà pourquoi, dès le lendemain de ces annonces, Agnès Pannier-Runacher a décidé d’écrire au nouveau PDG d’EDF, Luc Rémont. Tous les autres exploitants énergétiques auraient également reçu ce courrier et ces mêmes demandes.

Un débridage des barrages et des éoliennes site par site

Dans sa lettre, la ministre de la Transition énergétique indique que le gouvernement souhaite augmenter « de manière anticipée la puissance des concessions hydroélectriques », donc des barrages. Le recours à ces derniers était en réalité limité jusqu’à maintenant, à cause de la réglementation en vigueur. Jusqu’à récemment, une redevance s’appliquait effectivement aux exploitants en cas d’augmentation de la puissance des installations hydroélectriques. Toutefois, cette taxe vient justement d’être supprimée par la nouvelle loi de finances votée par le parlement. Cela devrait donc permettre d’utiliser avec plus de liberté la puissance hydroélectrique, à condition que la ressource en eau soit suffisante.

Quant aux éoliennes des divers parcs implantés sur le territoire national, elles sont aussi paramétrées à l’avance en fonction de plusieurs facteurs (vent, exposition…) En cas de débridage des turbines éoliennes, celles-ci pourraient donc, sans contrainte, produire davantage. Il faut néanmoins garder à l’esprit que le débridage pourrait avoir des impacts importants, comme sur la pollution sonore. Cette nuisance est justement une source régulière de critiques de la part de riverains à côté de qui des éoliennes ont été implantées. Corentin Sivy, directeur développement et acquisitions chez le producteur d’électricité indépendant BayWa r.e. France et interrogé par Le Figaro, a cependant un avis plus rassurant sur le sujet. Pour lui, : « un bridage acoustique l’hiver n’a que peu de sens, on ne prend pas l’apéro dehors en pleine tempête ».

L’objectif numéro 1 reste quand même que chaque foyer puisse passer un hiver au chaud en cette période critique de crise énergétique. Par conséquent, chaque parc éolien décidera des modalités de débridage à appliquer. Ces mesures de débridage des éoliennes et barrages se fera donc site par site.

De son côté, EDF a réagi à la lettre d’Agnès Pannier-Runacher en indiquant que celle-ci « s’inscrit dans une continuité d’échanges » avec le gouvernement en vue de l’hiver. Le géant de l’énergie a annoncé qu’il allait « apporter une réponse dans les meilleurs délais » et que ces mesures étaient « déjà en cours d’instruction ». En revanche, le groupe s’est refusé de donner une estimation de la puissance en réserve. Il est dès lors clair qu’il n’est absolument pas certain que les productions « débridées » des énergies renouvelables permettent de compenser celles des réacteurs nucléaires actuellement à l’arrêt. Espérons surtout que les Français n’en feront pas les frais dans quelques semaines, au plus fort de l’hiver.

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