Nucléaire : le Livret A utilisé pour financer les nouveaux EPR ?

Depuis plusieurs mois, l’État et l’exécutif montrent clairement leur volonté de développer la filière du nucléaire en France. L’ambition du gouvernement est de construire et de mettre en service, avant la fin 2035, six nouveaux réacteurs nouvelle génération, les EPR2. Le problème est que le coût d’un tel projet n’est pas anodin… Pour trouver les finances nécessaires à sa réalisation, une des idées évoquées récemment marque les esprits. Et pour cause : le gouvernement envisage la possibilité d’utiliser, dans ce but, l’épargne déposée par les Français sur leur Livret A. Choisir.com fait le point sur cette piste qui, de l’avis de certains, est assez crédible.

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Piocher dans le Livret A pour financer la construction des nouveaux réacteurs nucléaires ?

55 millions de Français possèdent aujourd’hui un Livret A. Son taux, fixé par le ministre des Finances, est de 3 % depuis le 1er février 2023. Ce livret d’épargne est géré conjointement par :

  • la Caisse des dépôts et consignation (CDC) ;
  • les réseaux bancaires.

Jusqu’à maintenant, le Livret A sert uniquement à financer le logement social. Pourquoi son nom est-il alors désormais associé au nucléaire ?

La raison est simple : l’ambition de l’exécutif de développer la filière du nucléaire en France. Une nouvelle loi allant dans ce sens est d’ailleurs actuellement en cours d’étude au Parlement. Cette volonté est portée par le président de la République lui-même. Emmanuel Macron avait d’ailleurs annoncé, fin 2022, vouloir :

  • construire 6 réacteurs nucléaires nouvelle génération, les EPR2. Leur mise en service doit être réalisée au plus tard d’ici 2035 ;
  • réfléchir à la possibilité d’en construire encore 8 autres supplémentaires.

Le problème, c’est qu’un tel projet coûte des sommes folles. Selon EDF, le montant des travaux pour construire les 6 nouveaux EPR2 désirés par l’État se chiffrerait à 51,7 milliards d’euros (hors coût de financement). En cas de difficulté de mise en œuvre (et donc de retard), il faudrait ajouter 4,6 milliards d’euros en plus. Une somme colossale qui ne se trouve pas facilement.

Selon l’économiste Philippe Crevel, la recherche de financements privés de la part d’EDF serait très difficile, du fait de la dette importante de l’énergéticien. C’est pourquoi le gouvernement cherche d’autres solutions pour parvenir à tenir les objectifs présidentiels.

Parmi les idées envisagées : piocher dans le Livret A. Et pour cause, selon la Caisse des dépôts, la somme totale qui a été épargnée par les Français sur ce livret s’élève à 375 milliards d’euros à fin 2022.

Le gouvernement pourrait ainsi flécher une partie des centaines de milliards d’épargne déposés sur le Livret A vers ces chantiers nucléaires. Si cela se concrétise, cela représenterait un changement de taille puisque le Livret A n’a, de base, aucune vocation à cela.

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Le recours à l’épargne du Livret A : une option « sécurisée » pour EDF et l’État ?

Face à cette information révélée par Les Échos, le ministère de la Transition énergétique a été contacté par l’AFP le 8 février dernier. Il a alors fait savoir que « les options de financement du nouveau nucléaire sont à l’étude, sans qu’aucune orientation n’ait été arbitrée à ce stade ». De son côté, le ministère de l’Économie a indiqué que « plusieurs options restent à l’étude ».

Reste que la voie menant au financement par le Livret A est la seule qui soit connue pour l’instant. Dernièrement, le patron de la CDC, Éric Lombard, a d’ailleurs fait connaître son opinion au Parlement. Il a ainsi affirmé être « convaincu que l’épargne populaire, du Livret A, du Livret de développement durable et solidaire, du Livret d’épargne populaire qui, au total, atteint 500 milliards d’euros aujourd’hui, peut davantage encore financer la transformation de notre appareil de production énergétique ».

Pourquoi une telle opinion ? Pour Philippe Crevel, toutes les ressources disponibles grâce au Livret A, devant servir aux logements sociaux, ne sont en fait pas mobilisées actuellement. Cela s’explique par un manque de foncier mais aussi de projets de construction de logements sociaux. C’est pourquoi « le gouvernement se dit qu’il serait possible, sur l’enveloppe du Livret A, de créer des prêts qui seraient destinés à la création des nouvelles centrales » a indiqué l’économiste.

Pour EDF, avoir la possibilité de recourir à l’épargne du Livret A serait une option « sécurisée » explique-t-il encore. Cela permettrait à l’énergéticien de financer ces nouveaux chantiers sur du long terme. De plus, puisque le Livret A « bénéficie de la garantie de l’État […], ce sera une solution plus simple à l’heure actuelle et c’est pour ça que le gouvernement peut envisager cette solution ». Philippe Crevel conclut en précisant que « c’est relativement facile à mobiliser ».

Toutefois, puisque le rôle du Livret A n’est, en principe, absolument pas de financer les projets nucléaires, reste à savoir quel regard porteraient les Français sur cette utilisation. Un certain nombre d’épargnants pourraient, en effet, ne pas adhérer à ce projet. C’est pourquoi Philippe Crevel pense que le gouvernement pourrait alors avancer certains arguments pour le faire accepter, tels que :

  • la volonté d’accélérer dans la décarbonisation ;
  • le souhait de favoriser la transition écologique et énergétique.

Face à cela, certains Français pourront sans doute regretter que si la transition énergétique était une réelle ambition du gouvernement, il ferait sans doute davantage dans ce but. Certes, une nouvelle loi pour développer les énergies renouvelables (EnR) vient d’être adoptée par le Parlement. Toutefois, elle intervient alors que les derniers rapports indiquent clairement que la France est (encore) en retard en matière de déploiement des EnR. Il est alors curieux de noter que, pour tenir ses engagements en la matière, l’État n’avait alors jamais songé à recourir à l’épargne du Livret A.

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