Nucléaire : le nouveau plan d’EDF pour contrôler ses centrales

320. Voilà le nombre de soudures réparées présentes dans les 56 réacteurs du parc nucléaire français et qui sont dorénavant suspectes. Ce chiffre, révélé par l’Autorité de sûreté nucléaire, est édifiant. Il fait suite à la découverte récente d’une fissure profonde détectée dans le réacteur de Penly 1, en Seine-Maritime, due à une ancienne soudure. Après tous les problèmes de microfissures et de corrosion sous contrainte décelés en 2022 par EDF, c’est une nouvelle dont le géant de l’énergie se serait bien passé. Cela l’a obligé à mettre en place un nouveau plan de contrôle de ses centrales et des 320 soudures qui s’y trouvent. Choisir.com revient ainsi sur ce nouveau programme qui vise à contrôler 92 % de ces soudures d’ici fin 2023.

contrôle réacteurs nucléaires

320 soudures réparées à vérifier dans les centrales, dont 69 jugées prioritaires

C’est le jeudi 16 mars 2023 qu’EDF a présenté son nouveau plan ayant pour but de contrôler les tuyauteries jugées les plus à risque de ses centrales. En effet, le groupe révélait au début du mois de mars avoir découvert une fissure à la profondeur inédite dans son réacteur de Penly 1, en Seine-Maritime. Dès lors, le risque que ce type de fissure puisse être présent dans d’autres réacteurs n’est effectivement pas à écarter.

Ce n’est pas la première fois qu’EDF doit faire face à des problèmes de ce type. Toutefois, cette nouvelle découverte est de plus grave nature encore que celles détectées en 2022. C’est pourquoi le groupe a été forcé de réviser son programme de contrôle. Celui-ci a été soumis le 10 mars 2023 à l’ASN, l’Autorité de sûreté nucléaire.

Cette dernière, le 16 mars, a livré quelques détails de ce programme dans un communiqué : « l’ASN prend acte de cette évolution de la stratégie et considère qu’il est de la responsabilité d’EDF de la mettre en œuvre » a fait savoir le gendarme du nucléaire.

Au total, ce sont donc 320 soudures réparées qu’il faut désormais vérifier et contrôler, puisque la fissure de Penly 1 se situe à un endroit où la réparation d’une soudure a été effectuée. Selon EDF, 69 des 320 fissures se trouvant dans les 56 réacteurs du parc national sont jugées prioritaires. Le géant de l’énergie a donc annoncé avoir comme objectif de :

  • contrôler 92 % de ces soudures d’ici à la fin de 2023 ;
  • contrôler les 8 % restant dès le début de l’année 2024, en profitant de l’arrêt prévu des réacteurs concernés.

Cependant, ce dossier « ne nécessite pas de modification de programmation des arrêts des réacteurs, que ce soit pour 2023 ou 2024 ». Ce sont là les propos rassurants de Régis Clement, directeur adjoint du parc nucléaire d’EDF, au cours d’une conférence téléphonique qui a eu lieu le 16 mars en soirée. Ce dernier en a également profité pour rappeler que l’ASN aurait, de toute manière, son mot à dire après les opérations de contrôle effectuées.

D’ailleurs, EDF n’a pas changé non plus son estimation de production électrique nucléaire pour 2023. Celle-ci devrait en effet se situer entre 300 et 330 térawattheures (TWh). Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, RTE, a aussi confirmé ces prévisions. La production électrique nucléaire devrait donc bien être meilleure en 2023 qu’en 2022. L’an passé, elle s’était élevée à 279 TWh d’après RTE.

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Un problème de fissures et de corrosion sous contrainte qu’EDF ne parvient pas à régler

Jeudi 16 mars, l’ASN a estimé que le nouveau plan de contrôle dressé par EDF allait dans le bon sens. Il est cependant vrai que le problème de corrosion sous contrainte auquel fait face l’entreprise ne date pas d’hier. La découverte des premières microfissures, présentes dans les centrales les plus récentes, remonte en fait à octobre 2021. Ajoutées aux autres travaux de maintenance programmés en 2022, elles expliquent le très faible niveau de la production électrique française l’an passé.

Pour faire face à ces problèmes, EDF avait lancé un grand plan de contrôle et de réparations. Le géant de l’énergie avait, par exemple, fait appel à l’un de ses partenaires américains pour réparer ces microfissures. Il croyait donc enfin avoir réglé ces soucis jusqu’à la découverte de la fissure profonde du réacteur de Penly 1, fin février 2023.

Cette fissure concerne en fait une tuyauterie servant en cas d’urgence pour refroidir le réacteur, par exemple lors d’un accident nucléaire. De par sa taille, le risque de fuite avait été jugé important. Heureusement, Penly 1 est actuellement déjà en maintenance et donc déconnectée du réseau pour l’instant.

Découverte « à proximité d’une soudure réparée », cette fissure ne se trouve pas du tout dans une zone « considérée comme à risque » a indiqué Julien Collet, directeur adjoint de l’ASN. « Ces soudures réparées, EDF avait prévu d’aller les voir, mais le fait qu’à elles seules elles puissent générer de la corrosion sous contrainte nécessite de revoir les priorités du programme de contrôle d’EDF » a-t-il également ajouté.

Régis Clément a ainsi indiqué qu’il fallait donc « aller voir en priorité les soudures plusieurs fois réparées et accélérer. On priorise et on accélère, c’est ce qu’on propose de faire ». Il a aussi voulu se montrer rassurant en précisant que la grosse fissure de Penly 1 n’avait « jamais remis en cause les hypothèses fondamentales de sûreté sous-tendant le fonctionnement de ce réacteur ».

En plus de cette fissure profonde, d’autres dites « de fatigue thermique » ont aussi été découvertes à :

  • Penly 2, en Seine-Maritime ;
  • Cattenom 3, en Moselle.

Celles-ci nécessitent des « analyses complémentaires » selon l’ASN. EDF a réagi en expliquant qu’il fallait « élargir la surveillance » de ses centrales nucléaires. La sécurité des infrastructures et de la production électrique française pour 2023 en est en effet à ce prix.

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