Union Européenne : le nucléaire, bientôt une énergie verte ?

publié le 05/01/2022 à 16h53 | mis à jour le 05/01/2022 à 16h53 | par Caroline Dusanter

Développer la finance durable : zoom sur la taxonomie

L’Union européenne a pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour cela, elle doit limiter sa production de CO₂, principal gaz responsable du réchauffement climatique.

Dans le cadre du Green Deal ou « Pacte Vert », afin d’engager les acteurs économiques à minimiser leur empreinte carbone, l’UE souhaite développer le secteur de la finance verte. L’idée ? Engager les investisseurs à placer leurs fonds dans des projets respectueux de l’environnement.

Pour classer les activités vertes, les institutions doivent s’accorder sur une « taxonomie verte », une classification des activités durables. Ce système de classification intègre les activités qui répondent à trois critères principaux :

• appartenir à l’un des objectifs écologiques de l’Union européenne (lutte contre le réchauffement climatique, économie circulaire, lutte contre la pollution, gestion de l’eau et protection de la biodiversité, etc.) ;
• respecter les règles internationales en matière de droit du travail, droit financier, etc. ;
• ne pas causer de « dommages significatifs » sur la planète. De ce fait, seules les activités rejetant moins de 100 g de CO₂ par kWh peuvent être considérées comme vertes.

C’est ce dernier critère qui soulève de nombreux débats. Dans ce cadre, se pose la question d’intégrer ou non le nucléaire aux activités vertes.

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Le nucléaire, une énergie peu chargée en CO₂

L’énergie nucléaire est une énergie qui permet de produire de l’électricité en émettant peu de CO₂. Selon l’Ademe, produire un kWh d’électricité nucléaire émet 6 grammes de CO₂ contre 1 060 grammes pour le charbon. C’est la raison pour laquelle, le nucléaire pourrait entrer dans la classification des énergies vertes.

Toutefois, il présente certaines limites. Notamment, il produit de nombreux déchets radioactifs dont il est difficile de mesurer les conséquences sur le long terme. L’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) compte aujourd’hui 1,54 millions de m³ de déchets nucléaires répertoriés en France.

Un enjeu capital pour la France

Pour la France qui vient de prendre la tête de l’Union européenne, la question de la catégorisation du nucléaire est capitale. En effet, 67,1 % du mix énergétique français repose sur l’énergie nucléaire, selon RTE. C’est le pays avec le plus grand nombre de réacteurs d’Europe. Sur 126 réacteurs européens, l’Hexagone en compte 56.

Et le nucléaire devrait se développer encore dans les années à venir. Dans le cadre du plan France Relance, à horizon 2030, le gouvernement entend « faire émerger en France des réacteurs nucléaires de petite taille, innovants et avec une meilleure gestion des déchets ».

En classant le nucléaire comme une activité verte, la filière devrait pouvoir croître. En effet, certains investisseurs pourraient décider d’engager des fonds dans ce secteur.

Toutefois, le nucléaire est loin de faire consensus. L’Allemagne s’est opposée à ajouter le nucléaire à la taxonomie verte de l’UE. Le pays a d’ailleurs a annoncé sa sortie du nucléaire. Les trois derniers réacteurs en service seront fermés d’ici le 31 décembre 2022.

Cette énergie pourrait donc générer des tensions dans le couple franco-allemand. Reste maintenant à savoir comment statueront les membres de la Commission européenne !