Une des plus grandes mines de lithium d’Europe doit ouvrir en France en 2027

Un grand projet d’extraction de lithium devrait voir le jour au cœur de la France, dans le Massif central. Cette décision peut être vue à la fois comme un grand pas en avant pour la transition écologique et un risque important pour l’environnement. Voyons ensemble pourquoi.

Mines de lithium en France

Ouverture d’une mine de lithium en France

Le groupe Imerys, spécialiste de l’exploitation de minéraux industriels, annonce le 24 octobre 2022 son intention d’installer une mine de lithium à Beauvoir (Allier) dans le Massif central, une décision soutenue par le gouvernement. Ce projet baptisé « Emili » sera le deuxième plus grand site d’extraction de lithium en Europe, derrière le programme allemand du bassin rhénan géré par la société germano-australienne Vulcan Energy Resources.

Les objectifs annoncés pour ce projet sont :

  • un début d’activité de la mine prévu pour 2027 ;
  • l’extraction de 34 000 tonnes de lithium chaque année (en comparaison, la production mondiale annuelle est actuellement estimée à 450 000 tonnes) ;
  • une exploitation qui devrait durer au moins 25 ans.

Le projet de l’industriel français Imerys devrait coûter environ 1 milliard d’euros avec l’installation d’une mine d’extraction souterraine des minéraux contenant le lithium et d’une usine de purification et de transformation en hydroxyde de lithium. Du côté des coûts de production, le directeur général (DG) d’Imerys Alessandro Dazza les estime « entre sept et neuf euros le kilo hors investissement initial, ce qui garantirait un retour sur investissement intéressant ». De plus, à terme, ce sont 1 000 emplois directs et indirects qui devraient être créés grâce à cette implantation.

Réserves de lithium à Beauvoir

À Beauvoir, des argiles blanches (ou « kaolins ») sont extraites depuis 1850 pour la fabrication de porcelaine et de carrelage. Depuis les années 60, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) avait connaissance de la présence de lithium dans le sous-sol, mais la quantité totale était estimée à 320 000 tonnes. Une étude récente place plutôt le curseur à un million de tonnes de lithium : de quoi rendre son extraction rentable.

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Pourquoi extraire du lithium en France ?

Le lithium est une poudre blanche qui entre dans la composition des batteries. Ce métal alcalin est donc présent dans un grand nombre d’appareils électroniques du quotidien, mais il est aussi et surtout nécessaire pour la fabrication des batteries de véhicules électriques. Or, l’Europe fait face à une difficulté d’approvisionnement en métaux rares, ce qui pourrait ralentir sa transition énergétique. L’Europe importe la quasi-totalité de son lithium depuis la Chine, ce qui crée une situation de dépendance regrettable. De plus, l’Union européenne a prévu l’interdiction de vente de véhicules à moteur thermique neufs d’ici 2035. Cela signifie qu’à cette date, tous les véhicules qui sortiront d’usine seront équipés d’une batterie.

Pour soutenir le développement d’une mobilité électrique et pour prendre son indépendance vis-à-vis de la Chine, il est jugé important que les pays européens qui possèdent des réserves de lithium en commencent rapidement l’extraction. « Nous allons aider l’Europe à se décarboner », prévoit Alessandro Dazza, patron d’Imerys. En effet, les quantités de lithium extraites devraient permettre d’équiper chaque année « l’équivalent de 700 000 véhicules électriques en batteries lithium-ion ».

Du côté d’Imerys et du gouvernement, les attitudes concernant ce projet sont enthousiastes :

  • M. Dazza affirme que l’exploitation de ce gisement pourra « fournir une source domestique durable et compétitive d’approvisionnement pour les constructeurs automobiles français et européens » ;
  • le ministre de l’Économie Bruno Le Maire estime quant à lui que « ce projet […] réduira drastiquement nos besoins d’importation de lithium. […] Il contribuera à l’objectif fixé par le président de la République de produire 2 millions de véhicules électriques en France d’ici 2030 » ;
  • la ministre de la Transition Énergétique Agnès Pannier-Runacher salue de son côté « une annonce qui est bien plus qu’un projet industriel. Nous reprenons conscience que notre sous-sol constitue un actif stratégique. Le lithium qui sera extrait de manière responsable permettra d’une part de produire les batteries nécessaires à l’électrification de nos activités, et d’autre part d’assurer notre indépendance énergétique et industrielle ».

Impact environnemental du projet de mine de lithium

Comme tous les projets miniers, l’installation d’une mine d’extraction de lithium à Beauvoir interpelle les défenseurs de l’environnement. Le groupe Imerys a pris les devants en annonçant que :

  • les dernières normes internationales en matière de rejets toxiques et d’utilisation de l’eau seraient respectées ;
  • l’exploitation sera faite de manière souterraine pour minimiser les poussières ;
  • le transport des minéraux se fera par canalisation et voie ferrée pour limiter le trafic entre la mine et le site de transformation ;
  • la purification des roches extraites sera faite localement, avec une usine située à moins de 100 km du site minier.

M. Dazza affirme que cette mine engendrera « des émissions inférieures de moitié à celles de toutes les autres exploitations de lithium en roches existantes aujourd’hui dans le monde » : environ 8 kg de CO2 par tonne de lithium à Beauvoir, contre 16 à 20 kg en Australie ou en Chine. Le ministre de l’Économie salue d’ailleurs un projet « exemplaire sur le plan environnemental et climatique ».

Cependant, il serait simpliste de penser qu’une installation de cette ampleur peut se faire sans conséquences sur les sols, les paysages, les ressources en eau et le cadre de vie. Surtout lorsque l’on considère que la concentration en lithium de ce gisement est de 0,9 à 1 %. Autrement dit, il faut extraire et traiter près de 100 tonnes de minerai pour obtenir 1 tonne de lithium. Antoine Gatet, vice-président de France nature environnement (FNE), a exprimé son désaccord avec ce projet minier : « On ne sait pas extraire de la matière du sous-sol de façon propre, car une mine ça implique toujours à côté une grosse usine chimique de transformation, ce qui entraîne […] une pollution de l’eau et des quantités importantes de déchets qu’on ne sait pas gérer ».

En attendant de réussir à créer des mines réellement propres, chacun peut agir à son niveau, par exemple en pratiquant des écogestes ou en souscrivant auprès d’un fournisseur d’énergie verte. Avec son comparateur de contrats d’énergie, Choisir.com vous aide à faire le bon choix ; ses experts énergie sont également joignables par téléphone pour un accompagnement personnalisé.

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