Un satellite d’énergie solaire fabriqué sur la Lune ?
Une « étude visionnaire » faisant beaucoup penser à de la science-fiction mais qui, pourtant, n’en est pas du tout. Voilà ce sur quoi travaille l’Agence spatiale européenne (ESA), en collaboration avec l’entreprise suisse Astrostrom. Leur objectif : fabriquer, à même la surface de la Lune, un satellite composé de panneaux solaires qui pourrait alimenter la Terre et l’astre lunaire en énergie. Cette ambition de récupérer l’énergie solaire depuis l’espace peut paraître un peu insensée. Malgré tout, ce Projet Solaris est, pour l’Agence spatiale, tout à fait réalisable. Même mieux : cette production renouvelable d’origine spatiale ne coûterait pas plus cher que les alternatives terrestres existantes ! Choisir.com vous invite à découvrir ce projet d’industrie lunaire et orbitale qui pourrait bien être l’une des sources d’énergie du futur.

Le Projet Solaris : l’ESA veut construire un satellite d’énergie solaire sur la Lune
Le Projet Solaris, mené par l’Agence spatiale européenne (ESA), a une ambition : récupérer l’énergie solaire depuis l’espace.
Réalisé sur Terre, on sait que ce type de production d’énergie est intermittent, soumis aux conditions météo. Dans l’espace, cette problématique n’existe plus. L’objectif serait donc d’envoyer cette énergie renouvelable vers notre planète pour alimenter ses villes, ses bâtiments et ses habitants en électricité. Ce transfert se réaliserait par l’intermédiaire de satellites et de stations spatiales conçues spécifiquement dans ce but.
Un peu folle ou futuriste comme idée ? Et pourtant, il ne s’agit pas là d’un scénario de film de science-fiction, mais d’un projet scientifique bien sérieux et réalisable, d’après ses protagonistes. La société suisse Astrostrom, associée à l’ESA, travaille déjà à la construction de la Greater Earth Lunar Power Station, autrement dit la plus grande centrale électrique Terre/Lune, d’après le site de l’ESA. Celle-ci répond également au nom de GE⊕-LPS.
Les deux partenaires prévoient que cet immense satellite soit :
- directement fabriqué sur la Lune, à partir de matières premières récupérées à même sa surface. Ces ressources lunaires comprendraient, entre autres, « des cellules solaires fabriquées par la Lune », selon l’ESA ;
- composé de panneaux solaires en forme de V, avec des antennes intégrées. Ces panneaux seraient « déployés dans une configuration en hélice » s’inspirant d’un papillon ;
- d’une taille mesurant plus de 1 km² de surface.
En tout cas, grâce aux matériaux trouvés sur l’astre, l’ESA indique même que la construction du satellite serait moins coûteuse que s’il était réalisé sur Terre ! Astrostrom affirme aussi que toutes les technologies permettant la réalisation de ce projet existent déjà. L’Agence spatiale explique que celles-ci pourraient être « livrées sous forme modulaire et gérées par télérobotisation à la surface de la Lune ». Concrètement, il serait donc tout à fait envisageable, d’après les spécialistes :
- d’adapter ces technologies existantes à l’environnement lunaire ;
- de contrôler l’ensemble du processus depuis la Terre.
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faire une simulationUn projet de solaire stellaire pas plus cher que les alternatives terrestres existantes ?
Pour l’ESA, le Projet Solaris est une « étude visionnaire » pour la production d’une énergie propre. Cette dernière pourrait permettre la réalisation d’une véritable transition écologique et énergétique sur Terre.
Il faut savoir que ce n’est d’ailleurs pas le premier projet de production d’énergie renouvelable dans l’espace à être mis sur pied. Depuis le début de l’année 2023, des chercheurs américains de l’université de Caltech ont envoyé un prototype de centrale solaire dans l’espace. Le but serait, là aussi, de fournir de l’énergie solaire continue à la Terre, ce qui semble, pour les scientifiques, tout à fait crédible et réalisable.
En ce qui concerne GE⊕-LPS, ce dernier, après sa construction, n’est pas destiné à rester sur l’astre stellaire. Une fois au point, il serait placé sur ce qui est nommé un point de Lagrange. Il s’agit en fait d’une position stable qui se trouve entre deux corps situés dans l’espace, comme les étoiles, les planètes ou les astres par exemple. Celle-ci est créée grâce au champ gravitationnel de ces corps en question. La station électrique prendrait donc place sur un point de Lagrange Terre-Lune situé à environ 61 350 km de notre satellite. Sa mise en service aurait pour but :
- de fournir d’abord en énergie la Lune et les activités lunaires qui pourraient y avoir lieu. L’ESA évoque d’ailleurs de « futures bases avec équipage », constituées de scientifiques par exemple ;
- d’alimenter ensuite la Terre et ses habitants.
Les chiffres et les données évoqués par l’Agence spatiale européenne ont de quoi impressionner et interpeller. D’après elle, la puissance transmise par GE⊕-LPS serait de l’ordre des 23 mégawatts (MW) constants. Cette puissance représenterait plus du double de la centrale solaire américaine de Solar One, la deuxième plus grande du monde !
De plus, l’ESA affirme aussi que l’énergie produite pour notre planète ne serait pas plus chère que les alternatives terrestres existantes aujourd’hui ! Toutes ces informations rendent ce projet d’industrie lunaire et orbitale réellement intéressant.
Vers la naissance d’un écosystème industriel spatial ?
L’Agence spatiale européenne juge que cette ambitieuse entreprise peut être un moyen pour créer un véritable écosystème industriel sur la Lune et son orbite. C’est ce qu’explique Sanjay Vijendran, responsable du Projet Solaris. « Une fois qu’un concept comme GE⊕-LPS a prouvé le processus de fabrication de composants et le concept d’assemblage d’un satellite d’énergie solaire en orbite lunaire, il peut ensuite être mis à l’échelle pour produire d’autres satellites d’énergie solaire à partir de ressources lunaires pour servir la Terre ». L’ESA voit donc (très) loin. Sanjay Vijendran fait aussi remarquer que les projets de satellites solaires lancés en orbite depuis la Terre n’auraient pas le même avantage. Au contraire, ils feraient face à plusieurs problèmes :
- la hausse de la pollution atmosphérique, provoquée par les lancements ;
- le manque de capacité de lancement.
Une fois placée sur le point de Lagrange, la station électrique solaire serait habitée. Selon l’ESA, elle servirait même de « passerelle entre les opérations de la Terre à la Lune », pour s’adapter progressivement à l’environnement spatial. D’après le site de l’Agence, le satellite pourrait même faire office de :
- « destination touristique à part entière » ;
- « prototype pour d’autres colonies spatiales de l’espace cislunaire ».
Sanjay Vijendran ajoute effectivement que tout ce projet pourrait permettre le « développement d’un système de transport cislunaire, d’installations minières, de traitement et de fabrication sur la Lune et en orbite ». Selon le scientifique, cela « entraînerait une économie à deux planètes et la naissance d’une civilisation spatiale ».
De telles perspectives ont de quoi faire voyager et emballer les esprits les plus aventureux. Si l’avantage de la production d’énergie solaire dans l’espace semble évident, et sans doute réalisable d’après les spécialistes, le doute subsiste sur les visions évoquées. L’humain a toujours rêvé d’espace et des étoiles, mais qu’il n’oublie pas l’essentiel. Devant les difficultés à développer une réelle transition écologique sur Terre, difficile d’imaginer que l’on soit capable d’industrialiser l’espace sans y provoquer dommages et pollution.
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